AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 152 notes
5
12 avis
4
14 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
C'est toujours salutaire de lire des livres datant d'un autre siècle...

Ce roman parle d'amour, mais également d'une certaine lutte des classes dans l'Angleterre du 19ème siècle.
Ou comment, même si on est un mec "bien" on peut perdre sa future femme, sa maison et même plus...

J'ai adoré les descriptions forestières, les métiers de cette époque touchant à la forêt.
J'ai un peu moins aimé l'héroïne, et ses questionnements, mais elle est d'une autre époque, et l'auteur a été fidèle à son siècle.

C'est très bien écrit, donc un plaisir à découvrir, merci au challenge solidaire !


Commenter  J’apprécie          160
Encore un grand classique de la littérature qui traînait sur mes étagères depuis trop longtemps et que j'ai enfin découvert. Cette fois-ci, direction l'ouest de l'Angleterre, dans les collines et les forêts de Thomas Hardy, écrivain de la période victorienne que j'ai découvert avec un immense plaisir.

L'amour et la raison, le mariage et les pulsions, la fidélité et les sentiments sincères, voilà les thèmes universels autour desquelles se construit la trame narrative de "Les Forestiers", qui s'enracine dans le petit village de Little Hincock : nous y suivons les aventures amoureuses de Grace Melbury, fille unique d'un marchand de bois qui a tout sacrifié pour envoyer son enfant à Londres et lui assurer la meilleure éducation possible. Une fois revenue dans son village natal, Grace pose un regard nouveau sur son environnement et ses projets d'union s'en trouvent bouleversés. Entre son prétendant de toujours, Giles Winterbone, modeste et fidèle ami de la famille, et les nouvelles ambitions de mariage de son père qui espère un retour sur investissement, ce sont les sentiments contradictoires et contrariés de la jeune femme qui rythment le récit. Hardy excelle à retranscrire les émotions et les réflexions de ses personnages, et son regard tantôt féroce tantôt tendre sur ses contemporains n'épargne personne!
Hardy se joue de nos émotions, il contrarie constamment les plans de ses personnages, condamnent les velléités de ceux qui voudraient s'élever et n'épargne rien aux coeurs purs. Mais au-delà de la description impitoyable d'une société victorienne patriarcale et figée, Hardy nous transporte dans une campagne idéalisée, décrite par une succession de tableaux d'une composition absolument parfaite, peuplée d'hommes et de femmes bons, qui vivent au rythme de la nature et des saisons. L'écriture de Hardy est somptueuse lorsqu'elle décrit ces forestiers et les paysages dans lesquelles ils évoluent, et elle touche au sublime quand elle s'attarde sur les plus humbles, Giles et la jeune Marty en tête.
Un gros coup de coeur pour cet auteur que je suis heureuse d'avoir enfin pris le temps de lire!
Commenter  J’apprécie          90
Avec ce roman, on se retrouve dans le Wessex, une région chère au coeur de l'auteur.
Thomas Hardy fait la part belle à la nature environnante. La campagne, les champs, les collines, les chemins creux, la forêt, le vent, les odeurs, les animaux. Une nature vivante qui se forme, se transforme, se déforme au gré des saisons décrite avec beauté et subtilité.
Le petit village de Lintle Hintock niché dans cet écrin de campagne boisée est le lieu où vont se dérouler les aventures de Grâce Melbury, Giles Winternorne et du Dr Fitzpiers. Un triangle amoureux romanesque, sur fond de promesse paternel faite à un mort, d'éducation et de classe sociale. Les joies et les déceptions de l'amour sont nombreuses et obligent malgré eux ces jeunes gens à grandir, pour le meilleur et pour le pire.
Une fois de plus la femme tient une place importante et au combien difficile au 19ème siécle dans cette histoire. Elle y a la liberté de vivre et d'exister selon ses propres choix dans le respect des us et coutumes de l'époque.

