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Dans la famille des chefs-d'oeuvre de Thomas Hardy, je demande la fille !

Et la fille, en l’occurrence, c'est Elfride Swancourt, 19 ans, vivant dans le Wessex, au sud de l'Angleterre. Fille d'un pasteur féru de généalogie qui se gargarise d'être affilié à la famille du baronnet local et qui, par là même, nourrit des ambitions pour sa fille et lui-même, orpheline de mère, bientôt soumise à l'influence d'une belle-mère, cette jeune personne, dont les beaux yeux donnent son titre au roman, est décrite par l'auteur comme un être pouvant "dire des choses dignes d'un épigrammiste français et agir comme un rouge-gorge dans une serre". Confrontée à ses premiers émois affectifs, Elfride, prise dans les affres à la fois suaves et douloureux de cet âge délicat entre la jeune fille et la jeune femme, ne saura pas assumer tous ses choix ni identifier la piste menant vers le bonheur.

Ainsi, comme toujours avec Hardy, le protagoniste principal n'est ni tout blanc ni tout noir mais offre au contraire une complexité psychologique dense qui n'est pas sans rappeler notre propre complexité psychologique. Je m'extasie à nouveau devant la capacité de cet écrivain à fouiller sans concession mais avec une indéniable indulgence les sentiments féminins. Il suffit sans doute de se rappeler qu'il était d'abord poète et n'écrivait ses romans que pour gagner sa vie. Comme beaucoup de ses personnages, Elfride, bien que jeune (ou parce que jeune) va donc connaître en un laps de temps assez court - quelques années tout au plus - des mutations profondes, des évolutions et des expériences qui vont à la fois permettre à sa personnalité de se révéler et semer d'embûches son parcours initiatique. Tout comme Bathsheba dans "Loin de la foule déchaînée", Elfride est une héroïne à laquelle le lecteur a d'abord du mal à s'attacher. Éduquée assez librement, son besoin d'autonomie et d'indépendance se heurte vite au carcan des convenances de son temps (fin du 19ème siècle), à la morale rigide de ces contemporains et à la censure de la société.

Pour avoir lu plusieurs romans de Hardy, je peux affirmer que l'un de ses plus grands plaisirs est de faire de ses personnages le jouet des circonstances, de leurs tempéraments et de leurs choix, judicieux ou hasardeux mais toujours de nature à incliner ou à bouleverser leurs existences. Comme lors de mes précédentes lectures, j'ai été totalement emportée par le récit, fascinée par le traitement des sentiments, en quête des réactions des personnages et des rebondissements de l'action. L'écriture est toujours aussi magistrale, le rythme ne faiblit jamais et les descriptions, tout en sensibilité, en poésie et en sincérité, résultent définitivement d'une incroyable alchimie entre la force d'évocation et la concision. La nature, si présente au fil des pages, se fait non seulement cadre mais aussi source d'inspiration de la narration et lui donne avec générosité tout le romanesque de ses rochers, de ses prés, de son bord de mer et de ses bois.

En ce qui me concerne, Thomas Hardy vise à chaque roman la cible du cœur et il met dans le mille à chaque flèche. Bref, je suis conquise, et aussi insatiable qu'une amoureuse. Le romantisme de son oeuvre, dépourvu de mièvrerie, harmonieusement dosé en drame, riche en émotions, est le gage d'une lecture marquante et envoûtante.


Challenge 19ème siècle 2015
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Elfride, jeune et ingénue, s'éprend du jeune Stephen Smith, un architecte en devenir mais qui, pour son malheur, n'est que le fils d'un maçon. le père de la jeune fille met son véto à cette union. Après un échange de promesse et la tentative échouée d'un mariage secret, Stephen accepte un travail à Bombay, espérant se faire une situation digne d'une tel mariage. Peu de temps après elle fait la connaissance d'Henry Knight, un parent de sa belle-mère et un ami de Stephen, ce qu'elle ignore, elle s'éprend de lui...Difficile alors de lui avouer qu'il n'est pas son premier amoureux...

