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Citations sur Les fous de Bassan (50)

Je me suis mis cela dans la tête, de vivre la tempête jusqu'au bout, le plus profondément possible, au coeur de son épicentre, semblable à un fou que je suis, jouissant de la fureur de la mer et m'y projetant, délivré de toute pesanteur, comme un bouchon de liège. Transi sur mon rocher, dans mes vêtements mouillés, je m'égosille à crier, dans un fracas d'enfer. Personne ne peut m'entendre et le cri rauque qui s'échappe de ma gorge me fait du bien et me délivre d'une excitation difficile à supporter. La mer déchaînée déferle sur la grève, se heurte aux rochers, rejette une nuée de cailloux et de bouts de bois, des débris de toutes sortes. Je retourne me sécher, manger et dormir chez ma cousine Maureen. A chaque apparition j'emprunte un nouveau pantalon, une nouvelle chemise dans la grade-robe du défunt de cette bonne vieille Maureen, et je retourne à mon poste, sur le rocher. Maureen me crie que je suis fou et que je vais attraper mon coup de mort. Rien à faire, il faut que je pleure et que je hurle, dans la tempête, que je sois transpercé jusqu'aux os par la pluie et l'embrun. J'y trouve l'expression de ma vie, de ma violence la plus secrète.
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Dans toute cette histoire il faudrait tenir compte du vent, de la présence du vent, de sa voix lancinante dans nos oreilles, de son haleine salée sur nos lèvres. Pas un geste d'homme ou de femme, dans ce pays, qui ne soit accompagné par le vent. Le souffle marin pénètre nos vêtements, découvre nos poitrines givrées de sel. Nos âmes poreuses sont traversées de part en part. Le vent a toujours soufflé trop fort ici et ce qui est arrivé n'a été possible qu'à cause du vent qui entête et rend fou.
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Bob Allen qui vient de cap Sauvagine m'a embrassée
l'autre soir, sur le chemin désert, comme je revenais de chez ma cousine Maureen. Il m'a embrassée sur la bouche , comme un homme embrasse une femme. Cela m'a donné des idées de fun de par tout le corps comme si j'avais la chair de poule.
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Ma femme Irène, née Macdonald, est stérile. En d'autres lieux, sous d'autres lois, je l'aurais déjà répudiée, au vu et au su de tous, comme une créature inutile.
[...]
Elle dort contre moi, dans le grand lit, pareille à un poisson mort, sa vie froide de poisson, son œil de poisson, sous la paupière sans cils, son odeur poissonneuse lorsque je m'obstine à chercher, entre ses cuisses, l'enfant et le plaisir.
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John et Bea Brown ayant mis au monde Stevens, Perceval et les jumelles, s'en sont débarrassés, au cours d'un seul été. Réalisation d'un vieux rêve enfin justifié. Ne plus avoir d'enfant du tout. Se retrouver mari et femme comme avant. L'un en face de l'autre. Chiens de faïence pour l'éternité. Sans témoin.
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« L'abîme de la mer nous contient tous, nous possède tous et nous résorbe à mesure, dans son grand mouvement sonore. »
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Un jour ce sera l'amour fou, une espèce de roi, beau et fort, viendra sur la route de Griffin Creek, je le reconnaîtrai tout de suite, l'éclat de sa peau, son coeur sans défaut, visible à travers sa poitrine nue... Il me prendra la main et me fera reine devant tous les habitants de Griffin Creek, assemblés au bout de la route pour nous saluer. J'entends : Vive le roi et vive la reine ! J'ai une couronne sur la tête et je tremble de la pointe de mes orteils à la racine de mes cheveux. Je serai reine du coton, ou des oranges, car il viendra des pays lointains, au soleil fixe, allumé jour et nuit.
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Le fou de Bassan modère soudain sa vitesse, ferme à moitié ses ailes, se laisse tomber, tête première, comme une flèche, à la verticale. Ne ferme ses ailes qu’au moment de toucher l’eau. Faisant gicler dans l’air un nuage d’écume. L’air si souvent contemplé cet oiseau superbe. Le retrouver intact et bien dessiné. Il suffit d’une image trop précise pour que le reste suive, se réveille, recolle ses morceaux, se remette à exister, tout un pays vivant, repêché au fond des eaux obscures. Griffin Creek, remué dans ses eaux natales par une nuée d’oiseaux affamés, remonte à la surface, étale ses grèves, ses herbes marines, ses rochers abrupts là où autrefois grimpaient des escaliers de bois pour la pêche à la baleine.
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Regagnons la haute mer. Légère comme une bulle, écume de mer salée, plus rapide que la pensée, plus agile que le songe, je quitte la grève de mon enfance et les mémoires obscures de ma vie ancienne
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Mais il faut que je te parle de la tempête. Une belle grosse tempête de trois jours, comme je les aime. Rivières et ruisseaux débordés, ponts et maisons emportés, arbres cassés, grèves ravagées, quais arrachés. Les journaux ne parlent que de ça. Je garde le souvenir confus d'une sorte d'ivresse s'emparant de moi, peu à peu, à force de contempler la mer démontée, me réduisant au rôle d'un fétu de paille emporté par la fièvre, tandis qu'un espèce de chant se formait dans mes veines en guise d'accompagnement à la fureur des éléments. Je passais presque tout mon temps sur la grève. J'étais fou et libre comme le vent et je soufflais par la bouche, par le nez, un grand souffle vivace et fort semblable au vent. L'ivresse dont je ne parle n'a rien à voir avec la dive bouteille, du moins pas au début.
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