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EAN : 9782843045660
170 pages
Zulma (18/08/2011)
3.61/5   135 notes
Résumé :

Encore et encore, on lui demande comment il s’appelle. La première fois, des gens lui avaient psalmodié tous les prénoms commençant par la lettre A. Sans motif, ils s’étaient arrêtés sur Alam. Pour leur faire plaisir, il avait répété après eux les deux syllabes. C’était au tout début, à Paris. On venait de l’attraper sur un quai de gare, à la descente d’un ... >Voir plus
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Révolté ! Devant tant d'injustice, devant l'enfance massacrée, brimée, niée, écrasée sous le poids des guerres, de la violence et de la tyrannie.
Les beaux yeux d'antilope du jeune Alam, le petit héros afghan d'«Opium Poppy » ne reflètent rien d'autre que cette horreur née des corps déchiquetés, des jeunes filles vitriolées, des explosions, de la peur panique de mourir, des lueurs orangées des bombes éclatant sous le ciel bistre d'Afghanistan et des crépitements des mitraillettes.

Affligé ! Quel espoir forger pour ces enfants nés du chaos ? Alam l'afghan, Diwani la Tutsie, Yuko le Kosavar ou sa soeur Poppy la junkie, et « ceux du Mali, du Togo, ceux du Pakistan, les Kurdes d'Anatolie, les réfugiés blêmes du Caucase », « ils ont tous éprouvé le désastre de vivre ». Dans le centre d'accueil parisien où ils sont hébergés, entre les cours d'alphabétisation et la sollicitude des éducateurs, peut-être pourrait-on croire qu'existe enfin pour cette poignée d'enfants, une rémission dans l'horreur, une forme de miséricorde offrant l'amnistie à leurs jeunes coeurs si maintes fois brisés ?
Mais ils ne possèdent qu'une vague existence, pour le reste du monde ils sont déjà morts, leurs yeux ont vu tellement d'atrocités, leurs corps tellement subis de violence, leurs âmes tellement acculées au Mal régnant sur la terre, qu'ils ne survivent que grâce à la violence qui couve en eux, reproduisant les geste de brutalité, d'attaque, d'assaut guerrier, qu'ils n'ont cessé d'apprendre tout au long de leurs courtes vies. La nuit est en eux.

Choqué ! Devant la violence que ces enfants subissent au quotidien! Hormis quelques rares fulgurances de bonheur brut - la contemplation des fines chevilles et des cheveux aux reflets bleus de la belle « créature de lumière» Malalaï, la conduite des « chèvres et des brebis sur l'herbette des pentes » - Alam l'Evanoui, n'a connu que la barbarie depuis son plus jeune âge. Né dans une bourgade pauvre des montagnes afghanes, il a vu les siens persécutés par les clans ennemis se disputant sans pitié le pouvoir : le gouvernement et les forces alliées, les caïds et les trafiquants de pavot, les intégristes, tous revendiquant leur suprématie à coup de kalachnikov, de pistolets-mitrailleurs, de bazookas et de grenades.
Pour survivre il lui faut être enrôlé dans un camp de terroristes extrémistes ; Alam devient alors l'enfant-soldat qui n'a peur de rien, obéissant aux ordres avec le détachement et l'indifférence de l'enfance qui en trop vue.
Grièvement blessé, il est récupéré par un organisme médical international et transféré dans un camp de réfugiés duquel il s'enfuit. Au prix d'un long périple mouvementé, de Kaboul à l'Iran, de la Turquie à la Bulgarie et à l'Italie, il arrive à gagner Paris, mais le rêve occidental peut-il être à la portée du petit taliban, ou à celui d'aucun autre enfant clandestin ?
Alam s'enfuit encore, Alam s'enfuit toujours, parcourant les rues grises et anonymes du pays des droits de l'homme. « Privé d'identité autant que de ressources, il rejoint la foule perdue » des réfugiés et atterrit dans un no man's land tenu par des dealers serbo-croates pour lesquels il redevient l'enfant-soldat qu'il n'a finalement jamais cessé d'être…

Bouleversé ! de découvrir cette « foule privée d'horizons » à la périphérie des villes, ces enfants des rues gravitant à des millions d'années lumière de notre confort bourgeois, de nos prérogatives, et si proches pourtant… indigents, clandestins, survivants de l'horreur, que l'on côtoie avec indifférence, que l'on ne veut pas voir, qu'on se refuse de voir par peur, par facilité, pour conserver cette tranquillité d'esprit qui nous tient tant à coeur.

