AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 185 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Philippe Hayat dispose de multiples talents. Polytechnicien et diplômé de l'Essec, il développe depuis vingt ans des entreprises à succès. Soucieux de transmettre l'esprit d'entreprendre, il donne des cours, écrit des manuels, crée des associations de soutien aux jeunes entrepreneurs. Il trouve aussi le temps d'écrire de la fiction. Où bat le coeur du monde est son deuxième roman.

Sur quatre cents pages menant de 1935 à 1954, le roman relate les années d'épreuves et d'apprentissage d'un enfant, puis d'un jeune homme, qui deviendra par la suite un célèbre musicien de jazz. Darius Zaken est né à Tunis, dans la Hara, un minuscule et misérable quartier juif enclavé dans la médina. Resté muet et boiteux à dix ans à la suite d'un événement tragique qu'il faut bien qualifier de pogrom, il est élevé par une mère enfermée dans un amour maternel étouffant, obsédée par l'ambition de lui faire réussir des études qui lui permettraient d'accéder à une carrière de haut fonctionnaire.

Je n'ai pu m'empêcher de penser à La Promesse de l'aube, tout particulièrement dans le dernier chapitre du retour aux sources. Mais à la différence de Romain Gary, Darius aura échappé à l'emprise de sa mère, acharnée à l'empêcher de suivre sa vocation de clarinettiste prodige.

L'opportunité se présente en 1943. En Afrique du Nord, l'Allemagne nazie est déjà vaincue. Des troupes américaines stationnent à Tunis. Parmi elles, des musiciens, interprètes de jazz. La fraternisation est immédiate et quand arrive l'heure, pour les soldats américains, d'embarquer vers l'Italie, Darius part avec eux, en dépit de ses handicaps physiques.

On le retrouve trois ans plus tard à New York, où il crève de faim et se perd dans la drogue, désespérant d'obtenir des engagements lui permettant de survivre. Pas facile, quand on a la peau blanche, d'intégrer des formations musicales où les peaux sont noires. Darius parvient enfin à se lier avec des musiciens de jazz prestigieux – Charlie Parker, Billie Holiday, Miles Davis et bien d'autres –, avec lesquels il partira en tournée dans le Sud profond. Il y découvrira l'horreur de la ségrégation et sera le témoin impuissant de la déchéance autodestructrice de la plupart de ses camarades, sous l'effet de la misère, des humiliations, de la boisson et de la drogue.

Heureusement pour Darius, la belle Dinah veille sur lui.

Il se trouve que je suis passionné de musique et que j'aime le son de la clarinette, si proche de cette voix humaine dont Darius est privé. Mes goûts vont plus à la musique classique qu'au jazz et je pourrais écouter en boucle pendant des heures le concerto pour clarinette et le quintette avec clarinette de Mozart. Cela ne m'empêche pas d'écouter du jazz avec plaisir, et quel que soit le type de musique, je suis toujours ému aux larmes par les histoires d'interprètes qui passent de l'ombre à la lumière.

Où bat le coeur du monde est un livre très documenté. J'ai été secoué par le quotidien des Juifs pauvres en Tunisie, avant l'indépendance. J'ai été sensible au réalisme des pages sur le débarquement des Alliés en Italie. J'ai appris des choses sur les sagas du swing, du be-bop et du cool jazz, que Philippe Hayat décrit en phrases courtes et précises, sans effet de style.

Après avoir terminé Où bat le coeur du monde et ses longs et nombreux passages sur la façon de jouer de la clarinette ou du saxo, je suis incapable de dire si Philippe Hayat est lui-même musicien ou si ses commentaires sont le fruit d'un travail méticuleux de documentation. A titre personnel, je trouve ces passages un peu vains. Il n'y a pour moi qu'une seule façon de comprendre la musique : en l'écoutant.

