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EAN : 978B0046GNIGC
LIBRAIRIE DES CHAMP ELYSEES (30/11/-1)
4.25/5   2 notes
Résumé :
231 pages.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il y a les livres que l'on emmènerait sur une île déserte.
Et il y a ce livre, que l'on serrerait précieusement au fond d'une poche de sa vareuse, pour passer le Cap Horn.
Ce livre est un livre de souvenirs.
Ces souvenirs, Henry-Jacques les avait conservé comme barque en bouteille.
Et il a voulu les enfermer dans un livre pour ceux qui n'ont pas connu le temps de la voile, pour fixer quelques traits d'une époque aujourd'hui disparue et glorifier une race d'hommes qui a depuis longtemps serré tout ce qui lui restait de toile.
A l'âge où d'autres sont encore au collège, le jeune nantais Henri Edmond Jacques embarque sur le trois-mâts "Eugénie-Fautrel" en chargement d'une cargaison de ciment à Hambourg vers Seattle.
Il va enfin connaître le pays des grains, des froids, des naufrages et des calmes mortels.
Il va doubler le Cap Horn ...
Ce livre, paru en 1935, est, dans sa forme, un savant mélange de prose et de poésie.
Chaque chapitre est entrecoupé d'un chant, celui des hommes de la mer, de la vieille chanson pour Nantes, de la chanson du cap-hornier, de celle de Jean Matelot, de la chanson du cacatois, de celle de la mort de Grand François et de quelques autres.
Le récit est prenant.
Il est tour à tour épique, nostalgique, attachant et incroyable.
Il s'attache aux détails de la vie courante sans jamais être ennuyeux.
A la mort de Grand François, il sait se faire émouvant sans être larmoyant.
Le style, élégant et efficace, est enlevé.
L'ouvrage s'ouvre sur une rapide page d'Histoire pour se refermer, à Nantes, dans un bar du quai de la Fosse où se sont réfugiés les capitaines sans navires, les anciens de la voile, les bourlingueurs, les cap-horniers ayant pour toujours mis sac à terre.
Parti du Cap Horn, le livre revient au Cap Horn.
"Cap Horn" n'est pas un livre de plus sur le sujet.
Il est celui devant lequel le souvenir de tous les autres s'efface.
Est-ce dû à l'humanité qui transpire de chacune de ses phrases ?
Est-ce dû à la beauté de ses chants ?
Quoi qu'il en soit le livre est étonnamment moderne.
Henry-Jacque nous offre même en postface :
- une "playlist", sorte de petit inventaire de disques d'atmosphère pour accompagner la lecture du livre, dont la plus grande partie est éditée par "Gramophone et his master's voice"...
- ainsi qu'une très utile et très inattendue liste de livres consultés ou à consulter sur le le sujet ...
Aujourd'hui la flotte des navires est allée, presqu'au complet, rejoindre l'escadre des vaisseaux-fantômes.
Et ce livre, précieux, est un magnifique et indispensable témoignage de cette dure époque à laquelle s'attache pourtant un certain romantisme ...



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Voici un bon livre de mer et de marins, ou l'aventure est simple puisqu'elle consiste en l'apprentissage du métier de pilotin pour le jeune Henry Jacques, à l'occasion de son premier trajet sur un navire de commerce à voile entre Hambourg et le Chili (au alentours de 1903).
Le franchissement du mythique cap Horn est l'aboutissement de la narration, avec moultes péripéties et drames qui tiennent le lecteur en haleine.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le Grand François, cette nuit, va périr.
C’est tout à l’heure, en bordant la misaine,
Qu’une poulie arrachée à la peine
A trouvé sur son front l’endroit qui fait mourir.
On a pansé sa pauvre chair meurtrie
En lui disant : « T’en reviendra, mon fi ! »
On a séché les gouttes de sueur
Qui; sur son front, semblaient pleurer douleur.
Le capitaine, un vieux frère la côte,
Est venu voir, en ayant vu bien d’autres.
Mais devant l’homme, et fronçant les sourcils,
Il a grogné : « Il est foutu, not’ fils ! »
On ne peut rien quand la mort est à l’œuvre.
Et maintenant, la bordée en manœuvre!

Matelot, marche ou crève, il faut faire de l’Ouest !

Le Grand François est bien seul pour mourir.
Les compagnons, là-haut, sont à l’ouvrage,
La mer aux poings et le vent au visage.
Vingt hommes face au Cap ne peuvent point mollir.
Le Grand François dans sa tête blessée
Songe a son coffre, aux hardes entassées,
A ses copains qui sûrement ont deuil.
Comme ils sont loin, et lui, comme il est seul !
Lequel viendra, le temps d’une accalmie,
Le dorloter d’une parole amie ?
Mais sur le pont s’écrasent grains sur grains.
Il n’est là-haut que courages marins.
La mer, hostile aux faiblards, aux malades,
Pour la servir veut tous les camarades.

