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EAN : 9782843047244
246 pages
Zulma (03/09/2015)
3.63/5   75 notes
Résumé :
« La marche à pied mène au paradis. » Ainsi s’ouvre Mā, roman japonais, à la croisée de deux destins et autour d’une même quête, la voie du détachement.
Shōichi porte en lui le souvenir de Saori, la seule femme qu’il ait aimée, une universitaire qui a consacré sa vie à Santōka, le dernier grand haïkiste.
Leur aventure aussi incandescente que brève initie le départ de Shōichi sur les pas de Santōka, de l’immense Bashō et ... >Voir plus
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« C’est ainsi : toute personne inconnue ouvre une nouvelle demeure. »
Imaginez...vous entrouvrez doucement les portes coulissantes d’une demeure japonaise pour progressivement vous acclimater à l’ambiance si particulière du lieu. Vous découvrez la disposition des pièces, les habitudes de vie des occupants, leurs histoires, leurs désirs, leurs portraits peut-être, le magnifique jardin attire votre attention, promesse de rêveries et d’un ailleurs sublimé. Ici, « toute richesse n'est que rosée sous le vent », et « la respiration tranquille des arbres » vous rend un peu de vigueur, à moins que ce ne soit « la neige exquise des cerisiers » en fleurs.

« Le voyage est ma demeure » disait Bashõ, un des haïkistes les plus fameux.

Le voyage proposé par Hubert Haddad pour suivre les destins croisés de deux poètes vagabonds qui s’interpellent à un siècle de distance ( dont celui de Taneda Shõichi Santokã, le dernier grand haïkiste ), s’ancre pour moi dans cette demeure japonaise, puis en efface les murs par sa seule puissance d’évocation.
On n’y rentre pas en coup de vent, on se laisse surprendre par des ondes d’émotions, des bulles de douceur poétique et on tente d’effleurer cette sagesse, ce détachement vis à vis du réel si convoités.
Par chance, le charme est double : une écriture poétique d’une grande beauté et une histoire à double entrée émaillée de haïkus de grands maîtres du genre.

Bon voyage !
« Il faudrait toujours se dire adieu sur un je t’aime. »
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« C'est bien dans l'exclusive compagnie de Santōka que j'aurai vécu toutes ces années, en vagabond de l'amour perdu, marchant dans ses pas avec au secret désoeuvré de mon être la pensée toujours palpitante de Saori, depuis son apparition au Café Crépuscule, dans une ruelle de Golden Gai. le livre qu'elle écrivit avec tant de ferveur sur le moine poète – sans doute en étais-je le seul témoin – raconte tout autant son coeur de femme éprise, au point de se projeter dans cette vie hypothétique, d'apparaître intempestivement auprès du vieux pèlerin épuisé pour le seul motif de lui venir en aide au bord du chemin. A-t-on déjà lu une biographie où l'auteur, bouleversé des déboires de son héros, se permet d'y intervenir en protagoniste secourable ? Peu importe d'ailleurs, Saori n'a pas besoin de ces épiphanies pour exister dans chaque mot de son livre par un phénomène fabuleux de coprésence. Elle est si proche de moi aussi, que parfois j'en vacille. D'elle, je n'ai rien oublié, ses yeux de félin, très étirés sur les tempes, ses oreilles de nacre et son épaisse chevelure fixée par un joli peigne à motifs floraux au-dessus du crâne. »

Ainsi parle Shōichi, jeune homme qui va marcher sur les pas du moine poète et grand buveur de saké, Santoka, après sa rencontre brève et inoubliable avec la belle Saori.

«La marche à pied mène au paradis : il n'y a pas d'autre moyen d'y parvenir, mais il faut marcher longtemps.» Santoka


Poésie de l'instant, inséparable de la vie et de ses douleurs, de la vie et de ses beautés, de sa douceur et de sa violence ; poésie ancrée, incrustée dans le quotidien tout en élevant et vidant progressivement des scories du passé et du présent qui encombrent le chemin et entravent la marche du pèlerin que tout homme est.
« Marcher figurait pour lui le mouvement même de vivre. »

« Ma » est tout cela, un beau livre de vie qui conduit de la passion à la sérénité à travers tous les écueils du chemin qui mène de blessures en blessures, pas à pas,
vers la dépossession « Ne possédant plus, n'être plus possédé »,
vers un possible détachement que l'on atteint peut-être à la fin d'une vie où rien ne dure et que l'on aura pas vu passer, au moment de rejoindre « la sublime vacuité ».

