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sur 282 notes
Un rocher blanc. Quatre histoires, quatre périodes de l'Histoire.

Celle de l'écrivaine, qui n'est autre qu'Anna Hope elle-même et qui se passe en 2020.
Celle du chanteur ( Jim Morrison) se déroulant en 1969, deux ans avant sa mort.
Celle de la fille, une jeune Yoeme, indigène amérindienne, victime de déportation en 1907.
Celle du lieutenant, à la tête d'une flotte espagnole, en 1775.

J'ai d'abord été très emballée par cette narration particulière présentant les histoires les unes après les autres et qui n'ont que pour seul point commun de se dérouler au Mexique et de focaliser sur le Rocher blanc.
Le Rocher blanc y apparaît comme élément immuable au temps, comme témoin de la folie des hommes et des choix cornéliens que chacun des personnages devra faire.

L'écrivaine doit-elle tenter de sauver son mariage déjà bien enlisé ?
Le chanteur doit-il fuir la notoriété pour retrouver la liberté ?
La fille doit-elle s'échapper de l'enfer et laisser mourir sa soeur blessée ?
Le lieutenant doit-il condamner son acolyte devenu fou ?

Autant de questions, de tourments qui assaillent ces quatre personnages chacun en prise avec une existence précaire et douloureuse. Pour chacun, le Rocher blanc marque la fin des doutes et une prise de décision qui influencera irrémédiablement leur destin.
Les Indiens ne disent-ils pas justement que c'est ici qu'eut lieu l'origine de la vie ?

Je me suis prise d'engouement pour chacun des personnages et pour leur destin plus ou moins tragique. Chacune m'a touchée différemment ; c'est surtout celle de la fille Yoeme qui m'a le plus captivée.
Une lecture captivante donc, mais qui s'est peu à peu émoussée à partir de la deuxième partie. Je crois qu'il y avait comme un goût d'inachevé à ces quatre histoires, qui, s'apparentent finalement à des nouvelles, genre littéraire que j'affectionne peu.

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Avec le Rocher Blanc, paru le 18 août 2022, aux jeunes mais déjà excellentes éditions le bruit du monde, Anna Hope change de maison dédition sans pour autant faire d'infidélité.

En effet, auparavant éditée chez Gallimard,l'ancienne comédienne britannique et désormais romancière reconnue, a suivi son éditrice Marie Pierre GraceDieu .

Avec ce nouveau roman, Anna Hope nous fait voyager dans le temps et dans l'histoire avec une poignée de personnages dont le point de mire est un Rocher blanc, bout d'île minuscule et rocailleuse au large de la côté ouest du Mexique, considéré comme l'origine du monde par les autochtones.

Anna Hope orchestre cette méditation chorale et symphonique avec une virtuosité inégalée .. Quatre récits de vie et de perdition se répondent à travers les siècles autour d'un même lieu.

Elle tisse et relie entre elle des histoires qui toutes voient la violence de la perte se mêler avec le désir insensé d'une résilience, et si vous voudriez bien nous excuser de ce jeu de mot un peu foireux, avec le patronyme de la romancière pas mal d'espoir au bout ..

"Et puis un jour, un rocher est apparu, cime blanche au-dessus des vagues : le premier objet solide du monde. L'eau se mouvait contre lui : gifler, piquer, sucer, tirer. En ce mouvement, cette friction, faisait de la vapeur, devenait nuage, tombait en pluie, donnait la vie. C'est le lieu où pour la première fois, l'informe s'est épris de la forme."
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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°°° Rentrée littéraire 2022 # 40°°°

« Il y a un rocher blanc là-bas, dans l'océan, où les indiens disent que le monde est né. » Ce rocher blanc existe, côte Nord de l'Etat de Nayarit au Mexique, il émerge de l'océan pacifique au large de San Blas. C'est un lieu sacré, rattaché à la cosmogonie du peuple autochtone des Wixárikas qui venère toute cette zone sous le nom de « Tatéi Haramara » ( « Notre mère océan » ). Personne n'y viendrait par hasard, imagine Anna Hope.

