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Lecture ludique et jubilatoire. D'abord, quel titre ! Poétique bien sûr, puisqu'emprunté à Baudelaire, mais surtout onirique à souhait, et c'est cet aspect qui sera exploité jusqu'à la moëlle par Steven HALL. C'est typiquement le genre de livre que j'aurais évité il y a encore quelques mois. Mais de lectures en lectures, notre esprit s'ouvre. Et, après Donoso et Danielewski, l'aventure ne m'a plus parue si insensée ni insurmontable. Et puis il y a nos propres expériences, qui peuvent nous faire approcher de plus près certains personnages. Ici, comme dans La Maison des feuilles, il y a plusieurs niveaux de lecture.


. Eric Sanderson se réveille, amnésique, dans une maison qu'il ne reconnaît pas. S'y trouve une lettre dans laquelle son ancien moi lui demande d'aller voir le Docteur Randle qui l'aidera. Celle-ci lui apprend que depuis la mort de sa petite amie, Clio Aames, durant leurs vacances en Grèce, il a connu plusieurs épisodes dissociatifs que la médecine peine à expliquer. Comment reconnaître et accepter sa vie quand la personne qui comptait le plus pour nous l'a brutalement désertée ? Aussi pour conserver le bénéfice du travail qu'ils vont faire ensemble, il doit se concentrer sur leurs séances et ne pas s'occuper d'éventuels messages laissé par le précédent lui. Mais comment résister quand la THERApie semble insuffisante ? Les vrais ennuis commencent lorsqu'une série de lettres et de textes codés envoyés par l'ancien lui-même l'aide à reconstituer la véritable histoire de son passé : Il semble alors qu'un requin conceptuel, qui vit dans les eaux troubles de la pensée et se déplace en suivant les flux de réflexions, de lettres, de mots, de communications humaines, le traque et dévore ses souvenirs, menaçant de le tuer. Pour quelle raison ? Se demande-t-on rationnellement. En tous cas pour survivre, et sauver cette nouvelle fille qu'il vient de rencontrer et qui lui rappelle tant Clio, il n'a pas le choix et doit affronter ce requin conceptuel malgré ses peurs…


« C'est ça, ai-je crié. Je suis prêt à te regarder, maintenant, espèce de putain de truc. Je sais ce que tu es et je suis prêt à te regarder bien en face. »


. L'auteur nous raconte-t-il juste une histoire du genre fantastique, ou veut-il y ajouter une interprétation métaphorique : une belle histoire où les mots, les peurs et les angoissent s'animent et deviennent des personnages à part entière qui dévorent littéralement tout sur leur passage ? Car tout prend tellement vie sous la plume de Steven HALL : Les idées, les concepts les plus f(l)ous s'agitent et vous hantent - Personnellement j'ai passé deux nuits de cauchemars à tenter, en vain, de fuir ce requin conceptuel, fait de mots, de non-dits et d'idées, qui me poursuivait ! L'auteur invente même un « texte vivant », qui prend vie quand vous le lisez…!
Alors vous rassemblez les symboles et cherchez les signes dans les récits… Car il y a plusieurs récits : ce que vit Eric se mêle aux bribes de récit sur la mort de Clio. En les croisant, un schéma se profile rapidement. Personnellement j'ai adoré ce fil rouge, qui permet de voir au delà du premier degré de lecture : Il explique ce qu'est en train de vivre Eric, et donne rapidement un sens plus profond à toute cette histoire.


« Vous avez tout à fait raison. Ce n'est qu'un tas de truc empilés, de belles choses très ordinaires. Mais l'idée que ces choses incarnent, la signification que nous leur avons donnée en les rassemblant, c'est cela qui est important. »


. La freudienne en moi - qui a durant un temps connu les sommeils comateux sous morphine où ce que vous voyez, entendez, ou avez vécu peu avant, vos pensées et réflexions, vos angoisses refoulées, deviennent des formes, des lieux et personnes se mouvant dans une histoire « abracadabrantesque », tentant bizarrement de vous faire passer un message de votre subconscient que votre conscience n'a pas encore pu gérer - y a immédiatement cherché une interprétation psychologique, fait des recoupements dans les récits pour trouver un sens bien plausible à toute cette folle aventure. Moi qui ne raffole pas de la littérature de l'imaginaire, je me suis attachée aux mots d'Eric, à ce que son subconscient et ces actes me disaient de lui, de ses peurs, de ses blessures encore béantes.


