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Rahsan Ekedal (Illustrateur)
EAN : 9781607066606
120 pages
Image Comics (18/12/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
Dr. David Loren is many things: child prodigy, inventor, genius, slacker... mass murderer. When a military think tank’s smartest scientist decides he can no longer stomach creating weapons of destruction, will he be able to think his way out of his dilemma or find himself subject to the machinations of smaller men?
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2012, écrits par Matt Hawkins, dessinés et encrés par Rashan Ekedal. Il s'agit d'un comics en noir & blanc, avec des nuances de gris. Il débute par une introduction de 2 pages rédigées par Larry Marder, auteur de Tales of the Beanworld. Il comprend le premier épisode de Echoes de Joshua Hale Fialkov & Rashan Ekedal, ainsi que le premier chapitre de Sunset de Christos Gage & Jorge Lucas.

Chaque chapitre s'ouvre avec une citation d'Albert Einstein, la première indiquant que la science est une chose merveilleuse tant qu'on ne doit pas gagner sa vie avec. Quelque part, un drone volant poursuit une voiture, piloté à distance par un soldat. Lorsqu'il s'est assuré que le conducteur du 4*4 est bien le fuyard recherché, il déclenche les charges explosives portées par le drone et exécute froidement le fuyard. Dans son dos, David Loren a assisté à cette utilisation létale d'une de ses inventions. Il évoque rapidement sa jeunesse de génie précoce, recruté par les militaires et bénéficiant d'un laboratoire dernier cri dans une base militaire, dans le cadre de ses recherches pour l'agence Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA). Il indique aussi que le visionnage du film La liste de Schindler (1993) de Steven Spielberg fut pour lui l'élément déclencheur qui l'a conduit à remettre en question le fait de travailler pour les militaires, à fabriquer des armes de destruction.

Sa résolution va être mise à l'épreuve du test par l'arrivée du colonel Mark Harrison, à la tête de la base militaire. Ce dernier exige de David Loren qu'il mène ses projets à terme, plutôt que de jouer la montre. Il va jusqu'à le plaquer au mur. Lors de la réunion suivante, Loren prétexte qu'il est en train de travailler, et envoie son collaborateur et ami Manish Pavi pour le représenter. Lors de cette réunion, le docteur Sejic vante les mérites de l'avancée de ses propres recherches : des batteries portables capables de stocker une quantité extraordinaire d'électricité. Au retour de Manish Pavi, David Loren lui explique qu'il a réussi à terminer son dispositif de lecture de pensées portatif et il lui prouve en lui disant ce à quoi il est en train de penser. Pour continuer de le tester, Loren organise une sortie avec Pavi, à l'extérieur de la base, sans autorisation, et après avoir emprunté (sans autorisation) l'invention du docteur Sejic. Dans une boîte de nuit, il fait la connaissance de la charmante Mirra Sway.

Il y a comme ça des séries qui sont promises à un avenir confidentiel, à rester dans l'obscurité, sans jamais percer, sans jamais trouver son lectorat. Il faut dire que la couverture de ce premier tome n'attire pas l'oeil, si ce n'est par son manque de lisibilité, des couleurs ternes, une graphie du titre vieillotte, et des auteurs pas connus. En feuilletant rapidement le tome, le lecteur voit des dessins agréables, mais un peu chargés en gris, des visages pas toujours convaincants, et quelques morphologies approximatives. En outre, le point de départ d'un petit génie travaillant pour l'armée n'a rien d'excitant a priori. Qui plus est, Matt Hawkins a rédigé des petits paragraphes sur chacune des inventions d'anticipation réunis sous la forme d'une postface de 13 pages agrémentée d'illustration. Cela peut donner une impression de pédanterie, ou de manque de confiance du scénariste qui veut absolument prouver qu'il a raison, mais qui n'arrive pas à le faire dans le cours du récit.

D'un autre côté, Matt Hawkins est le président de l'éditeur Top Cow, la branche de Marc Silvestri au sein d'Image Comics. Au fil des années, il a créé et écrit plusieurs séries, toutes originales, comme Symmetry avec Raffaele Ienco (une utopie SF intelligente), Postal avec Bryan Hill & Isaac Goodheart (un thriller politique dans une ville servant de prison), The Tithe avec Rashan Ekedal (avec une réflexion sur les religions organisées), Wildfire avec Linda Sejic (une série d'anticipation sur les cultures génétiquement modifiées), et bien d'autres encore. D'ailleurs dans Eden's Fall (le crossover entre les séries Postal, The Tithe et Think Tank), le responsable éditorial a intégré les premiers épisodes de chacune de ces 3 séries. Ce fut l'occasion de découvrir de fait le premier épisode de la série Think Tank, et de faire connaissance avec David Loren. Finalement convaincu par la qualité d'auteur de Matt Hawkins et sa volonté de s'aventurer dans des sujets peu évoqués et qui lui tiennent à coeur, le lecteur finit par franchir le pas et tester cette série autonome.

