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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est un récit qui vous cueille à froid, vous immergeant aussitôt dans une narration d'où suintent détresse et souffrance...

Arezki, toxicomane désoeuvré, délaissé, passe ses journées au lit, ressassant ses angoisses et ses obsessions, essentiellement nourries par le secret qui plane sur son ascendance, dont il ignore tout. Ses errements psychiques sont ponctués par la crainte autant que par l'espoir du retour de Si Larbi, sorte de père de substitution que son métier de chauffeur routier rend souvent absent.
Une nuit d'égarement, attiré par les lumières d'une fête de mariage, Arezki commet l'irréparable, et se retrouve en prison. C'est là qu'il rencontre Riddah, directeur de l'établissement qui, ayant reconnu dans ce jeune prostré et terrifié on ne sait quelle manifestation de son passé, décide de l'aider...
A ce trio va s'ajouter Ryeb, gardien de prison lui aussi aux prises avec des démons ancrés dans le mystère de ses origines.

Ces quatre personnages font alternativement entendre leurs voix, au fil de l'entrecroisement de leurs destins douloureux que constitue "L'ampleur du saccage".

Roman polyphonique, donc, mais aussi roman mosaïque, dont les différents éléments s'emboîtent peu à peu, avec à mon avis un peu trop de facilité. J'y ai trouvé trop de coïncidences, voire d'invraisemblances, et de raccourcis qui nuisent à la crédibilité du récit. C'est bien dommage, car l'écriture de Kaoutar Harchi m'a par ailleurs séduite : j'ai aimé ses longues phrases travaillées où chaque mot, rendu indispensable, est à sa place, et la profusion de verbes qui confère au récit cette lancinance brutale, en adéquation avec son propos. L'auteure dépeint une société machiste, dans laquelle les frustrations sexuelles engendrées par la rigueur religieuse et morale génèrent hypocrisie et violence, produisent des individus qui ignorent l'amour, la tendresse, le respect de l'autre. Et d'exprimer cette réalité glauque et barbare par l'intermédiaire de voix uniquement masculines est sans doute une des forces de ce roman, ainsi nourri de de la complexité et des contradictions qui torturent ses héros. Ces derniers sont dépassés par leurs pulsions, et cohabitent difficilement avec l'image d'eux-mêmes que leurs renvoient le souvenirs d'actes qu'ils ont commis sous leur emprise.

Il sourd de "L'ampleur du saccage" un désespoir profond, un sentiment de malheur inéluctable. Et Kaoutar Harchi n'avait nullement besoin, à mon sens, de doter son intrigue de tant de rebondissements pour le rendre fort et marquant, son écriture y aurait suffi. J'ai personnellement été gênée par ces invraisemblances évoquées plus haut, qui m'ont empêché de savourer pleinement ma lecture.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Ce livre est une performance. Un bon roman qu'il est pourtant difficile d'aimer. Il faut souligner la grande qualité d'écriture, la sombre poésie qui se dégage d'une tragédie à quatre. La dureté de cette « fable funeste » ne nous laisse pas une minute de répit et la dernière page, comme un ultime supplice vient nous délivrer d'une lecture difficile, pesante à souhait.
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emotion, surprise, belle ecriture je ne peux vous en dire plus sans trop en dévoiler, très court alors allez y.
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Un roman percutant dont la brièveté est un solide atout. Aucune longueur, l'auteure nous assène les détails de cette histoire tragique à la vitesse grand V. Très belle écriture.
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"Nous vivions au coeur d'un système arabe où l'érostisme et la violence étaient les deux alibis d'une époque fondamentalement privée d'amour et qui trouvait dans l'échauffement sexuel une forme de compensation à son incurable sécheresse. Nous, gamins des rues, nous étions les piliers de ces déserts et nous n'avions que le droit de regarder. Nos pantalons étaient lourds de frustrations millénaires".

L'Algérie de 1954 - la banlieue de Paris 30 ans plus tard, mais toujours, constante et intacte, cette même frustration, ce même sentiment des personnages que l'accès à une sexualité leur est refusée. Eux, ils le savent, eu égard à leurs origines modestes, n'auront jamais droit à ces filles, promises au mariage, dont l'honneur est farouchement défendu par les pères et les frères.

Alors cet excès de testostérone mal gérée va les amener à prendre de force ce qui leur est dénié, à commettre l'irréparable; c'est ainsi que le roman s'ouvre sur la scène du viol suivi du meurtre d'une jeune fille par le personnage principal, Arezki.

On le voit, il ne s'agit ni de sentiments ni d'amour: ici, la femme se contente d'être une enveloppe charnelle recelant mille mystères, et ce corps n'est conçu que comme pris d'assaut, "saccagé" comme le dévoile le titre.

Ce qui dérange, c'est le sentiment laissé au lecteur que cette issue fatale n'est finalement qu'inéluctable, bien qu'il n'y ait aucune empathie pour ces personnages qui se voient désormais dans une stricte impossibilité d'exister.

Face à ces péchés dont les personnages sont eux-mêmes conscients qu'ils sont impardonnables, les voilà partis dans une sorte de quête, sous forme de fuite, expiatoire, qui va les mener sur le chemin de la découverte de soi, de la construction identitaire, de l'hérédité et de la représentation de la figure maternelle.

S'il est des lectures perturbantes, celle-ci en fait immanquablement partie.
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Livre brutal, écriture parfois heurtée et alambiquée, des voix qui entremêlent plusieurs récits de vie cruels et insupportables...
Nous sommes dans la noirceur, la noirceur des vies qui démarrent mal, des vies dont le cours déraille, des vies qui disent la laideur humaine mais qui disent aussi parfois l'amour.
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