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sur 71 notes
Le narrateur va sur les pas d'un souvenir qui a empreint son enfance. Un petit corps noyé dans le lac, au dessous de la villa de ses grands parents, au Guatemala, dans la région de Amatilan. Tout ce dont il se souvient, c'est qu'il a entendu parler de cette noyade, il n'a rien vu et personne n'en parle dans la famille. le petit mort s'appelait Salomon, il était le frère ainé de son père, et portait ce prénom du roi des juifs comme les deux arrière grands pères, celui de Beyrouth et celui d'Alep. Pourtant, ce qu'il sait aussi, c'est qu'il a retrouvé dans une boite de carton, une vieille photo de ce même Salomon, un garçon trop petit et qui semble triste sous la neige de New York, dans un parc, en 1940.

La famille est une famille d'exil. Un des grands pères est polonais, l'autre, libanais. Les deux sont juifs. Après plusieurs escales, elle s'est fixée au Guatemala mais en 1981, la situation politique du pays contraint les parents du narrateur, qui a alors 10 ans, à partir s'installer dans une banlieue du sud de la Floride. Pour les enfants, l'anglais remplace l'espagnol, et le récit se construit entre les souvenirs, anodins, de cette vie et le périple autour du lac. On y croise Don Isodro, le jardinier amérindien qui plantait des arbres dans le domaine et auxquels il fallait murmurer des mots d'encouragements. En restant enfouis dans les racines , ces mots aideraient l'arbre à grandir, Et on a l'impression, lors de cette lecture, que c'est justement ces mots là que l'on entend, des mots d'enfance au charme désuet, mais puissant, des ellipses de la mémoire : la jeune joueuse de base ball qui tourna dans un seul film, un homme qui se noie en changeant le filtre du toboggan du camps de vacances … Et revient le lac, où enfant, il a perdu la précieuse montre offerte par le grand père, dont les eaux ont pris bien des corps d'enfants, dont les eaux étaient autrefois si claires et dont la pollution a fait un cloaque et le temps, un cercueil …

Le récit ne cherche pas à reconstituer une logique, il va au cours du fil, qui, on le sait, filtre la réalité vécue au bénéfice de celle qu'on s'invente. Un bien belle rêverie.
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Deuils est un texte que j'ai ancré dans l'esprit des romans à l'écriture très autocentrée, parfois trop pour moi. Ce n'était pas le cas ici. J'ai trouvé la lecture dynamique comme pour un récit de fiction, avec une plume fluide autant qu'elle était bien rythmée. Sans avoir été une lecture marquante pour autant, je l'ai trouvé intéressante.
J'avoue ne pas être sensible à ce genre de littérature, je ne suis donc pas la mieux placée pour parler de sa pertinence ; le prix qu'il a obtenu me laisse peut-être un peu perplexe, parce que je ne décèle pas dans le texte tout le charme qu'on lui vante. Toutefois, je me suis laissée être embarquée dans le récit, l'histoire de ce garçon soi-disant noyé et la façon qu'Eduardo a pour retracer sa mémoire, comme s'il suivait les pas d'un fantôme effacée avec la mémoire de ceux qui l'ont côtoyé.
J'ai bien compris que le récit n'avait pas pour but de rendre les personnages attachants, mais bel et bien de rendre compte de faits concrets, d'un témoignage teinté de mystère et de questionnements. Au fond, le mystère se désépaissit à peine, mais j'ai tout de même apprécié les passages sans révélations, contant juste ce qui s'est passé.
Pour raconter une vie si simple et la rendre intéressante, je pense qu'il faut vraiment travailler son texte. Eduardo Halfon y est parvenu.
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Revenant au Guatemala, le narrateur adulte est à la recherche de témoins du décès du jeune frère de son père, Salomon, noyé dans le lac proche. Ses souvenirs reviennent, fluides, il semble que ce souvenir soit un souvenir recréé, comme nous tous pouvons en avoir. Son propre frère n'a aucune idée de cette histoire, la famille ne lui répond pas. Finalement, au fil de ce roman défile sans chronologie particulière l'histoire de la famille. La reprise de débuts de paragraphes est jolie et envoutante ("elle me dit qu'un autre enfant s'était noyé", "enfants,") . A la fin, je ne savais plus trop ce qui était réel ou rêvé (et là j'ai moins adhéré à l'intervention de Dona Hermelinda). Une vieille photo en noir et blanc revient aussi.

