Citations sur Dans la forêt (850)
Trop intello pour une histoire post apocalyptique !
Orme 1978
... pourquoi qui que ce soit voudrait marcher sur l'eau... alors qu'on peut danser sur la terre.
D'après notre mère, il avait une aptitude infinie à apporter de la gaité, quoique je me demande maintenant si ce n'était pas juste une aptitude infinie à l'aimer, car après qu'elle nous a quittés tout ça a changé. Quand elle est morte, la vie entière de notre père a semblé s'effondrer comme un trou noir, créant cette densité que l'encyclopédie appelle singularité, une force de laquelle rien ne peut s'échapper, une négativité qui dévore même la lumière.
Je n'ai jamais vraiment su combien nous consommions. C'est comme si nous ne sommes tous qu'un ventre affamé, comme si l'être humain n'est qu'un paquet de besoins qui épuisent le monde. Pas étonnant quil y ait des guerres, que la terre et l'eau et l'air soient pollués. Pas étonnant que l'économie se soit effondrée, s'il nous en faut autant à Eva et à moi pour rester tout bonnement en vie.
Pendant que j'écris, Eli se prélasse devant le poêle tout en soufflant doucement dans son harmonica. Il le tient dans ses mains en coupe comme s'il lui murmurait ses pensées. De temps en temps, il me jette un coup d'œil, et quand il se détourne et continue de jouer, on dirait que sa musique est un secret qu'il raconte sur moi dans une langue que je ne comprends pas vraiment.
- Tout va bien, a-t-elle promis. C'était un rêve.
Alors même qu'elle disait cela, et que mon moi conscient acquiesçait, je crois que nous savions toutes les deux que les rêves viennent d'un lieu, quelque part, qui existe vraiment, qu'un rêve n'est que l'écho de ce qui a déjà été vécu.
Nous ne sommes pas chrétiens, nous sommes capitalistes. Tout le monde dans ce pays de branleurs est capitaliste, que les gens le veuillent ou non. Tout le monde dans ce pays fait partie des consommateurs les plus voraces qui soient, avec un taux d'utilisation des ressources vingt fois supérieur à celui de n'importe qui d'autre sur cette pauvre terre. Et Noël est notre occasion en or d'augmenter la cadence.
C'est comme si nous ne sommes tous qu'un ventre affamé, comme si l'être humain n'est qu'un paquet de besoins qui épuisent le monde. Pas étonnant qu'il y ait des guerres, que la terre et l'eau soient pollués. Pas étonnant que l'économie se soit effondrée, s'il nous en faut autant à Eva et à moi pour rester tout bonnement en vie.
Il pleut et il pleut et il pleut et il pleut et il pleut et il pleut. La pluie tombe et tombe encore, de grandes aiguilles d'argent qui cousent le ciel morne à la terre détrempée.
Je n'avais jamais entendu mon père hurler, n'avais jamais imaginé une telle chose. Comme le voir pleurer à l'enterrement de notre mère, cela me faisait honte, pas tant à cause de ce que cela révélait de lui, mais parce que je n'avais jamais considéré la possibilité que mon père puisse pleurer - ou hurler.