Au delà du côté suranné de l'intrigue, qu'il faut replacer dans le contexte d'une Angleterre victorienne rigide qui assimilait un baiser échangé à une situation pratiquement scandaleuse si la jeune fille n'était pas épousée,
Thomas Hardy évoque avec Les Yeux bleus des situations humaines bien plus complexes, il analyse avec finesse et sensibilité tous les sentiments de la relation amoureuse : l'engagement sincère mais peut-être trop rapidement donné par idéalisme ou par amour de l'amour, l'attirance pour une personne que l'on pense supérieure intellectuellement et qui crée une infériorité et une dépendance de l'un sur l'autre, le fait pour un homme de vouloir être le premier ou encore l'affrontement des égos de deux hommes, affrontement qui leur fait perdre tout sentiment vrai, les laissant comme deux coqs au combat. C'est un roman essentiellement humain ce qui n'exclut pas les descriptions de la nature magnifique de l'ouest de l'Angleterre où je me suis perdue dans les chemins de traverse, au milieu des falaises...
Il faut également se remettre à l'imparfait du subjonctif et des tournures de phrases quelquefois complexes (j'avoue avoir dû relire certaines phrases plusieurs fois pour bien les assimiler).
Un roman d'amour où les tours du destin, à contre-temps, se jouent des êtres qu'il va rendre malheureux.
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Elfride Swancourt est une jeune fille de 19 ans , la vie lui sourit. Fille de pasteur, orpheline, elle entretient une relation d'amour et de confiance avec son père. Certes elle est ravissante, ce qui frappait quand vous la croisiez pour la première fois c'était ses yeux, des yeux bleus :"bleus comme les lointains en automne- du bleu des brumes que l'on voit se retirer des collines et de leurs pentes boisées par un matin ensoleillé de septembre. Un bleu vaporeux, diffus où le regard plonge plutôt qu'il ne s'arrête" (p10 ) A cela s'ajoutait une fraicheur et une spontanéité dans ses propos qui désarmaient ses interlocuteurs et lui conféraientt beaucoup de charme!
Sa vie bascule lorsque Stephen Smith, jeune architecte entre dans sa vie. Venu pour dresser les plans d'une vieille église il s'éprend d'Elfride le pasteur met un véto formel Stephen n'a pas le sou. Elfride et Stephen décident de se marier en cachette mais au dernier moment Elfride renonce . Toute sa vie elle craindra que cette folie en tout bien tout honneur, nous sommes au 19me siècle,ne soit cause de scandale.Stephen part en Inde , Le pasteur se remarie , le monde s'ouvre devant elle Harry Knight apparait....
J'arrête là , je laisse Thomas Hardy vous porter, vous entrainer avec Elfride dans le tourbillon des sentiments, de l'amour , de la raison , d'une société où les jeunes filles ne peuvent qu'obéir à leur destin et aux circonstances.J'ai retrouvé une fois encore son écriture pleine de poésie, de tendresse,pour les gens humbles ou riches,, avec lui j'ai marché sur la lande, arpenté les chemins de son Wessex adoré .
Un auteur à découvrir si ce n'est déjà fait !
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Avec "Les yeux bleus", Thomas Hardy, écrit une oeuvre, d'une beauté, et d'une sensibilité étonnante !
Avec un style beau, noble et poétique, qui en quelques termes, sait nous intéresser, sait faire vivre les personnages, avec une intensité rare, et sait également décrire les actes, les paysages, etc., avec une grande beauté.
On retrouve dans cette écriture, l'élégance caractéristique, de la littérature anglaise, du XIXème siècle.
La psychologie des personnages, aussi, est intéressante, et respire, la vérité.
Un bien beau roman !
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Ouvrir un roman de Thomas Hardy revient à nous plonger dans l'Angleterre rurale de la fin du 19ème siècle, à travers la destinée (bien trop souvent) tragique de ses héros et héroïnes. Les Yeux Bleus ne fait pas exception à la règle.

Elfride Swancourt est fille de pasteur. Solitaire, la jeune fille aux yeux bleus parcourt sa terre natale sauvage, en rêvant d'un futur radieux. La rencontre de deux hommes étroitement liés mais aux personnalités opposées va bouleverser sa vie et lui faire découvrir différents aspects de l'amour -et de ses tourments…

D'une plume toujours aussi raffinée et par le biais de descriptions passionnantes d'une Angleterre qu'il affectionnait tant, Thomas Hardy nous emporte dans une valse de sentiments, dévoilant le destin d'une jeune femme amoureuse, écrasée par le poids des convenances, luttant contre son passé et échappant à un bonheur pourtant à portée de main.

Si j'ai été à nouveau happée par l'intrigue et ses différents chapitres, je dois cependant avouer que je ne garderai pas un souvenir mémorable de son héroïne, dont l'inconstance, la naïveté et le manque de profondeur m'ont refroidie. Les personnages masculins ne m'ont pas davantage convaincue, en particulier la passivité de Stephen ainsi que la rigidité d'Harry.