Une écriture pleine de ce charme anglais typique à Thomas Hardy que je retrouve avec beaucoup de plaisir.
Une bien belle lecture.
Commenter  J’apprécie          70
Dans l'Angleterre de la fin du 20° siècle (le roman est paru en 1887), George Melbury est un marchand de bois prospère qui a placé sur Grace, sa fille unique, ses rêves d'ascension sociale. Il lui a pour cela payé des études dans une institution huppée. A 20 ans Grace revient vivre chez ses parents dans le hameau forestier de Little Hintock. Elle y retrouve Giles Winterbone, arboriculteur et presseur de cidre, ami d'enfance amoureux d'elle, simple et fidèle. Elle y fait aussi la connaissance du docteur Edred Fitzpiers un homme séduisant et cultivé mais aussi un coeur d'artichaut. Entre les deux le coeur de Grace balance. Son père aussi hésite : il s'était promis de donner Grace à Giles mais cette jeune fille accomplie ne mérite-t-elle pas mieux qu'un paysan ? le sentiment qu'on les personnages de leur place sociale joue ici un grand rôle.

Tiraillée entre deux hommes, Grace est bien mal conseillée par son père auquel elle n'est capable de s'opposer que tardivement et les conséquences en sont dramatiques pour le pauvre Giles. Il y a à la fois une analyse des sentiments qui me paraît fort bien vue et des péripéties dignes d'un véritable mélo. Ce qui fait le malheur des personnages c'est le désir ou plutôt le fait d'y céder. L'homme et la femme idéale sont chastes, le ménage modèle un couple sans désir.

Le cadre de l'action est celui d'une petite communauté forestière où tout le monde se connaît. L'auteur donne de belles descriptions de la nature et précise certaines des us et coutumes de ces gens des bois. le roman prend alors des allures ethnographiques. J'ai trouvé ça intéressant, particulièrement ce qui est dit de la possibilité pour les jeunes paysannes de se ménager des espaces de liberté amoureuse avant le mariage.

C'est une lecture qui m'a plu.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          20
Je continue ma découverte des classiques avec Les forestiers de Thomas Hardy, et ce fut une belle découverte pour moi.

Thomas Hardy explore ici les triangles amoureux et les différences entre les couches sociales, sans pour autant tomber dans un roman à l'eau de rose ou le côté "gnian"gnian".

Au fond d'une petite bourgade perdue dans les bois, dans le comté de Wessex, à Little Hincock plus précisément, le forestier Melbury a tout mis en oeuvre pour que sa fille Grace bénéficie de la meilleure éducation possible. Il l'a pourtant promise au forestier Giles Winterborne. Celui-ci aime Grace, est complexé par sa condition mais veut tout mettre en oeuvre pour la satisfaire.

Cependant, tout bascule lorsque le père de Grace souhaite que sa fille fasse un meilleur mariage et que le docteur Edred Fitzpiers tombe sous le charme de sa fille.

En parallèle à cela, divers personnages se greffent à cette histoire impossible. le décor est également très présent et apporte une touche à cette atmosphère si spéciale. le bois et le château de la belle et mystérieuse Felice Charmon sont presque des personnages de l'histoire à part entière.

J'ai aimé cette histoire, d'autant plus qu'elle replace la question du divorce, qui était en discussion mais pas encore réalisable à cette époque, et des distanciations sociales très importantes. Je trouve cela toujours intéressant de lire ce type d'histoire avec un regard d'aujourd'hui ; et de constater à quel point les moeurs et les sociétés ont évolué en peu de temps.



Commenter  J’apprécie          100
Grace Melbury revient dans son hameau natal, Little Hintock en lisière de la forêt qui fait la fortune des exploitants forestiers, après avoir terminé ses études et vécu parmi la bonne société, en ville.

Elle est parée de l'aura qui entoure celle qui est au-delà des limites du comté, des vallons et des bois, de l'aura de celle à qui les bonnes manières ont été enseignées, de celle qui a reçu un savoir et donc la possibilité de frayer avec des cercles autres que paysans ou commerçants.

Son avenir semble tout tracé en vertu d'un accord entre son père et celui d'un voisin, Giles Winterbone. Melbury père s'en veut d'avoir « volé » la fiancée de Winterbone père et souhaitait réparé son tort en promettant sa fille au fils Winterbone. Tout paraît clair, bien ordonnancé comme les clairières et les piles de bois en attente de la scierie ou de l'âtre. Las, car il y a toujours un « mais », c'est sans compter les nouvelles aspirations de Grace. Elle a découvert, lors de ses études, qu'il y a beaucoup de choses à découvrir ailleurs, qu'il y a des ambitions possibles à assouvir et surtout d'autres rêves à atteindre.