Un livre brillant, qui aborde des sujets intéressants et qui a su soulever mon émotion.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          430
Dans ce roman nous allons suivre la vie de Darius, de son enfance à Tunis à ses péripéties en Amérique. Traumatisé par la mort de son père dans les rues de Tunis, il va perdre la parole et ne plus jamais parler à nouveau. Mais c'est à travers la musique et plus particulièrement le jazz qu'il va de nouveau faire entendre sa voix.
Entouré d'une mère ultra-protectrice, qui ne pense qu'à lui faire réussir ses études, il va tout de même découvrir le jazz et en devenir un véritable passionné, si bien qu'il va délaisser ses études et sa mère pour partir à l'aventure et tenter sa chance aux Etats-Unis.
Bien sûr j'oublie beaucoup de détails, des passages marquants (comme la mort de son père, ou son entrée en guerre si jeune et malgré son handicap à la jambe). C'est une fresque de vie marquée par la musique que l'auteur nous livre ici.

J'ai peu de reproches à faire à ce roman, car il est très bien écrit mais il m'a manqué un peu d'empathie pour le personnage principal. J'ai beaucoup aimé sa mère mais tous les autres personnages étaient légèrement fades. Je n'ai pas été happée par cette lecture, au contraire, elle a été longue et laborieuse. Je n'ai pas été passionnée par ce récit, peut-être parce que je ne suis pas très sensible à la musique ? Je ne sais pas. C'est plutôt par goût personnel que je n'ai pas aimé ce livre, pas forcément parce qu'il a de gros défauts.
Commenter  J’apprécie          50
Un roman haut en musique.
En effet, le thème principal de ce livre est la musique, le jazz. L'auteur décrit avec ses mots tout le pouvoir que peut procurer les mélodies envoutantes du jazz avec différents instruments.
La relation mère-fils est mis à l'épreuve et d'un bout à l'autre du roman, on veut savoir s'ils vont se revoir et se comprendre enfin.
Grâce à cette histoire, j'ai pu également voyager au gré des tournées des musiciens et appréhender leur quotidien à essayer de grappiller quelques dollars pour se nourrir, s'héberger et se droguer.
J'ai pu apprendre ce qu'est la Tunisie Française. L'écrivain décrit simplement, malgré toute la difficulté de la situation, le racisme entre les Juifs et les Musulmans, les Blancs et les Noirs.
Cette histoire m'a touché par les difficultés que rencontre ce jeune garçon handicapé, et que l'on voit grandir, murir, évoluer au fur et à mesure des chapitres.
Un roman cool jazz...
Lien : https://lacabanedemeslivres...
Commenter  J’apprécie          50
Je remercie ma belle-soeur et mon beau-frère de m'avoir permis de découvrir ce livre.
C'est le récit tendre et touchant du destin de Darius, le récit d'une vie de 1935 à 2015, de Tunis à Paris en passant par New York.
C'est l'histoire de ce petit garçon juif qui grandit à Tunis et qui, suite à la mort brutale de son père, deviendra muet. Sous la protection de sa mère qui le voue à de grandes études, Darius préfère, de loin, la musique et sa clarinette. Dans le milieu expatrié de Tunis, Darius fera connaissance avec le jazz et ce sera la révélation. Travailleur acharné, ce blanc muet n'aura de cesse de tenter de se faire une place au soleil dans ce milieu où sa couleur de peau dérange, allant jusqu'à New York où il rencontrera Dinah, une afro-américaine, la femme de sa vie.
Le récit n'est pas chronologique mais le découpage est clairement mentionné, ce qui en facilite la compréhension. le style est, tout comme le contenu, touchant et tendre. Et, bien sûr, les références musicales foisonnent! D'ailleurs, si vous me cherchez… je suis partie écouter « Strange Fruit » en boucle.
Commenter  J’apprécie          40
L'histoire est celle d'un jeune garçon né à Tunis, dont le destin bascule le jour où son père se fait lyncher sous ses yeux, victime d'une émeute visant la communauté juive dont il fait partie. le jeune Darius, traumatisé, gardera comme séquelles une boiterie et un mutisme dont il ne guérira jamais. Sa mère, s'investissant corps et âme dans l'éducation de son fils, vise pour lui une destinée hors du commun alors que le jeune garçon ne semble jouir d'aucun talent particulier, du moins jusqu'à ce qu'il découvre la musique. Sa passion pour le jazz sera le fil rouge de sa vie.