Son roman symphonique se compose en quatre tableaux, quatre récits de vie qui se répondent à travers les siècles autour ce rocher blanc. Anna Hope les orchestre très audacieusement : quatre premières parties dans un ordre chronologique décroissant ( 2020, 1969, 1907, 1775 ) puis le chapitre central sur le rocher blanc, avant de repartir du passé vers le présent ( 1775, 1907, 1969, 2020 ). Cette construction atypique est risquée car elle coupe et découd le flux du récit. Elle peut fortement dérouter en faisant croire à des nouvelles, mais c'est elle qui offre de l'ampleur au récit justement, apportant de la hauteur au lecteur, un temps de recul qui accentue l'aspect contemplatif et méditatif du roman.

2020, ce sont les chapitres de l'écrivaine en laquelle on ne peut s'empêcher de voir un double de l'autrice : dans son bus brinquebalant pour touristes occidentaux accompagnés d'un chaman wixárika, elle semble être là en quête de sens à un moment de sa vie difficile, au bord du divorce, à moins que cela soit un pèlerinage mystique, ou encore pour trouver l'inspiration.

Les deux chapitres 1969 mettent en scène le chanteur, jamais nommé même si on reconnait aisément un Jim Morrison en perdition, venu à l'hôtel Playa hermosa ( là qu'il a écrit LA Woman pour les fans ) pour se ressourcer et fuir le monde.

Les chapitres 1907 sont ceux qui m'ont le plus touchée, sur les pas d'une fillette yoeme arrachée à sa terre qui s'accroche à sa soeur, à son enfance, à sa culture pour tenter de survivre. En cette année, sous Portfirio Diaz, les Yoemen, peuple amérindien originellement établi dans l'Etat de Sonora au Mexique, ont subi une terrible déportation : vendus comme esclaves dans des plantations du Yucatan afin de laisser place libre aux immigrants américains sans entraver le « progrès ».

En enfin, en 1775, nous voguons aux côtés d'un lieutenant espagnol ( inspiré de Juan de Ayola ), premier européen à découvrir la baie de San Francisco et à la cartographier, qui va faire l'expérience de la folie et de la désillusion avec son capitaine.

De prime abord, il est difficile d'appréhender aisément où veut en venir Anna Hope avec ces différents personnages et ces différentes temporalités ainsi structurées. Difficile également d'interpréter en quoi le rocher blanc peut constituer un véritable point de rencontre.

Dans ce voyage à travers le temps et l'histoire, le rocher résonne avec le tragique des destinées humaines, une force immuable face à la folie des hommes, témoin silencieux de leur volonté de déprédation et de la vanité de leur existence. Ce n'est ainsi pas anodin que les deux histoires les plus anciennes ( 1775 et 1907 ) mettent en lumière la brutalité de la conquête coloniale et du capitalisme en Amérique latine, alors que les deux dernières ( 1969 et 2020 ) présentent ironiquement des représentants de l'Occident en quête de spiritualité auprès de peuples que leurs ancêtres ont tenté d'anéantir, qui plus est dans un contexte sombre d'épidémie et de réchauffement climatique.

L'oeil aiguisé d'Anna Hope et l'élégance de son écriture font merveille dans ce roman atypique, sans doute le plus intime et le plus personnel d'une autrice anglaise qui ose sortir du confort d'un romanesque classique.
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Roman sans pretention que notre écrivaine fait démarrer et finir par un épisode de sa propre vie : remercier le Rocher blanc de la naissance de sa fille. Ce Rocher blanc est situé au Mexique et serait selon certaines traditions l'origine du Monde. En racontant quatre périodes différentes de l'histoire, on se retrouve au croisement de quatre destinées qui se voit rappeler ce qui est essentiel, écouter l'âme du monde et les esprits anciens, respecter les végétaux ou cesser l'esprit de conquête ou de compétition... autant de préoccupations qui font écho à nos sociétés : le sens de tout cela est-ce simplement de détruire ? Et quel héritage à nos enfants ? Notre autrice nous rappelle à nouveau dans ce nouveau livre (mais autrement), ce que l'Homme fait à l'Homme, sans parler à la Nature. C'est toujours surprenant que dans les notes finales elle soit obligée de se justifier et d'expliquer ses choix sur les peuplades mexicaines pour éviter les procès d'intention de ce truc horrible et très américain qu'on appelle appropriation culturelle !
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À peine remise de ma lecture de "Nos espérances", je me plonge dans "Le Rocher blanc", le nouveau roman d'Anna Hope. Au coup de coeur absolu se succède une déception, ou en tout cas, une impression d'être passée à côté de quelque chose.