Larry Marder pointe du doigt plusieurs qualités de la série dans son introduction, mais surtout le fait que la personnalité de son auteur transparaît dans son écriture. Effectivement, Matt Hawkins s'amuse et se passionne tout au long de ces 4 épisodes, et le lecteur le ressent dans la tonalité de ces épisodes. La personnalité de de David Loren n'est pas lisse, mais l'auteur n'en fait pas un individu unidimensionnel, brillant, altruiste ou insupportable. Il s'agit d'un génie, et Hawkins réussit à rendre cette caractéristique crédible, sans recourir à de la science d'anticipation en carton-pâte, sans introduire des équations bidon, sans adopter un langage abscons. Les rapides paragraphes de référence après les 4 épisodes attestent de la passion de l'auteur pour la recherche scientifique, et même plus pour ses applications technologiques. C'est cette passion qui nourrit les observations du personnage principal. Bien sûr, Hawkins s'autorise des projections de développements qui ne verront peut-être jamais le jour, mais il essaye de rester dans un périmètre plausible. Ces idées s'avèrent plus ou moins convaincante, celle de la batterie à grande capacité est une nécessité qui légitime le fait qu'elle doive aboutir un jour, celle de la lecture de pensée relève du fantasme, le mécanisme de la formation d'une pensée cohérente étant plus complexe que ne peut le décoder un analyseur chimique et bioélectrique.

D'une certaine manière, David Loren peut être comparé à un enfant gâté qui découvre que ses actions ont des conséquences, et qui souhaite éviter qu'elles ne nuisent à des innocents anonymes. Mais pour se sortir de ce rôle de fabricant d'armes, David Loren continue de se conduire comme un enfant espiègle et facétieux, avec des réactions d'adolescent. de ce point de vue, il n'est pas possible de le ranger dans la catégorie des modèles à suivre, lisses et propres sur eux. Matt Hawkins écrit avant tout une histoire d'aventures, nourrie à la fois par les compétences scientifiques de son personnage, et par les inventions d'anticipation. le lecteur est tout de suite séduit par la personnalité de David Loren, et tout de suite embarqué à ses côtés pour voir comment ce jeune homme réussit à se sortir de la nasse dont il est prisonnier. Les 2 derniers épisodes sont construits comme un thriller dans lequel David Loren effectue sa tentative d'évasion bien préparée, disposant de gadgets technologiques, mais devant gérer les imprévus en temps réel.

Rashan Ekedal n'a pas une tâche facile puisqu'il doit montrer un monde crédible, des avancées technologiques plausibles, et des personnages réalistes, sans donner l'impression d'une suite de conversations théorique. Il est bien aidé par le scénario qui est construit de manière à intégrer des actions visuelles pour que les dessins portent une part significative de la narration. L'artiste crée des personnages aux apparences mémorables qui permettent des identifier au premier coup d'oeil, avec des apparences qui les inscrivent parmi les êtres humains normaux, sans réminiscences de superhéros, sans mélange de genre. Ils portent des tenues vestimentaires normales et crédibles, que ce soit les blouses des scientifiques, les uniformes des militaires, ou les tenues ordinaires des civils. L'artiste aime bien accentuer les mouvements des personnages ou les déplacements des véhicules ou des drones, avec des cases en trapèze dont les bordures en biais accompagnent la direction du mouvement.

De page en page, le lecteur se rend compte que les dessins offrent une immersion de qualité. le niveau de détails dans les décors les rend consistants, qu'il s'agisse des laboratoires de la base militaires, des couloirs, ou encore du paysage autour de la base lors de la tentative d'évasion de Loren. Les différentes inventions technologiques sont dessinées avec un niveau de détails un peu moins important, sans qu'elles n'en deviennent factices. Les scènes d'action rendent bien compte des mouvements et des déplacements. de temps en temps, le lecteur se rend compte qu'un dessin a été réalisé à partir d'une référence photographique, avec un angle de vue légèrement décalé par rapport au reste de l'image. L'utilisation des aplats de nuances de gris permet d'ajouter un peu de relief à chaque surface. Elle augmente également l'apparence de densité d'informations visuelles, parfois de manière inutile, rendant le dessin un peu chargé au premier coup d'oeil.

Alors que tout concourt à ce que le lecteur passe à côté de cette série sans lui donner un coup d'oeil, une fois plongé dedans, il bénéficie de l'investissement et de l'enthousiasme du scénariste, ainsi que des dessins au service de l'intrigue. Il découvre un personnage vaguement rebelle, un peu potache mais sans la vulgarité qui y est souvent associée, enjoué, très agréable à côtoyer. Il se laisse emporter dans une intrigue rapide, mouvementée et inventive, très originale.
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