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Avant toute chose je remercie chaleureusement Babélio et les éditions Belfond pour cet envoi.
Ce roman est immense dans tous les sens du terme. C'est un pavé de près de 600 pages et dedans tout y est grand : les paysages du Montana sont grandioses, le territoire couvert par Pete Snow, l'assistant social, est d'une très grande superficie, la violence, la misère et le désespoir y sont poussés à leur paroxysme, mais surtout, l'humanité qui se dégage de ces pages est vertigineuse.
J'ai eu un gros coup de coeur pour l'écriture poétique de ce premier roman, mais aussi pour les personnages qui sont très en dehors des limites habituelles.
Nous suivons le quotidien de Pete, dans le Montana, au tout début des années 80. Il s'occupe plus particulièrement de Cecil, un adolescent de 15 ans, de Katie, une fillette en manque de soin, et de Benjamin, un jeune garçon vivant dans la forêt avec son père, un survivaliste.
Avec lui, nous découvrons des hommes et des femmes en marge de la société, vivants ou plutôt survivants tant bien que mal, sans travail, sans argent, n'ayant souvent plus la force de lutter contre quoi que ce soit, se contentant d'écumer des bouteilles, de se défoncer ou de tirer sur leur voisins, oubliant de s'occuper de leurs enfants, lesquels sont les grands perdants de ce jeu sans vainqueur.
Pete lui-même est un homme qui frôle dangereusement le fil d'une vie précaire car sa femme l'a quitté, emmenant avec elle leur fille, une adolescente de 14 ans complètement perdue.

L'optimisme n'est assurément pas le fond de commerce de cet auteur, ici, les maisons tiennent à peine debout, les assiettes sont continuellement vides, les corps sont sales, malodorants, les gens y sont en permanence saouls, drogués, malades ou violents, les paysages de montagne sont sublimes mais cachent des abris de fortune dérisoires, les gens sont avides d'alcool, d'amour ou de compagnie, mais ne savent pas accepter simplement ce qu'on leur donne, ils en réclament désespérément toujours plus ou au contraire refusent carrément l'aide que Pete leur apporte.
On se ressort pas indemne d'une telle lecture, ça vous déverrouille le coeur, ça vous ravage l'estomac, ça vous met la chair à vif, ça vous plombe le moral mais la force et la beauté qui émanent de ces pages résident dans le sentiment que nous avons tous une part de Pete, de Cecil, de Benjamin et de Katie en nous.
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Le Montana, la vallée de Yaak, je m'y suis précipitée y ayant tant apprécié les immersions qu'offre Rick Bass.
Mais, la comparaison s'arrête au décor et l'engouement va faiblir au fil des pages .

Pourtant, ça démarre assez bien .
Retour aux années 80 et on va suivre Peter, l' assistant social , dans son travail d'abord puis dans sa vie personnelle.
A ce stade du roman, il y a du rythme et du mouvement . L'auteur a le souci de présenter le cadre et les personnages d'une façon hyperréaliste peut-on dire .
On pénètre dans un monde de misère sociale de l'Amérique profonde fait de délires et de désespoir ,de déviances et de violence et rien n'est épargné au lecteur.
Un sujet que manifestement l'auteur semble maîtriser car il expose avec justesse une étude fouillée des pathologies mentales et des troubles de la personnalité liés à la misère ; il livre un portrait sans fard, rude et cru d'un monde marginal , devenu des "cas sociaux ".

Puis, peu à peu , c'est la personnalité de Peter qui se révèle : d'abord en filigrane puis en gros plan :Peter et sa famille vont se fondre dans la décadence de ce monde en péril.
Intéressant donc , et j'ai cherché le message .
Sans doute , l'auteur a-t-il voulu exprimer un sentiment de découragement et mettre en lumière la décadence d'une société de consommation en montrant les plus faibles ou les plus malchanceux sur le bord de la route à qui , au mieux , on ne propose que des aides bancales ou illusoires .

