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sur 57 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une petite fille qui marche sur une route de campagne, en plein soleil, un masque à gaz sur la tête, qu'elle s'empêche de retirer pour obéir aux injonctions des adultes et dans l'espoir de conjurer le danger. Des femmes pensionnaires d'un hôpital faisant la queue sous la pluie pour être emmenées par camion vers une destination inconnue. Un couple d'amoureux qui regarde les toits de Berlin, comparant la succession des cheminées à des notes de musique posées sur une partition et formant une petite mélodie secrète, le « Concerto pour cheminées ». Des soldats épuisés s'abritant de la neige et du froid dans un entrepôt de dynamite. Un petit bonhomme taillé dans une allumette apparu par miracle sur un rebord de fenêtre, dans un contexte totalement impossible et inexplicable… A moins que… Sauf si…

Telles sont quelques-unes des images fortes qui vous resteront en tête à la lecture de ce livre éblouissant et profondément humain, d'une maîtrise incroyable pour un premier roman.

Nous sommes en juillet 1940, les autorités britanniques craignent le débarquement des troupes allemandes, ou du moins une possible infiltration d'espions à la solde des nazis visant à préparer cet hypothétique débarquement. Des régions entières du littoral ont donc été évacuées et vidées de leurs habitants. Dans ce no man's land improbable, la petite Lydia, 11 ans, regagne la maison de ses parents où elle espère retrouver les membres de sa famille. Malheureusement, elle n'y trouve qu'Heiden, un soldat allemand en uniforme britannique qui semble se cacher et attendre de passer à l'action pour accomplir un mystérieux dessein. Commence alors un huis-clos étouffant, où les deux personnages que tout oppose vont jouer au chat et à la souris, s'attirer et s'éviter à plusieurs reprises, chercher à s'apprivoiser pour finalement comprendre qu'ils ont besoin l'un de l'autre s'ils veulent réussir leurs projets respectifs.

Lydia cherchait la protection de sa famille… va-t-elle trouver en Heiden un père de substitution, un grand frère, un camarade de jeu ? Quel lien unit Heiden à son véritable père ? de son côté, Heiden peut-il faire une croix sur son passé ? Parviendra-t-il à refaire sa vie sous une nouvelle identité ? le costume qu'il veut endosser n'est-il pas trop large pour lui ? A-t-il tué ou sauvé des vies ? Peut-il se racheter de ses crimes ? Dans quel camp est-il et peut-il seulement changer de camp ? Sa stratégie de rédemption n'est-elle pas une solution un peu trop facile ? Quel en sera le prix à payer ?

La narration de Jason Hewitt semble décousue mais obéit en réalité à une construction très élaborée. Les éléments du récit surgissent comme autant de souvenirs, naissant d'associations d'idées ou apparaissant spontanément dans la pensée des protagonistes comme des pièces de puzzle tirées d'une boîte. le récit oscille en permanence entre le présent et des bribes désordonnées du passé qui se reconstruit peu à peu. C'est au lecteur que revient le lent travail de reconstitution de ce puzzle mnémonique, qui progressivement fait apparaitre des liens logiques, des explications inattendues éclairant comme par magie les comportements parfois énigmatiques des deux personnages. L'histoire trouve ses racines dans le temps et dans l'espace : la montée inéluctable de l'idéologie nazie qu'aucun Allemand sensé n'est parvenu à arrêter, le patriotisme comme une revanche sur le Traité de Versailles, la réalité de la brutalité de la guerre et la perte des repères. Après l'aveuglement vient la désillusion. Heiden, le musicien berlinois romantique, deviendra suite à une perte irréparable un soldat désabusé et sans état d'âme. La musique s'est arrêtée dans le silence des bombes. Son avenir et son salut se joueront en Norvège, dans une réserve de munitions où il trouvera refuge (la « dynamite room » du titre anglais).