« Parfois, quand on somnole, les idées et les sentiments murmurent avec de toutes petites voix au fond de notre crâne. »


Est-on dans un simple roman d'aventure fantastique ? Dans le cerveau d'un malade ? Dans un conte métaphorique sur le langage ? Ou encore un remake modernisé du mythe d'Orphée et d'Eurydice, où Orphée ne peut sauver sa belle et la remonter des ténèbres (encore un mot indice dans le texte) à cause de son action ? Ou même d'un mélange de tout cela ? Orphée… Comme le bateau qui prendra corps sous les yeux d'Eric pour le mener vers la fin de son histoire.


N'étant a priori pas une fan de littérature fantastico-onirique, j'aurais pu mettre 4/5 à ce roman mais j'ajoute une demi étoile car l'intrication habile des genres (mythique, psychologique) m'a fait non seulement aimer, comprendre, mais aussi m'amuser à chercher le sens et l'issue de ce texte : J'ai adoré suivre la piste des indices semés par l'auteur dans ses textes (objet ou action, formulation, clins d'oeil - il joue aussi avec lui-même). Explorer le dédale de l'esprit humain.
Comme dans La Maison des feuilles, je m'attendais à ce que l'auteur nous laisse avec notre propre interprétation mais il a finalement pris la peine de nous offrir une très jolie fin, moins ouverte que Danielewski mais malicieuse… Une imbrication réussie de mythes, de psychologie, d'imaginaire, d'amour, et aussi de mise en page qui aide encore à l'immersion et à la compréhension du processus décrit par l'auteur. La mise en page, que j'avais trouvé sans intérêt dans Charognards, fait ici sens et sert la lecture, comme dans La Maison des feuilles. Même si j'avoue avoir laissé le personnage se débattre avec les passages codés qui me paraissaient complexes, l'auteur nous met en succès avec des détails parlant qui se recoupent dans les différents récits (j'ai beaucoup aimé le verre d'eau par exemple, la façon dont les idées poisseuses prenaient vie). C'est une lecture moins extraordinairement foisonnante que La Maison des feuilles : Elle peut donc souffrir de passer après cet OLNI. Pourtant, elle demeure une oeuvre à part entière d'une vraie originalité, intéressante pour le savant mélange des genres opéré par l'auteur.


Mais vous savez le plus dingue dans cette histoire ? C'est que même la partie « conceptuelle », où des idées s'animent et font entrer Eric dans un monde parallèle, j'y ai cru. Même si j'ai préféré la quête de sens à l'aventure imaginaire en elle-même, ça m'a paru imaginable, à moi la terre à terre ! Tout est palpable et on comprend bien l'idée de l'auteur, espérant que cette escapade conceptuelle permettra à Eric de trouver le temps, les mots et la force pour boucler la boucle de son destin. J'étais dans la tête d'Eric, j'ai vécu son amour et ses tourments, son vertige devant la peur du vide, le poids de cette culpabilité idiote qui le déséquilibre, et menace de le faire plonger à son tour dans les dents d'une mer pleine de dangers. Une histoire bien ficelée, qui fait son effet.
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Alors là c'est dur... J'hésite entre "Génial", "Fou" et "emberlificoté"... "Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde" est sans doute les trois à la fois. J'ai du mal à écrire une critique unanime puisque j'ai été tour à tour intriguée, ennuyée, perdue et envoutée par ce roman très particulier. Une chose est sure, ce livre, c'est quelque chose! Il n'a rien d'un roman d'horreur et pourtant j'ai fait des cauchemars tout au long de ma lecture et je n'ai pas cessé d'y penser pendant les semaines qui l'ont suivie! C'est d'ailleurs grâce à ce roman que j'ai découvert Babelio car, incapable de rester seule avec mes sensations, je cherchais des chroniques sur Internet, afin de lire ce qu'avaient bien pu en penser d'autres lecteurs…

Pourquoi ce livre m'à tant bouleversée, j'y réfléchis encore. Quelque chose de lui a du toucher quelque chose de moi… en profondeur… Peut-être quelque chose de l'ordre du vécu de la perte, de la peur de l'oubli ou du temps qui passe… Je ne vous ennuierais pas ici avec ma psychanalyse personnelle, mais je peux vous dire que ce roman m'a remuée, et pour avoir réussi à me toucher autant, il doit avoir quelque chose de spécial, comme une sorte de clef secrète vers les profondeurs de l'âme…

