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Citations sur Dans la toile (43)

Nous allons déménager. Mon mari va ouvrir un cabinet en province. Nous quittons Paris.
Monsieur Adam martèle sa semelle en hochant la tête. Je décèle quelques tressaillements au niveau de ses zygomatiques.
— Les déménagements peuvent effectivement être une grande source de stress, mais dans votre cas, c’est tout à fait mineur en comparaison avec ce que vous avez subi. Où allez-vous, sans indiscrétion ?
— Dans les Vosges, à Plainfaing.
— Je vois, dit-il les yeux levés vers le plafond couleur crème.
Non. Visiblement pas, si j’en juge son regard absent. Moi-même, j’ignorais l’existence de ce village aux abords du col du Bonhomme, ...
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Monsieur Adam secoue lentement la tête.
— Je suis désolé d’évoquer le sujet, je sais que c’est douloureux, mais il faut dénouer ce lien émotionnel.
— Vous avez sans doute raison, mais c’est encore trop tôt pour moi. Pour le somnambulisme, peut-être est-ce dû à mon départ ?
Il laisse s’écouler quelques secondes avant de réagir.
— J’ai peur de ne pas bien comprendre. J’ai certainement dû manquer une étape.
Je frotte mes yeux embués.
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Mes mains se crispent sur le tissu râpeux du divan.
Les larmes montent et ma gorge s’étrangle. Plusieurs images refluent de mes souvenirs d’enfance. Je la revois dans une petite robe bleue, chantant devant le miroir de la chambre de mes parents.
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— Chez l’adulte, on associe souvent le somnambulisme à la nervosité ou l’anxiété. Enfant, vous deviez certainement avoir des terreurs nocturnes. Je dirais que…
À la façon dont il me fixe, on dirait surtout qu’il cherche à m’hypnotiser.
—… cela peut être dû à votre stress post-traumatique, ou bien à toute autre chose, qu’il nous faudra découvrir. D’ailleurs, vous venez d’évoquer votre sœur pour la première fois. Ce n’est pas anodin.
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— Je continue à faire ce cauchemar. Toujours le même depuis la fusillade, avec de légères variations. Sinon, il y a quelques jours, je me suis remise à marcher pendant mon sommeil.
Monsieur Adam déchire le silence de quelques coups de stylo appuyés.
— Le bon côté des choses, c’est que vous vous en souvenez. Je vous suggère de le mentionner à votre neurologue. Mais je suis perplexe. Pourquoi n’évoquer votre somnambulisme que maintenant ?
Je sens passer une vague de chaleur sur son visage. Je pose machinalement une main sur ma joue.
— J’imagine que je ne voulais pas en rajouter. J’ai déjà l’impression d’être un cas désespéré. Entre l’asthme, mes douleurs et le stress… Et puis, le somnambulisme, ce n’est pas nouveau. Cela m’est arrivé bien avant que je me fasse tirer dessus. J’avais de nombreux épisodes durant mon enfance…
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— Excusez-moi, docteur. Cela vous gêne si je brosse un rapide portrait ?
Il hoche la tête. Je me redresse et sors le carnet et le crayon rangés dans mon sac à main. Je dois m’y reprendre à plusieurs fois en raison des tremblements qui agitent mon bras.
Je chasse mon anxiété d’une respiration profonde et parviens à me calmer.
Tout en dessinant son visage, je réponds à sa question :
— Je continue à faire ce cauchemar. Toujours le même depuis la fusillade, avec de légères variations. Sinon, il y a quelques jours, je me suis remise à marcher pendant mon sommeil.
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Cet homme aurait plu à Camille. Jeune, le visage droit et grave, propre, coquet même. Le col de chemise sans plis, les chaussettes noires en soie. Il prend soin de lui et s’habille avec élégance.
Oui, le docteur Adam aurait fait une proie idéale pour elle.
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Le psychiatre frappe sur la semelle de sa chaussure en cuir, presque à l’unisson avec la petite aiguille de l’horloge cerclée de fer qui surplombe la porte d’entrée.
Il hoche la tête puis griffonne quelques notes d’une main assurée sur son grand carnet à spirale posé en équilibre sur son mollet. La bille crisse sur le papier. Il se tourne vers moi, un mince sourire aux lèvres. J’ai l’impression qu’un siècle s’est écoulé.
— C’est la première fois que vous allez au bout de votre récit. C’est un réel progrès. Vous avez plus d’aisance… Vous n’avez pas hésité. Votre ton était également plus affirmé. Je trouve cela très encourageant. En revanche, vous ne m’avez pas parlé de votre cauchemar récurrent. Aurait-il disparu ?
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Mes paupières papillonnent et j’ouvre les yeux. Le psychiatre n’a pas bougé, toujours prostré dans la même position. Légèrement penché en arrière sur son siège de bureau, la jambe gauche relevée pour former une équerre avec la droite. Son regard est fixé sur la rangée de spots qui diffusent une lumière tamisée.
Comme à chacune de nos séances, il laisse le silence nous envelopper et étire les secondes comme s’il pouvait courber le temps, le piéger dans ses respirations régulières et le laisser s’échapper en minces filets par ses narines. D’un raclement de gorge, il redonne vie au cabinet. Le stylo coincé entre les articulations de l’index et du majeur recommence à osciller à la manière d’un métronome.
Tac, tac, tac…
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Je veux bouger.
Impossible. J’ai l’impression qu’un parpaing de béton écrase ma poitrine. Mes doigts ne répondent pas, ni mes bras, ni mes jambes.
Paralysie du sommeil.
La charge qui pèse sur mon torse s’allège progressivement et je parviens à inspirer un mince filet d’air.
Le plafond tourne. J’ai dû trop boire.
Où suis-je ? À qui appartient ce lit ? Et pourquoi suis-je si engourdie ?
Des hurlements et des cris de panique résonnent encore dans ma tête.
Est-ce que j’ai rêvé ? Quelle heure… ? Non… quel jour ? Je ne dois pas manquer mon rendez-vous.
Je verrai ça demain… Je verrai…
Je parviens à basculer ma tête au prix d’un effort colossal. Ma main se soulève à quelques centimètres au-dessus de la couverture. Je reconnais le motif de la housse.
Je suis chez moi. Cette pensée m’apaise. J’ai eu l’impression de revenir à la vie dans un hôpital ou de sortir d’un de ces cauchemars qui semblent si réels.
Mon regard se pose sur l’homme qui dort à mes côtés et mon sourire disparaît.
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