La lecture des Yeux Bleus m'a ainsi apporté un plaisir certain et le bonheur de m'évader dans une époque révolue, vers les plaines verdoyantes des côtes anglaises, tout en me laissant un sentiment de frustration et d'amertume, à la lecture des dernières pages du roman.
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Franchement on ne peut pas passer à côté de ces chefs d'oeuvre...quelle sensibilité dans l'écriture, quel caractère chez les personnages, quelle Angleterre puritaine et quelle époque!!! Heureusement que les temps changent, que la culture et les moeurs évoluent sinon pauvres femmes que nous serions encore...Malgré tout il existe encore des trésors cachés et celui ci vaut plus que la peine d'être lu...
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Les Yeux bleus est le troisième roman de Thomas Hardy et fut écrit un an avant Loin de la foule déchaînée et 18 ans avant Tess d'Urbervilles. Je suis tombée sous le charme de cet auteur depuis ma première lecture d'un de ses romans. J'ai commencé à le découvrir avec Loin de la foule déchaînée et je l'aime toujours un peu plus après avoir tourné les dernières pages d'un de ses romans. J'ai aussi eu la chance, il y a deux ans, de visiter ses deux maisons.

Elfride, fille d'un pasteur, s'éprend à toute vitesse de Stephen, un architecte venu restaurer l'église de la paroisse. Stephen, le fils du maçon de cette même paroisse, a pu se faire une place dans le monde grâce à un homme instruit qui lui a donné des leçons par correspondance, Mr. Knigtht. En raison des origines modestes de Stephen, le père d'Eldrife s'oppose à leur union. La jeune fille décide alors de s'enfuir avec son amoureux pour se marier secrètement mais, arrivée à Londres, elle regrette son comportement et fait demi-tour. Stephen partira alors pour les Indes afin de faire fortune pour revenir demander sa main quelques années plus tard. Elfride reste seule en compagnie de son père mais le destin, un homme et une vieille ennemie, viendront tout chambouler.


Petite soeur de Tess, Elfride est celle qui subit les conventions sociales et le regard des hommes si sévères pour le sexe féminin. Comme Angel jugea et refusa le pardon à Tess, Elfride sera tourmentée par une culpabilité que les hommes et la société lui imposent. Comme toujours dans les romans de Thomas Hardy, le destin est implacable lorsqu'il est lancé sur les trousses de l'une de ses victimes.
Certains chapitres m'ont semblé un peu longs mais les centaines dernières pages sont bouleversantes et réservent deux surprises, l'une facilement pressentie par un lecteur habitué aux romans de Thomas Hardy, l'autre est un vrai rebondissement que je n'avais pas du tout deviné ! J'aime tout dans les romans de Thomas Hardy : la psychologie des personnages, la description de la société du XIXe siècle et celle des paysages de la campagne anglaise, l'intrigue faite de détails qui s'imbriquent les uns aux autres et l'écriture. Petit bémol pour l'écriture des Yeux bleus qui m'a semblé moins belle que celle des autres romans que j'ai lus, la faute à la traduction ou au début de la carrière de Hardy puisqu'il ne s'agit que de son troisième roman.

Les Yeux bleus fut une très belle lecture mais je crois qu'il est le roman de Thomas Hardy qui m'a le moins marquée pour le moment. L'auteur est très fort pour briser nos coeurs mais on continue de l'aimer.
Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
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La jeune Elfride Swancourt s'éprend de Stephen Smith, l'architecte venu réparer l'église où officie son père. Mais ce dernier s'oppose au mariage des jeunes gens, jugeant la position de Stephen trop inférieure. Après une fuite avortée et un mariage clandestin repoussé, Elfridge décide d'attendre le retour de son fiancé secret et une amélioration du caractère de son père. Sa rencontre avec Henryi Knight, ancien précepteur et ami de Stephen, bouleverse cette tranquille résolution. « L'amour meurt fréquemment sous le seul effet du temps qui passe, mais beaucoup plus souvent par suite d'un remplacement. » (p. 332) Auquel des deux hommes Elfride choisira-t-elle finalement de s'unir ?