Matelot, marche ou crève, il faut faire de l’Ouest !

Le Grand François est mort au jour levant.
Le sang mettait larmes a ses paupières.
Nul n’a pleuré devant tant de misère,
Mais pour les hommes forts a sangloté le vent.
Dans un morceau de toile toute neuve
On l’a cousu en songeant a sa veuve.
Pour qu’il descende au fond des eaux, d’aplomb,
On l’a chaussé de ferraille et de plomb.
La mer roulait comme un ventre de joie.
Les albatros criaient après leur proie,
Et le soleil du Cap, jaune et mal cuit,
Trempait le corps de ses rayons pourris.
Mais sans faiblir, sur la route incertaine.
On s’en allait, le nez dessus sa peine…

Matelot, marche ou crève, il faut faire de l’Ouest !

On a jeté Grand François à la mer.
Adieu, garçon! Le pavillon en berne
De ses couleurs essuyait le ciel morne.
Le grand vent se signait sur nos fronts découverts.
Adieu, garçon ! Ton vrai repos commence.
Les jours pour toi seront toujours dimanche.
Ton corps lassé, vers la paix des grands fonds,
Descend tout droit sur ses ailes de plomb.
Virant de bord, nous reprenons la course
Pour remonter au ciel de la Grande Ourse.
Déjà la tâche est remise à nos poings.
Adieu, garçon ! La route n’attend point !
Notre douleur, dans l’effort, dans les veilles,
N’a pas le temps de devenir bien vieille…

Matelot, marche ou crève, il faut faire de l’Ouest !

("Mort de Grand François" - chant dédié à Yvangot, capitaine au long cours -)
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Au premier voyage était moussaillon,
Ho hisse, allons !
Fit l'tour du monde et tant et plus.
Dit au Cap Horn en crachant d'ssus :
J't'ai eu !
J't'aurai encore comme j't'ai eu !

Au deuxième voyage était novice,
Ho hé, ho hisse !
Fit l'tour du monde et tant et plus.
Dit au Cap Horn en crachant d'ssus :
J't'ai eu !
J't'aurai encore comme j't'ai eu !

Au troisième voyage était matelot,
Hé hisse, hé hô !
Fit l'tour du monde et tant et plus.
Dit au Cap Horn en crachant d'ssus :
J't'ai eu !
J't'aurai encore comme j't'ai eu !

L'quatrième voyage était capitaine,
Piquez la baleine !
Fit l'tour du monde et tant et plus.
Dit au Cap Horn en crachant d'ssus :
J't'ai eu !
J't'aurai encore comme j't'ai eu !

Du cinquièm' voyage n'est point revenu,
Good-bye, foutu !
Fit l'tour du monde mais n'en r'vint plus.
Et le Cap Horn en crachant d'ssus,
Lui dit : j't'ai eu !
J't'ai eu, mon gars, mieux qu' tu m'as eu !

(chanson de cap-hornier - à la mémoire d'Henri Poirier mort au Cap Horn)
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Je suis la fille des voiliers,
La déesse aux bras dépliés
Faits pour étreindre l'aventure.
La mer a mis sur mes seins nus
Tant de longs baisers inconnus
Que j'ai le goût de la saumure.

Haul away Ho, garçons !
L'horizon est à nous, allons !
Si la mort de vos coeurs se joue
Je vous mènerai plus avant,
Toute nue et la gueule au vent,
Moi, la figure de proue.

Qu'il est beau mon trois-mâts carré
Fouillant de son mâle beaupré
L'espace ouvert comme une femme.
Et la mer comme ivre d'amour
Vient me posséder à son tour
De la caresse de ses lames.

Haul away Ho, garçons !
L'horizon est à nous, allons !

Quand sous un ciel incandescent
Le matelot porte en son sang
Le regret des filles lointaines
Il va le long du bout-dehors
Et son regard couvre mon corps
D'une chaude caresse humaine.

Haul away Ho, garçons !
L'horizon est à nous, allons !

Si quelque nuit, rompu d'un grain,
Notre voilier sombre, ô marin,
Il ne faut pas que ton coeur tremble.
Ma chair suivra toujours ta chair
Et dans le lit houleux des mers
Nous irons coucher tous ensemble.

Haul away Ho, garçons !
L'horizon est à nous, allons !
Si la mort de ton coeur se joue
Je te suivrai, mort ou vivant,
Toute nue et gueule en avant,
Moi, la figure de proue.

("Chant de la figure de proue" - pour Marin Marie et Guy Arnoux, peintres de la mer)


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Nantes, qui porte une nef dans ses armes, est restée une ville de navires, d'armateurs et de matelots. Elle élève beaucoup d'enfants nés avec un goût de sel sur la langue et qui, s'ils ne seront pas tous marins, auront toujours l'amour du large et de la grande sauteuse. Ils n'ont qu'à regarder la belle Loire qui s'incline vers la mer, et tous les navires qu'elle reçoit. (chap. 1)
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