AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 216 notes
5
30 avis
4
31 avis
3
16 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Bienvenue à Tenmile, ville fantôme, ancien campement de mineurs dont il ne reste pas grand-chose après que le cuivre ait été exploitée jusqu'au dernier gramme.
Quelques spécimens humains aussi borderline que malheureux sont encore accrochés à ce coin de terre. Cecil, un adolescent violent dont l'enfance fut saccagée par les dérives de sa mère droguée et hystérique, ainsi que Pearl, un chrétien illuminé qui embarque son fils dans ses délires d'Apocalypse.
Pete, assistant social fait de son mieux pour les aider, malgré sa vie personnelle bien compliquée entre une ex-épouse alcoolique, une fille mineure qui vient de fuguer et un frère recherché par la police.
Ce premier roman est une grande réussite. J'ai trouvé l'écriture de Smith Henderson parfaitement réaliste et imagée pour donner vie à ses héros hors norme, cabossés par la vie mais aussi mettre en valeur une nature magnifique et sauvage qui fait partie intégrante de l'histoire.
Avec ce roman violent parfois, humain toujours, Smith Henderson fait, à mon sens, désormais partie des grands noms de la littérature américaine.
Je remercie vivement Babelio et les Editions Belfond de m'avoir permis cette lecture en avant première.

Commenter  J’apprécie          481
Ca a le goût d'un roman policier, mais aussi d'un western. Pourtant, Pete Snow n'est ni flic ni cowboy, il est assistant social. Fraîchement séparé de sa femme alcoolique et infidèle, lui-même plutôt porté sur l'alcool, cheveux blonds filasse, vieilles fringues déchirées, un frère recherché par la police, un vieil enfoiré de père et une fille ado qui s'enfuit de chez elle, notre héros a tout lui-même pour être dans les dossiers des services sociaux... est-ce pour cette raison qu'il comprend si bien les paumés, les marginaux, les bras cassés?
On devine aisément qu'il a long passif des cas sociaux derrière lui, et encore cette famille composée d'une mère droguée qui se bat avec son ado, pas très net sur les bords. Souvent, la petite Katie se cache dans le placard quand les bagarres éclatent, et seul Pete peut l'en déloger. Il fait bientôt la rencontre de Benjamin, un jeune garçon presque sauvage, qui n'a jamais mis les pieds dans une école, ni regardé la télé, lu de livres et qui vit avec son père dans un trou dans la forêt. Il a une mère, des frères et soeurs, mais qui ont disparu. le père, Jeremiah Pearl, est plus ou moins suivi par la police judiciaire pour une affaire de fausses pièces, mais aussi parce qu'il est peut-être complice de crimes plus graves.
Bientôt, Pete navigue entre le père, fondamentaliste chrétien aux airs dangereux et son fils, et les états de l'ouest à la recherche de sa fille Rachel, qui s'est barrée de chez sa mère.
Dans ce premier roman au style recherché, deux vies se font écho, celle de Pete et celle de sa fille, interlocutrice d'un enquêteur imaginaire qui lui pose questions sur questions sur sa vie. Smith Henderson reprend tout-à-tour le genre du roman policier et un style plus poétique et original, ce qui en rend la lecture plus riche. On s'attache vite à tous ces personnages brisés par la vie qui vivent dans un Montana pauvre culturellement, celui sous Reagan. On plonge dans l'Amérique des bas-fonds, du presque rien, de la misère morale et sociale. On assiste à la lente descente aux enfers de Rachel, 14 ans, qui fugue de mecs en mecs et finit par se prostituer; à celle de Benjamin, victime de la folie de ses parents. Morceaux de vie dans celle de Pete qui essaie tant bien que mal à recoller les morceaux alors que sa propre vie n'est qu'un tas de miettes.
C'est un roman aussi prenant que déprimant, dense mais qui ne se lâche pas. Merci à Babelio et à Belfond pour cette lecture.
Commenter  J’apprécie          473
Dans le Montana, Pete, assistant social, tente d'apporter son aide aux familles marginales, de veiller à ce que leurs enfants ne soient pas maltraités et parfois, à leur trouver un refuge, une famille d'accueil ou une solution provisoire en attendant de faire mieux.