Avec ce roman très original, décalé et fort intelligent, Steven Hall brouille les pistes et le lecteur ne sait jamais vraiment dans quel genre de récit il se trouve. L'intrigue initiale, ô combien prenante, est typiquement celle d'un bon thriller et elle nous accroche en quelques pages : Un homme se réveille un matin sans aucun souvenir des mois précédents avec pour seule piste pour retrouver son passé, une série de lettres mystérieuses qu'il s'était adressé à lui-même… Il n'en faut pas plus pour aguicher le lecteur mais alors qu'il se croit dans un bon polar, avec textes codés et indices à gogo, l'auteur l'emmène subtilement hors des frontières du genre et l'entraine tour à tour dans un récit onirique métaphysique sur le flou de l'identité, dans une étude polysémique du langage et dans une pure oeuvre de science-fiction… de quoi dérouter les plus solides d'entres nous (et je n'en suis pas !), mais contrairement à plusieurs lecteurs dont j'ai lu les chroniques, je ne reproche pas à l'auteur ce mélange surréaliste des genres et je trouve que c'est en partie ce qui fait de « Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde » une oeuvre géniale !

Mémoire, amnésie, psychose… Littérature, concepts, langage… Réalité, rêve, surnaturel… Amour, perte, deuil… Ce ne sont pas les thèmes qui manquent dans ce roman échevelé, poétique et fascinant ! le suspense présent d'un bout à l'autre de l'histoire entraine le lecteur à travers la troublante aventure d'Eric Sanderson et ne le laissera pas indemne ! On tremble souvent, on rit un peu et on réfléchit beaucoup : un petit chef d'oeuvre étonnant qui vaut vraiment le détour !
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Eric Sanderson commence sa deuxième vie mais il a tout oublié de la première. Ce trentenaire se réveille un matin avec une mémoire totalement effacée et il va essayer de comprendre pourquoi.
L'accident mortel de Clio, la femme de sa vie, survenu pendant leurs vacances en Grèce sur l'île de Naxos, il ne s'en souvient pas.
Au fur et à mesure du roman, on comprend, avec l'aide du psy qui suit Eric, que refusant la perte de son amie, il est tombé dans un état dissociatif qui a provoqué chez lui une altération mentale.
C'est tout l'enjeu de cette deuxième vie, lui permettre d'accepter l'insupportable, d'aller de l'avant, de laisser partir Clio.
Mais il va falloir qu'il chemine sur les eaux de son esprit dans lesquelles rode un requin conceptuel qui tente de dévorer son âme.
Eric va alors se lancer dans un grand périple qui s'achève sur un bateau, pour se débarrasser de ce poisson tueur de vie.
A mi-chemin entre le rêve et l'aventure, comme Orphée dont le bateau porte le nom, Eric va tenter de sauver la mémoire de sa femme dont la perte l'entraîne en Enfer.
Un roman assez complexe qui m'a tantôt passionnée comme un film d'aventure, tantôt interloquée, tant les travers de l'esprit du personnage me semblent indéchiffrables.
Mon avis est très mitigé pour ce premier roman de Steven Hall écrit en 2007, qui a certainement surpris ses lecteurs les plus enjoués, mais n'aura pas gagné mon intérêt malgré quelques scènes épiques mémorables.
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Le titre français est loin du titre original.

En effet, le titre anglais est « Raw Shark Texts » que le traducteur ou l'éditeur a traduit en utilisant un vers de Baudelaire, tiré du Mort Joyeux dans les Fleurs du Mal :
Dans une terre grasse et pleine d'escargots Je veux creuser moi-même une fosse profonde, Où je puisse à loisir étaler mes vieux os Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde.

J'avoue que je préfère le titre français, beaucoup plus poétique et qui décrit bien le livre. le quatrième de couverture est assez descriptif et c'est vrai que dès le début, on est plongé au coeur du problème avec Eric qui se réveille sans souvenir pour la 11ième fois.

Le style est efficace et on rentre vraiment dans le personnage. L'arrivée du carton avec l'ampoule cassée marque un tournant dans l'histoire, car Eric va se faire attaquer et cela va le décider à plonger dans le passé pour comprendre. On passe dans un monde plus fantastique, avec ce concept du ludovicien, ce requin de la pensée. Cette partie est presque un peu angoissante.