Nous suivons 4 personnages à 4 époques différentes, dans un même lieu de pélerinage, une « montagne magique » située au large du Mexique, vénéré par les indiens Wixarikas : le Rocher Blanc. Il aura son importance dans chacune de ces histoires...

La première se déroule en 2020. Nous sommes à bord d'un mini-bus sillonnant les routes du Nord-ouest du Mexique, en compagnie d'une romancière en mal d'inspiration, de sa fille et de son mari. À bord, d'autres touristes. Et un chaman.

1969. Après une tournée au Mexique, un chanteur superstar trouve domicile dans un hôtel luxueux. Sex, drugs, rock'n'roll and jijenes...

1907. Deux jeunes indiennes yoemes sont vouées à l'esclavage dans les plantations du Yucatan.

1775. Nous suivons le lieutenant d'une équipe de cartographes espagnols, qui ne semblent s'accorder sur rien... Près de leur embarcation se hisse, majestueux, le Rocher.

Chacun partage une rencontre, une histoire avec ce mystérieux rocher qui semble exercer sur eux une véritable fascination.

Apparaissant au tournant de leur vie, comme un personnage à part entière, il est cet élément qui permet de relier ces 4 destins à mille lieues les uns des autres, ces trajectoires de vie parallèles qui n'auraient jamais pu se télescoper. J'imagine que ce livre n'était pas celui auquel je m'attendais et crains d'être passée à côté, déçue que j'étais de ne pas avoir le temps de m'attacher aux personnages - si ce n'est aux deux jeunes yoemes. de ne pouvoir me saisir des ambiances dans lesquelles l'autrice nous plongeaient.

Je salue en tout cas le talent d'Anna Hope pour éveiller des images par la qualité de ses descriptions, sa manière fine d'insérer des sujets qui la touchent au sein de son histoire - la difficulté d'avoir un enfant, la sauvegarde pour la planète - et les préoccupations d'une époque. Son style d'écriture continue à me séduire.

Merci Babelio et le Bruit du Monde pour cette découverte. Je compte bien poursuivre mon exploration de l'oeuvre de l'autrice !
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Il existe un fameux rocher blanc dans l'océan Pacifique…un peu au large de la côte mexicaine, et accessible à la nage.
D'après les Indiens Wixarikas, ethnie amérindienne vivant à l'ouest du Mexique, il a des pouvoirs extraordinaires, ils y font leurs pèlerinages. le monde y serait né… C'est un endroit sauvage, magique et magnifique.

Anna Hope tisse quatre histoires autour de ce Rocher blanc, la narration se déroule à des époques différentes et nous retrouvons quatre personnages dont une écrivaine…comme un double littéraire d'Anna Hope - fiction/réalité dans ce roman inspiré de son propre vécu.

Nature, chamanisme, rites ancestraux, onirisme, violence et beauté, folie des hommes, ressortent de ce dernier roman de l'autrice ; intime car elle explique avoir refait ce voyage dans l'ouest du Mexique, au coeur de la Sierra Madre pour un pèlerinage, afin de « remercier » les esprits qui l'ont entendue et exaucée à la suite d'un premier voyage quelques années auparavant.

« Il fallait que j'adresse des remerciements. Des offrandes. Que je demande protection. Pour ma fille. Que je fasse des recherches pour mon livre ».
Anna Hope confie : « Ma propre histoire rejoint celle de la ville et du rocher blanc à travers mes relations avec le peuple wixarika ».

Puissance invisible et intense des cérémonies chamaniques… Ce sont bien ces forces mystérieuses et un militantisme écologique engagé qui ont inspiré Anna Hope à écrire ce roman.

Si le thème m'a plu et que le talent de conteuse de l'auteure reste indéniable, j'ai malgré tout ressenti un goût de trop peu et parfois de confusion, la volonté de laisser au lecteur une libre interprétation peut-être. J'attendais sûrement plus d'accents et de développement sur le dit rocher blanc présenté comme captivant.

