On voit mal d'autre part comment une assemblée d'élus pourrait traiter en connaissance de cause de domaines aussi divers que le photovoltaïque, le transport fluvial, ou l'élimination des pesticides. C'est le cas aujourd'hui, dira-t-on, mais justement : depuis des dizaines d'années (depuis toujours en fait) les assemblées nationales ne résolvent rien - parce que les parlementaires ne connaissent pas les sujets, parce qu'ils sont soumis à des intérêts et des pressions contradictoires, parce que le fonctionnement même d'un parlement interdit tout débat sérieux. (page 74)
Le capitalisme démocratique travaille assidûment à détruire la planète [...] On ne peut pas s'attendre à ce que le processus prenne fin tout naturellement avec la disparition du système qui l'a enclenché. L'une des premières conditions sera de se débarrasser une fois pour toute de la désastreuse écologie. Elle fait aujourd'hui fonction d'opium du peuple en apportant la dose de morale indispensable au marketing moderne - voitures vertes, lessives biologiques, poulets fermiers. (page 79)
Un sujet de Louis XIV à qui l'on aurait parlé de révolution en mars 1789 aurait sans doute été bien sceptique, à supposer qu'ils ait compris de quoi il était question. Il aurait admis que la situation était préoccupante, que les caisses de l'Etat étaient vides, que les intérêts de la dette pompaient la moitié des rentrées, que 2% de la population possédait l'immense majorité des richesses et que ces privilégiés ne payaient quasiment pas d'impôts. Il aurait gémi devant tant d'inégalité et d'oppression. Mais le trône, celui de Clovis, de saint Louis, d'Henri IV, de Louis XIV, lui paraissait sans doute plus éternel qu'aujourd'hui l'économie de marché. Camille Desmoulins le disait quelques années plus tard : "En1789, nous n'étions pas dix républicains." (page 26-27)
« S'il y a un sens à se rassembler, c'est pour élaborer l'option à laquelle on n'avait pas pensé. » (p. 63)
La lutte des paysans nantais contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, celle des habitants du Val de Suse contre la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, sont la pointe médiatisée d'un immense iceberg : d'après les statistiques ministérielles françaises, 160 hectares de terres cultivables sont détruits chaque jour par la prolifération des villes.
« Tout méprisé et haï qu’il est, le capitalisme démocratique [aujourd’hui le « communisme capitalistique »] n’est pas sérieusement attaqué. On parle [parlait] de le corriger, de le rendre plus juste, plus vivable, plus moral, ce qui est contraire à son principe de fonctionnement – surtout depuis la « crise » dont le « traitement » repose sur les bas salaires et la précarité organisée. Nulle part il n’est question de lui faire subir le sort qu’ont connu par le passé bien des régimes d’oppression, de lui donner une bonne fois congé, et pour toujours. » (p. 21).