Sans doute suis-je moins enthousiaste que Kathel, grâce à qui j'ai eu l'idée de cette lecture (mais on revient de loin, j'ai déjà abandonné deux livres d'Amérique latine!) mais je suis contente d 'avoir découvert une si jolie plume et un auteur talentueux.
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Un roman intéressant, agréable à lire, poignant par moments. le narrateur revient au Guatemala visiter la maison de ses grand parents. Il cherche à comprendre ce qui est arrivé à son oncle, le frère aîné de son père, décédé alors qu'il était encore enfant en se noyant dans le lac aux abords de la maison. Ses souvenirs nous emmènent visiter d'autres membres de la famille, des juifs immigrés de Pologne ou du Liban. Mais c'est finalement en rencontrant une vieille paysanne qui lui fera boire un breuvage provoquant les rêves qu'il découvrira ce qui est arrivé à cet oncle mort si jeune.
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Depuis quelques années, des avis enthousiastes m'avaient fait noter le nom d'Eduardo Halfon, et voilà enfin que je me lance, avec un tout petit livre qui sera sans doute suivi d'autres. L'auteur y revient avec urgence et intensité sur un souvenir qui a marqué son enfance : on lui a (ou on lui aurait) raconté que Salomon, un des frères de son père, s'était noyé dans le lac Amatitlàn, tout proche de la maison de ses grands-parents. Eduardo Halfon retourne sur les bords de ce lac, interroge des riverains pour essayer d'en savoir plus sur cet accident dont on ne parlait pas dans sa famille. Il va faire alors des découvertes surprenantes.

Dès le début, j'ai été séduite, et n'ai pas ressenti le besoin de noter des citations, ou alors j'aurais été obligée de noter plusieurs citations dans chaque paragraphe, tellement tout me parlait. Dans la veine de l'introspection intime et familiale, Eduardo Halfon fait très fort avec une belle économie de mots, assortie de détails qui sonnent toujours très justes. À chaque chapitre, une histoire peut en cacher une autre, et c'est passionnant. L'écriture sobre n'empêche pas le lecteur de s'identifier parfois, de compatir souvent, de s'amuser à certains moments de ces confrontations entre les souvenirs d'enfance et les ressentis d'adulte. À noter le beau travail de traduction qui se fait tout discret au service du texte.
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Deuils est un curieux récit, plutôt succinct (environ 130 pages), entremêlant secrets de famille et souvenirs d'enfance au Guatemala.

Le récit à la première personne est caractérisé par une ambiance sombre et oppressante, où les non-dits familiaux n'en sont que plus criants, allant jusqu'à devenir l'intrigue principale du roman : qu'est devenu le jeune Salomon, oncle décédé du narrateur ?
Le silence obstiné des adultes laisse alors libre cours à l'imagination des enfants, qui finissent, en grandissant, par ne plus être capable de distinguer le vrai du faux, le vécu de l'imaginé.

C'est pour rétablir la vérité que le narrateur, désormais établi aux États-Unis, revient sur les rives du lac Amatitlan, convoquant au passage l'histoire familiale de juifs d'origines polonaise et libanaise émigrés en Amérique du Sud après avoir subi les horreurs de la Seconde Guerre mondiale.

Un récit court mais dense et sinueux, pas toujours aisé à suivre ; la chute n'amenuise pas cette ambiance étouffante, et m'a laissé une impression désagréable : j'ai été bien contente de m'extirper des rets de cette lecture, qui n'en soulève pas moins des sujets intéressants sur l'identité et le rapport d'une personne à son histoire, ou plutôt à une histoire que l'on n'a pas vécue, ou vécue par substitution, via ses parents ou ses grands-parents, qui refusent obstinément d'en parler.
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Eduardo revient dans ce très court roman sur quelques éléments familiaux marquants et la manière dont il a tenté de se les réapproprier en tant qu'adulte.
Du passé de ses grands-pères jusqu'à sa propre enfance en passant par la disparition du grand frère de son père, Eduardo cherche à trier le passé familial. Mais ce n'est pas chose facile de démêler la vérité entre les souvenirs d'enfance et les histoires qu'on a pu lui raconter lorsqu'il était petit (pour maquiller l'horreur, pour sa sécurité, pour le faire rêver, pour se faciliter la vie…).

Dans ce roman, certains éléments m'ont interpelée, d'autres non. Par exemple, le passé de ses grands-pères semble fascinant. J'ai cru avoir compris que cela avait pu faire l'objet d'un autre roman, que j'ai bien envie de découvrir pour le coup !
Mais les déambulations d'Eduardo dans son passé ont eu un peu raison de ma patience. Trop de personnages et d'éparpillement pour un roman aussi court et aussi peu linéaire.
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L'auteur nous livre dans ce roman une partie de son intimité, de son histoire familiale. Nous le suivons dans sa quête de vérité sur la mort de son oncle Salómon quand il avait cinq ans.