De Tunis à New York en passant par la Sicile, Darius mise tout sur sa passion. Il a tourné le dos aux études et à la possibilité d'exercer un des métiers auxquels sa mère songeait pour lui. Arrivé à New York où il s'imagine vivre de sa musique, la déception est de taille pour le jeune homme. Sa peau blanche est un obstacle pour trouver une place dans un orchestre de jazz. On sait pourtant qu'il y parviendra car la première scène du livre s'ouvre sur son dernier concert.

Voilà quelques semaines que j'ai lu ce roman, sans trouver l'envie de rédiger mon billet. "Ou bat le coeur du monde" jouit de très bonnes critiques. J'ai même lu que certains lui trouvaient un petit air de "la promesse de l'aube", le chef-d'oeuvre de Romain Gary. Je pensais le dévorer mais cela n'a pas été le cas, d'où ma déception. Si le premier quart m'a paru très prometteur, j'ai trouvé le temps long par la suite, ne parvenant plus à me passionner pour le destin de Darius et de sa mère, peu crédibles à mes yeux. Quand la mère de Darius entre dans une banque comme femme de ménage et accède au poste de directrice au bout de quelques années, j'ai du mal à y croire. J'ai trouvé par ailleurs que la période des Etats Unis était assez artificielle. Tous ces grands musiciens qui surgissent dans l'histoire comme par magie : Charlie Parker, Billie Holiday, Miles Davis... Surprenant ! Je dois dire pour finir que le jazz n'est pas un genre musical auquel je suis sensible, ce qui ne m'a pas aidée à relever les points positifs du roman qui en a pourtant, objectivement. le contexte historique est intéressant et l'ouvrage très documenté sur le volet musical .

Je suis suis malheureusement restée en retrait de cette fresque romanesque. A conseiller plutôt aux amateurs de jazz.
Lien : http://www.sylire.com/2019/1..
Commenter  J’apprécie          42
Ce que j'ai aimé dans ce livre c'est tout d'abord, comme plusieurs lecteurs, l'histoire des Juifs en Tunisie avant l'indépendance. C'est aussi les notes de jazz que j'ai entendu tout au long de la lecture. Cependant, j'ai trouvé que l'histoire de Darrius manquait de "coffre" Je pense que l'auteur aurait pu en faire quelque chose de plus flamboyant. La note de fin fait un couac, trop convenue!
Commenter  J’apprécie          30
Où bat le coeur du monde est un roman rythmé par le jazz qui nous emporte en Tunisie, puis l'Europe et les Etats Unis.

Un livre de qualité de part l'authenticité de la plume de Philippe Hayat qui a su me transmettre beaucoup d'émotions à travers l'histoire de Darius dans lequel nous allons découvrir son enfance en Tunisie. Là où un terrible évènement va le rendre muet, ce qui va l'amener à trouver son chemin pour devenir un homme.

Arrivé aux Etats Unis, Darius est plongé dans la misère, il a du mal à se faire une place dans le monde du Jazz, il perd confiance mais c'est à ce moment là qu'il va découvrir son véritable amour pour la musique qui va lui redonner sa voix. C'est cette partie du récit qui m'a le plus intéressé.

Tous les personnages sont intéressants, surtout le lien qu'il entretient avec eux. Beaucoup de femmes autour de lui, j'ai aimé le portrait de sa mère, une femme touchante, inspirante par son courage et la force de son amour maternel.

