ce roman de 170 pages oscille entre présent et passé, entre moments phares de l' histoire Algerie contemporaine. Warda, ex-journaliste, aime dans son journal intime faire le parallèle entre le Hirak qu'elle découvre un certain 22 février 2019 et la décennie noire avec ses dates charnières comme le 29 juin 1993...
Des manifestations qui en appellent d'autres. Des appels à la liberté et à la démocratie qui évoquent avec effroi parfois le courage de sa jeunesse et son amour pour Zinedine, journaliste, son mari qu'elle a perdu pendant les années de terrorisme.Aujourd'hui ce sont les jeunes Zahra et son copain qui lui rappellent la témérité de son couple d'antan, elle qui s'est réfugiée pendant toutes ces années dans le passé, fuyant ses amis Amel et Bel, les seuls qui se sont vraiment occupés d'elle alors que sa famille n'était reléguée qu'au second plan et dont ses frères ont d'ailleurs tenté un jour de la vendre à un cheikh islamiste. Apres le décès de son mari, Warda préférera la solitude et puis le stylo...
Le roman de
Leila Hamoutene nous plonge ainsi dans les tourments de ce passé torturé pour finir à nouveau par épouser les contours d'un renouveau plein d'espoir.
Ainsi, nous assistons dans ce roman à un va- et-vient incessant entre les souvenirs douloureux de Warda et sa nouvelle vie, marquée par l'arrivée de ces nouveaux amis ponctuels du vendredi...Si ce roman se veut d'abord une fiction, il est ponctué par quelques dates historiques qui nous plongent d'emblée dans la réalité cruelle du passé de l'Algérie avec ses vagues d'attentats et d'assassinats de journalistes et d'intellectuels tous azimuts. L'auteure
Leïla Hamoutene en cite quelques noms dont Smaïl Yefsah, par exemple et d'autres journalistes assassinés..
Ce roman se veut en quelque sorte un hommage à ces disparus pour que nul n'oublie. C'est aussi un roman qui permet de se projeter vers un avenir meilleur tant espéré fait de changement et de liberté y compris pour la femme qu'est Warda dont la condition d'être mineure à vie est bien soulignée et démontrée dans ce roman bien émouvant. «
le seuil du moment» est une évocation du tragique, sublimé par ces moments de grâce qui chantent un lendemain prometteur...Surtout un lendemain qui permettra sans doute à Warda de mieux dorénavant affronter la vie, libérée qu'elle est du poids lourd du passé. Un passé qu'elle a appris à voir désormais de face. le Hirak, lui, aura permis de faire le deuil du passé. Qui sait?