Née en 1953 à Téhéran,
Aria a eu 3 mères, "une mère qui l'avait abandonnée, une mère qui la battait, et une mère qui l'aimait mais ne savait pas le lui dire".
Recueillie dans la rue par Behrouz, un modeste chauffeur de l'armée, c'est lui qui lui donnera ce nom de garçon, ce nom qui la prédestinera à une vie pleine et tumultueuse. Elle connaitra la misère et le confort, les coups, le rejet et l'amour inconditionnel, et elle grandira au carrefour de plusieurs religions dans un pays en proie à de lourds bouleversements, mais jamais elle ne pliera, forte et déterminée.
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Ce qui me plait dans les Prix littéraires c'est lorsque tout à coup un livre inattendu vient me surprendre et me séduire, lorsque un roman m'envoute et me touche en plein coeur au point de ne pouvoir le lâcher, et c'est bien le cas d'
Aria.
Superbe conte persan, c'est une fresque portée par une superbe héroïne, vive et rebelle, qui croise l'histoire d'un pays à la croisée des chemins. Un pays que l'on découvre presque progressiste envers les femmes du temps des Shahs, un pays où cohabitaient plus ou moins sereinement toutes les religions avant l'instauration de la République Islamique, un pays divisé entre riches et pauvres à l'image de sa capitale, fracturée entre nord et sud. Une fracture irréparable qui sera le terreau de la terreur dans laquelle il versera à l'avènement des ayatollahs. Mais au delà de la trame romanesque c'est aussi un livre bouleversant d'humanité avec des personnages forts et attachants. Des personnages complexes aussi, mais aux contradictions parfaitement décrites. Un hymne au féminisme enfin, au pouvoir de l'éducation et à la tolérance, ces valeurs à jamais bafouées par le pouvoir religieux.
Il y a de la poésie dans ce récit et c'est une immersion dans ce pays à la culture riche et à la beauté brute. Une superbe fresque sur les espérances et les désillusions. Dépaysant, captivant et puissant