Il s'investit corps et âme, au point d'en oublier sa propre famille, comme s'il voulait noyer sa détresse en plongeant dans celle des autres. J'ai aimé ses moments partagés avec les Pearl, quand finalement, on ne voit plus la différence entre Pete, l'assistant social, et Jeremiah, l'homme qui se cache dans les bois avec son fils Ben.

Un roman sombre, avec pour cadre des paysages magnifiques. Des personnages dégoulinants de défauts, mais empreints d'humanité. Une violence qui, au bout d'un moment, ne choque même plus, car elle semble si affreusement banale. Un récit bien ficelé, à l'écriture fluide, avec des instants poétiques, qui vous entraîne dans son tourbillon de noirceur.

Je remercie la masse critique de Babelio et les Éditions Belfond pour cette lecture captivante.
Commenter  J’apprécie          400
Une très bonne surprise pour moi ce livre. Il est très bien construit et très bien rédigé, malgré deux fautes dans la traduction. Une histoire originale sans faux semblant, ça fit du bien malgré la dureté des histoires des personnages du roman.

Smith Henderson est allé loin dans le sordide mais sans voyeurisme, ce qui donne une force réelle aux personnages et à l'histoire. Des personnages durs dans un environnement et un climat qui sont également rudes.

La difficulté d'être parent ressort énormément sans jugement mais sous un regard acéré. le lecteur comprend de fait la réaction de tous les personnages car le but de l'auteur n'est pas de choquer le lecteur mais de lui montrer une image parfois peu reluisant à des instants de vies terribles auxquels sont confrontés certaines personnes et par conséquent aux premières loges les enfants.

Un premier roman qui est de la littérature et non pas un simple livre écrit par fantaisie.
Commenter  J’apprécie          250
Années 80, Montana. Pete est assistant social dans une zone rurale du Montana. Il aide des enfants en situation familiale complexe. Il sera amené avec son travail à rencontrer Ben, un enfant dont le père vit reclus dans la forêt et est totalement paranoïaque...Il est obsédé par l'histoire de cette famille et va tout faire pour mieux les apprivoiser. Pete cependant n'est pas parfait, il est alcoolique, son ex-femme aussi. Elle est partie au Texas, emmenant avec eux leur fille, pour laquelle Pete est loin d'être un père parfait. L'adolescente est en fugue, Pete va la chercher sans relâche.
Aucun personnage n'est parfait dans ce livre, chacun fait ce qu'il peut, équilibre les choses comme il le peut...C'est noir, c'est triste, c'est bien écrit. On ressent les choses, c'est fort...
Lu dans le cadre du poche du mois du #PicaboRiverBookClub...
Commenter  J’apprécie          220
S'il est un endroit qui ne fait pas franchement rêver, c'est bien la Yaak Valley, dans le Montana.
Enfin, la Yaak Valley vue par Smith Henderson...

Oubliez les superbes Rocheuses, l'air pur des grands parcs nationaux, les vertes prairies et les gazouillis des oiseaux.
La Yaak Valley d'Henderson, celle du début des années 80, c'est plutôt la nature hostile, les bois obscurs et mal famés, les petites villes miséreuses éparpillées sur la frontière canadienne et hantées par la faune la plus interlope qui soit (clochards, drogués, prostituées et autres vagabonds peu recommandables...), le genre de région définitivement boudée par les guides touristiques, notée "moins 12 étoiles" sur TripAdvisor.
Pas de bol pour Pete Snow : c'est justement là, dans cette vallée de cauchemar, sur ce territoire rural où l'auteur condense apparemment toute la lie de l'humanité, qu'il exerce cahin-caha sa profession d'assistant social. Un vrai sacerdoce, nuit et jour au contact des marginaux.
Maris alcooliques et violents, mères au bout du rouleau, enfants demi-sauvages élevés dans des bicoques pourries ou des caravanes perdues en forêt : autant dire que Pete ne chôme pas. Même pas le temps de s'occuper de sa fille de 14 ans, ni de régler ses comptes avec son ex-femme ou avec son frère en cavale, traqué par un contrôleur judiciaire tenace.