Ebranlé ! Par la langue lyrique, poignante et imagée d'Hubert Haddad, par sa puissance narrative d'une énergie et d'une intensité qui remuent les coeurs, par ses envolées verbales pleines de transport et de ferveur et par ses phrases éminemment poétiques et lumineuses qui ouvrent l'horizon sur un ciel calciné.
Très contemporain et à la fois intemporel, un texte dur, beau, déstabilisant, dont la syntaxe métaphorique et virtuose pourrait presque éclipser la gravité du sujet, si celui-ci, universel et marqué de tragédie humaine, ne se suffisait à lui-même.
En un va-et-vient entre passé et présent, c'est toute la route de l'exil et de la souffrance qui s'affiche, et l'enfance grillée comme « les fleurs de pavots exposées au vent qui souffle depuis les plaines d'Iran. »
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Comment parler d'un livre aussi poignant et quel livre ! Un véritable coup de poing auquel j'étais loin de m'attendre !

"Un air de folie creuse son visage. Alam songe aux déments des hauts plateaux, les rescapés des tueries, ceux qui assistèrent à l'incendie de leur maison, au viol de leurs filles, à la décollation des pères ou des fils à la hache."

A dire vrai les trois premiers chapitres ont eu bien du mal à attirer toute mon attention. Mais une fois le fil de l'histoire en main, quel bonheur ou plutôt quelle souffrance ! Je ne sais pas qui a le plus souffert en moi : la femme ou la mère que je suis ? ! En refermant ce livre, je suis restée dans un chaos profond. Une écriture violente, bouleversante. Une histoire tragique qui me laisse avec cette interrogation :

Dieu existe-t-il vraiment ?

Puis j'ai pensé à une citation que j'affectionne particulièrement recueillie dans « le choix de Sophie »

"La déclaration la plus pertinente faite jusqu'à ce jour sur Auschwitz n'était pas une déclaration, mais une réponse :
La question : "A Auschwitz, dis-moi, où était Dieu? "
La réponse : "Où était l'homme ? "

Mais alors, qui sont les hommes ? Si quelqu'un connait la réponse ! Je réalise aujourd'hui combien nous sommes ignorants du monde qui nous entoure. Étriqués dans notre petit confort, qui sommes nous réellement pour juger autrui sans connaitre, sans savoir ? La parole de Mahomet est-elle plus sainte que celle de Jésus ? Allah est-il le plus grand, l'Omniscient, sur cette terre ici-bas et dans l'au-delà ?

Dieu est en nous, comme le bien et le mal. Nous disposons des mêmes choix à la naissance mais pas des mêmes chances, c'est une évidence ! Ce livre n'excuse en rien toute cette violence mais il fait comprendre combien l'homme est manipulateur et combien il peut être manipulé.

« Pourquoi lui-même avait-il le pouvoir de sacrifier ou d'épargner des êtres constitués de plusieurs dizaines d'années d'existence sur cette terre et riches d'une foule souvenirs, de secrets, d'aspirations? On l'encourageait à jeter des bombes sur des visages et à se récrier de joie pour des motifs de sainteté ou d'honneur. »

Ce roman nous emmène tour à tour à Paris, dans les montagnes du Pakistan et sur les hauts plateaux du Kandahar en Afghanistan. Là-bas, les mots sont remplacés par des bombes. Les seuls rêves accessibles, sont les mirages produits par La Blanche qui se diffuse dans les veines meurtries. En guise de jouets, les garçons brandissent des kalachnikovs. Les paysans sont déchiquetés et brûlés. Les femmes sous leurs burqas sont vitriolées. Les jeunes enfants pleurent à l'ombre des cadavres. La seule source de chaleur dans ces existences vient des bombes qui explosent.

Alam, onze ans, grandit sur cette terre de désolation. Il est tiraillé entre la sagesse et la fascination que lui inspire son grand frère, contraint par la misère à rejoindre le djihad ou à finir en martyre.

