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Quand j'ai lu ce livre, j'étais trop jeune pour apprécier les métaphores et les expressions de ce roman. Je n'avais que 13 ans. Par conséquent, je n'avais pas aimé cette lecture que j'avais trouvé trop longue et, aussi, violente. Avec le résumé qui parle de disparition, je m,attendais à un roman de style policier mais ce n'était pas le cas. Aujourd'hui, en tant qu'adulte, je vois ce livre différemment, je comprends les souffrances morales des personnages et j'apprécie les métaphores qui font allusion à la mer etaux éléments de la nature.
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C'est un huis clos, dans un petit village côtier québécois. Mais cela aurait pu être ailleurs. Cela aurait pu être à une autre époque.
Au milieu de scènes de vie communes se déroule un drame qui va tout bousculer : ces gens ordinaires, ce lieu ordinaire et rien ne sera plus jamais comme avant.
Anne Hébert écrit merveilleusement bien, elle possède ce rare talent de conteur et de poète. Car ses phrases sont comme une petite mélodie qui nous transporte loin et nous rend témoin de cette histoire.
Un très beau moment de lecture !
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Les fous de Bassan, publié au Seuil il y a 35 ans, en novembre, couronné, entre autres, du Prix Femina s'avère un roman puissant, violent, intemporel. Pourquoi parler encore de ce roman? Est-il toujours d'actualité? Malheureusement, oui. Ce roman présente l'histoire entourant le meurtre de deux adolescentes, Olivia et Nora Atkins (17 et 15 ans), à Griffin Creek, en 1936. Tout au long du livre, le lecteur est amené à pénétrer dans ce village bouleversé par la disparition des cousines. Par le biais de différents narrateurs (le révérend Nicolas Jones, Stevens Brown, Perceval, Olivia et Nora, et quelques autres), le lecteur refait en quelque sorte le parcours de cet été où chacun a vu, a perçu les événements ayant mené au drame. La violence faite aux femmes s'avère au coeur de cette histoire, où le suspense plane, où les autorités n'agissent pas, où le système judiciaire apparaît comme un échec…

Roman polyphonique, les narrateurs-focalisateurs racontent leur histoire par le biais de journaux intimes, de lettres, de souvenirs, etc. Les versions offrent différentes variations entre les non-dits et les affirmations. À cet égard, le récit se construit comme un casse-tête. Ce dernier débute un dimanche d'octobre 1982, à Griffin Creek avec le livre du révérend Nicolas Jones. L'homme de Dieu plonge dans ses souvenirs de 1936. Il n'aborde pas directement la tragédie, mais il dévoile des indices susceptibles de lancer le lecteur sur une piste.

Il a suffi de l'espace d'un seul été, d'un de ces courts étés de par ici, rognés aux deux bouts par le gel, deux mois à peine, pour que Nora et Olivia Atkins sortent de l'enfance, se chargent de leur âge léger et disparaissent sur la grève de Griffin Creek, le soir du 31 août 1936.
Leur signalement sera donné par toutes les radios canadiennes et américaines. (p. 38)

Ainsi, la curiosité du lecteur est piquée et il souhaite en apprendre davantage sur le sort des cousines Atkins. Ont-elles été tuées? Ont-elles fugué? Ont-elles tué quelqu'un? Autant de questions qui surgissent…

Ensuite, Les lettres de Stevens Brown, le cousin des Atkins, entraînent le lecteur au coeur de l'été 1936. le lecteur y retrouve certains indices comme : «Cette fille est trop belle, il faudrait lui tordre le cou tout de suite, avant que…» (p. 79) et cette phrase d'Olivia :

Toi, mon cousin Stevens, je t'ai reconnu tout de suite, entre dix mille je t'aurais reconnu, mais tu n'es pas bon et il ne fallait pas te laisser entrer. (p. 79)

Ces dernières sont très importantes pour l'intrigue et elles laissent percevoir le coupable, mais le lecteur ignore les motifs du meurtre et la façon dont les adolescentes ont été tuées.

Mais encore, le livre de Nora laisse entrevoir ce qui a poussé Stevens à agir comme il l'a fait par le biais d'éléments comme la tempête, l'alcool, le mépris qu'il ressent pour les femmes, la folie tributaire du vent, le désir qu'il éprouve pour ses cousines, etc.

Mon père dit que Stevens est soûl comme une bourrique. Je prétends que c'est la fureur de la tempête qui le possède et bat à grands coups sur toute sa peau tendue comme un tambour.
Il parle, des mots à peine audibles, il appelle, est-ce moi, est-ce Olivia, il supplie, des prières confuses. Il est question de le suivre en pleine tempête, de vivre et de mourir avec lui dans un gouffre. (p. 133)

Cependant, ce n'est que dans le livre de Perceval et de quelques autres que le corps de Nora est retrouvé et que Stevens est arrêté par les policiers. Il s'avère évident que Stevens a commis les meurtres. Son frère, Perceval, ne veut rien dévoiler car il a peur de la punition. Comme il le mentionne :
On voit très bien la ceinture rose, le bout avec une boucle métallique, dépasser de la poche de mon père. Une fois à la maison mon père jette la ceinture dans le poêle qui chauffe pour le souper. Une odeur de roussi se répand dans la cuisine, tandis que je mange ma soupe aux pois. Je pense à la robe rose de Nora. Mais je ne le dirai à personne où je serai fouetté. (p. 180)

Toutefois, ce n'est que dans les dernières pages du livre que Stevens explique comment il a tué d'une façon très violente ses cousines et comment il s'est débarrassé des corps.