L'ambiance est donc lourde, limite sordide, et le désespoir patent.
On croirait lire par moment du Ron Rash (pour la description des paysages, des bois et des torrents) et plus souvent encore du Donald Ray Pollock ("Le diable tout le temps", "Knockemstiff") : la même misère sociale, la même population d'exclus et de dégénérés, les mêmes spirales infinie de l'échec.
A l'exception des plus jeunes enfants auxquels Henderson accorde encore la grâce de l'innocence, tous les personnages semblent irrémédiablement perdus, marqués du sceau indélébile de l'indignité ou de la perversion. Même ce brave Pete, qui fait pourtant son possible pour venir en aide aux enfants en situation de grande précarité, a comme les autres sa part d'ombre et doit affronter ses propres démons.
Il y a à coup sûr quelque chose de touchant dans le spectacle de cet homme qui perd pied, impuissant, en lutte perpétuelle contre des moulins à vents. Sa rencontre avec Jeremiah Pearl, l'autre figure forte du roman (un illuminé fondamentaliste, poinçonneur de pièces de monnaie, fuyant la civilisation pour mieux préparer sa famille à l'apocalypse imminente) et avec son fils Benjamin nous réserve quelques passages très marquants.

Malgré quelques longueurs, et une profusion d'histoires conduites en parallèle sans que l'on n'ait toujours le fin mot de chacune, ce décoiffant séjour au coeur de la Yaak Valley me restera probablement longtemps en mémoire !
C'est un premier roman singulier, d'une noirceur évidente ("jamais rien ne pourra s'arranger dans ce merdier, le monde est une lame et l'angoisse c'est l'espoir éventré, vidé de ses entrailles"), mais aussi un hommage puissant et désenchanté à tous les éducateurs spécialisés (profession qu'exerça jadis l'auteur) et au travail qu'ils accomplissent dans l'ombre auprès des plus vulnérables.
Commenter  J’apprécie          200
À Yaak Valley, Montana, au fin fond des montagnes de l'Amérique, il fait froid et moche, et les gens y vivent comme ailleurs, plus ou moins bien, avec plus ou moins de bonheur. Et comme partout dans le monde, c'est les gosses qui trinquent dans les situations précaires.
Pete Snow, la trentaine bien sonnée, natif du coin, est assistant social pour le comté. Ça veut dire se balader un peu partout dans les environs, plutôt vastes, et repérer les gosses en danger dans leur environnement familial.
C'est le cas de Cecil qui se bat avec sa mère, laquelle ne le traite pas mieux. C'est une droguée notoire qui vit d'aides sociales. Au milieu, il y a aussi la petite Katie, 9 ans. Comment gérer cet ado en pleine rébellion, surtout quand il se fait encore rejeter parce qu'il a tenté de faire des choses au chien de la famille qui l'accueille ?
Pete, dans une autre vie, a aussi eu une femme et une fille, Rachel. Elles sont parties vivre un peu plus loin, et puis encore plus loin… Incompatibilité, surtout de sa part à elle. Rachel, elle, veut se faire appeler Rose maintenant qu'elle a 13 ans, en a marre de cette mère qui se prend pour sa copine, à lui parler de ses mecs. Alors une nuit, Rose/Rachel fini par fuguer pour de bon. Ça la fout mal quand même pour un travailleur social, de ne pas assurer en tant que père…
Pete les collectionne, les emmerdes, en ce moment : son frère est en cavale pour avoir casser la gueule à son contrôleur judiciaire, son père, homme froid et distant, vient de mourir, et son métier d'aide social prend toute la place, entrecoupé de bitures et d'errances solitaires, d'histoire d'amour (ou de baise ?) foireuse. Alors il n'a pas vu venir ce qu'il tente d'éviter aux autres, l'éloignement, tant moral que physique, avec sa famille, la rupture, totale ; il voulait fuir sa femme, c'est sa fille qui disparait.
Et puis l'esprit de Pete est préoccupé tout récemment par ce gamin, Benjamin, ce gosse surgit de la forêt, famélique, presque désincarné, que Pete a essayé de suivre dans la montagne, quand il s'est enfui. Ce gamin a un père, un illuminé, Jeremiah Pearl, avec qui il parcourt la montagne et les forêts. Pourquoi, dans quel but, que fuient ainsi les Pearl ? Et où est passé le reste de la famille ? Ces deux-là ont vécu des choses terribles, mais lesquelles ?
Pete n'aura de cesse de retrouver sa fille, et dans le même temps, comme une catharsis, de trouver comment aider les Pearl, père et fils, embourbés dans leur tragique histoire.
Voilà, c'est tout ça à la fois et bien plus encore, Yaak Valley, Montana de Smith Henderson. C'est vivant, intense, dramatique, drôle, émouvant, prenant. Ça sent le vécu, le vrai, ça bouge, ça trépigne, ça s'agite, ça lutte, ça espère, ça se ramasse, ça se relève, ça meurt, ça aime, ça pleure, ça vit. C'est fort.
Le style d'Henderson rappelle un peu le style fluide de Brady Udall (Le destin miraculeux d'Edgar Mint) nous décrivant une Amérique peu glamour et cinématographique, celle des pauvres gens, des laissés pour compte, des parias et des paumés. Henderson est en passe de devenir un grand écrivain, de ceux avec qui il faut dorénavant compter.
Et je remercie chaleureusement l'opération Masse Critique de Babelio ainsi que les éditions Belfond pour ce très bon roman traduit de l'américain par Nathalie Peronny.