La fin du roman est digne d'un scénario à la Hitchcock. Si vous avez aimé le huis-clos angoissant vous adorerez le road movie débridé. Tout s'accélère en effet pour un dénouement époustouflant qui prend le lecteur aux tripes et au dépourvu. Jason Hewitt, grand spécialiste de la nature humaine malgré son air tout à fait juvénile, a plus d'un tour dans son sac. Comme il l'annonce lui-même lors de la rencontre organisée par Babelio, tout était écrit à l'avance et bien évidemment, avec des personnages attirant à ce point le drame, il ne pouvait pas franchement terminer son roman par un happy end… Mais, dans un petit coin de l'esprit du lecteur, il laisse néanmoins une porte ouverte. Une porte ouverte sur un épilogue non écrit, permettant de s'agripper à un mince espoir. Que je tairai ici, bien entendu. Jason Hewitt est libraire et comédien. Alors, saluons la performance, bravo l'artiste ! le silence des bombes est son premier roman, bourré de talent et de dynamite, les ventes ne peuvent qu'exploser.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Préludes pour la découverte de cette pépite littéraire. Une nouvelle fois le label Préludes tient ses promesses !
Ce roman est l'improbable rencontre dans un village très reculé, situé au fin fond du Suffolk durant la seconde guerre mondiale, entre un soldat allemand, Heiden, et une petite fille anglaise de onze ans ans, Lydia. Et pourtant, Jason Hewitt va faire en sorte que cette rencontre se réalise. Alors que Lydia rejoint la maison familiale seule. Elle tente de retrouver ses marques dans ce lieu familier devenu paradoxalement étrange et hostile. Elle se remémore les souvenirs, les moments heureux passés avec les siens, ces êtres aimés qui faisaient vivre cette maisonnée et constituaient son monde à elle. Un monde familier où rien ne semblait pouvoir lui arriver. Une nuit alors qu'elle s'est retranchée dans le grenier en espérant y trouver le réconfort et une sensation d'apparente sécurité, elle entend des pas qui résonnent à quelques mètres plus bas. Puis les pas se rapprochent d'elle. Elle prend conscience qu'une personne tente de soulever la trappe du grenier. Après quelques instants angoissants, elle prend son courage à deux mains et décide de descendre visiter la maison et surtout d'essayer d'identifier quelle est cette personne : un concitoyen désemparé ? Son père ayant retrouvé le chemin de la maison ? Ou pire un soldat allemand venu envahir le Royaume-Unis et par la même occasion la tuer ?
En effet, Lydia par manque de vigilance tombe nez à nez avec un soldat qui semble être un anglais, qui est en réalité un soldat allemand en soldat britannique.
Durant cinq jours, Lydia et Heiden vont cohabiter. Alternant moments propices à la confidence, au partage de souvenirs personnels de l'avant-guerre, et moments un peu plus violents lorsque l'instinct du soldat Heiden refait surface face aux maladresses de l'innocence de l'enfant qu'est Lydia.
Un roman original qui traite de la seconde guerre sous un autre angle, une véritable bouffée d'air au sein des fictions prenant pour toile de fond cette période de conflit. Un roman à recommander les yeux fermés.
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Pourquoi j'ai voulu lire ce livre? Pour trois raisons.
Tout simplement parce que , dans un premier temps, la couverture est attrayante et invite le futur lecteur a s'aventurer dans cette histoire...
Ensuite, car le sujet est assez original et cette petite fille avec un soldat est peu commune: ma curiosité a été piquée et j'ai voulu savoir.
Enfin, pour les Éditions Préludes qui commence à faire leur place parmi les éditions. J'ai envie de leur faire confiance . Préludes semble pour moi un gage de qualité. Je viens d'un finir un qui m'a beaucoup intéressé.

Je suis passée outre les lecteurs qui ont eu du mal à accrocher , qui trouve qu'il n'y a pas assez d'action pour eux, etc...
Bref, L'histoire commence jeudi. "Elle fut la seule à descendre du train. Quand le convoi repartit, l'abandonnant sur le quai désert, elle observa le cortège de wagons diminuer au loin; soulevée par le souffle, une volée de feuilles mortes les accompagna le long de la voie férrée. "page 11.

Voilà Lydia rentre chez elle, seule à 11 ans avec un masque à gaz sur le visage.
Vous n'avez pas envie de savoir pourquoi? Que va-t-elle devenir?
Moi, je n'ai pas pu résister et j'ai lu avec beaucoup de plaisir les mot de Jason Hewitt qui sont si doux parfois et dur à la fois, mais ça passe.
Par contre, le roman est construit avec le présent en trame principale , le passé tournant autour constamment pour que le lecteur puisse comprendre pourquoi Lydia et Heiden , le soldat, en sont là .
Je ne souhaite pas vous en dire plus sur l'histoire pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte.
Cependant, je ne me suis pas ennuyée. Je me suis un peu perdue dans le parcours de Heiden, je suis honnête, mais l'auteur rattrape toujours son lecteur quelques pages plus loin pour le remettre sur la trame de l'histoire! Merci à Lui!
Lydia et Heiden sont attachants à leur manière mais ce n'est le but.Ma détermination fut de chercher à comprendre comment on peut vivre ce climat de guerre, du côté allemand, anglais ou français. Ce qu'on est capable de faire, de devenir dans ce climat particulier. Comment on peut supporter, l'insupportable?!
C'est que j'ai ressenti à la lecture de ce roman.
Et de l'action, il y en a ! Heiden n'est vraiment pas inactif dans ses fonctions, je vous assure.
Le tout raconté avec un style fluide et agréable. L'auteur a un certain talent pour emmener son lecteur avec la magie des mots qui murmure joliment . Merci à lui.
Bref, si vous croisez ce roman, si une vison particulière de la guerre ne vous effraye pas, que vous avez envie de comprendre ce que peut ressentir une enfant pendant cette période, n'hésitez pas, faites vous votre propre opinion.

