Le Monde de l'Autre

L'existence y est considérée comme une escapade onirique dangereuse mais précieuse. Au moment de sa parution, cet ouvrage ne se situait pas dans notre univers contemporain et ne s'apparentait qu'à une réflexion philosophique moderne, sous couvert d'une bien pratique appellation "science-fiction". Au-delà de l'axiome non négociable proposé au lecteur, celui de croire le temps de quelques chapitres qu'il est possible de manipuler la mémoire par la machine, l'on voit alors se profiler un réel constat : le futur est aujourd'hui et nous sommes à Gattaca, pour ceux ou celles qui connaissent le film. Des adages imagent le message jusqu'à nous rendre familiers ces rapports de savoir-vivre que nous connaissons tous dès lors que l'on évolue en société, près de ces proches que l'on connaît si peu en fin de compte… Une route vers l'Autre et qui mène au plus vaste des empires : soi-même.

Un roman d'anticipation qui porte bien son nom. Pourtant écrit en 2012, ce court récit en deux volets retrace les tribulations d'Ethan Kolovkine, street héros, sur fond de trafic illégal de souvenirs. Face à l'entreprise mégalomane du Globe, nous retrouvons dans ce texte des allusions analogues à celles de la Caverne de Platon ou encore du Rêve de Tchouang-Tseu... Si l'histoire navigue sur une confortable appellation « Science-fiction » il n'en demeure pas moins que Cédric Haquart insuffle des principes vieux de plusieurs millénaires : Samadhi, réincarnation... Un original et habile mélange des genres !

J'ai relu « le monde l'autre » qui date de 2012 et j'ai (re)trouvé cette nouvelle avec un plaisir certain ! D'ailleurs est-ce une « longue nouvelle » ou un « court roman » ? Quoiqu'il en soit, avec le recul, j'ai indéniablement considéré l'ouvrage comme précurseur. le goût d'un épisode de Black Mirror bien avant l'heure.