Challenge Pavés 2016-17
Commenter  J’apprécie          190
J'avoue, je me suis lancé dans la découverte de ce roman un peu sur un coup de tête. le récit contemporain n'est pas obligatoirement le genre de lecture que je cherche en premier lieu, mais il m'arrive parfois d'avoir envie de sortir, on va dire, de ma zone de confort et ainsi découvrir d'autres types de romans. Pour éviter tout malentendu, par ce que je viens de dire je ne critique pas les autres genres, juste qu'il y a tellement à lire dans l'Imaginaire que, si je ne me sens pas des envies de découvertes, il est rare que je me lance dans d'autres lectures. Par conséquent quand on m'a proposé de découvrir ce livre au résumé que je trouvais accrocheur dans son aspect rêve brisé, je me suis rapidement laissé tenter. Je remercie donc Babelio et les éditions Belfond pour cette découverte.


Ce roman nous propose ainsi de suivre une tranche de la vie de Pete, un assistant de service social qui nous fait suivre son quotidien, nous faisant découvrir des personnages brisés par la vie. Sauf que Pete n'est pas non plus un héros stable, étant en plein divorce avec une fille en pleine fugue. le récit suit ainsi trois fils rouges celui de Cecil jeune adolescent troublé, violent qui déteste sa mère, la famille Pearl qui a plongée dans la religion au point de limite devenir des ermites et la fugue de la fille du héros. Ce récit nous offre alors une histoire de désenchantement, il est un peu l'anti rêve américain qui nous propose une image plus nuancée, plus sombre de la grandeur des Etats-Unis. Déjà il faut remettre en place le contexte, on se situe en pleine fin des années 70, Carter va perdre sa présidence au profit de Reagan, les USA sont en pleine crise de récession, les interventions du gouvernement dans la vie des gens sont de plus en plus rejetés, l'influence de la monnaie, mais aussi de nombreuses autres problématiques. Au milieu de tout cela on suit Pete, qui essaie de faire le maximum possible le bien autour de lui, mais qui parait seul, devant couvrir un territoire immense, à tenter avec des astuces et des bouts de ficelles d'offrir un minimum de décence a des familles brisées. Alcool, drogue, folie, voilà le quotidien que rencontre notre héros.