Grace se rend compte du décalage social, et surtout culturel, entre le milieu urbain éduqué et le petit monde paisible, simple, de Little Hintock. Pourtant, elle aime le paysage boisé, les collines alentours, sa maison natale, ses parents. Néanmoins, il lui manque le quelque chose auquel elle a goûté en ville, ce fruit qui ouvre l'appétit d'apprendre, de savoir et d'être autrement que dans la simplicité rustique. C'est cela qui gêne Grace, la rusticité du hameau et de ses habitants.

La présence d'un jeune médecin, remplaçant de l'ancien docteur connu de tous, attise les convoitises et surtout la curiosité de le gente féminine, l'intrigant Edred Fitzpiers à qui les bonne âmes prêtent des activités de sorcellerie. le mystère entoure le jeune homme qui expliquera à Grace sa soif d'expériences et de connaissances scientifiques. Cette dernière ne restera pas indifférente au charme presque sulfureux du jeune docteur. Au grand dam de Giles, resté aux lisières de l'histoire sentimentale tissée par les ambitions et rêves d'un médecin aux audaces de carriériste et d'une jeune fille encore naïve.

Grace a-t-elle fait le bon choix en privilégiant ses nouvelles aspirations de jeune femme éduquée au lieu de cultiver ses envies et sentiments profondément sincères ?

Tout au long du roman, Thomas Hardy s'attache à montrer combien la tromperie dans les sentiments, les erreurs d'aiguillages d'une vie peuvent provoquer malheurs et désespérances. Est-ce judicieux de permettre aux jeunes filles du monde rural et paysan, d'accéder à une meilleure éducation que leurs parents ? N'est-ce pas les perdre dans des désirs d'élévation qui ne sont pas les leurs ? N'est-ce pas les éloigner de la simplicité des sentiments, de la tradition ? Il est dommage que l'auteur n'ait pas mieux mis en lumière qu'une éducation approfondie donnaient des outils aux eunes femmes pour mieux raisonner et comprendre la perfidie de la nature humaine. Sans doute a-t-il souhaité que Grace reste une jeune fille puis une jeune femme naïve et rêveuse. A mon sens, Grace vaut mieux que cela. Certes, elle est victime d'un aveuglement passager qui l'entraînera dans la peine et une vie bien sombre, mais elle n'est pas sans saveur ni personnalité. L'époque fait que les erreurs commises ne pardonnent pas aux femmes alors que les hommes peuvent rebondir à leur détriment.

Le personnage d'Erdred Fitzpiers est un monstre de fatuité, d'égoïsme et de méchanceté aux antipodes de celui de Giles Winterbone. Ces deux hommes représentent les deux côtés du Romantisme : le sombre empreint de dangers et le lunaire perdu dans les méandres de l'amour véritable et idéalisé. le premier croque dans les plaisirs de la vie au mépris d'autrui tel un diable courtois, le second rêve, en conscience de son malheur, et espère que son horizon s'éclaircira grâce à sa contance et sa droiture…. il y a souvent du Jane Austen chez Thomas Hardy dans le sens où il sait observer, sans concession, les travers de la nature humaine avec intelligence, humanité et émotions. Cependant, il est plus sombre et plus pessimiste que Jane Austen ce qui contrebalance à merveille cette comparaison : tout est rarement absolument joyeux dans cette Angleterre corsetée et compassée.

« Les forestiers » est une perle, un bijou romanesque écrit par un auteur anglais, hélas méconnu, qui mériterait d'être beaucoup plus lu. Ses descriptions d'une nature mélancolique, romanesque, à l'aune de la tristesse de ses personnages, la magnifient par son style exquis.

Traduit de l'anglais par Antoinette Six
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
Commenter  J’apprécie          60
Les Forestiers fait partie de mon top 3 des romans de Thomas Hardy que je préfère : je trouve que l'intrigue rappelle un peu celle de Jude l'Obscur (en moins déprimant) car ici aussi, on assiste à la "punition" de quelqu'un qui a voulu s'affranchir de son milieu social par les études. Même si dans le cas de Grace, la décision ne vient pas d'elle et, même si elle n'est pas heureuse dans son mariage, elle subit moins de tourments que Jude.

L'intrigue m'a semblée un peu longue à démarrer mais ce n'est pas gênant outre mesure : cela permet de faire connaissance avec chacun des habitants de Little Hintock, son métier et son histoire, et on voit peu à peu les ressorts du drame se mettre en place et se resserrer autour du trio Grace / Giles / Fitzpiers.