Eric part à la recherche de réponses qu'il espère trouver avec le professeur Fidourous. En chemin, il rencontre Scout, étrange personnage qui lui rappelle un peu Clio (dont il ne se souvient plus) et qui va le prendre sous son aile.

L'imagination de l'auteur est débordante, mais le résultat est assez déroutant. J'ai aimé certaines choses, comme la lettre-bombe, mais beaucoup d'autres sont loin de m'avoir plus, comme le personnage de Personne, ou le professeur et son espèce de terrier de livres. La chasse au requin ressemble fort au final des Dents de la Mer.

J'avoue ne pas vraiment avoir mordu dans cette partie. La toute fin est surprenante, sans en dire plus.

Au final, je suis assez partagé sur ce livre. J'ai bien aimé l'imagination débordante de l'auteur et son style, assez efficace et ces éléments mériteraient 4 étoiles. Je suis moins rentré et j'ai moins aimé la partie jeu sur le langage, dessins compris.
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Grande première aujourd'hui, puisque je vais vous parler, enfin évoquer, un roman que je n'ai pas terminé. Cet ouvrage m'est tombé des mains alors que je suis d'habitude très persévérant dans mes lectures. Si un auteur a pris le temps de l'écrire, et surtout si un éditeur a pris le temps de le publier (et pour celui-ci de le traduire), c'est qu'il doit y avoir une raison. Eh bien là, je cherche encore.

Eric Sanderson rentre chez lui. Problème : il est amnésique. Mais le premier Eric Sanderson, avant d'être amnésique, a laissé des indices pour que le nouveau Eric puisse comprendre son histoire. Eric Sanderson rencontre donc un psychiatre, qui l'incite à partir à la recherche d'un professeur du langage. Mais Eric est poursuivi par un ludovicien, le requin du titre, qui lui mange peu à peu la mémoire.

Je dois avouer que je n'ai pas tout compris aux intentions de l'auteur. Il y a une dimension de science-fiction mâtinée de psychologie, nous sommes d'accord. Il y a une intrigue qui se veut pleine d'action, avec la menace de ce requin fantasmé (ou non) combattu avec des dictaphones, la rencontre avec Scout et leurs déambulations dans un labyrinthe de livre avec un chat roux prénommé Yann. Mais l'ensemble n'a jamais fait sens. J'ai eu l'impression d'être face à un salmigondis indigeste, dans lequel on passe d'une scène à l'autre sans comprendre les enjeux de l'intrigue, si ce n'est l'envie de retrouver ce professeur (mais pourquoi le retrouver ?). Les personnages sont à peine esquissés, l'intrigue confuse à souhait et l'écriture est très plate. Rien de très réjouissant. Les quelques dessins qui jalonnent le roman permettent de comprendre certains éléments de l'intrigue, mais ce fut trop peu pour m'embarquer dans cette aventure.
Lien : http://livres-et-cin.over-bl..
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Etrange rencontre.
Ce livre, je l'ai choisi. de nombreux éléments avaient attiré mon attention : le titre, suffisamment troublant et déjà évocateur, mais aussi la 4e de couverture, un peu plus explicite que le résumé que je vous ai recopié ci-dessus. Car elle reproduit également le texte d'une lettre que le personnage principal lit peu de temps après son réveil initial, qui commence par ces mots :
Si tu lis ceci, je ne suis plus de ce monde.
Et qui est signée : le premier Eric Sanderson.

Immédiatement fascinant. On se prend à imaginer des tas de pistes sibyllines et des références à la psychologie comme aux littératures de l'Imaginaire : un Doppelgänger ? Une histoire de métempsycose ? de clonage ? de déplacement temporel ou d'univers parallèle ? Peut-être simplement une enquête menée par un fantôme…
Assez pour exciter le lecteur moyen. Moi, en tout cas.
Mais il y a mieux.

Il y a que ce livre me rappelait, par certains détails, et avant même l'avoir ouvert, cet OVNI littéraire ardu et méritoire qu'était la Maison des feuilles [lire la chronique en cliquant] : récits entrecroisés et jeux typographiques dans une mise en page révolutionnaire constellée de renvois à des annexes conséquentes, un roman labyrinthique éreintant et passionnant tant par sa construction que par sa présentation.
Le fait est que c'est moins, et bien plus à la fois.

