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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alors là c'est dur... J'hésite entre "Génial", "Fou" et "emberlificoté"... "Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde" est sans doute les trois à la fois. J'ai du mal à écrire une critique unanime puisque j'ai été tour à tour intriguée, ennuyée, perdue et envoutée par ce roman très particulier. Une chose est sure, ce livre, c'est quelque chose! Il n'a rien d'un roman d'horreur et pourtant j'ai fait des cauchemars tout au long de ma lecture et je n'ai pas cessé d'y penser pendant les semaines qui l'ont suivie! C'est d'ailleurs grâce à ce roman que j'ai découvert Babelio car, incapable de rester seule avec mes sensations, je cherchais des chroniques sur Internet, afin de lire ce qu'avaient bien pu en penser d'autres lecteurs…

Pourquoi ce livre m'à tant bouleversée, j'y réfléchis encore. Quelque chose de lui a du toucher quelque chose de moi… en profondeur… Peut-être quelque chose de l'ordre du vécu de la perte, de la peur de l'oubli ou du temps qui passe… Je ne vous ennuierais pas ici avec ma psychanalyse personnelle, mais je peux vous dire que ce roman m'a remuée, et pour avoir réussi à me toucher autant, il doit avoir quelque chose de spécial, comme une sorte de clef secrète vers les profondeurs de l'âme…

Avec ce roman très original, décalé et fort intelligent, Steven Hall brouille les pistes et le lecteur ne sait jamais vraiment dans quel genre de récit il se trouve. L'intrigue initiale, ô combien prenante, est typiquement celle d'un bon thriller et elle nous accroche en quelques pages : Un homme se réveille un matin sans aucun souvenir des mois précédents avec pour seule piste pour retrouver son passé, une série de lettres mystérieuses qu'il s'était adressé à lui-même… Il n'en faut pas plus pour aguicher le lecteur mais alors qu'il se croit dans un bon polar, avec textes codés et indices à gogo, l'auteur l'emmène subtilement hors des frontières du genre et l'entraine tour à tour dans un récit onirique métaphysique sur le flou de l'identité, dans une étude polysémique du langage et dans une pure oeuvre de science-fiction… de quoi dérouter les plus solides d'entres nous (et je n'en suis pas !), mais contrairement à plusieurs lecteurs dont j'ai lu les chroniques, je ne reproche pas à l'auteur ce mélange surréaliste des genres et je trouve que c'est en partie ce qui fait de « Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde » une oeuvre géniale !

Mémoire, amnésie, psychose… Littérature, concepts, langage… Réalité, rêve, surnaturel… Amour, perte, deuil… Ce ne sont pas les thèmes qui manquent dans ce roman échevelé, poétique et fascinant ! le suspense présent d'un bout à l'autre de l'histoire entraine le lecteur à travers la troublante aventure d'Eric Sanderson et ne le laissera pas indemne ! On tremble souvent, on rit un peu et on réfléchit beaucoup : un petit chef d'oeuvre étonnant qui vaut vraiment le détour !
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Etrange rencontre.
Ce livre, je l'ai choisi. de nombreux éléments avaient attiré mon attention : le titre, suffisamment troublant et déjà évocateur, mais aussi la 4e de couverture, un peu plus explicite que le résumé que je vous ai recopié ci-dessus. Car elle reproduit également le texte d'une lettre que le personnage principal lit peu de temps après son réveil initial, qui commence par ces mots :
Si tu lis ceci, je ne suis plus de ce monde.
Et qui est signée : le premier Eric Sanderson.

Immédiatement fascinant. On se prend à imaginer des tas de pistes sibyllines et des références à la psychologie comme aux littératures de l'Imaginaire : un Doppelgänger ? Une histoire de métempsycose ? de clonage ? de déplacement temporel ou d'univers parallèle ? Peut-être simplement une enquête menée par un fantôme…
Assez pour exciter le lecteur moyen. Moi, en tout cas.
Mais il y a mieux.

Il y a que ce livre me rappelait, par certains détails, et avant même l'avoir ouvert, cet OVNI littéraire ardu et méritoire qu'était la Maison des feuilles [lire la chronique en cliquant] : récits entrecroisés et jeux typographiques dans une mise en page révolutionnaire constellée de renvois à des annexes conséquentes, un roman labyrinthique éreintant et passionnant tant par sa construction que par sa présentation.
Le fait est que c'est moins, et bien plus à la fois.