Comme toujours j'ai adoré être transportée dans l'Angleterre rurale du XIXe siècle, ses traditions, ses métiers... à travers des extraits de poèmes et de chansons, des fêtes paysannes ou tout simplement des descriptions de la nature. Comme le titre le laisse deviner, on est ici dans le monde des bûcherons, marchands de bois et cidriers, le temps et la vie est rythmée par les changements de saisons et les transformations de la nature et c'est vraiment un dépaysement total.
Commenter  J’apprécie          30
Un auteur romantique dont on connaît surtout "Tess d'Urberville", ici la campagne anglaise est délicieusement décrite, on croit sentir les odeurs, voir les rayons du soleil, toucher les arbres, sources de revenu et pourtant respectés.
Il faut aimer le côté romanesque de l'histoire, bien de l'époque (XIXe siècle) j'avoue que ce n'est pas trop mon truc mais le fait que les différentes classes sociales se côtoient est intéressant et j'ai aimé qu'il s'agisse beaucoup de paysans, en l'occurrence forestiers, des gens simples et pour beaucoup, pauvres.
Contente de l'avoir lu, attirée par la préface de Franck Bouysse, on retrouve ici l'atmosphère de certains de ses romans, où la nature est très présente.
Commenter  J’apprécie          20
Jamais un roman de Thomas Hardy n'avait aussi bien porté son nom. En effet, ce roman renferme une très belle et cruelle histoire d'amour mais renferme avant tout une magnifique et poétique ode à la nature. C'est pourquoi et même si je m'attendais à être plus touché, je ressors plus qu'enchanté de cette lecture qui se glisse facilement dans mes oeuvres favorites de cet auteur grâce à cette magnifique peinture.

Il est vrai que je ne sais pas ce que j'ai réellement le plus apprécié dans cette histoire tellement j'ai été envoûté par son ensemble. Pourtant, je dois dire que ce dernier m'a avant tout emporté grâce à ses innombrables et méticuleuses descriptions des divers paysages verdâtres qii entourent le hameau boisé Little Hintock. Tout au long de son roman, Thomas Hardy ne cesse de décrire la vie rurale avec réalisme et maniérisme. A tel point que la forêt et ses alentours prennent littéralement vie grâce à la poétique et aérienne plume de celui-ci et ce, jusqu'à en devenir des personnages à part entière. Effectivement, l'auteur développe avec richesse et détails son environnement et j'ai adoré le résultat final qui m'a offert de véritables peintures aux couleurs chaudes et chaleureuses et contrastant totalement avec le cruel romantisme dont ce dernier aime faire preuve. Bien qu'habitué à la dureté ainsi qu'à la noirceur de ses histoires d'amour, je suis toujours autant admiratif d'une telle analyse des sentiments. C'est une funeste et pourtant délicieuse romance que Thomas Hardy nous offre à nouveau et que j'ai pris plaisir à suivre. Cependant et quand bien même je n'ai pas été aussi touché que j'ai pu l'être par le passé, son style et sa prose ne se dévoilent pas moins émouvants et aboutis.

Malheureusement, je pense que ce manque d'émotions provient de la construction des personnages de cette oeuvre. Quand bien même j'ai apprécié les découvrir et les suivre dans leur intimité, ces derniers m'ont semblé assez sommaires et manquaient parfois de profondeur et d'ampleur. A commencer par notre héroïne Grâce que je n'ai pas toujours compris. Malgré toute la complexité de ce personnage et la dévotion dont elle fait preuve face à sa figure paternelle, il m'a semblé que certaines de ses réactions manquaient parfois de cohérence et de subtilité pour m'attendrir comme d'autres avant elle. le constat reste le même quant à ses deux prétendants, le bon et loyal Giles et Edred, le vil et vaniteux médecin. J'aurais apprécié que chacun de ces opposants soient bien plus nuancé et beaucoup moins catégorique dans sa construction. D'un côté il y a la bonté et de l'autre la méchanceté sans réel travail psychologique. Peu importe mon ressenti face à cette palette de personnages, je retiens surtout que grâce à cette dernière Thomas Hardy traite de sujets qu'il affectionne tant allant du mariage, à la place de femme et jusqu'à assumer l'adultère dans sa littérature. J'ai fortement apprécié le ton et la justesse dont fait preuve ce dernier pour aborder ces thèmes.

