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Citations sur Le scribe (10)

Manoj avait en effet connu le temps où s’étendait, à l’est de Calcutta, un vaste réseau de canaux débouchant sur 12 000 hectares de marais : The East Calcutta Wetlands. De grandes étendues humides, où alternaient les zones de filtrage ouvertes, et les bheri, des mares à poissons qui occupaient des espaces plus circonscrits. Le tout était alimenté quotidiennement par les égouts de la ville. Là prospéraient les roseaux, les nénuphars, les jacinthes d’eau et diverses espèces de poissons. Les jacinthes d’eau captaient les métaux lourds pendant que certains poissons, principalement les tilapias et les carpes, eux, consommaient le phytoplancton. Autrement dit, les plantes et les poissons nettoyaient ensemble, dans des proportions notables, les eaux polluées. Manoj avait appris, grâce à une étude menée par le ministère de l’Agriculture dix ans plus tôt, que les vingt tonnes de poissons ramassées quotidiennement dans les filets des pêcheurs étaient moins toxiques que bon nombre d’espèces pêchées dans le golfe du Bengale. Ces captures fournissaient ainsi largement Gariahat et Park Circus Markets, les deux grands marchés alimentaires de Calcutta. Sans compter les étals de quantité d’autres revendeurs, couvrant ainsi un tiers de la consommation en poisson de la mégalopole. Cette chaîne originale et peu coûteuse faisait vivre au total près de cent mille personnes, à travers neuf coopératives, tout en apportant une vraie réponse au problème du traitement des eaux polluées.
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Comme toutes les conductrices, Roshan essuyait quotidiennement des jurons et des obscénités, empruntés à un registre plus ou moins imagé ou cru, toujours très explicite (...) .
Apostrophes charmantes auxquelles Roshan réagissait avec fermeté, mais en s'efforçant à chaque fois de rester courtoise, faisant même, si possible, preuve d'invention et de culture.
par exemple, en plein College Street, à un rickshaw qui, en la doublant, lui avait lancé par le vitre baissée de la portière, le mot : "period", elle vait répondu, tout en accélérant et en maintenant une vitesse suffisante pour rester quelques secondes au moins à sa hauteur : strange times, ce qui laissa un moment son interlocuteur figé, avec dans les yeux un air aussi furieux que déconcerté.
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Tandis qu'il déambulait dans les allées du marché aux fleurs, ces images hantèrent Chandra. Paris et Calcutta. Réalités lointaines et incomparables, mais qui à cet instant, dans la pensée et la sensibilité de l'étudiant bengali, mystérieusement, se superposaient.
Le vent se leva, soufflant par bourrasques. Une camionnette se gara dans un petit passage qui séparait les pavillons. On entendait des pépiements, tout un raffut de ménagerie à l'intérieur du véhicule. Un homme en sortit des caisses remplies d'accessoires en plexiglas, des cages en forme de cloche, des sacs de graines. Sur l'épaule de l'homme était posée une perruche verte.
C'était mercredi, le jour où le marché aux fleurs accueillait aussi un marché aux oiseaux.
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Chandra regardait le long des berges les canards qui dormaient au soleil. Leur tête vert émeraude ou beige tacheté de brun était enfuie dans leur plumage soyeux. Ils formaient des virgules au bord de l'eau.
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Dès la fin du lycée, un problème mathématique à résoudre pouvait obséder Chandra des jours, des semaines, des mois.
Mais il devait mettre par écrit ses idées quelque part, sur un bout de papier, ou dans l'application "notes" de son téléphone, ce qu'il avait sous la main. Mais pas tout de suite. Ni trop tôt ni trop tard. Pour donner la possibilité aux choses de s'éclaircir d'elles-mêmes. Lorsqu'il entrapercevait une solution, au moins une piste, alors cela pouvait être rapide. La pensée avançait par poussées soudaines. Une longue patience, suivie d'une brusque impatience. Par ailleurs, même enfant, Chandra n'avait jamais été animé par l'esprit de compétition, mais par le plaisir pur de résoudre des problèmes. Explorer des mondes, plonger à une profondeur qu'il ne connaissait pas.
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Là où dix ans plus tôt, au bord de l'eau, Chandra pêchait ou jouait sur un chemin humide, lové dans un vieux pneu se dressait maintenant une gigantesque décharge, avec des tonnes de détritus jetés pêle-mêle formant de hauts monticules qui s'élevaient et s'écroulaient jour et nuit, se consumant lentement en laissant échapper une fumée âcre et puante.
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Quand il se rendait à l’Institut Henri-Poincaré, Chandra avait pris l’habitude d’emprunter le quai de Béthune, qui descendait puis remontait en pente douce. De là il pouvait voir les aménagements de Seine et le reflet des péniches aux hublots cernés de cuivre amarrées port de la Tournelle. Sur le quai, le revêtement du parapet était abîmé, raccommodé, reprisé comme un vieux manteau fatigué auquel on avait dû adjoindre des pièces, en l’occurrence des rubans de ciment. Dans les anfractuosités poussaient de minuscules plantes ou des mousses dont s’élevaient des tiges très fines, surmontées de petites graines que Chandra avait envie de toucher. C’était un jardin miniature sur un sol étrange. Une lune fertile. À un endroit, Chandra crut reconnaître ce jour-là des entailles dont les traits, mis bout à bout, formaient comme des grilles ouvertes ou des lettres en majuscule.
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Les yeux du douanier restèrent un moment fixés sur les lignes du passeport qui n’étaient pas écrites en anglais. Il avait pourtant déjà eu, à plusieurs reprises, l’occasion de contrôler l’identité de passagers en provenance de New Delhi, Bombay ou Calcutta. Mais cette fois encore le hindi, sans majuscules, avec ses ligatures et ce trait horizontal supérieur qui liait les caractères entre eux, le fascinait. Il regarda ensuite le jeune homme aux cils foncés qui se tenait immobile devant lui et qui avait, à un mois près, l’âge exact de son fils. Il chercha à retrouver dans les yeux de ce jeune Indien, dans le battement de ses longs cils, au fond de ses pupilles noires dilatées légèrement éblouies par les néons de l’aéroport, quelque chose du rythme de cette écriture et de son histoire.
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Les yeux du douanier restèrent un moment fixés sur les lignes du passeport qui n’étaient pas écrites en anglais. Il avait pourtant déjà eu, à plusieurs reprises, l’occasion de contrôler l’identité de passagers en provenance de New Delhi, Bombay ou Calcutta. Mais cette fois encore le hindi, sans majuscules, avec ses ligatures et ce trait horizontal supérieur qui liait les caractères entre eux, le fascinait.
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- Combien de lignes de définition faut-il pour écrire la démonstration de l'intégrale de Riemann ? Il y eut un silence. Dans les premiers rangs, un étudiant répondit : 42.
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