Mais voilà ...au fil des pages de ce pavé , l'intérêt faiblit, l'ennui me guette , la forme me dérange .
Je flaire la volonté d'innover : le récit est ponctué de sortes de parenthèses , des chapitres rédigés comme des interrogatoires qui mettent en scène la vie de la fille de Peter ,une ado rebelle, en détresse elle aussi .
Un effet de style qui ne m'a pas convaincue . Pas vraiment plaisant à lire .Bizarre.
Et puis , surtout , je me lasse du remplissage .
Car remplissage il y a ! Des longueurs ,des situations qui tournent en boucle , des répétitions et des dialogues stériles . Et le tout est servi par un style ordinaire quand il n'est pas médiocre . Ou alors faut-il évoquer la qualité de la traduction ?
Ce roman pour moi a manqué de souffle et il est bien trop long et je ne sais que penser de certaines descriptions : j'ai parfois eu une impression malsaine de voyeurisme.
Et quand-même un mot sur la quatrième de couverture : cet auteur serait " l'héritier des grandes oeuvres de nature-writing " ? Pauvre Jim Harrison ...
Pour l'instant, il ne ressemble qu'à lui-même .

Une lecture que je n'étais pas fâchée de terminer mais un peu dépitée car déçue par un livre qui a plu à bon nombre .Alors, pour finir sur une note d'optimisme, j'ai envie de croire qu' il est toujours permis d'espérer , c'est un premier roman , voyons la suite !
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Bienvenue à Tenmile, ville fantôme, ancien campement de mineurs dont il ne reste pas grand-chose après que le cuivre ait été exploitée jusqu'au dernier gramme.
Quelques spécimens humains aussi borderline que malheureux sont encore accrochés à ce coin de terre. Cecil, un adolescent violent dont l'enfance fut saccagée par les dérives de sa mère droguée et hystérique, ainsi que Pearl, un chrétien illuminé qui embarque son fils dans ses délires d'Apocalypse.
Pete, assistant social fait de son mieux pour les aider, malgré sa vie personnelle bien compliquée entre une ex-épouse alcoolique, une fille mineure qui vient de fuguer et un frère recherché par la police.
Ce premier roman est une grande réussite. J'ai trouvé l'écriture de Smith Henderson parfaitement réaliste et imagée pour donner vie à ses héros hors norme, cabossés par la vie mais aussi mettre en valeur une nature magnifique et sauvage qui fait partie intégrante de l'histoire.
Avec ce roman violent parfois, humain toujours, Smith Henderson fait, à mon sens, désormais partie des grands noms de la littérature américaine.
Je remercie vivement Babelio et les Editions Belfond de m'avoir permis cette lecture en avant première.

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Ca a le goût d'un roman policier, mais aussi d'un western. Pourtant, Pete Snow n'est ni flic ni cowboy, il est assistant social. Fraîchement séparé de sa femme alcoolique et infidèle, lui-même plutôt porté sur l'alcool, cheveux blonds filasse, vieilles fringues déchirées, un frère recherché par la police, un vieil enfoiré de père et une fille ado qui s'enfuit de chez elle, notre héros a tout lui-même pour être dans les dossiers des services sociaux... est-ce pour cette raison qu'il comprend si bien les paumés, les marginaux, les bras cassés?
On devine aisément qu'il a long passif des cas sociaux derrière lui, et encore cette famille composée d'une mère droguée qui se bat avec son ado, pas très net sur les bords. Souvent, la petite Katie se cache dans le placard quand les bagarres éclatent, et seul Pete peut l'en déloger. Il fait bientôt la rencontre de Benjamin, un jeune garçon presque sauvage, qui n'a jamais mis les pieds dans une école, ni regardé la télé, lu de livres et qui vit avec son père dans un trou dans la forêt. Il a une mère, des frères et soeurs, mais qui ont disparu. le père, Jeremiah Pearl, est plus ou moins suivi par la police judiciaire pour une affaire de fausses pièces, mais aussi parce qu'il est peut-être complice de crimes plus graves.
Bientôt, Pete navigue entre le père, fondamentaliste chrétien aux airs dangereux et son fils, et les états de l'ouest à la recherche de sa fille Rachel, qui s'est barrée de chez sa mère.
Dans ce premier roman au style recherché, deux vies se font écho, celle de Pete et celle de sa fille, interlocutrice d'un enquêteur imaginaire qui lui pose questions sur questions sur sa vie. Smith Henderson reprend tout-à-tour le genre du roman policier et un style plus poétique et original, ce qui en rend la lecture plus riche. On s'attache vite à tous ces personnages brisés par la vie qui vivent dans un Montana pauvre culturellement, celui sous Reagan. On plonge dans l'Amérique des bas-fonds, du presque rien, de la misère morale et sociale. On assiste à la lente descente aux enfers de Rachel, 14 ans, qui fugue de mecs en mecs et finit par se prostituer; à celle de Benjamin, victime de la folie de ses parents. Morceaux de vie dans celle de Pete qui essaie tant bien que mal à recoller les morceaux alors que sa propre vie n'est qu'un tas de miettes.
C'est un roman aussi prenant que déprimant, dense mais qui ne se lâche pas. Merci à Babelio et à Belfond pour cette lecture.
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Bienvenue à Tenmile dans le Montana, paysages grandioses de montagnes, de forêts. Il y fait froid et beaucoup de gens viennent ici pour fuir quelque chose.



