J'ai découvert ce roman policier historique,
Intrigue au Kodokan, un peu par hasard en remontant ma P.A.L. NetGalley, ignorant tout de
Charles Haquet et de son personnage récurrent, le samouraï Tosode… En août dernier, hospitalisée, j'avais besoin de lectures captivantes, sans prise de tête.
Même si je reconnais volontiers que j'ai le clic un peu compulsif sur NetGalley, ce polar m'avait attirée parce que j'ai une certaine fascination pour les arts martiaux qui ne sont pas seulement des techniques de combat, mais une véritable philosophie, le reflet d'une manière de penser, une sorte d'éthique, le geste de devenant argument.
Nous voilà dépaysés à Tokyo, en hiver, en 1882, en pleine ère Meiji. C'est une période de grands bouleversements pour le Japon, avec la fin du système féodal, un désir d'ouverture au monde et à l'Occident et une volonté de modernisation.
Le samouraï Tosode, chassé par sa femme, sans travail, nostalgique, rumine contre ce « Japon Meiji » qui laisse si peu de place à ses anciens samouraïs, congédiés par le nouvel empereur. Dans son errance, il rencontre un homme singulier,
Jigoro Kano, le fondateur du judo. Comme le jiu-jitsu et le karaté, le judo peut être considéré comme un très lointain descendant pacifiste des techniques de combats des samouraïs.
Les membres du Kodokan, l'école de judo, sont régulièrement agressés et même tués ; Tosode enquête : rivalité avec les écoles de jiu-jitsu ou enjeux plus importants… Et s'il existait des liens puissants entre les maîtres de jiu-jitsu et les politiciens véreux, si ce roman englobait aussi la scène politique où les affrontements sont violents entre les partisans de l'ouverture à l'Occident et les nationalistes ? Si Ito Hirobumi, issu d'une famille de petits samouraïs, alors secrétaire d'état aux affaires intérieures, grand partisan de la collaboration avec les puissances extérieures, était directement menacé ?
Une intrigue qui mêle sphère privée et sphère publique tout en véhiculant de beaux et intéressants messages, notamment sur le droit à l'éducation, la liberté de la presse, la révolution, l'anarchie…
J'ai retenu des préceptes inspirés de
Confucius…
Le recours à des personnages référentiels donne au récit un effet de réel, situe le roman dans l'Histoire… Les mots japonais qui émaillent le récit accentuent le dépaysement.
Des scènes intimes, un zeste de romance, beaucoup de violence aussi, des séances de tortures…
Des pistes évidentes, d'autres plus complexes…
Toute une ambiance hivernale où l'on ne parle que de guerre et de politique mais où l'on espère aussi qu'un jour, le judo, littéralement « voie de la souplesse » soit reconnu au Japon et en dehors du pays. L'épilogue est très didactique sur Jigaro Kano et son parcours.
Ce roman est une belle surprise. Je reviendrai vers cette série policière avec Tosode comme personnage principal…
#
IntrigueauKodokan #NetGalleyFrance
Lien :
https://www.facebook.com/pir..