Miss Aldridge Regrets

+++++++ MADEMOISELLE ALDRIDGE REGRETTE +++++++


L'auteure britannique, Louise Hare, nous présente dans son second roman, après le succès outre-Manche de "This Lovely City" ('Cette ville adorable' - pas traduit) de 2020, un roman dans le style de son illustre compatriote, l'impératrice du crime, Agatha Christie (1890-1976).

Nous sommes en 1936 à Londres, plus particulièrement à Soho, où la jeune et belle noire, Lena Aldridge, danse, pour gagner sa croûte, au minable "Canary Club".

Après la mort mystérieuse de son patron, Tommy Scarsdale, propriétaire de la piètre boîte de nuit et époux de sa meilleure amie d'enfance, Maggie Harper, Lena décide qu'il est grand temps de tenter sa chance ailleurs.

Et où mieux qu'au pays de son pauvre père bien-aimé Alfie, un pianiste talentueux mais méconnu, mort de tuberculose à 47 ans, et originaire de New York ?

Le récit commence donc le 2 septembre 1936 avec le départ du paquebot transatlantique "Queen Mary" pour New York et Lena pour une carrière dans un théâtre de Broadway.

En route pour le Nouveau Monde, le représentant d'un imprésario de Broadway suggère à Lena de faire les yeux doux à un des hommes les plus fortunés d'Amérique, l'octogénaire Francis Parker, dont l'influence dans la presse est considérable.

Une mission délicate pour notre Lena de se rapprocher du clan riche et sophistiqué qui accompagne cet "Oncle Picsou", elle qui n'a connu qu'une existence modeste dans un quartier miteux de la capitale du Royaume-Uni d'avant-guerre.

En plus, si en l'Angleterre de cette époque une Noire constituait une curiosité, ce n'était évidemment pas le cas pour des New-Yorkais.

Pendant que Miss Aldridge cogite sur sa mission et un avenir brillant, le passé surgit et elle se rend progressivement compte que le crime dans la cave de Soho, ou plus précisément son auteur l'a apparemment suivi...
Mais qui ?

C'est un plaisir pour la lectrice et le lecteur de traverser l'Atlantique à bord d'un paquebot super de luxe dans ces années-là et de participer aux loisirs d'une coterie de privilégiés, quand bien même si l'un d'entre eux soit plutôt dangereux.

L'accueil enthousiaste que le roman de Louise Hare a reçu à Londres à sa sortie le 28 avril dernier, laisse présager une version française sous peu.

L'auteure, qui est diplômée de l'université de Londres, a très bien conçu et construit son récit et nous laisse deviner, supposer et spéculer jusqu'à la dernière page, comme une vraie Miss Marple ou un authentique Hercule Poirot.

Ce livre dispose de sa propre bande-son (du moins pour moi). En 1934, soit deux ans avant l'époque du récit, Cole Porter a écrit une chanson intitulée : Miss Otis regrets (superbement interprétée par Bryan Ferry, c'est cette version-là que j'ai en tête chaque fois que je vois le titre du livre).
Miss Aldridge est moins innocente qu'une héroine d'Agatha Christie et moins mal embarquée que Miss Otis dans la chanson. En tout cas à la fin de ce premier tome, je ne sais pas encore de quoi son avenir sera fait...