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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est toujours un plaisir de remettre les pieds sur cette terre du Nord Michigan. Je ressens une étrange attirance pour ces forêts du Montana, un lieu « mythique » qui attire et bouleverse mes lectures. Je m'y enfonce profondément et avec délectation, tel un vieux bison solitaire à la recherche de sa chaude femelle. Seul ? Plus tout à fait depuis que je sais que les corbeaux et ours peuvent veiller sur moi et mon âme...

Je me tiens donc prêt à vivre quelques grands moments, quelques belles émotions dans ce Nord Michigan en compagnie d'une famille indienne. Je m'attends à découvrir surtout le désespoir d'un monde perdu, d'une génération désenchantée où les souvenirs et honneurs d'antan se sont évanouis au fin fond des bouteilles de whiskys descendus lors de longues veillées au sein de la communauté, un peuple empêtré dans les problèmes de drogue et de chômage qui défigurent et discréditent leurs gloires passées... Mais là où je me trompe, c'est que Jim Harrison en a fait un subtil roman sur leurs traditions qui perdurent au delà du temps et ce malgré tous les obstacles liés à notre vie quotidienne si froide, si distante, si désespérante.

En toute franchise, j'ai eu du mal à rentrer dedans et à m'immiscer dans ces longs discours d'un Jim Harrison fort bavard, et puis au fil du temps, je me suis senti happé par cette nature avec Donald, Cynthia, K. et les autres... comme si je me retrouvais d'un coup avec eux, comme si je comprenais petit à petit les motivations de Donald, comme si cet environnement sauvage avait entrepris de venir me chercher de ma petite conformité bien tranquille. Comme quoi il faut juste un poil de persévérance pour rechercher et trouver l'émotion.

Dans cet environnement encore sauvage, au milieu des ours et des corbeaux, la vie simple de trois générations d'indiens défile sous mes yeux. L'espace d'un roman, je vais partager leur vie, leur passion mais aussi leur deuil. Parce que plus qu'un témoignage sur ces premiers habitants, ce roman évoque le droit à mourir et l'après... Quel espoir et envie restent-ils lorsque l'on sait que l'on va bientôt mourir et quitter cette terre ? Alors si le destin en est ainsi, pourquoi ne pas choisir son lieu et son heure... Donald n'est plus que l'ombre de lui-même, sa fierté d'être un indien robuste et gaillard sombre en même temps que ses jambes qui n'arrivent plus à le soutenir. Il doit et il a accepté sa mort. Bien que conscient que cela soit interdit par la loi des blancs, il veut alors se projeter dans la mort et souhaite être enterré à même le sol pour se rapprocher de sa terre.

Je referme ce roman, un peu triste mais aussi avec un peu plus d'espoir. Je comprends Donald, je partage la douleur de ses proches et me sens surtout différent, plus proche de la nature, des ours et des corbeaux.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Début novembre, j'ai fait un grand voyage.
Seul avec lui, le meilleur guide qui soit, j'ai pris la route pour un périple extraordinaire qui m'a conduit des cimes du Montana aux étendues désertiques d'Arizona, en passant par les forêts du Wyoming et les vallées du Colorado ... le tout en moins de deux heures et sans quitter mon fauteuil douillet !
Prodigieux, hein ?

Pas tant que ça en fait, quand on sait que j'étais confortablement installé dans la jolie salle du Grand Rex et que j'assistais (pour la deuxième fois !) à la projection de "Seule la terre est éternelle", le film que François Busnel consacre à l'immense Jim Harrison.
Deux heures de liberté, d'immensités sauvages, d'humour et de longs silences parsemés de réflexions éclectiques qui m'ont donné envie, dès la sortie du cinéma, de relire Retour en Terre. L'ouvrage m'avait plutôt emballé il y a quelques années mais je ne m'en souvenais pas bien : l'occasion était trop belle de m'y replonger pour vérifier si, vraiment, "on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière".
Et qui de mieux placé que Jim Harrison pour parler de rivières ? Qui d'autre que lui pour s'immiscer ainsi dans la vie de ses personnages, pour nous livrer leurs pensées secrètes, leurs doutes, leurs façons d'être au monde, d'appréhender la nature, le visible, l'invisible et - plus encore ici que d'habitude - la mort ?