C'est ce qui s'est passé pour Pete. Il a fui sa femme infidèle et sa fille adolescente. Entre assistant social et éducateur spécialisé son job est de mettre à l'abri des gamins maltraités ou délaissés. Il y a Cecil, sa petite soeur Katie, enfants d'une droguée perverse, puis Ben qui vit avec son père dans la montagne dans des conditions déplorables. Pete est plus ou moins alcoolique, son frère est un délinquant en fuite, son père un homme froid et distant.



La vie est tenable jusqu'au jour où sa propre fille fugue, ne supportant plus l'alcoolisme et la sexualité débordante de sa mère. Rachel qui préfère changer son prénom en Rose estime qu'elle ne peut pas faire confiance non plus à son père. La descente aux enfers est inexorable pour la gamine et pour son père. Ce père qui continue pourtant son boulot entre deux voyages pour retrouver sa fille.



Ce n'est pas un roman gai, Tenmile n'est pas une ville où on rêve d'habiter, même les maisons sont abîmées et n'offrent aucune sécurité pour leurs habitants à la limite de la clochardisation. Mais dans cette histoire il y a quelque chose qui nous tient en haleine. Ce quelque chose c'est l'espoir.



Merci aux Éditions Belfond et à Babelio
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Dans le Montana, Pete, assistant social, tente d'apporter son aide aux familles marginales, de veiller à ce que leurs enfants ne soient pas maltraités et parfois, à leur trouver un refuge, une famille d'accueil ou une solution provisoire en attendant de faire mieux.

Il s'investit corps et âme, au point d'en oublier sa propre famille, comme s'il voulait noyer sa détresse en plongeant dans celle des autres. J'ai aimé ses moments partagés avec les Pearl, quand finalement, on ne voit plus la différence entre Pete, l'assistant social, et Jeremiah, l'homme qui se cache dans les bois avec son fils Ben.

Un roman sombre, avec pour cadre des paysages magnifiques. Des personnages dégoulinants de défauts, mais empreints d'humanité. Une violence qui, au bout d'un moment, ne choque même plus, car elle semble si affreusement banale. Un récit bien ficelé, à l'écriture fluide, avec des instants poétiques, qui vous entraîne dans son tourbillon de noirceur.

Je remercie la masse critique de Babelio et les Éditions Belfond pour cette lecture captivante.
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Misère sociale, marginaux sans avenir, êtres à la dérive : telle est l'Amérique à l'arrivée au pouvoir de Reagan, bien loin des clichés, dans ce fonds de Montana en dehors du monde où les échos du triomphe libéral à venir ne parviennent que faiblement aux oreilles d'une population désenchantée.

La société est déjà déglinguée, mais l'Etat fonctionne encore à travers Pete, assistant social en équilibre précaire sur la pente dangereuse de sa propre existence qui part à vau-l'eau, et qui sillonne les terres puissantes et hostiles de la Yaak Valley à la recherche de gamins à extirper des dangers auxquels les exposent leurs propres familles : pauvreté, alcool, drogue, inceste, le pire est toujours possible.
C'est ainsi qu'il croise la route du petit Benjamin, un gosse des bois frêle et sauvage inféodé à son survivaliste paranoïaque de père qui se terre dans les montagnes et refuse de se laisser approcher. Pete entame alors une double quête : celle de sa fille adolescente fugueuse, et celle de ce couple père-fils en rupture avec le monde, la dérive de l'un n'ayant rien à envier à celle des autres…

Je suis soulagée d'être arrivée au terme de ce puissant roman tant il est plombant, mais en même temps déjà en manque de l'humanité la plus authentique qui s'en dégage, de son envoutante atmosphère dans laquelle résonne l'ombre des grands C.McCarthy, Steinbeck, Kesey, Lehane…

Très belle découverte qui démontre une fois de plus la vitalité de la littérature américaine et sa capacité à se renouveler sans cesse.
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Merci tout d'abord à Babelio et aux éditions Belfond pour l' envoi de ce roman.