Ainsi et avec accalmie, Thomas Hardy donne vie à de doux et chaleureux paysages qui m'ont plus d'une fois subjugué et qui offrent une magnifique ode à la nature et dont la beauté contraste la noirceur et la cruauté de cette tragédie. Avec poésie et mélancolie, ce dernier offre une funeste histoire d'amour qui aurait davantage pu me toucher si la construction des personnages présentés ne m'avaient pas semblé parfois superficielle.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
Commenter  J’apprécie          50
Il me semble que c'est une habitude chez Thomas Hardy d'ouvrir ses romans en nous conviant sur une route de l'ouest de l'Angleterre où l'environnement englobe tout à la fois le lecteur et le ou les personnages avançant sur ce chemin de campagne.
Ici, c'est une route abandonnée qui va mener un barbier vers Little Hintock, un endroit perdu, un minuscule hameau composé de quelques cottages crachant leurs fumées dans la brume environnante. Un paysage de taillis, de vergers et de bois dépouillés par l'hiver, accentuant la désolation de ce pays perdu. L'odeur de feuilles mortes et de cidre qui fermente flotte dans l'air du soir.
Devant un feu nourri qui réconforte, la jeune Marty taille des branches de noisetiers et le barbier vient là pour elle, ou plus précisément pour acheter sa superbe chevelure convoitée par la châtelaine.
Le lendemain, sur cette même route, l'auteur fera converger ses principaux personnages comme il fera converger et s'entrecroiser leurs destins.

Dans ce minuscule village, Mr Melbury, le négociant en bois, se tracasse au sujet de Grace, sa fille unique. Il s'était fait la promesse de réparer une vieille injustice en offrant sa fille en mariage au fils de l'homme dont il se sent redevable. Mais cet engagement pour réparer un tort le torture car il ne veut pas sacrifier sa fille à un homme sans fortune. Giles Winterborne, pourtant profondément amoureux de Grace, n'est qu'un petit cultivateur et planteur d'arbres. le négociant a donné à Grace une solide instruction qui lui confère maintenant une supériorité sur les gens du cru et il est convaincu qu'elle mérite donc un mariage plus beau, plus digne d'elle.
Un jeune docteur, issu d'une famille solidement établie même si c'était du temps de son grand-père, entrera alors en scène pour confronter deux mondes : celui simple et rustique d'un campagnard et celui, bien plus distingué mais totalement inconstant, d'un homme instruit.
Le bonheur se trouve-t-il forcément chez ceux qui brillent par leur distinction sociale ? Mr Melbury en est persuadé.

C'est donc autour de cette ambition paternelle de voir son enfant chérie faire une belle alliance que Thomas Hardy tisse des destins où l'injustice du sort éclatera dans différentes directions, touchant cruellement certains des habitants de Little Hintock.
Grace, plutôt passive, pas vraiment ambitieuse mais tout de même envieuse d'évoluer dans une sphère plus éclatante, montera d'un étage dans la société et pourtant, au fond d'elle, l'amour du milieu forestier demeure. Mais son réveil est bien trop tardif.
Toutes les natures s'affronteront : celle fantaisiste et mélancolique de la châtelaine, la droiture et l'extrême vertu de Giles, la fièvre et l'infidélité du docteur, la naïveté et la crédulité du négociant…
L'inconséquence et les tergiversations amoureuses formeront le terreau des gens instruits alors que la droiture et la constance appartiendront aux petites gens.
Par les désastreux résultats des décisions soufflées par le père, c'est tout l'emprisonnement du mariage pour la femme du XIXe siècle qui ressort tragiquement de ce roman.


À côté des préoccupations humaines si subtilement détaillées, le décor est toujours somptueusement présent chez Thomas Hardy. L'univers sylvestre fait entendre l'activité bruyante de coupes de bois ou de l'écorçage, les roulements de charrettes acheminant les fagots pour confectionner les toitures. Il nous montre les souches récemment mises à nu, les premières ramures rongées par les lapins et nous mène derrière le pressoir ambulant de Giles à la saison du cidre.

Comparé à d'autres titres déjà lus de l'auteur, je ne dirais pas que les évènements s'affolent dans Les Forestiers même si les tourments ne manquent pas. Mais l'éblouissante écriture de Thomas Hardy efface incontestablement les petites lenteurs de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          469




Lecteurs (492) Voir plus



Quiz Voir plus

Tess of the d'Urbervilles

En quelle année fut publié Tess of the d'Urbervilles ?

1879
1891
1901
1914

10 questions
58 lecteurs ont répondu
Thème : Tess d'Urberville de Thomas HardyCréer un quiz sur ce livre

{* *}