Si dans ces pages nous découvrons successivement quatre personnages (Donald, son neveu Kenneth, son beau-frère David et son épouse Cynthia) c'est bien le premier d'entre eux les réunit tous. À tout juste 45 ans, Donald souffre en effet d'une sclérose en plaques en phase terminale et l'idée de sa fin prochaine l'incite à revenir sur les événements marquants de son existence.
C'est l'occasion pour l'auteur de zigzaguer comme il aime tant le faire d'un souvenir à l'autre, d'une partie de pêche à un bivouac en forêt, d'une anecdote familiale au récit d'un rêve récurrent, quitte à perdre un peu son lecteur sous un amoncellement de détails généalogiques et de discontinuités chronologiques.
Qu'importe, une fois encore la magie opère !

Très vite le personnage de Donald nous emporte par son humanité, sa proximité à la terre de ses ancêtres Chippewa, la sagesse de ses réflexions et la dignité de ses dernières volontés : être inhumé en Ontario dans le respect des traditions indiennes, à l'endroit même où il vécut jadis une expérience quasi-mystique ("Nous sommes les lieux où nous avons été, ils font partie de nous.")
Ainsi quand l'heure est venue, c'est avec beaucoup d'émotion que nous assistons aux efforts des uns et des autres (ses enfants, sa femme et leurs proches) afin d'accompagner Donald pour son Retour en Terre. S'ensuivent les témoignages de Kenneth, de David et de Cynthia, qui s'éparpillent un peu sur des sujets annexes mais qui restent tous emprunts d'une grande authenticité et qui participent pleinement de cette belle histoire de deuil, de partage et de transmission.
Là encore on peut déplorer quelques longueurs et l'absence d'une véritable trame narrative, ou au contraire accepter de se laisser porter par l'exquise plume harrisonnienne, toujours sincère et pleine de poésie. Pour peu qu'on soit sensible au ton inimitable de Big Jim, à sa façon de considérer la nature et les grands espaces, à ses multiples digressions et à ses considérations culinaires, on passera à coup sûr un très beau moment avec ce texte chargé en émotions et en spiritualité.

Un roman dense et profond, de vagabondage et d'ensauvagement, qui nous invite à nous méfier des apparences ("Tu crois que peut-être un ours est seulement un ours ?") et à profiter au mieux du temps qui nous est imparti. Jim Harrison l'avait bien compris, lui qui a toujours su savourer l'instant et qui pensait (avec raison ?) que "face à la mort, il n'y a peut-être rien d'autre à faire que d'écrire un poème"...
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Un hymne poignant à la liberté, à la nature et aux grands espaces, mais c'est surtout un grand roman sur la mort, le deuil et la mémoire familiale. L'écriture y est vive, lyrique, et donne un très beau texte mélancolique et spirituel.

L'histoire se déroule sur les bords du Lac Supérieur. Un homme, moitié indien, moitié finnois (et moitié Ours), se sait condamné par une maladie, perd peu à peu le contrôle de son corps et veut abréger ses souffrances. Avant d'en finir, il raconte son passé et la vie de ses aïeux à sa famille proche. le roman porte aussi sur l'après : les conséquences de cette transmission mémorielle et de sa mort sur le quotidien de ses proches.