À travers son parcours, nous découvrons les épreuves traversées par les membres de sa famille, notamment ses grands-parents, de la Pologne à la France, aux Etas-Unis et au Guatemala. Sa famille a vécu beaucoup de deuils (d'où le titre), notamment pendant la seconde guerre mondiale, même s'ils en parlent très peu à l'auteur. Sa famille est très originale puisqu'elle a des origines polonaises, libanaises, et ils parlent hébreu, arabe, français, espagnol et anglais.

La plume est belle, intimiste et intéressante. Je me suis laissée porter par ce court récit et cela m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres d'Eduardo Halfon.
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Dans ce récit à la première personne, l'auteur nous ouvre les portes de son histoire familiale et lève le voile sur un secret bien gardé : la mort de son oncle Salomon, noyé à l'âge de 5 ans, dans les eaux d'un lac au Guatemala. C'est du moins ce qu'on lui en a dit et qu'il a toujours cru, jusqu'au jour où...
Fil conducteur du récit, cette quête de vérité de l'auteur sur ce deuil familial n'en est pas pour autant l'unique sujet. C'est d'ailleurs bien de deuils au pluriel dont il s'agit dans le titre du livre.
Du Guatemala aux États-unis, en passant par l'Allemagne, l'auteur part à la recherche d'un passé familial, accompagné de ses souvenirs, aussi éparpillés que cette famille, où l'on parle tout autant Hébreu, Arabe, Anglais que Polonais, et au sein de laquelle les petits bonheurs ont cotoyé les grandes douleurs. Douleur des rescapés des heures sombres de l'Histoire, douleur des exilés, des non-dits et de leurs regrets tissent la toile de ce récit intime dans lequel l'auteur part à la recherche de sa vérité et questionne sur la construction de l'identité. ✒Tout semblait réussi pour, et pourtant je n'ai pas été emportée par ce récit et suis restée à sa surface : je me suis perdue dans la réalité, l'imaginaire de l'auteur enfant, les mythes et les croyances, avec un sentiment omniprésent de confusion qui m'a tenue éloignée du récit.
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L'oeuvre de cet auteur guatémaltèque est marquée par la recherche de ses racines et de la vérité dans les souvenirs familiaux. Eduardo Halton a reçu le Prix National de Littérature au Guatemala en 2018. C'est un écrivain aux racines multi culturelles : Guatemala, USA, Liban, Pologne et Allemagne. Il a émigré aux USA avec ses parents à l'âge de 10 ans, mais il écrit en espagnol avec des textes courts, concis et une langue très travaillée.

Duels (le titre est au singulier en espagnol) a reçu 4 prix littéraires dont celui du Meilleur Livre Étranger Sofitel 2018.

Ce livre d'à peine 106 pages nous plonge dans les souvenirs du protagoniste autour de la mort d'un oncle paternel à l'âge de 5 ans, Salomon, noyé dans le lac Amatitlán (nom fictif, car il s'agit en réalité du lac Atitlán, une beauté de lac, entouré de 3 volcans, mais aujourd'hui totalement pollué). Cette mort par noyade est une légende dans la famille dont on ne parle pas, c'est tabou.

Le lecteur suit le narrateur déjà adulte dans une quête de la vérité sur cette affaire.
Les grands parents Halfon avaient une villa au bord de cette splendeur de lac avec paysage de carte postale, où le narrateur s'y rendait tous les weekends avec sa famille. Aujourd'hui le site et les villas sont en ruine, abandonnés.Et le narrateur recherche Isidore, autrefois le gardien et le jardinier de la villa. Isidore a joué un rôle important dans son enfance, car il lui faisait faire de longues promenades en barque en même temps qu'il lui racontait de belles histoires de sa race.

Nous avons en miroir une histoire très cartésienne de recherche de faits réels et en même temps que cette histoire baigne dans le plus pur réalisme magique inhérent au continent.
Isidore ne pourra pas l'aider, mais l'enverra consulter une sorte de chamane locale, Ermelinda qui connait tout ce qui concerne le lac Amatitlán.
Le narrateur saura que la légende construite autour de l'enfant Salomon est fausse parce qu'en fait il est mort à l'âge de 5 ans de maladie congénitale dans une clinique à New York.
Pour quoi la famille a fait une fausse légende? Dans toutes les familles il y a des secrets avec ou sans mensonges, qu'il faut extirper avec beaucoup de soin.

Un livre remarquable, sans pathos où les histoires familiales avec ses mensonges et ses vérités, font partie intégrante du psychisme familial, même longtemps après les faits.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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