La paix du monde sur la mer, son clapotis léger contre la barque, la lune blanche, tandis que j'emmène mes cousines au large, alourdies de pierres et de cordes. L'étonnement, rien que l'étonnement, s'enfonce dans ma poitrine, telle la lame d'un couteau. Me déchire lentement. (p. 249)

Et pourtant, il a été acquitté…

P.S. Tu seras peut-être étonné, old Mic, si je te dis qu'aux assisses de février 1937 j'ai été jugé et acquitté, mes aveux à McKenna ayant été rejetés par la cour et considérés comme extorqués et non conformes à la loi. (p. 249)

Un livre à découvrir, à lire, à relire pour aller à la rencontre de ces fous de Bassan gravitant autour de la terre de Griffin Creek, pour explorer avec eux les eaux sombres les entourant, pour retrouver leur regard immuable…Comme le suggère Anne Hébert :

Le fou de Bassan modère soudain sa vitesse, ferme à moitié ses ailes, se laisse tomber, tête première, comme une flèche, à la verticale. Ne ferme ses ailes qu'au moment de toucher l'eau. Faisant gicler dans l'air un nuage d'écume. L'air si souvent contemplé cet oiseau superbe. le retrouver intact et bien dessiné. Il suffit d'une image trop précise pour que le reste suive, se réveille, recolle ses morceaux, se remette à exister, tout un pays vivant, repêché au fond des eaux obscures. Griffin Creek, remué dans ses eaux natales par une nuée d'oiseaux affamés, remonte à la surface, étale ses grèves, ses herbes marines, ses rochers abrupts là où autrefois grimpaient des escaliers de bois pour la pêche à la baleine. (p. 238)

De surcroit, Yves Simoneau a réalisé un film à partir de ce bouquin.
J'espère que ce billet a suscité votre intérêt par rapport à ce magnifique bouquin, une lecture indispensable en littérature québécoise.

https://madamelit.ca/2017/11/21/madame-lit-les-fous-de-bassan-danne-hebert/
Lien : https://madamelit.ca/2017/11..
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La nature sauvage d'une côte canadienne se mêle à la sauvagerie humaine qui éclate dans une communauté familiale fermée sur elle-même. L'écriture a quelque chose d'hypnotique et donne à ce roman un caractère de violente poésie : sombre, dérangeant, sensuel. L'histoire est polyphonique mais finalement, les discours ont une tonalité assez semblable, c'est une même voix, celle de l'auteure ou celle du vent marin.
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Ce roman n'a pas quarante ans, mais il est considéré comme un classique de la littérature québécoise. Il raconte un été tragique, celui de 1936 dans un petit village au bord de l'estuaire du fleuve Saint-Laurent. Ses habitants, tous parents proches ou éloignés, étouffent dans ce microcosme, à la merci de l'eau et du vent, qui éclatera au contact d'un autre élément, perturbateur celui-là.
Dans Les fous de Bassan, les références bibliques et littéraires sont nombreuses et Le bruit et la fureur de Faulkner est une des plus évidentes. Des parallèles entre les deux ouvrages existent tant dans la forme, quoique moins obscure chez Hébert, que dans le fond. Dans les deux romans, chaque chapitre porte la voix d'un protagoniste différent et nous éclaire lentement sur les circonstances du drame qui scellera le destin de la communauté. En exergue du chapitre narré par l'idiot du village, Hébert cite Macbeth « It is a tale told by an idiot, full of sound and fury », ce qui a fini de me convaincre de l'influence directe du romancier américain.
Les fous de Bassan est un roman très poétique, beau et sombre. La richesse du langage m'aura toutefois gardée à une certaine distance des émotions.
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Olivia et Nora, deux adolescentes et cousines, vivent dans un village du Québec de bord de mer. Griffin Creek est isolé, peuplé d'hommes et de femmes qui semblent tous avoir des liens de parenté. Les cousins sont amoureux de leurs cousines et chacun se connaît. Un soir de la fin de l'été 1936, elles disparaissent près du rivage. Elles suscitaient désir et envie.
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Les différents chapitres du roman nous font entendre une voix de ce petit village et tous reviennent sur la disparition des deux jeunes filles. le pasteur au comportement dangereux et vicieux, le mystérieux et séduisant cousin revenu après avoir fui sa famille pendant 5 ans, son frère considéré comme l'idiot du village puis les deux jeunes filles elles-mêmes rapportent chacun à leur façon cet étrange été 1936.
On découvre alors que les fous de Bassan ne sont pas uniquement les oiseaux maritimes qui survolent Griffin Creek mais aussi les membres de cette famille. La proximité spatiale et familiale semble faire vaciller la raison de ces hommes.
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J'ai beaucoup aimé Les fous de Bassan. L'écriture d'Anne Hébert est belle et poétique. Mais la psychologie des différents personnages crée une tension qui peut aller jusqu'au malaise selon les pages, ce qui peut rendre le roman parfois difficile à lire. Je n'arrivais pas à lire beaucoup de pages le même jour, preuve que la romancière rend particulièrement bien la folie des habitants de Griffin Creek.
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Dans un lieu perdu du Québec , Griffin Creek , la vie est rude . La mer est là perpétuellement ,apportant fureur , humidité , vent , tempête , vacarme . Dans ce cadre rude vivent quelques familles , assez consanguines , sous la houlette d'un pasteur tout puissant qui maintient son "troupeau" dans la ligne de Dieu . La vie s'y déroule , chacun étant sous le regard de l'autre , avec des rites qui paraissent immuables , même si dans chaque famille se joue de mini -drames ....