Lien : http://stelladealapage.blogs..
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Je doute que ce livre eût un jour atterri dans une de mes PALs .... sans Babelio et ses rencontres d'auteur et j'ai eu du mal à le lire jusqu'au moment où je me suis dit : allez, tu n'entames rien d'autre et tu le finis... et c'est tant mieux !

Car ce livre est intense et fort ... à saturer ou rendre claustrophobe :
Imaginez :
- un lieu : une maison ... un véritable huis clos
- en plus c'est la guerre, en juillet 1940 : il fait très chaud (même si on est en Angleterre) et fenêtres et portes sont obstruées de voilages sombres
.... de quoi étouffer, non ?

Là se rencontreront les 2 personnages, en miroirs inversés :
- la fillette, 11 ans, cherchant refuge chez elle et l'homme, plus âgé (maximum la trentaine ?), l'étranger qui s'introduit et prend possession des lieux
- 2 histoires (situations et souvenirs différents mais si présents, mélange de réalité et fiction)
- 2 personnalités propres qui s'affronteront, se confronteront, s'éviteront, s'apprivoiseront ou non, selon les moments, .....au fil des jours passés ensemble, dans cet univers surréaliste créé par la guerre et qui sont le fil conducteur du récit de l'auteur.

Par ce contexte brutal et la structure retenue pour le récit, l'auteur nous entraine à la découverte de ses 2 personnages, les mettant un peu plus à nu, jour après jour, les conduisant (et nous, lecteurs, avec eux) à prendre conscience de bien des choses de la vie, à en remettre certaines en cause ou non, jusqu'à la dernière page.

En ces temps à l'actualité chargée, un bien beau livre sur ce drôle d'animal qu'est l'être humain.
Il est écrit avec une construction et un style qui servent bien l'histoire.
Merci.
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Voilà un roman bien curieux que le silence des bombes !
Parce que oui, on s'y ennuie, non il ne se passe pas grand-chose, mais non, le livre n'est absolument pas chiant et longuet. Il y a effectivement ce sentiment d'ennui, mais pour moi, ce n'est pas dû au roman en lui-même, mais au récit. En effet, la majeure partie du roman se déroule en huis-clos en compagnie de deux personnages. L'auteur nous narre leurs vies, leurs flash-back, leurs craintes et doutes actuels… le récit peut paraître désordonné, c'est vrai. Surtout ces moments où ils se remémorent leur passé, on a parfois l'impression que ça part dans tous les sens, qu'il n'y a pas vraiment de fil conducteur. Et c'est justement ça qui m'a plu : j'ai trouvé que cela apportait beaucoup au réalisme de leur histoire respective.

Mais ce roman, c'est surtout une histoire psychologique. Car finalement qui sont Lydia et Heiden ? Ce sont deux personnes très différentes : Une enfant anglaise qui a perdu sa famille et se raccroche à ses souvenirs d'un côté. Un adulte allemand, qui rêvait de musique et de concert avec son violoncelle dans le tout Berlin, embarqué dans l'armée allemande de l'autre. Deux personnes aux destins différents, mais qui vont se retrouver à affronter cette Guerre, dont ils ne sont que des pions et des victimes, comme tant d'autres personnes. Et comme le dit le titre, on n'entend pas les bombes qui explosent, et pourtant, le spectre de la Guerre est omniprésent, et cela se ressent notamment dans le comportement de l'allemand, toujours aux aguets, se méfiant de tout ce qui lui semble potentiellement anormal.
J'ai été particulièrement touchée par ce soldat allemand, qui a peu à peu perdu confiance en l'humanité, au fur et à mesure qu'il se trouvait confronté à des actes d'une barbarie sans nom : trahison, viols, tueries… Il est alors facile de comprendre pourquoi il a eu envie de tuer Lydia à deux reprises, de peur qu'elle ne s'enfuie, parle, le dénonce. Mais, il est encore plus facile de comprendre pourquoi il ne l'a pas fait, car cet acte est au-delà de ses moyens. La relation de confiance entre les deux personnages a bien du mal à s'installer, on s'en doute, et c'est à travers ce prisme de la méfiance de l'autre que ce roman se dévoile le mieux selon moi.

En conclusion, je suis vraiment ravie d'avoir pu découvrir ce roman, certes pas parfait, mais bien singulier dans sa narration, et surtout qui a su me transmettre cette atmosphère oppressante d'attente et de peur vécue par les personnages.

Lien : http://voyageauboutdelapage...
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Bien qu'un peu lent (puisque les actions y sont notamment racontées sous forme de flash back et que les dialogues sont peu nombreux), ce livre est à se damner. Très triste, j'ai trouvé, bouleversant. Les personnages ont cette faculté d'être un peu plus attachants au fil du récit. Vraiment une bonne découverte, néanmoins préparez les mouchoirs si jamais vous êtes quelque peu sensible/sentimental. La fin est par ailleurs très bien gérée, réaliste à souhait.
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