L'auteure aborde un sujet difficile : transmuer la mort en leçon de vie pour ceux qui restent. Elle va maîtriser ce thème avec pudeur, humour, délicatesse et pédagogie. Même si certains moments sont tristes, les messages de paix et d'epoir enveloppent le tout avec un vocabulaire précis. Elle prouve sans arrêt que les langues sont des armes mais aussi des liens. Expliquer les textes sacrés donne aux demandeurs les forces pour ne pas sombrer et garder du sens à la vie. Tous ses chapitres révèlent une culture exceptionnelle (de par ses longs voyages), une intelligence fine et un humour salutaire. Les scènes de vécu baignent dans une culture autant religieuse que laïque. L'auteure accompagne aussi bien les pratiquants que les agnostiques avec une grande aisance. Elle nous raconte des drames même les plus proches avec une grande sobriété. Son « bagage de rabbin professionnel » apaise d'emblée les gens en souffrance.
Tous les symboles bibliques de l'Ancien Testament sont dans cette mémoire juive avec Abel, Caïn, Moïse, etc.
Victor Hugo avait déjà compris toute la sensibilité de cette mémoire en produisant entre autres son poème : « la conscience ». Enfin l'humour juif peut donner une force pour surmonter les épreuves. Par exemple : un rabbin s'approche d'un type gesticulant au fond de la Synagogue ; « que vous arrive-t-il ? --Je demande pardon, à l'Eternel et j'ai peu de choses à me reprocher ; par contre Lui pourrait demander pardon pour toutes les catastrophes arrivées au monde. Alors je Lui dis : je te pardonne, tu me pardonnes et on est quittes ». Indigné, le rabbin lui dit : « mais enfin, espèce d'idiot, comment peux-tu laisser Dieu s'en tirer à si bon compte ? »
Enfin, tout est tressé avec harmonie dans cet essai : les contes, les témoignages et la confession. Merci Delphine !