Outre la grande beauté littéraire et sensuelle des paysages et de la nature en général, j'ai adoré la variété et la profondeur des personnages : leur regard sur le monde, autant que leur manière de survivre au deuil m'ont fasciné. C'est un livre sur la mort, la mémoire, mais aussi sur l'évolution des rapports à la famille, à la nature et aux traditions. Un texte engagé et passionnant sur le monde d'aujourd'hui, sur l'histoire métissée des États-Unis et sur les inégalités, que je vous recommande.
Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
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Jim Harrison écrit la vie avec puissance, d'une écriture charnelle qui dans ce roman met à sa juste place l'humain.
C'est un quatuor qui vous raconte la vie de Donald, 45 ans, condamné par une maladie qui fait de son corps athlétique un carcan de douleurs.
En premier, Donald dicte l'histoire de sa famille à sa femme Cynthia, pour laisser une trace à leurs enfants, car il est urgent de dire les origines.
Puis ce sera K, jeune homme musclé qui a l'âge des enfants de Donald, le seul dont la force physique permet à Donald de faire encore quelque chose de ses dernières forces, pour revoir les lieux qui ont comptés dans sa vie. Donald, reconnait en ce jeune homme la force sauvage, l'esprit de révolte de leurs ancêtres. Jeune homme incompatible avec la vie contemporaine mais totalement dans son élément dans la vaste nature qui les entoure.
Puis David, le frère de Cynthia s'exprime et pour lui la mort programmée de Donald est aussi le moment de faire le point sur sa vie, qu'il a laissé filée, par colère contre son père, par facilité, par quoi exactement ? Il est plutôt désorienté.
Et c'est la voix de Cynthia qui clôt ce quatuor.
Donald va mourir et il doit se réconcilier avec sa vie, pèlerinage dans le temps, car dans les derniers instants, la mémoire oscille entre ce qu'il est important de transmettre et ce que l'on choisit de partager.
L'important consiste dans l'histoire de plusieurs générations, dont le couple originel est fondé par Clarence, migrant finnois et qui épouse sur le tard une Indienne. Ce métissage est très important, la force de la nature et des esprits est omniprésente.
Il y a aussi le rapport de forces entre dominants et dominés.
« Cynthia m'a aidé à me calmer un peu en me faisant lire deux livres qui montraient que la même chose était arrivée dans d'autres pays. L'un avait pour cadre A.J.Cronin ; l'autre se situait en France et s'intitulait Les Misérables, sans doute par euphémisme. »
Jim Harrison a cette écriture poétique et lyrique pour dire les blessures de l'Amérique entre tueries et ravages écologiques.
Donald est l'épicentre de cette famille qu'elle soit en lien direct ou pièce rapportée.
« Donald était « entièrement » ce qu'il était. »
L'auteur insuffle à son personnage la dignité malgré tout et jusqu'au bout. Ce sont des passages d'une force inouïe.
Toute la prose de Jim Harrison dans ce roman est empreinte de mélancolie, d'une sensualité qui englobe êtres et dame nature.
Ce n'est pas seulement un livre sur le deuil, les étapes et les particularités de chacun à accueillir la mort y sont particulièrement justes, c'est surtout la vie qui pulse dans les liens tissés entre les personnages, l'espoir que ces moments font avancer chacun à sa manière, la communion avec la nature est omniprésente et d'une magnificence qui fait la marque de Jim Harrison.
Ce sont aussi les pleurs d'un homme lucide, l'auteur, sur le monde perdu, sur les liens qu'il faut sans cesse renouer.
Ne pas baisser la garde pour conserver la beauté de la nature, la respecter, faire ressurgir les liens occultes entre celle-ci et les hommes.
Un testament de vie car Seule la Terre est éternelle.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Découvrir un nouveau roman de Jim Harrison est toujours un plaisir, d'autant plus que celui-ci est plus intimiste que les autres, plus personnel.
En effet il s'agit de Donald qui, atteint par une sclérose en plaques, décide de demander à sa famille de l'aider à mourir.
Pour s'y préparer, il est d'abord allé passer trois jours sans boire ni manger dans un coin de l'Ontario qui lui permet d'être en communion avec la nature.
Donald est métissé indien et la nature et les animaux, les ours notamment auxquels on attribue presque un esprit humain, sont essentiels dans sa vie.
Autour de lui, ses proches se préparent à sa disparition.


Le roman est construit à quatre voix et c'est l'occasion d'entrer dans l'intimité de chacun.
Donald d'abord qui se sent le descendant d'une lignée d'hommes qui ont chacun suivi leur chemin sans faillir, courageusement, toujours en liaison avec la nature.
K ensuite, l'ami de Clare (la fille de Donald), beaucoup plus jeune que Donald, mais qui est comme lui proche des éléments naturels et qui l'accompagne dans ses derniers souhaits d' "aventure" tout en essayant de poursuivre sa relation avec la bouillante Clare.
Puis David (qui était le héros de "De Marquette à Vera Cruz", que je me suis empressée d'acheter, je ne l'avais pas lu celui-là..) le frère de Cynthia (la femme de Donald), qui garde ses idéaux de jeunesse et essaie tant bien que mal de s'adapter à la vie responsable d'adulte.
Et enfin Cynthia, la femme de Donald, qui, bien qu'ayant accepté la décision de Donald de mourir, nous livrera ses impressions très intimes pendant les mois qui suivent cette mort.