Le titre est un hommage rendu au regard de l'héroïne. « Ses yeux la résumaient tout entière ; il n'était pas besoin de chercher plus loin, c'est là qu'était sa vie. » (p. 10) Dans ce portrait de femme aux airs de récit initiatique, Thomas Hardy traite des thèmes que j'ai déjà appréciés dans d'autres de ses romans : la différence de condition sociale dans Jude l'obscur, l'amour trahi et l'obsession du lignage dans Tess d'Urberville ou encore l'hésitation d'une femme entre deux amours dans Loin de la foule déchaînée. J'ai retrouvé la finesse d'analyse de l'auteur dans ce roman et son talent indéniable pour peindre les errements du coeur. Auteur tragique s'il en est, Thomas Hardy accorde rarement le repos de l'âme à ses protagonistes : ce n'est pas tant pour édifier ses lecteurs que pour traduire la vérité crue et cruelle du monde.
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Au risque d'être passée à côté, cette lecture en anglais ne m'a pas laissé un souvenir impérissable si ce n'est l'ennui que j'ai eu à lire cette oeuvre.
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Non mécontent et plutôt impatient de découvrir une nouvelle oeuvre de Thomas Hardy, je me suis empressé de découvrir Les Yeux Bleus une fois en ma possession. Malheureusement et même si j'ai apprécié ce que j'ai pu lire, ce roman fait partie, selon moi, des moins bons et réussis de ce dernier.

En effet, j'ai adoré retrouver la douce et fluide plume de l'auteur malgré un style beaucoup moins aérien et bien plus terre-à-terre qu'à l'accoutumée. Je regrette fortement cette orientation bien plus littéraire et beaucoup moins poétique et lyrique car je ne suis pas parvenu à m'immerger totalement dans cette nouvelle tragédie qui m'a bien trop souvent laissé de marbre et peu emporté sur son passage. Pourtant et étonnement, cette romance détient tous les ingrédients favoris et avec lesquels sait parfaitement composer Thomas Hardy. Ainsi, j'ai pris plaisir à retrouver une nouvelle histoire d'amour impossible, bercée par de tendres et poignants moments, le tout accompagné de jolis et rudes paysages mais il m'a manqué un je ne sais quoi pour m'encrer profondément dans cette oeuvre. Cependant et malgré ce petit manquement, le résultat est bien loin d'être exécrable et Les Yeux Bleus a su me faire vivre quelques vives et fortes émotions mais je suis habitué à bien plus complexe, travaillé et d'autant plus pessimiste de la part de celui-ci. Fort heureusement, cette oeuvre n'est pas la plus alambiquée et inaccessible de l'auteur, c'est pourquoi je n'ai eu aucune difficulté de lecture et de compréhension, si ce n'est un manque d'intérêt parfois parasitant et handicapant. Néanmoins et faisant partie de ces premiers écrits, cette oeuvre laisse très largement envisager et entrevoir tout le talent et la finesse de sa plume et de son style.

Ce constat s'applique également à ses personnages et plus particulièrement à son héroïne, Elfride. Bien que j'ai fortement pris plaisir à découvrir ce portrait de femme dans sa grande majorité, j'aurais été bien plus conquis si cette dernière s'était dévoilée davantage plus complexe et mature. C'est pourquoi et même si celle-ci a pu me sembler charmante dans les premières lignes, je l'ai trouvée un léger trop inconstante et changeante. Je ne peux nier que ce protagoniste est piégée par le poids des moeurs de sa société mais j'aurais apprécié qu'elle gagne en nuance et en maturité au fil des chapitres. Finalement, Elfride me laisse l'impression de ne servir que de prétexte à l'auteur pour nous offrir un audacieux triangle amoureux que j'ai apprécié découvrir grâce à Stephen et Henry nos deux prétendants que tout oppose excepté le charme d'Elfride et l'amour qu'ils lui portent. J'ai fortement apprécié ces deux héros grâce à cette impressionnante opposition car si l'un semble doux et attachant, l'autre se dévoile autoritaire et dominant. Ainsi, j'ai adoré suivre l'évolution de ce trio débordant de dynamisme et permettant à Thomas Hardy de réaliser une vive et violente critique des moeurs de l'époque. Sans pour autant être aussi sombre et pessimiste que d'autres de ses oeuvres, Les Yeux Bleus ne manquent pas de cruauté et ses dernières pages en sont la preuve irréfutable. D'ailleurs, ce sont les derniers chapitres ce roman qui m'ont réconcilié avec ce celui-ci tellement je les ai trouvés des plus sensible à lire.

Enfin et malgré un agréable et doux moment de lecture, ce roman ne sera pas mon préféré de Thomas Hardy. La faute à une plume et un style bien moins aériens et mélancolique qu'à l'accoutumé, même si ces derniers ne manquent nullement de cruauté. Fort heureusement et quand bien même sa dimension très terre-à-terre, Les Yeux Bleus se lit avec facilité et fluidité bien qu'il semble souffrir d'un manque d'intérêt par moments.
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