« Qu'est ce que vous croyez ? Que je vais vivre comme vous dans la mendicité ? Vous osez me juger ? Dieu me guide vers la victoire ! »

Tout commence en France dans un centre de réfugiés pour enfants de toutes origines. L'auteur nous embarque dans la course effrénée d'Alam entre présent et passé. de Paris, terre promise mais aussi de désillusions, au Kandahar, terre aride uniquement baignée par le sang, nous suivons Alam parmi les rebelles, les insurgés, la vermine, la mort, le souvenir de la belle Malalaï et l'espoir qui s'étiole…

L'auteur m'a parfois un peu perdu mais uniquement par mon ignorance du monde arabe. Alam est toujours parvenu à me reprendre la main pour le suivre sur le chemin de sa vie et me faire comprendre ses sacrifices, sa croix et ses choix ! Mais est ce vraiment un choix ? N'est ce pas plutôt la fatalité ?

Dieu seul le sait…

Opium Poppy, un voyage à la fois fascinant par les paysages, les traditions, les cultures et bouleversant par la dure réalité des faits.

Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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« L'amour ne pleure jamais comme pleure le sang ». C'est sur cette certitude que se base le roman d'Hubert Haddad, un récit tout à la fois tragique, réaliste et percutant.

En Afghanistan, au coeur d'un pays déchiré, un jeune garçon, 12 ans, est découvert inconscient après une salve de tirs. Dès lors, nous suivons une obsédante descente aux enfers. Celui qui se nomme Alam a tout perdu pendant la guerre, jusqu'à ce prénom qu'il a emprunté à son frère, qui lui, n'a pas survécu à la barbarie dont est capable l'homme. Alam entame une fuite vers un monde qui le déleste peu à peu de son enfance. Se sentant traqué comme une bête, n'ayant de place désormais nulle part puisqu'il n'a plus de famille, il termine sa route en banlieue parisienne auprès des drogués et des petites frappes. C'est ainsi qu'au contact trop précoce de la guerre et des adultes sans scrupules, l'enfant perd son enfance et son innocence. de ce fait, Alam devient une arme terrible parce qu'il est perdu.

C'est un roman qu'on lit d'un trait, qui prend à la gorge et qui bouleverse, 
soutenu par une écriture magnifique, à la fois très poétique et violente dans 
la précision des atrocités commises. Hubert Haddad ne nous épargne rien et dresse un catalogue de toutes les horreurs engendrées par le fanatisme.

Magnifique et terrifiant, Opium Poppy nous fait réfléchir sur le sort des enfants dans la guerre, l'accueil ou plutôt le non accueil qui leur est réservé en Europe, réfléchir sur notre monde cruel et injuste. Un roman qui sonne juste.
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Le prénom de l'enfant soldat, tout le monde l'a oublié dans son village d'Afghanistan, pour tous, Alan est devenu « l'évanoui », car à sa grande honte, la peur et la douleur l'on fait tomber dans les pommes le jour de sa circoncision.
Dans ce pays martyrisé par les guerres et la folie des hommes, il faut survivre, pourtant, il aimerait étudier et rêve d'un avenir meilleur.
Lorsque les talibans détruisent son village, Alan suivra sa famille dans les rues de Kaboul.
Après la disparition des siens, il cumule les petits boulots harassants, dangereux et peu rémunérateurs.
Et si son salut était auprès des rebelles, dans les montagnes ? là où seules les armes ont la parole, auprès de ces hommes prêts à tout pour assouvir leur idéal, même à transformer un enfant en bête féroce, sans émotion, ni peur, ni sentiment.
Après bien des drames, l'enfant sera pris en charge par le Croissant Rouge avant de se retrouver sur les trottoirs de Paris. Ne lui avait-on pas toujours dit que la France était le pays des droits de l'homme ?
Hubert Haddad nous donne à lire un texte magnifique et bouleversant sur la vie de ses enfants soldats à qui on a volé leur bien le plus précieux : leur enfance.
J'ai profondément aimé ce petit garçon, je l'ai suivi dans ses errances, ses interrogations, ses blessures, ses espoirs.
Le plus terrible c'est que des histoires semblables puissent exister et devenir banales au point de passer presque inaperçu dans un monde cruel.