Bien différent des autres romans de Jim Harrison qui privilégiaient plutôt les grands espaces et les histoires familiales mâtinées de tradition indienne, celui-ci aborde franchement le thème de la mort et de son approche aussi bien par Donald que par sa famille.
Les retours en arrière permettent de mieux connaître les familles de Donald et Cynthia et nous accrochent tout de suite car Harrison est toujours un merveilleux raconteur d'histoires, mais la partie plus intime nous bouleverse encore plus.
Sans mièvrerie, l'auteur sait parler avec sincérité de la mort et de la sagesse qu'il faut acquérir à son approche.
Presque pas d'intrigue dans ce livre mais une méditation sur notre précarité sur terre et, par dessus tout, sur l'amour de la vie !
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Après un enchainement de plusieurs lectures ayant toutes entrainé des déceptions, voire un peu d'ennui, au moment de choisir mon prochain livre, Retour en terre, rangé sur mes étagères, où j'essaie de caser tant bien que mal ma pile à lire, m'a sauté aux yeux. Comme s'il brillait...

Quoi, un Jim Harrison, qui est là et que je n'ai pas encore lu ??

Comment est-ce possible ...

La seule question que je devrais me poser est pourquoi j'aime autant l'écriture et les romans de Monsieur Harrison...

Il avait pourtant certaines habitudes dans sa façon de nous raconter ses histoires, qui m'ennuient chez les autres, qui gâchent tout dans certains romans. Cette façon, par exemple, de faire plein de petites diversions, quand un personnage nous livre sa version (dans Retour en terre, nous découvrons successivement les témoignages de 4 personnages).

Mais il faut dire que sa manière d'écrire est tellement belle, profondément ancrée dans cette belle nature sauvage, ces grands espaces, les animaux. Que ses personnages sont emplis d'humanité, tellement qu'on se sent très proches d'eux, comme des amis? Que ses réflexions sur le sens de la vie, sur la mort, sur les sentiments amoureux, sont justes.


Je ne saurais peut-être pas expliquer davantage mon engouement pour ses livres, mais, lorsque j'ouvre un Jim Harrison, j'ai l'impression de rentrer à la maison.

D'ailleurs, à peine refermé Retour en terre, je me lance dans une nouvelle lecture, la seconde, de de Marquette à Veracruz.
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Donald, 45 ans, l'un des personnages de « de Marquette à Veracruz » est atteint d'une sclérose latérale amyotrophique. Conscient qu'il va mourir, Donald revient sur ses souvenirs et dicte à sa femme Cynthia, l'histoire familiale de trois générations afin de la transmettre à ses enfants.
Pendant ce temps, ses proches luttent pour l'accompagner dans ce voyage qui le mènera à la mort.
Voyage initiatique ?
Chacun(e) fait comme il peut. Tour à tour, les proches racontent, décrivent les émotions qui les traversent face à l'inévitable et l'inacceptable.
Se regarder le nombril, ce n'est pas l'truc de Harrison.
Par contre, il a cette incroyable aptitude à « être au dedans » des personnages qui peuplent ses histoires, et il sait dire le pouvoir apaisant de la Nature.
« Retour en terre », c'est un véritable enseignement, sur l'harmonie, l'amour, la vie …
Lien : http://www.pascale-madeleine..
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Etats unis d'Amérique, Michigan. de nos jours. Donald, un homme de 45 ans, descendant d'indiens Anishinabe se meurt de la maladie de Lou Gehrig* et dicte à sa femme l'histoire de sa famille. Tous les siens vont l'accompagner lorsqu'il va choisir de mourir, et de retourner à la Terre.

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Lien : http://monbiblioblog.blogspo..
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Un roman fort sur la mort, la liberté de ses choix, celui de mourir comme celui de ses quêtes (d'un dernier mot, d'une rédemption et de bien d'autres) ; sur l'absence et le manque aussi (sur ce qui nous tient, et nous fait côtoyer la folie, mais seulement la côtoyer). Un roman sur ce lien à notre environnement, empreint d'animisme, sur ce possible d'être autre... un ours. Un roman initiatique, multipliant les perspectives autour de ces liens, qui font vie ; chaque personnage racontant son histoire, une trajectoire de vie, ses choix et ses liens aux autres (personnages). J'étais cette femme. J'étais cette fille. Une ourse me rêvait.
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