Il reste cependant un roman agréable à lire, à découvrir pour son originalité et le voyage initiatique.
*
« Quand le sang de tes veines retournera à la mer,
Quand la terre de tes os retournera dans le sol,
Alors peut-être te rappelleras-tu que cette terre ne t'appartient pas,
Mais que c'est toi qui appartiens à cette terre. »
*
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Ce rocher blanc, c'est la destination choisie (ou subie) des quatre personnages de ce roman. Qu'est-ce que ce lieu a-t-il de si particulier ? Quatre époques s'invitent dans ces pages : de la cartographie des côtes en 1775 pour arriver au tourisme chamanique en 2020.
Au niveau construction romanesque, il y a très peu de personnages clairement nommés. L'écrivaine, le gamin, le Basque ou la fille, qu'ils soient rôles principaux ou secondaires, c'est ainsi que nous les rencontrons au fil de notre lecture.
Si je suis allée au bout de l'ouvrage, ce n'est pas un roman qui m'a séduit. J'y ai trouvé des longueurs et n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages.
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Avec pour horizon commun un rocher blanc, nous traversons les destins de 4 personnages, l'écrivaine, le chanteur, la fille et le lieutenant, d'abord en remontant le temps de 2020 à 1775 puis en revenant dans le présent dans la seconde partie du livre.

Ces 4 destins sont bien distincts et j'ai eu du mal à avoir le rocher blanc comme seul fil conducteur de l'histoire.
Les personnages sont en proie à 1000 questionnements et il est possible de suivre ou deviner leurs peines et leurs aspirations. Il est aussi possible de comprendre que notre destinée ne tient parfois pas à grand chose. Un seul choix, semble t il anodin, peut avoir des conséquences bien plus importantes, l'effet papillon en somme.

Les personnages sont plutôt intenses et profonds, néanmoins je n'ai pas ressenti d'émotions particulières ou d'empathie face à eux.

Les thèmes abordés comme l'exclusion ethnique et la colonisation sont très intéressants et analysés avec sérieux, sans raccourcis ni stéréotypes.

J'ai aimé le style et l'écriture de l'autrice, néanmoins j'ai eu plus de difficulté à m'accrocher au récit. Vers la fin du livre j'ai trouvé cette phrase qui m'est apparue comme reflétant parfaitement mon sentiment face à ce livre : « Elle reste un moment, consciente qu'elle a envie de ressentir quelque chose, quelque chose qui lui échappe, qu'elle a souvent eu cette sensation, au cours de ce voyage, le sentiment qu'il y a un sens ici, mais un sens qui lui reste hermétique, une langue qu'elle ne comprend pas. ».

Je reviendrai sans doute à Anna Hope par un autre biais mais je n'ai pas eu de coup coeur ici.
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Ayant lu tous les titres parus en français d'Anna Hope, je me réjouissais de son nouveau titre « Le rocher blanc », bien qu'interrogative sur son changement d'éditeur (ici le bruit du monde, auparavant toujours chez Gallimard). La structure du récit m'a interpellée dès le départ : en son centre le rocher blanc du titre, rocher au Mexique, autour duquel vont graviter différents personnages dont on va suivre successivement la narration pour revenir vers eux après le rocher blanc positionné au centre du roman. Différents personnages donc pour différentes époques (on a une écrivaine - double de l'auteure ? - un chanteur célèbre à la dérive - Jim Morrison - un lieutenant et un jeune fille) mais qui se rejoignent dans leurs doutes, leurs tristesse et mélancolie. Chacun d'entre eux va faire sa propre expérience du rocher blanc, signifiant pour chacun quelque chose. Deuil, introspection, mélancolie, les quatre personnages au travers de leur rencontre avec le rocher blanc vont s'interroger sur leur vie.