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Alam c'est le nom qu'on lui a attribué en France, au centre d'accueil des mineurs isolés et réfugiés. Alam, c'était le nom de son frère, là-bas dans les montagnes d'Afghanistan, lui on l'appelait l'Evanoui parce qu'il s'était évanoui honteusement le jour de sa circoncision. Au fil des pages on découvre l'histoire de cet enfant soldat fils de paysan embrigadé chez les Talibans qui fini par échapper à l'horreur pour se retrouver en France à la solde d'un gang comme si la fatalité d'enfant soldat était inévitable. le destin de cet enfant est assez effroyable, la plume acérée de l'auteur nous décrit l'impitoyable destruction de l'enfance dans un pays ou le peuple n'en fini pas d'être martyr. Ce roman est un déchirant cri du coeur pour cette enfance volée « absente au monde » qui ne fait que obéir aux ordres. La prose distillée par l'auteur permet de conférer un sens plus aigu au texte, en donnant notamment une véritable mesure de ce qu'est la peur, le mépris, la cruauté, on en ressort forcément troubler.
Lien : http://ma-bouquinerie.blogsp..
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Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi faut-il ânonner sans fin la langue des autres et se taire, ravaler ses propres mots, ses chansons. Depuis sa capture, on le traite comme le rejeton de parents imaginaires. On lui apprend des choses irréelles. Les enfants ne servent qu'à plaire aux grandes personnes.
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Lorsque les balles remplacent les mots, l'instinct de vie s'étiole avec l'espérance.
Le spectacle continu des corps en souffrance, des amputés, des exécutés pour l'exemple tourne vite à la farce. Il avait vu ses compagnons brûler des poupées de chiffon, des épouvantails et des cerfs- volants avec le même sérieux qu'ils mitraillaient l'ennemi. Rien n'échappe à la violence, le monde n'existe plus, on égorge l'agneau et l'enfant d ´un même geste, Dés qu'une femme rit trop fort ou danse avec un autre, on l'attache et l'assomme de pierres aiguës. Chaque homme est trahi par son ombre.Une hallucination guide des somnambules aux mains sanglantes d'un cœur arraché à l'autre.
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A la pointe nord du cimetière de Pantin, coincé entre la zone industrielle des Vignes et l’éventail des voies ferrées qui s’éploie à perte de vue jusqu’à la gare de triage de Noisy-le-Sec, un secteur sans anatomie définie ni existence probante, plus hypnotique qu’une errance dans les périphéries mal famées du cauchemar, recèle au comble de l’égarement un de ces dédales au cordeau dont on ne s’échappe que par distraction, du côté de l’avenue de la Déviation ou du Chemin Latéral
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On sort d'une maison incendiée, les mains noircies, sans comprendre. Comment savoir ce qu'il y avait avant la mort ? Poppy s'enroule dans le drap et prend cet air de cruauté des petites filles. Elle semble brusquement invincible, hors d'atteinte comme la neige des cimes. " Moi aussi on m'a tuée. On tue les enfants avec toutes sortes d'objets." Ses mains rassemblées, elle part d'un rire de statue, secret, caverneux. Mais son oeil brille d'un seul diamant. La goutte d'eau qui manque à la mer, c'est cette larme. Alam ne veut plus l'entendre. Un vertige emporte les images. Drapé de pierre, il appelle Alam du fond de son cauchemar. Son frère voudrait lui parler par-delà la désunion et l'exil. Son frère lui ressemble trait pour trait. Mais c'est un démon, une sorte d'ange au sourire meurtrier. ses mains brûlées se détachent en lambeaux. est-ce lui qui a libéré l'otage ? Alam voudrait sauver Alam. ses mots tracent un éclair et vont tinter au sol comme des douilles de kalachnikov. Lequel des deux s'est effacé ? lequel est mort, lequel a survécu ? Le temps mène une guerre trop lente et trop cruelle.
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On part découragé, en lâche ou en héros, dans l'illusion d'une autre vie, mais il n'y a pas d'issue. L'exil est une prison.
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Vidéo de Hubert Haddad
VLEEL 206 Rencontre littéraire avec Hubert Haddad, L'invention du diable, Éditions Zulma
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