Comment nommer ... l'innommable ?
Comment briser les tabous sauf à l'évoquer sans filtre, à braver cet interdit qui se cache derrière les apparences, à crier du fond de ses tripes pour mieux hurler jusqu'à épuisement, expurger cette souffrance intolérable c'est peut-être le premier pas vers la fin du tunnel, si la voie de la guérison est encore long, le temps dictera ses conditions, ce cauchemar éveillé c'est un peu la roue du destin de chacun s'il ne prend pas garde à tous ces signaux d'alerte, quand l'ordinaire du quotidien se transforme en une prison pernicieuse, le monstre n'est pas toujours ce que l'on croit, chaque geste, chaque parole, chaque regard sera disséqué sur la table d'opération avec des conséquences que l'on n'osera plus anticiper et encore moins savoir ...
Je m'appelle ...
A chaque roman de
Loana Hoarau, c'est la certitude d'appuyer sur le dernier bouton d'un ascenseur pour s'envoyer un cran au-dessus de l'étage de l'horreur avec un grand H, A sa manière ne s'embarrasse pas de détails superflus pour accoucher d'un récit glaçant et implacable, sans concession est l'une de ses marques de construction, reconnaissable entre toutes, des paragraphes courts pour enchaîner et s'enchaîner avec le personnage central, la narration à la première personne découle toute la folie à assister à cette longue et lente agonie mentale, dans cette attente douloureuse, rare sont les moments de joie qui traverse cette terrible et cruelle histoire, si seulement ...
L
On ne se refait pas avec des si, la plume de l'auteure de Belfort excelle à nous enserrer dans les griffes du monstre à l'oeuvre, à nous enfermer dans un engrenage que l'on nomme emprise psychologique mais pas seulement, l'impuissance à affronter ses propres peurs et surtout son propre regard, page après page, chaque moment se vit comme un enfer inscrit à vif dans la chair, qu'il soit physique ou d'ordre mental, une chose est sûre, l'amour des liens du sang va prendre une nouvelle dimension, vous le découvrirez par vous-même de quoi il retourne, personnellement je n'ai pas lu la quatrième couverture et l'effet escompté est d'autant plus percutant à la révélation que j'ai lu d'une traite ensuite, en retenant mon souffle, en me faisant justice devant les faits insoutenables narrés dans un journal intime, ce dialogue
invisible avec le lecteur fonctionne une nouvelle fois avec le regard désarmant et la candeur du jeune protagoniste, cette enfance de tous les possibles comme de tous les dangers, peut-être aurait-il fallu volontairement laisser traîner quelques fautes d'orthographe ou de syntaxe pour rendre un récit déjà accablant encore plus bouleversant ?
A
Toujours est-il qu'un climat malsain s'installe rapidement et perdure jusqu'aux toutes dernières lignes, cette survie de chaque instant se voudra faire écho à la perte de l'innocence et à la fatalité, on dit ou entend souvent C'est la vie, c'est comme ça, à part que
À sa manière soulève des questions pertinentes sur l'assistance à personne en danger, vous savez qu'il n'y a pas plus sourd quelqu'un qui ne veut pas entendre ou plus aveugle celui qui ne veut pas voir, on lit souvent des actes perpétrés sous des regards figés voire indifférents, la réalité dépasse souvent la fiction, dans son sixième livre, Loana pousse l'infamie à son paroxysme, inévitablement j'ai pensé à
Toutes blessent la dernière tue de
Karine Giebel par moment et d'autres romans du même acabit, à la différence que la patte de
Loana Hoarau se distingue par son style incisif et percutant, quand bien même il s'agit d'une construction sous forme de bouts de journal, au propre et au figuré, le pire n'est pas ce que l'on lit ou relatés dans le texte mais ce qui n'est pas toujours retranscrits et l'imagination fait le reste ...
U
Entre manipulation insidieuse et des séquences à vous retourner l'estomac, si l'auteure prévient les âmes sensibles s'abstenir, à l'instar de toutes les formes de comportement déviants ou criminels machiavéliques, je considère comme un passage indispensable pour appréhender et tenter de comprendre ce qui peut motiver et de passer à l'acte, non pour assouvir ses propres fantasmes ou s'approprier un retour jouissif de la violence dénoncée, à l'instar de toutes ses précédentes oeuvres, l'auteur se garde de porter un quelconque jugement, ce qui est aussi une qualité de donner cette liberté au lecteur de se faire sa propre opinion, je ne saurai trop vous conseiller de lire A sa manière.
R
Littéralement étouffant et anxiogène, la patte
Loana Hoarau frappe fort là où les ombres tentent de se frayer un chemin vers la rédemption et l'impossible retour à la normalité, ente rêves fantasmés et réalité sordide d'un quotidien estomaquant, j'ai été littéralement scotché une fois de plus par sa capacité à transgresser toutes les règles élémentaires en écrivant cette histoire à vous faire dresser les cheveux sur la tête, tout ce que vous n'aurez jamais oser demander sur l'un des plus grands tabous de la société moderne, ce roman est certes peut-être une fiction mais la réalité est souvent ... pire.
I
Foudroyant du début à la fin, encore un livre qui ne vous laissera pas indemne, l'auteur poursuit une oeuvre unique dans la littérature de genre ou hors norme, oser parler de sujets sensibles et ô combien difficiles dans un registre fictif est rendu d'autant plus complexe, les ressorts dramatiques et tout en contrastes décuplent la fibre émotionnelle qui agit comme un ver dans un fruit pourri, vers la sortie à l'air libre, vers la liberté ...
Publié chez ELP éditeur, A sa manière de
Hoarau Loana est un petit bijou de l'horreur psychologique et qui continuera encore longtemps et viscéralement à vous hanter !!!
❤️