Commenter  J’apprécie          30
A Tunis dans les années trente, le jeune Darius assiste au lynchage de son père au cours duquel il est lui-même blessé à la jambe. Il sort de ce drame handicapé et frappé de mutisme. A partir de ce jour sa mère Stella très pauvre va tout sacrifier pour son fils qu'elle destine à de hautes études. Darius va devoir porter le poids des espoirs de sa mère, accablé par la crainte de la décevoir.

Le jeune garçon découvre la clarinette pour laquelle il a manifestement un don mais sa mère considère le jazz comme un démon venu d'Amérique, pour elle le jazz est une vraie cacophonie. Cette passion va mener Darius en Amérique où il jouera dans un orchestre mixte, seul blanc dans un groupe de musiciens noirs il parviendra à exprimer avec sa musique toute la douleur des noirs. Il va ensuite se produire sur les plus grandes scènes du monde où il va jouer avec les plus grands musiciens de jazz avant de devenir lui-même très célèbre après avoir traversé des années de misère et être tombé dans le piège de la drogue.

Ce roman sur fond de jazz nous offre un voyage du ghetto de Tunis où on incendie les librairies aux États-Unis où des noirs sont pendus pour un vol de deux dollars. C'est aussi l'histoire d'une relation mère-fils, d'un amour extrême et exclusif, l'histoire d'une vie de sacrifices, l'histoire émouvante d'un héros juif, boiteux et muet.

Je suis cependant sortie de cette lecture avec un avis assez mitigé. J'ai beaucoup aimé le début en Tunisie française qui comporte des scènes très fortes mais j'ai été moins convaincue par la suite aux Etats-Unis, les rencontres providentielles avec tous les grands noms du jazz m'ont semblé peu crédibles. Billie Hollyday, Miles Davis croisent la route de Darius comme par miracle... Une écriture sans grande envergure, des parties qui m'ont diversement intéressée, des longueurs, des passages peu clairs pour qui n'est pas musicien, un petit air de Romain Gary dans "La promesse de l'aube" ont terni mon plaisir de lecture. Un roman qui n'est pas déplaisant mais qui n'a pas tenu ses promesses sur la longueur.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
Commenter  J’apprécie          20
Bientôt le 14 août! Date du premier office des romans de la rentrée littéraire. J'ai une impression mitigée suite à la lecture du premier que j'ai choisi, Où bat le coeur du monde de Philippe Hayat.

L'histoire me plaisait beaucoup. Celle d'un jeune garçon, juif, muet et boiteux, qui grandit, très pauvre auprès de sa mère, dans le Tunis des années 30. Ses seuls atouts? Des fées placées sur son chemin et son don extraordinaire pour la clarinette qui le fera tout quitter pour côtoyer les plus grands musiciens – Ched Baker, Billie Holiday, Dizzie Gillespie, etc. – avant d'en devenir un lui-même.

Le récit est enlevé. On a envie de poursuivre, sans cesse, et je l'ai d'ailleurs lu en deux fois seulement. Il y a des scènes grandioses, notamment celle d'une tempête de sable à la synagogue, le soir de Tisha BeAv. D'autres belles et tragiques, comme celle de l'émeute anti-juive qui coûtera la vie d'un homme ou encore celle du débarquement.

Mais voilà, il y a un mais et même plusieurs… Si la partie tunisienne du livre m'a paru très authentique, l'arrivée à New York, la misère dans laquelle plonge Darius avant de percer m'a semblé, elle, plus "déjà vue". Et puis, tous les musiciens de jazz, ont-ils joué avec les plus grands artistes de leur temps? Cela m'étonnerait. Il y a ici une succession de coïncidences heureuses que j'ai trouvées un peu too much. Comme si l'auteur avait voulu écrire un traité de jazz des années 40.

La structure du livre, un déroulé de flash-back, fonctionne bien. L'écriture par contre est simple, voire un peu plate. Je terminerai pourtant sur une note positive. Si on n'y réfléchit pas trop, ce roman d'initiation donne son lot de plaisir et d'émotions.

Où bat le coeur du monde, Philippe Hayat, Calmann-Levy
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (374) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1087 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}