Le roman m'a paru ambitieux, dans sa forme et ses thèmes, je n'ai toutefois pas trop accroché à deux de ses personnages (le lieutenant et la fille) leur préférant ceux de l'écrivaine et du chanteur.
Néanmoins ça m'a été un vrai plaisir de retrouver l'écriture d'Anna Hope et de constater une progression dans son style. Une écrivaine dont je continuerai à suivre la production littéraire avec grand intérêt !
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Certains livres savent vous trouver, au détour d'une phrase, d'une histoire… C'est ce qui s'est passé avec « le rocher blanc » d'Anna Hope, autrice dont j'avais lu « le chagrin des vivants », que j'avais bien aimé, mais que j'avais trouvé un peu froid. Cette fois-ci, on quitte la fraîcheur de la Grande-Bretagne et les tourments de la Première Guerre mondiale pour partir dans la chaleur du Mexique, en pleine crise du Covid, et découvrir un roman mêlant l'intime au mystique. Comment retrouver son chemin quand on perd ses repères, quotidiens comme émotionnels ou spirituels ?

L'écrivaine, dont on comprend rapidement qu'il s'agit d'Anna Hope elle-même, se trouve ainsi au Mexique avec sa fille et son mari pour faire un pèlerinage auprès d'un mystérieux rocher blanc, lieu sacré pour les indiens wixárikas. S'ils sont là, c'est pour remercier les divinités wixárikas de leur avoir donné, à l'issue d'un premier pèlerinage en ces lieux, l'enfant que l'écrivaine et son mari attendaient en vain. Mais plus qu'une séance de gratitude, ce voyage est probablement une fuite en avant, pour ne plus penser à un mariage en plein effondrement, à cette effrayante perte de sens qu'elle ressent, aggravée par la perception que l'humanité court à sa perte, frappée par la crise climatique aussi bien que sanitaire. Une humanité qui n'a fait que piller et exploiter ce rocher blanc et les peuples indigènes qui lui rendaient un culte, comme elle l'a découvert lors des recherches préparatoires au roman destiné à garder une trace de ce périple, la rendant coupable des mêmes faits : « Et puis elle, pourquoi est-elle là si ce n'est pour exploiter, elle aussi ? Prendre la matière brute de l'histoire, la douleur, les conflits et les pertes incalculables, pour les modeler en un récit, l'espoir d'un profit. Pas moins vénal. Pas moins avide que ceux qui sont venus en ces lieux il y a trois, quatre, cinq cents ans, à la recherche d'or ».

Outre son histoire personnelle, le roman fait de la place, par le biais de chapitres séparés, à plusieurs voix différentes ayant toutes le rocher blanc en commun : celle d'un chanteur légendaire qui tente d'échapper au début des années 1970 à son trop-plein de célébrité dans un hôtel au bord de la plage du rocher blanc, et qui traverse, à l'instar de l'écrivaine, une crise existentielle et mystique, le lieutenant d'une flotte espagnole du XVIIIe siècle qui a eu une épiphanie au bord du rocher blanc concernant la cruauté de la colonisation, laquelle écrase les peuples indigènes et leurs croyances supérieures à la vanité impérialiste, et une jeune fille yoeme et sa soeur, déportées et réduites en esclavage au début du xxe siècle par les Mexicains, car cette tribu refusait que sa terre ancestrale et son eau soit exploitées au profit des Américains. le rocher blanc étant le point de départ d'une longue marche qui devait les mener aux champs de sisal où elles se tueraient à la tâche.

Des histoires de douleur, de perte de sens, confrontées à une folie destructrice, que celle-ci vienne de leurs auteurs ou qu'ils en soient les victimes. Toutes trahissent le pouvoir de ce rocher blanc, qui semble galvaniser les émotions négatives qui traversent les humains à son approche. Chaque narrateur ressent ainsi du désespoir à proximité de ce bloc de pierre, lui-même assoiffé de réparation face à l'exploitation dont il est la victime depuis plusieurs siècles.

J'ai été émue par ces histoires enchâssées, particulièrement celles de l'écrivaines et des jeunes filles yoeme. Ces femmes perdues face à un destin qu'elles ne maîtrisent pas ou plus, mais sur lequel elles tentent de reprendre le dessus à leur manière (même si on ne va pas se mentir, l'écrivaine est dans des meilleures dispositions pour s'en sortir). Un beau roman qui nous rappelle encore une fois que l'humanité est capable du pire quand il s'agit de faire du profit, quitte à faire disparaître toute notion de sens et de croyance, fussent-ils ancestraux…
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