Steven Hall, en prenant en exergue un texte de Jorge Luis Borges, annonce la couleur : les territoires de l'inquiétude destinés à être explorés ne seront pas ceux du fantasme ou de la rêverie, mais ceux, sombres et fluctuants, de la mémoire. Ses créatures évoluent dans les fissures/lisières de notre réalité, dans cette texture conceptuelle qui sous-tend le monde concret. Et lorsqu'elles ont faim, elles deviennent prédatrices et lorgnent sur le tissu même dont sont faites nos personnalités, les fondements de notre Moi, les piliers de notre individualité préhensile.
Eric Sanderson se bat dans un monde qui ne lui est rien. Il s'éveille dans un ailleurs aussi familier (parce que correspondant à des échos de réalisme cohérents avec le fonctionnement de son propre corps) qu'étrange : il ne sait pas qui il est. A part qu'il porte le même nom, la même identité distincte de cet autre qui lui écrit d'un autre temps. Qu'est-il arrivé pour que ses souvenirs soient ainsi annihilés, effacés de l'ardoise de son existence ? Première et terrible question, quoique nécessaire pour la reconstruction. Mais elle suppose une seconde, encore plus inquiétante : ce drame peut-il se reproduire ? Est-il en sécurité ?
Steven Hall agace, au départ. Ses brillantes tournures constellées d'ellipses fulgurantes, de raccourcis osés et de métaphores dispendieuses tendent à user la patience du lecteur, qui peut assez vite se lasser de ce qui ne pourrait être que poudre aux yeux verbeuse. Mais l'Etrange, l'angoissant suspense d'événements insoupçonnables, vient progressivement, mais implacablement, peser sur l'évolution des premiers chapitres. Perturbé par des lettres de sa « première occurrence » qui arrivent à son domicile régulièrement mais n'apportent aucun des éléments de réponse auxquels il s'attendait (à quoi sert donc cette description d'un certain Ryan Mitchell ?), Eric cherche à reconstruire sa vie privée de ses bases : un médecin lui apprend qu'il est victime d'une amnésie dissociative consécutive à la perte de sa femme, morte dans un accident de plongée. Il se croit donc malade. Jusqu'à ce qu'il se trouve confronté à la « chose » qui en veut à ses souvenirs : une bête terrible, effrayante, surgie de l'espace contextuel. Dès lors, il est temps pour lui d'écouter les conseils du « premier Eric », de s'armer, de se protéger (avec une fascinante utilisation de quatre dictaphones disposés en boucle) et de partir en quête : pour survivre, et trouver une réponse.
Quête fastidieuse, où seul un chat nommé Yann sera, un temps, son équipier. Avant qu'une jeune femme dynamique et spontanée ne vienne le tirer d'affaire. Avec elle, Eric réchappera à une organisation secrète et voyagera dans les recoins obscurs et oubliés de notre réalité, se frayant un chemin dans ces lieux oubliés du temps et des hommes. Des fragments de son passé ressurgiront chaque fois qu'il décodera un journal intime où nous découvriront sa relation avec celle qui a disparu, les derniers instants de ce couple en vacances…
Se nourrissant au charme intemporel de Casablanca et copiant adroitement son dernier acte sur celui des Dents de la Mer (deux véritables chefs-d'oeuvre), le roman ballotte le lecteur entre frayeurs ataviques et curiosité malsaine, avec des petites fulgurances d'une romance adorable : Hall n'évite pas l'émotion dans ce qui ne pourrait n'être qu'un coup d'essai et sait dispenser un peu de poésie dans un univers où les concepts fluctuent comme autant de jeux de mots.

Brillant, souvent passionnant et intense, construit sur un excellent rythme en crescendo et faussement complexe. Une réussite.


Lien : http://journal-de-vance.over..
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Eric Sanderson, se réveille un matin dans une pièce inconnue. Il ne souvient plus de rien, ne sait plus qui il est. Près de lui, un post-it avec un nom et un numéro de téléphone. La directive est simple : Appelle de suite docteur Randle qui t'expliquera tout. Selon le docteur, qui est en fait un psy, Eric est atteint de fugue dissociative.
Il est incapable de se souvenir de son passé et souffre de confusion sur son identité personnelle.

Cette perte de mémoire, causée par le décès de sa fiancée, conduira Eric à entrer dans un monde terrifiant et passionnant pour se reconstruire. Inconsciemment, il cherche à rattraper ces morceaux de vie perdues et cheminer sur le sentier de déculpabilisation, pour guérir.
Comme tout est symbolique dans ce roman, un puissant poisson conceptuel (le requin de la couverture) nage dans les courants de l'âme humaine. C'est un dévoreur de mémoire qui pour survivre, doit se concentrer sur un individu spécifique. Il n'a de cesse de poursuivre sa malheureuse victime jusqu'à aspirer l'essence même de l'être humain : sa capacité à se souvenir.