Steven Hall, en prenant en exergue un texte de Jorge Luis Borges, annonce la couleur : les territoires de l'inquiétude destinés à être explorés ne seront pas ceux du fantasme ou de la rêverie, mais ceux, sombres et fluctuants, de la mémoire. Ses créatures évoluent dans les fissures/lisières de notre réalité, dans cette texture conceptuelle qui sous-tend le monde concret. Et lorsqu'elles ont faim, elles deviennent prédatrices et lorgnent sur le tissu même dont sont faites nos personnalités, les fondements de notre Moi, les piliers de notre individualité préhensile.
Eric Sanderson se bat dans un monde qui ne lui est rien. Il s'éveille dans un ailleurs aussi familier (parce que correspondant à des échos de réalisme cohérents avec le fonctionnement de son propre corps) qu'étrange : il ne sait pas qui il est. A part qu'il porte le même nom, la même identité distincte de cet autre qui lui écrit d'un autre temps. Qu'est-il arrivé pour que ses souvenirs soient ainsi annihilés, effacés de l'ardoise de son existence ? Première et terrible question, quoique nécessaire pour la reconstruction. Mais elle suppose une seconde, encore plus inquiétante : ce drame peut-il se reproduire ? Est-il en sécurité ?
Steven Hall agace, au départ. Ses brillantes tournures constellées d'ellipses fulgurantes, de raccourcis osés et de métaphores dispendieuses tendent à user la patience du lecteur, qui peut assez vite se lasser de ce qui ne pourrait être que poudre aux yeux verbeuse. Mais l'Etrange, l'angoissant suspense d'événements insoupçonnables, vient progressivement, mais implacablement, peser sur l'évolution des premiers chapitres. Perturbé par des lettres de sa « première occurrence » qui arrivent à son domicile régulièrement mais n'apportent aucun des éléments de réponse auxquels il s'attendait (à quoi sert donc cette description d'un certain Ryan Mitchell ?), Eric cherche à reconstruire sa vie privée de ses bases : un médecin lui apprend qu'il est victime d'une amnésie dissociative consécutive à la perte de sa femme, morte dans un accident de plongée. Il se croit donc malade. Jusqu'à ce qu'il se trouve confronté à la « chose » qui en veut à ses souvenirs : une bête terrible, effrayante, surgie de l'espace contextuel. Dès lors, il est temps pour lui d'écouter les conseils du « premier Eric », de s'armer, de se protéger (avec une fascinante utilisation de quatre dictaphones disposés en boucle) et de partir en quête : pour survivre, et trouver une réponse.
Quête fastidieuse, où seul un chat nommé Yann sera, un temps, son équipier. Avant qu'une jeune femme dynamique et spontanée ne vienne le tirer d'affaire. Avec elle, Eric réchappera à une organisation secrète et voyagera dans les recoins obscurs et oubliés de notre réalité, se frayant un chemin dans ces lieux oubliés du temps et des hommes. Des fragments de son passé ressurgiront chaque fois qu'il décodera un journal intime où nous découvriront sa relation avec celle qui a disparu, les derniers instants de ce couple en vacances…
Se nourrissant au charme intemporel de Casablanca et copiant adroitement son dernier acte sur celui des Dents de la Mer (deux véritables chefs-d'oeuvre), le roman ballotte le lecteur entre frayeurs ataviques et curiosité malsaine, avec des petites fulgurances d'une romance adorable : Hall n'évite pas l'émotion dans ce qui ne pourrait n'être qu'un coup d'essai et sait dispenser un peu de poésie dans un univers où les concepts fluctuent comme autant de jeux de mots.

Brillant, souvent passionnant et intense, construit sur un excellent rythme en crescendo et faussement complexe. Une réussite.


Lien : http://journal-de-vance.over..
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Je suis sortie de cette lecture un peu troublée. A vrai dire ce livre est assez étrange... Etrange par rapport aux situations et à l'ambiance qui s'en dégage. Etrange également par rapport aux incertitudes qui subsistent.

Tout commence avec une situation qui échappe au personnage principal : Eric Sanderson se réveille amnésique. Plusieurs lettres qui lui sont envoyées ont été écrites par "le premier Eric Sanderson". Grâce à des indices et à des codes, il va reconstituer son passé et va découvrir qu'un requin le traque pour se nourrir de sa mémoire : le ludovicien.

Jusqu'à la page 150, environ, Eric Sanderson évolue dans un monde qui pourrait être celui de chacun, mais lorsqu'il rencontre M. Personne, nous basculons dans un monde parallèle. le héros est-il fou et/ou rêve-t-il ? Ou alors ce monde parallèle existe-t-il ?