Une fois la dernière page tournée je dois bien avouer que j'ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre. Certes il faut savoir dès le départ que ce n'est pas le livre le plus joyeux qui soit, même si une petite dose d'espoir transparait toujours, mais il s'est révélé saisissant et poignant. J'ai ainsi été rapidement captivé, attiré que ce soit par notre héros, comme par les différents personnages qu'il croise et rencontre. On est plongé dans le côté rural des USA, avec quelques passages dans des grandes villes, à la découverte de ces grands espaces, de ces petites municipalités où tout le monde se connait. Une véritable grandeur, un sentiment de liberté et de fragilité se dégage des lieux qu'on découvre. Mais c'est principalement dans le portrait des personnages que le roman gagne en intensité et en intérêt. Chaque personnage que l'on découvre est une sorte de plaie ouverte, d'image d'une société en pleine souffrance, qui crée des inégalités, des tensions, des souffrances. Celui qui ressort est bien entendu Pete, qui cherche plus à faire le bien autour de lui qu'à lui-même, lui aussi d'une certaine façon marqué par la vie et qui pourtant continue à se battre. Un héros rempli de défauts et de qualités, dont on s'attache assez rapidement et facilement.


Attention ce roman n'est nullement une critique profonde et acerbe de notre société, ce n'est pas ce que chercher l'auteur, il montre juste à travers nos héros les limites des institutions et ce qui en découle, même quand elles sont bien gérées. Chaque protagoniste est ainsi un être « unique », qu'on découvre au fil des pages dans leurs secrets, leurs tourments, leurs rêves et leurs envies. Ils sont soignés, humains et surtout intéressants à découvrir dans leurs mal-êtres comme dans leurs quelques moments de joies et de bonheurs. L'auteur nous offre aussi, comme pendant, des personnages secondaires, plus « heureux », plus terre-à-terre, comme si la stabilité d'une personne, d'une famille, dépendait de peu de choses. le récit évite aussi tout manichéisme et tout effet guimauve ce qui est, je trouve, une bonne chose évitant de vous loir nous présenter un Pete trop parfait, ce qui est loin d'être le cas tant il traîne aussi des « casseroles ». Les différents portraits sont ainsi saisissant et nous font clairement réfléchir sur cette misère, cette souffrance et sur la cause. Ce qui m'a le plus marqué et touché c'est la famille Pearl cette lente plongée dans une folie, qui trouve ses origines dans cette époque, et dont je ne dirai rien sur eux pour éviter de trop en dévoiler.


Autre point intéressant ce sont les questions que soulève l'auteur au fil des pages que ce soit sur la notion de liberté, le pouvoir, l'argent, l'anarchie, la famille, l'enfance, la folie ou bien encore sur la collectivité, son utilité, son apport. Certaines de ses réflexions sont tout de même très typées américaines, mais pour la majorité elles restent d'actualité et ne laisse pas indifférent. Comme par exemple concernant notre vision des autres. La principal question soulevé vient, je trouve, de notre place dans la société. Que ce soit à l'époque du livre, comme maintenant il y a toujours cette idée, ce besoin de se sentir utile sous peine de se perdre. Autre point intéressant du roman c'est qu'il ne prend jamais parti, ne cherche jamais à nous influencer. Au final chacun y verra dedans ce qu'il a envie de voir, autant synonyme de fin que d'espoir, surtout que vu qu'il s'agit d'un roman que j'appelle « tranche de vie » il n'a pas de véritable conclusion. On s'arrête bien à un moment où beaucoup de choses se résolvent, mais la vie continue.


