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Citations sur Le Mur invisible (229)

J'avais passé presque toute mon existence à me débattre au milieu d'humbles soucis quotidiens. Maintenant que presque plus rien ne m'appartenait, j'avais le droit d'être assise en paix sur le banc et de regarder les étoiles qui dansaient dans la noirceur du firmament. Je m'étais éloignée de moi-même aussi loin qu'il était possible à un homme de le faire et je me rendais compte que cet état ne devait pas durer si je voulais rester en vie. A ce moment-là je savais déjà que plus tard je ne comprendrais pas ce qui m'était arrivé sur l'alpage. Je prenais conscience que tout ce que j'avais pensé ou fait dans le passé n'avait été qu'une imitation sans valeur. D'autres hommes avaient pensé et agi, avant moi et pour moi. Je n'avais eu qu'à suivre leurs traces. Les heures passées sur le banc devant la cabane étaient la réalité, une expérience que je faisais en personne et pourtant pas jusqu'au bout. Presque toujours les pensées étaient plus rapides que les yeux et falsifiaient l'image véritable.
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La chatte détestait le froid et dans sa petite tête ronde elle m'en rendit d'abord responsable. Elle me punissait en me jetant des regards maussades et pleins de reproches et exigeait par ses plaintes que je mette un terme à ce scandale.
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Je me rappelle à quel point les hommes pour la plupart ont peu d'imagination. C'est probablement pour eux une chance. L'imagination rend vulnérable et vous met à la merci de tout. Peut-être est-elle un signe de dégénérescence. Jamais je n'ai reproché à un être humain son manque d'imagination, je l'aurais plutôt envié d'en manquer. Il menait une vie plus facile et plus agréable que les autres.
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[...] Ce qui importe c’est d’écrire et puisqu’il n’y a plus de conversation possible, je dois m’efforcer de continuer ce monologue sans fin. Ce sera le seul récit que je laisserai.
[...] Je n’écris pas pour le seul plaisir d’écrire. M’obliger à écrire me semble le seul moyen de ne pas perdre la raison. Je n’ai personne ici qui puisse réfléchir à ma place ou prendre soin de moi. Je suis seule et je dois essayer de survivre aux longs et sombres mois d’hiver. Il est peu probable que ces lignes soient un jour découvertes.
[...] Depuis quelques jours, il m’est apparu clairement que j’espère que quelqu’un lira ce récit. Je ne sais pas pourquoi je le souhaite, ça ne fera en effet aucune différence. Mais mon cœur bat plus vite quand je me représente que des yeux humains se poseront sur ces lignes et que des mains humaines tourneront ces pages. Il est plus probable que ce seront les souris qui dévoreront cette histoire.
[...] C’est un sentiment bizarre que celui d’écrire pour des souris. Parfois je dois faire semblant d’écrire pour des hommes, ça me devient alors plus facile.
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Je me rappelle à quel point les hommes pour la plupart ont peu d'imagination. C'est probablement pour eux une chance. L'imagination rend vulnérable et vous met à la merci de tout. Peut être est-elle un signe de dégénérescence. Jamais je n'ai reproché à un être humain son manque d'imagination, je l'aurais plutôt envié d'en manquer. Il menait une vie plus facile et plus agréable que les autres.
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Et d'ailleurs, même si j'étais nées sage, je n'aurais rien pu faire dans un monde qui ne l'était pas.
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Après je m'asseyais sur le banc et attendais. La prairie s'endormait lentement. Les étoiles apparaissaient et plus tard la lune se levait et inondait de sa lumière froide le pré. Toute la journée je languissais après ces heures. C'étaient les seules où j'étais capable de penser sans me faire d'illusions et en pleine lucidité. Je ne cherchais plus un sens capable de me rendre la vie plus supportable. (...) Mieux valait ne plus penser aux hommes. Le grand jeu du soleil, de la lune et des étoiles, lui, semblait avoir réussi ; il est vrai qu'il n'avait pas été inventé par les hommes. Cependant il n'avait pas fini d'être joué et pouvait bien porter en lui le germe de son échec. Je n'étais qu'une spectatrice attentive et enthousiaste, mais ma vie tout entière n'aurait pas été assez longue pour comprendre la plus courte des phases de ce jeu.
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Peut-être me suis-je déjà tellement éloignée de moi-même que je ne le remarque même pas.
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Aimer et prendre soin d’un être est une tâche très pénible et beaucoup plus difficile que tuer ou détruire. Elever un enfant représente vingt ans de travail, le tuer ne prend que dix secondes.
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P 257 Je travaillais tranquillement et régulièrement, sans trop me fatiguer. La première année, je n’en avais pas été capable tout simplement parce que je ne savais pas trouver le rythme convenable ais depuis, j’avais appris comment il fallait s’y prendre et m’étais adaptée à la forêt. En ville on peut vivre de longues années d’une façon trépidante, le système nerveux s’en trouve ruiné mais on peut tenir longtemps. Mais personne n’est capable de faire des ascensions en montagne, de planter des pommes de terre de couper du bois ou de faucher pendant plusieurs mois de façon trépidante. La première année où je n’étais pas adaptée, j’avais dépassé mes forces au point que jamais je ne pourrais me remettre complètement de ces excès. J’avais bêtement été fière de mes records. A présent je prends le pas tranquille du paysan, même pour me rendre de la maison à l’étable. Le corps reste détendu et les yeux ont le temps de rien voir. Dans mon ancienne vie, mon trajet m’a fait passer pendant des années par une place où une vieille femme donnait à manger aux pigeons. J’ai toujours aimé les bêtes et ces pigeons maintenant changés en pierre avaient toute ma sympathie, et pourtant je serais incapable d’en décrire un seul. Je ne sais même pas quelle était la couleur de leurs yeux ou de leur bec.Vraiment je n’en sais rien et ce détail montre clairement la façon dont je me déplaçais en ville. C’est depuis que j’ai ralenti mes mouvements que la forêt pour moi est devenue vivante.
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