Beaucoup de références, de symboles et de jeu avec les mots ont été apportés par l'auteur (comme la marquante représentation du ludovicien qui approche pour attaquer. Il est composé de mots que l'on découvre au fil des pages. C'est surprenant et très bien fait).

Le style de l'auteur m'a bien plu. Il nous expose les sentiments d'Eric avec aisance (le passage où Eric rencontre M. Personne m'a marquée !). Lorsque l'on entre dans le monde parallèle avec le personnage principal, on suit ses pensées les plus folles sans que cela ne nous paraisse insensé. Entre les chapitres du nouveau Eric se glissent des chapitres de sa vie d'avant. Ce sont des moments qui permettent de mieux cerner ce personnage qui a perdu son passé et j'ai particulièrement apprécié ces passages.

Malgré tout, je reste un peu perplexe car l'auteur laisse des questions en suspend et je trouve cela assez frustrant.
Lien : http://ulaz.vefblog.net/
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Ce fut une lecture pour le moins déroutante. le début de l'histoire, la découverte de ce qui arrive à Eric, nous plonge de suite au coeur de l'action. le style, rapide, nous fait partager la panique qui doit être celle de l'homme qui se réveille sans savoir qui il est ni où il est... Vous savez, les quelques secondes de flottement au réveil, le matin, quand on se demande où on est ? Ici, c'est mille fois pire...
Ensuite, quand on commence à entendre parler du requin et qu'on bascule dans un monde parallèle, complètement surréaliste, j'ai failli décrocher. Mais j'ai maintenu le cap de ces trente pages un peu space, et j'ai bien fait : le lutte contre le requin et la vérité qui se fait jour petit à petit, Sanderson qui retrouve ou découvre des bribes de son passé, tout cela est prenant, limite étouffant.
J'ai vraiment trouvé l'écriture de l'auteur très efficace pour traduire les sensations multiples et complexes de Sanderson, mêlant soulagement, peur, malaise... Par ailleurs, les pages sont accompagnées de dessins, par exemple pour expliquer en détail comment Sanderson déchiffre un message codé caché dans une lettre. Les dessins qui m'ont rendue mal à l'aise sont ceux de l'attaque du requin : on voit quelques mots apparaître sur une page, qui deviennent plus lisibles au fil des pages à mesure que le requin approche...
Quant à la fin, elle m'a scotchée... J'ai refermé le livre en me posant beaucoup de questions et en remettant des certitudes en cause. Je crois que je penserai pas mal à ce livre dans les jours à venir. Et quant au concept de poissons de la pensée, qui naviguent dans les esprits mais sont plus réels que ce que l'on croit, c'est très intriguant, tout comme la frontière entre le réel et les conceptions de l'esprit, plus mince qu'on ne le croit.

Lien : http://chez-neph.over-blog.c..
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Un livre étrange entre roman, sciences fiction, fantastique et imaginaire ou j'ai eu beaucoup de mal a entrer dans l'histoire.
Celle d'Eric qui perd la mémoire et qui pour la retrouver reçoit des lettres et colis de lui même avant son amnésie.
Mais il en subira plusieurs et n'arriveras pas a se remettre de la perte de son amie survenue lors d'un voyage.
Son esprit sera poursuivi par des entités conceptuel et meme son psy ne parviendra pas a le délivrer de cette mémoire altérée qui le dévore entièrement.
Je me suis perdue dans l'histoire au moment de sa rencontre avec Personne et de ces "poissons" tueurs qui le poursuivent, impossible de me concentrer tout devenais confus.
Un roman beaucoup trop complexe pour moi , dommage.
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Un début prometteur… avec un homme, Brian Sanderson, qui se réveille sans savoir qui il est. Un jeu de piste va l'emmener à découvrir des choses étonnantes sur l'homme qu'il était.
Les thèmes de la mémoire et de l'amour sont mis en avant dans cette histoire assez improbable. Ce sont des thèmes qui, d'habitude, me plaisent mais j'ai eu du mal à croire aux côtés fantastiques de cette « course-poursuite » même si l'originalité de cette lecture avec « les images en texte » donne un peu de piquant à ces aventures. J'ai trouvé que ça ressemblait un peu à l'univers de Thursday Next de Jasper Fforde mais en beaucoup moins bien.
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