L'été 1936 , Steven revient . Né à Griffin Creek il a voyagé jusqu'en Californie et ses pas l'ont ramené dans son village . le même été ,deux jeunes filles du village s'éveillent passant du statut d'enfant à celui de femme , à l'opposé une femme sur le retour renoue avec la vie ...

Le drame est là , la disparition des deux jeunes filles ... comment , qui , pourquoi .... Il ne s'agit pas d'un thriller mais d'une montée lente et sauvage des parties obscures de l'être humain.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Le partie la plus importante de ce roman se trouve dans la lettre d' Olivia chaloupant au gré des vagues et caressant le matelas de sable dans l'abîme des océans.

L'amour et le gout pour l'interdit entraîne Olivia à ne pas écouter ses proches et à tomber dans les bras de son cousin manipulateur, ce qui détruira sa vie, celle de sa soeur et de sa communauté.

Superbe description du viol et des meurtres de ces pauvres êtres, seulement dépassée par la description de l'amour et la sacralisation de l'autre présente dans le coeur d'Olivia.
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Je découvre la littérature québécoise depuis que mon fils s'est installé au bord du fleuve St Laurent.
Et ce premier roman est une sacrée découverte.
« Les fous de Bassan » a été publié en 1982 et il a reçu le prix Femina.
L'intrigue se déroule à Griffin Creek, village imaginaire de la péninsule gaspésienne durant l'été 1936. Et dès les premières lignes, les premières pages, j'ai été interloquée et déroutée. L'auteure raconte un drame (la disparition de deux jeunes filles durant l'été 1936), au travers du point de vue de plusieurs personnages. Et là, c'est une vraie leçon de structure narrative que l'on se prend en pleine tête: on rentre dans la tête d'un personnage puis de cinq autres, avec des points de vue tranchés qui peuvent créer un malaise tandis que la tension s'accroît et que le crime survient.
L'auteur décrit une nature sauvage, inhospitalière, au sein de laquelle ces familles vivent depuis toujours et qui constitue un personnage à part entière. Les fous de Bassan, ces oiseaux de mer qui se nourrissent de poissons illustrent parfaitement cette nature sauvage.

Le style est ciselé, magnifique:
« La barre étale de la mer, blanche, à perte de vue, sur le ciel gris, la masse noire des arbres, en ligne parallèle derrière nous. Au loin, une rumeur de fête, du côté du nouveau village. En étirant le cou on pourrait voir leurs bicoques peinturlurées en rouge, vert, jaune, bleu, comme si c'était un plaisir de barbouiller des maisons et d'afficher des couleurs voyantes. »
« Il y a certainement quelqu'un qui m'a tuée. Puis s'en est allé. Sur la pointe des pieds ».

Un roman poétique, noir, violent et orignal. À découvrir absolument !
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Dans un petit village isolée de Gaspésie où une communauté protestante anglophone composée de quatre familles vit en vase clos, deux adolescentes disparaissent.
Objets des désirs malsains de certains hommes, leur vie et leur effacement du monde sont racontées de différents points de vue à travers le temps. le pasteur, ivre de désir et de volonté de puissance; l'idiot du village, fasciné et inquiet ; le fils perdu qui revient au bercail, égocentrique et torturé ; les tantes, amoureuse ou désespérée... toutes les voix se mêlent dans une sorte de huis-clos mortifère.

Un livre étrange dans lequel j'ai eu du mal à rentrer tellement cette communauté endogame me semblait malsaine et peu accueillante.
C'est le cadre naturel qui m'a finalement le plus convaincue car l'auteure en fait des descriptions saisissantes. J'ai beaucoup aimé la texture que cela donne à l'intrigue.
Lien : https://luparju.com
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