« Rien dans mon coeur n'a vraiment changé malgré les leurres et les faux lustres de l'oubli. J'aime Saori avec la même ingénuité qu'au grand jadis, du temps du Café Crépuscule. Mais dans une sorte d'effacement.
 
De toi à moi
quinze ans plus tard
à peine un vol de papillon »
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31 décembre 2017, dernière critique de l'année. Après avoir lu le peintre d'éventail, j'ai voulu poursuivre l'aventure avec son auteur, Hubert Haddad.
Étudiant, âgé de vingt-ans à l'université de Tokyo, Shōichi travaille au Café Crépuscule où il rencontre Saori, très belle femme, plus âgée que lui. Saori lui adresse la parole, à lui, affublé de lunettes aux verres comme des loupes, objet de raillerie de tous. En fait, Shōichi lui rappelle Santōka. Saori, fut une admiratrice de Santōka, elle a écrit sa biographie dont elle remet un exemplaire à Shōichi peu avant de passer par-dessus bord d'un bateau. Shōichi qui pleure Saori dont il était très épris, à la lecture de la biographie de Santōka, décide de revivre la vie du défunt auteur de haïku lors que celui-ci était devenu moine pèlerin. «Moi Shōichi, devenu moine pèlerin en ces terres chancelantes, je marche sur les pas de Santōka depuis qu'une déesse m'a délaissé dans la saison froide.»
À la lecture, les deux vies s'entremêlent, celle de Santōka qui a connu le tremblement de terre à Tokyo, survenu le 1er septembre 1923, et celle de Shōichi qui vit à notre époque.
Le récit est émaillé de quelques haïku notamment des grands maîtres Bashō et Saigyō.
La belle écriture de Hubert Haddad me permet de finir en beauté cette année de lecture.