Après certains points m'ont tout de même légèrement dérangé dans ce récit. le premier vient que certaines longueurs se font ressentir, principalement je trouve, dans le dernier tiers du livre. Rien de bien méchant, mais je dirai qu'une cinquantaine de pages en moins le roman aurait été encore plus percutant. Ensuite, j'ai trouvé que l'auteur cherchait peut-être un peu trop une sorte de happy end sur la fin. Certes l'ensemble est teinté d'amertume, mais voilà il cherche à trop bien faire, même si ça colle parfaitement à l'idée de seconde chance. Autre point qui pourrait déranger certains, l'aspect religieux est très présent tout le long. Pas dans le sens lourd ou ennuyeux, mais dans la vie des certains et dans l'idée de rédemption. Concernant la construction du récit j'ai bien aimé l'alternance entre le combat de Pete et des passages d'interview sur la fugue de la fille du héros. Ce jeu de questions/réponses laisse ainsi planer le doute comme s'il s'agissait du narrateur qui répondait, apportant ainsi un autre éclairage. Alors sur la fin ça m'a paru légèrement répétitif et un peu longuet, mais dans l'ensemble j'ai trouvé l'idée intéressante et efficace. La plume de l'auteur s'avère fluide, saisissante dans son travail de description et captivante. Pour un premier roman (si j'ai bien compris), il m'a offert un très bon moment de lecture.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          172
Le Montana, encore et toujours... mais pas le Montana de carte postale, celui de la nature et des grands espaces. Dans ce roman, c'est l'envers du décor, les laissés pour compte, la détresse humaine et sociale. le personnage central, Pete, est en effet assistant social, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a du boulot. Il fait ce qu'il peut pour aider des gamins dans des situations terribles, sachant qu'il a lui-même aussi fort à faire avec sa propre fille, et sa famille. Il va ainsi être amené à rencontrer un père et son fils, qui vivent à la dure, en marge de la société, en pleine nature. Il va, petit à petit, développer une relation particulière avec eux, soucieux de venir également en aide au reste de leur famille, qu'il ne voit jamais...

"Yaak valley, Montana" est un roman très fort, émouvant, plein d'humanité et d'empathie. Un roman marquant, dans lequel plusieurs histoires s'entremêlent, mais toutes avec Pete comme dénominateur commun. Un homme investi dans sa tâche, dans sa volonté d'aider les autres, comme pour racheter ses fautes, et notamment son incapacité à avoir su élever sa propre fille. Un roman qui, je le pense, est susceptible de vous hanter longtemps après l'avoir achevé...
Commenter  J’apprécie          150
Nous sommes dans les années 80, au coeur du Montana, dans un coin isolé entouré de vallées verdoyantes, d'épaisses forêts et de grands lacs au milieu des montagnes. Un village perdu et reculé, tout comme ses habitants, parfois livrés à eux-mêmes, leurs problèmes, leurs violences…Un endroit nature et sauvage…

C'est ici que travaille Pete. Il est assistant social et est donc au coeur de cet isolement et de ces tensions sociales. A sa manière, il tente de régler les problèmes, de faire au mieux auprès des enfants, des jeunes. Il gère les placements en familles d'accueils, de faire en sorte que certaines familles aient toujours de quoi manger, d'essayer de toutes les façons possibles d'éviter les centres de détentions pour mineurs. Un travail fastidieux, fatiguant et parfois déroutant face au manque de moyens. Et par-dessus tout, Pete a lui-même des problèmes à régler : son ménage explose, sa fille fugue, son frère est en cavale et la police lui demande des comptes. Sa vie va changer quand il rencontre Ben un jeune garçon solitaire et son père qui scande les textes de l'Apocalypse et qui vit en pleine nature dans le froid de l'hiver.

C'est un premier roman très réussi. L'auteur parle très bien des démarches sociales. Il sait parler des gens qui ont déviés, cassés par les évènements de la vie… Il met en valeur une nature préservée et reculée qui prend vie dans ce roman autant que les personnages. On se rend compte que Pete se bat contre un système épuisant et que des solutions il n'y en a pas toujours sauf celles qu'il va parvenir à inventer… Comme il tente d'aider les autres, les défavorisés, ce sont ces derniers qui vont peut-être parvenir à l'aider lui, un juste retour des choses pour rester debout et affronter lui aussi son lot de problèmes. Et l'auteur sait décrire la misère et la sauvagerie avec justesse et réalisme.
Commenter  J’apprécie          140



Autres livres de Smith Henderson (1) Voir plus

Lecteurs (511) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}