Montana et histoire sociale et psychologiquement forte: j'étais au départ très enthousiaste...Mais mon avis est mitigé, finalement.

Deux choses ont refroidi mon intérêt: tout d'abord, le personnage de Pete ne m'a pas emballée, je l'ai trouvé peu sympathique, pourtant son métier d'assistant social le prédisposait à créer une empathie chez le lecteur; cela n'a pas été le cas pour moi car son alcoolisme et son défaitisme m'ont agacée.

D'autre part, le livre m'a paru très long, notamment les dialogues sans grand intérêt.Même si la rencontre et l'évolution des relations entre Pete et Jeremiah, le fondamentaliste plutôt halluciné, est prenante, beaucoup de détails se révèlent peu passionnants.

Cependant, j'ai apprécié cette radiographie saisissante des gens vivant en marge de la société américaine, ces laisser- pour- compte désabusés et à la dérive.

J'ai été plus intéressée , finalement, par la présentation en parallèle, , sous forme d'interview, du parcours désespéré et hallucinant de Rose, alias Rachel, la fille de Pete, disparue et que son père recherche avec acharnement.Quel horreur, cette fugue et ces errances, entre drogue et prostitution...

J'ai aimé aussi le personnage de Benjamin, le fils de Jérémiah, le seul survivant parmi les enfants,son attachement à Pete est fort touchant et son histoire est terrible.

En tout cas, l'auteur a de la force dans l'écriture et le propos, et cela est très prometteur pour un premier roman.A suivre...

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Une très bonne surprise pour moi ce livre. Il est très bien construit et très bien rédigé, malgré deux fautes dans la traduction. Une histoire originale sans faux semblant, ça fit du bien malgré la dureté des histoires des personnages du roman.

Smith Henderson est allé loin dans le sordide mais sans voyeurisme, ce qui donne une force réelle aux personnages et à l'histoire. Des personnages durs dans un environnement et un climat qui sont également rudes.

La difficulté d'être parent ressort énormément sans jugement mais sous un regard acéré. le lecteur comprend de fait la réaction de tous les personnages car le but de l'auteur n'est pas de choquer le lecteur mais de lui montrer une image parfois peu reluisant à des instants de vies terribles auxquels sont confrontés certaines personnes et par conséquent aux premières loges les enfants.

Un premier roman qui est de la littérature et non pas un simple livre écrit par fantaisie.
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Ah, le Montana ! Les adeptes du Nature Writing citeront les auteurs qui s'y sont installés pour écrire comme Jim Harrison, Jim Fergus ou Rick Bass, les adeptes de la randonnée évoqueront le parc national de Glacier ou de Yellowstone (ben oui, il y en a un petit bout dans le Montana, je n'y croyais pas et viens de vérifier). On évoquera les vastes étendues de nature sauvage, les ranches immenses, les troupeaux de bisons dans des paysages époustouflants.

Mais Smith Henderson nous invite à observer le revers de la médaille car sous le vernis de la carte postale se cache une autre réalité car dans le Montana, on trouve aussi ceux qui sont venus pour fuir quelque chose et qui « traînent des casseroles en plus de leurs valises » : des marginaux, des familles dysfonctionnelles, toxicomanes et autres survivalistes.

Et au milieu de cette étrange faune, Pete Snow, assistant social ou éducateur dans ce que l'on pourrait appeler l'aide sociale à l'enfance locale et qui se démène pour sauver autant que possible ces jeunes en proie à de nombreux dangers comme les violences familiales, la drogue, la prostitution, les viols. le paradoxe est que Pete fait retirer des enfants à des parents comme lui parce que Pete ne va pas bien non plus, sa femme est partie, sa fille est en fugue, son frère est recherché par la police et son boulot lui laisse un sentiment d'inachevé car il faut être là pour Cecil, Benjamin ou Katie alors que tout va mal dans leur environnement tout en essayant de retrouver sa fille Rachel. C'est comme s'il voulait vider la mer à la petite cuillère.

Un grand roman, une fresque sociale bien sombre sur fond de nature grandiose. Une oeuvre pleine d'humanité qui m'a fait penser quelquefois aux univers d'Olivier Adam ou de Nicolas Mathieu où l'instinct de survie côtoie le besoin d'amour et la quête de sens.

Challenge Multi-Défis 2024.
Challenge Pavés 2024.



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