Mes bons voeux pour 2018 à vous qui avez lu ces quelques lignes.
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C'est ainsi, il pleut. La marche à pied mène au paradis. Mais il faut y marcher longtemps. Saori était une belle femme. C'est ainsi , je marche, il pleut, je suis trempé. Tout est dit. Je traverse la province de Nara. le jardin sublime dub regard m'obsède et me détend. Je marche pour ne pas mourir. L'immense Basho marcheur de l'intarissable kanone. Vie et mort pour cet haïku. Ah ! Les tilleuls en fleur. Elle lui parlait des escursions pedestre. Dans un pointillé tout de silence ou j'écoute le chant des passereaux dans les tilleuls. le beau nuancier entre cieux et montagne. La chenille est un bouddha. Prendre le pouls de l'impermanence. Pas encore mort, mais dormant à la fin du voyage, le soir d'automne.(Basho) quantité de lotus et de jacinthes l'entourent autour d'un crapaud en pierre.khanon la bodhisattva de la compassion. Amaterasu, source de toute lumiere. Sa mère pleurait après un mari bedonnant. Les serpents volant de ma memoire ou n'y aurait ‘il sur terre qu'un pourrissement déguisé ou inné autant que l'écrasante loi du karma. L'oeil de poulpe de la nuit comme un fugu rempli d'eau. Qui ne voit sa fleur dans ses formes est pareil aux barbares. Codicille entre la mer et les monts de la mer de la fertilité. le dit du geniji des dames admirables et les livrets de no. Simplement s'asseoir sans penser ,insoucieux du corps et de l'esprit ( maître Dogen). Il faudrait toujours se dire adieu sur un je t'aime .
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Pour pénétrer cette lecture nulle précipitation, il faut comme pour « le peintre d'éventail » régler sa vibration, trouver la clef, être en harmonie, au diapason. Nous pouvons alors découvrir un jeu de miroirs permanents entre un étudiant Shoichi, Saori femme d'âge mûr et Santoka maître en Haïkus, poèmes pour dire l'univers et l'instant vécu dans un même mouvement, dont il créera la forme libre. Notre étudiant, le narrateur, va par chagrin d'amour se mettre en marche et poser ses pas dans ceux du Maître avec pour seul compagnon le manuscrit de la belle Saori, biographie onirique de Santoka qui a marché pendant les quinze dernières années de sa vie comme un décapité en fuite, sur la voie du dépouillement. C'est l'histoire de ce maître qui va nous être révélée et que Shoichi va vivre jusqu'à l'effacement. Une écriture riche, poétique qui vous entraine dans une marche éternelle à travers le Japon.
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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
La neige unifiait les parterres, les statues et les toits, laissant aux arbres leur souveraineté. Le plus vieux, plein d’étais, resplendissait dans la grisaille. L’écorce noire de ses branches était endiamantée de gel jusqu’aux plus hautes brindilles. Entre les arbres, la blancheur avait une intensité presque infranchissable. Le daisojo prit toute la mesure de cette quiétude sans autres accroches qu’une pie posée sur un tronc mort, la cloche d’un sanctuaire au loin ou l’ombre solitaire d’un épouvantail entre le lac gelé et la colline aux cyprès. Par-dessus les jardins et les champs, les montagnes émergeaient des brumes basses dans les cieux parallèles. Immobile, il parvint à faire abstraction des bruits majeurs, ceux dont l’écho ouvre les distances, pour écouter les heurts et les glissements des particules de glace et enfin accéder quelques instants à la pure vibration du silence.
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Tout est dit, à peu près, de ce qu'il me reste à raconter, mais dans cet à-peu-près, il y a ma vie presque accomplie : à peine deux cents à trois cents millions de pas à ce jour. Je ne les ai pas comptés précisément. Mais voici des lustres que j'arpente les sentiers de pèlerinage, et pas seulement dans les sites sacrés des monts Kii. D'année en année, j'ai parcouru plusieurs fois les cinq îles en toute saison. [...] Le fugitif de sa propre vie se soucie peu des motifs de l'impermanence. Il va, il vient, dans la neige des arbres ou du ciel, sans calcul des miracles ponctuels; [...]
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Marcher dans les grands paysages des altitudes, c’est s’inventer son jardin intérieur presque à chaque pas, d’un angle à l’autre du ciel ou des vallées. Les nuages à tout moment naissent des montagnes, fantômes d’avalanches qui traversent le souvenir…
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Hormis l’or du rien, il avait brûlé l’essentiel de ses possessions avant d’embarquer pour Shikoku ; et c’était bien peu de chose. Toute richesse n’est que rosée sous le vent. Sa vie n’avait pas plus de valeur qu’une aigrette de pissenlit déplumée au souffle d’automne.
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On pourrait croire que je cours après mon passé, mais c'est bien pire. Je me souviens du dernier soir comme si c'était demain.
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Videos de Hubert Haddad (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Haddad
Avec Katerina Apostolopoulou, Caroline Boidé, Bruno Doucey, Mohammed El Amraoui, Hubert Haddad, Marie Pavlenko & Murielle Szac Accompagnés par le musicien Issa Hassan
Prenez le mot Grâce. Soupesez-le pour en estimer la richesse de sens. Puis déployez-le, en éventail, de manière à faire apparaître ses innombrables significations. Qu'y a-t-il au-delà de ce don accordé, de cette faveur ou non divine ? Un état, un moment, l'extase. Une supplique, une embellie, d'autres extases encore. Sans oublier ces vies que l'on épargne, ce coup souvent fatal, ces inquiétudes et cet accueil, le consentement ou le refus. Les uns disent « Grâce à Dieu », tandis que d'autres ne croient qu'en la chaleur d'une main dans la leur. Mais de textes en textes, de mots d'amour en chants des morts, de cimes en abîmes, les 118 poètes de cette anthologie entonnent sans relâche la grande partition de la vie. Et s'ils viennent de tous les horizons – si elles viennent, car plus de la moitié sont des femmes –, c'est pour dire d'une voix multiple et une : Gracias a la vida !
À lire – Grâce… Livre des heures poétiques, Anthologie établie par Thierry Renard & Bruno Doucey, éd. Bruno Doucey, 2024.
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