Comme vous l'aurez remarqué sur la couverture, le requin est dessiné avec des lettres. Ici, la lettre, le mot, la phrase ont une place prépondérante dans ce livre. Il faut sans cesse fuir, se protéger, se cacher de cet avaleur de signes.

Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde est un roman intelligent, surréaliste, imaginatif et unique ! Pour un premier roman je suis bluffée et j'en redemande :-)
Lien : http://www.valunivers.fr/200..
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J'ai découvert tardivement que le titre faisait référence à Charles Baudelaire :
"Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde."
("Le mort joyeux" - dans "Les fleurs du mal").
Comme quoi, il faut (encore) lire les (vieux) poètes, ils ont (encore) des choses à exprimer depuis leurs tombes littéraires.
Mais là n'est pas le propos : ce livre n'a rien à voir avec notre poète national, mais tout à voir avec son titre, car de requin, il s'agit bien, mais pas de n'importe quel requin. Il s'agit en fait d'un squale dont nous avons tous, quelque part, une trace dans la tête. Car tout est cérébral, dans ce roman, ou du moins je dirai presque névrotique, tant la tension est présente dans l'aventure labyrinthique que vit son héros.
L'auteur nous immerge dans une écriture de pleins et de déliés, de portes et de traverses. Et on en ressort un peu hors d'haleine, sans avoir vraiment tout compris, mais qu'importe, le requin veille et il faut s'échapper. Bravo à l'auteur pour cette escapade aquatique dans les méandres de nos mémoires et de nos inconscients !
Cette alchimie entre textes et prédation aquatique m'a inspiré une couverture originale que je vous invite à découvrir sur mon site.
Lien : https://www.lisiere.com/phot..
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Le ludovicien, requin métaphysique qui traque le héros, est-il une réalité ou seulement une suggestion de l'esprit ? La mémoire des hommes est-elle une entité à part entière, dont on peut les déposséder ? Éric vit-il réellement ces évènements terriblement angoissants, cette fuite en avant à la recherche de son passé oublié et ce voyage pour sauver sa peau, ou bien tout cela ne sort-il que de son cerveau fragilisé ? Est-il fou ou bien ce requin mangeur d'idées et de mots va-t-il réellement le dévorer ? Les pensées peuvent-elles avoir une vie propre et naviguer dans l'espace (ou le non-espace), peuvent-elles être détachées de l'homme qui les a formulées ? L'identité d'un homme est-elle immuable ou bien interchangeable d'un cerveau à un autre, d'un corps à un autre ? Pouvons-nous retrouver par la pensée les êtres perdus ? Notre subconscient peut-il nous enseigner ce que notre conscient ne peut pas comprendre ? Y a-t-il une vie après la mort ?

J'ai dévoré ce roman en deux jours à peine ... suite sur Les lectures de Lili

Lien : http://liliba.canalblog.com
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Le premier roman d'un jeune auteur britannique très prometteur! Steven Hall nous embarque dans son intrigue bien ficelée, soutenue par un style sans faille qui est un vrai régal à la lecture.

Les adeptes de Matrix verront certainement un petit clin d'oeil de l'auteur à la trilogie... à commencer par le nom du héros, "Sanderson", qui n'est pas sans évoquer le fameux "Anderson", Néo.

Mais le récit évoque aussi des sources plus lointaines, comme le mythe grec d'Orphée et d'Euridice... à vous de découvrir pourquoi!

Au delà de ces références, on est emporté dans un univers quasi métaphysique, qui soulève des questionnements sans fin sur la mémoire, l'identité, et la possiblité de leur existence hors de l'espace et du temps que nous connaissons. La notion de concept est très importante ici: la pensée peut-elle avoir une existence propre?

A la lecture de ce récit qui navique entre fantastique, thriller, quête initiatique et philosophique, j'ai souvent pensé à ces jeux que nous vivions enfants, remplis de cette imagination débordante qui faisait de nous des rois du concept, sans que nous ayons le moindre effort à fournir.

J'ai eu l'occasion de lire plusieurs critiques de ce roman, et il semble que certains avis soient partagés. Je me dis que peut-être, pour en apprécier la lecture, il faut avoir gardé un minimum de son âme d'enfant...

Pour ma part, j'ai trouvé cette histoire entraînante et novatrice, une perle inattendue au milieu de mes lectures.

A noter : le titre français du roman est tiré d'un vers de Baudelaire, dans son recueil Les Fleurs du Mal.
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