Dans “
Naître et survivre : les bébés de Mauthausen”,
Wendy Holden retrace grâce à une importante enquête l'incroyable histoire de trois femmes : la slovaque Priska, la polonaise Rachel et la tchèque Anka. Elle ont un point commun, celui d'avoir donné naissance à un enfant alors qu'elles étaient déportées. L'auteur raconte leur histoire avant le déclenchement de la deuxième guerre mondiale, puis les mesures anti-juives, leur déportation, la naissance et la survie de leur enfant et enfin leur renaissance. Elle parvient aussi à retranscrire grâce à leurs témoignages les sentiments des trois femmes : la peur et l'angoisse mais aussi l'espoir, la faim et la soif qui tenaillent, la chance qui surgit.
On ne peut que saluer l'impressionnant travail de recherche mené par l'auteur comme en témoigne la très longue bibliographie qui accompagne l'ouvrage. Les passages consacrés à la vie dans les ghettos de Lódz et Terezín ainsi qu'à la libération du camp de Mauthausen sont particulièrement intéressants. Toutefois, les premières pages du document dans lesquelles
Wendy Holden opère quelques rappels historiques ressemblent plus à des passages de “la seconde guerre mondiale pour les nuls” qu'à celles d'un essai littéraire. La faute à un évident manque de style dans l'écriture. de plus, la construction du récit paraît extrêmement bancale. En effet,
Wendy Holden semble avoir eu des difficultés pour articuler les trois histoires au sein d'une même oeuvre. Elle commence son livre en consacrant tour à tour un chapitre à chacune des jeunes femmes, ce qui entraine de très nombreuses répétitions. Puis, alors que leurs chemins se rejoignent, elle rassemble les trois parcours au sein de plusieurs chapitres, tout en greffant les témoignages d'autres déportés afin d'enrichir le récit. L'histoire de chacune devient alors difficile à suivre et l'écriture manque de fluidité.
A la lecture de ce livre, je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle avec l'enquête menée par
Daniel Mendelsohn dans “
Les Disparus”. Dans ce livre, l'auteur recherche à connaitre le destin de la famille de son grand oncle dont il sait juste qu'ils ont disparu “tués par les Nazis”. Mais alors que
Daniel Mendelsohn livre une histoire personnelle servie par une exceptionnelle écriture,
Wendy Holden nous offre un récit certes émouvant et poignant mais qui manque cruellement de souffle et de subjectivité.