Chère Fubuki Katana

Emi s'interroge sur les raisons qui ont fait abandonner le lycée à Hana :
Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ? Est-ce qu'elle aussi avait été harcelée ?
Non. Bien que l'on puisse être harcelé pour à peu près tout et n'importe quoi - un smartphone un peu vieillot, un parent au chômage, quelques poils ou de l'acné -, il y avait quelque chose en elle qui, assurement, la rangeait dans la catégorie de ceux qui inspirent le respect.
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Réponse du professeur d'arts plastiques à une élève demandant des critères d'évaluation pour un travail qu'elle vient de leur donner :
"Quand cesserez-vous de tout ramener à la note ? Regardez plus loin ! Mon but est de vous ouvrir à la beauté du monde. D'éveiller votre sensibilité, d'avancer sur le chemin de votre connaissance personnelle. Vous êtes libres. Le sujet est volontairement vaste. À vous d'y mettre ce que vous voulez, en fonction de ce que vous avez en vous."
Le brouhaha reprit. La liberté était déroutante. On réclamait un cadre, une direction.
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Quelles que soient les influences, on est toujours libre de penser différemment. Mais où puisait-on la force de le faire ? Qu’est-ce qui faisait qu’on en était capable, ou non ?

Ce n'était pas sa faute à elle. Elle n'avait rien fait de mal. C'étaient les autres, qui n'avaient rien compris. C'étaient les autres qui restaient dans la glu de leurs préjugés.

Tout compte fait, il était certainement préférable qu'elle reste seule. La solitude était une armure rassurante. On n'avait pas à faire d'efforts quand on n'était qu'avec soi. On n'avait pas à s'exposer au regard de l'autre et à prendre le risque qu'il modifie celui qu'on portait sur soi. (p. 59)

Elle-même se trouvait plutôt chanceuse. Ses parents n étaient pas anti système, loin de là, mais ils avaient tout de même refusé d enterrer l adolescence de leur fille sous un agenda en parpaing. La plupart des élèves de son lycée ne rentraient chez eux qu à 22 ou 23 heures, et arboraient des têtes de déterrés qu'ils n avaient même pas le droit de maquiller. Pour quoi, au final ? Risquer de décevoir leurs parents en échouant à embrasser la carrière qu'ils avaient choisie pour leur enfant ? Comme dans Love Hina. Le héros était mis à la porte de la maison pour avoir raté deux fois le concours d entrée à l université. P.57

Pourquoi n’arrivait-elle pas à être plus forte alors qu’elle le voulait tellement, alors qu’elle s’en sentait capable en dedans ? Comment faire pour devenir plus résistante, ressembler à ces héros dont les aventures cajolaient ses pensées ? Nana Osaki ne se serait pas laissé faire.

Le cœur d’Emi se serra. Il y avait des regrets dans le regard d’Hana. Et la résignation de ceux qui ont compris que leurs rêves seraient difficiles à atteindre.

Comme une automate, elle commença à remonter le sentier derrière cette inconnue qui avait le visage d'une amie qui n'existait pas. (p.269)

Quelle était l'attitude de ses parents par rapport aux "Burakumin" ?
Elle réalisa qu'elle ne savait pas vraiment. Jusqu'à présent, elle avait eu assez à faire avec elle-même pour ne pas s'interroger sur les autres.
Elle ne se rappelait pas en avoir jamais parlé avec eux. Pourtant, les préjugés qu'elle avait nourris en découvrant les origines de Kiko venaient bien de quelque part. Elle voulait savoir. Qu'est-ce qui les avait alimentés, d'où est-ce qu'ils venaient ? Qui lui avait appris que les "Burakumin" étaient associés à la souillure dans le culte shinto ? Est-ce qu'elle avait entendu ses parents, étant petite, lire des articles et les commenter à demi-voix ? Arboraient-ils des mines dégoûtées lorsqu'ils passaient près du corner "Burakumin", au cimetière ? Comment ce genre de croyances se répandaient-elles et comment finissaient-elles par se muer en certitudes ? (p.188-189)