[...] Ce texte n'est pas tant intéressant pour le contenu - le lecteur hispanophone pourra se reporter au texte d'Eduardo Labarca sur la vie sentimentale d'Allende, autrement plus riche - que pour ce qu'il dit du socialisme français du début du XXIème siècle. On a donc ici un journaliste inconnu, mais fils à papa socialiste et baron rose de la capitale, qui part au Chili jouer le Candide, à la découverte de l'idole de la jeunesse de son père, un 'pije', une sorte de dandy que méprisait
Fidel Castro.
Profitant sans doute du carnet d'adresses de son papa, le petit gaillard va donc prendre le thé tant avec des vieilles gloires d'un passé politique révolu que des anonymes qui ont poussé cet élan révolutionnaire - quoique légaliste et non-armé -, charge à lui de remettre dans l'ordre et dans quelques chapitres cohérents, tout ce qu'on lui aura raconté. Autant dire qu'au niveau de l'esprit critique, un Pujadas et une Lapix face à Macron font mieux...
Avec un rythme assez lent et l'impression que le texte ne commence jamais, ce mélange d'anecdotes truculentes, jouxtant du politique, du pouvoir, et puis la mort (sans quoi l'ouvrage ne pourrait prétendre flirter avec le grandiose), est souvent intéressant dans le léger, mais creux dans le profond, puisque le journaliste vient surtout chercher dans l'homme ce que lui-même connait : le clinquant des salons intellectuels et des garden parties entre puissants. L'analyse politique, elle, est sommaire.
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Que retenir en définitive du livre ?
Que, bien qu'agréable à lire, on en reste sur notre faim. Sur la forme on aurait pu attendre au moins un début d'appareil critique. (...) Sur le fond, parce que son aspect "divertissant" et sympathique (le côté people de Salvador) n'est pas suivi jusqu'au bout, effacé par une tentation d'aller sur un terrain plus politique qui lui non plus n'est pas très fouillé,
Thomas Huchon a défriché deux chemins sans les suivre jusqu'au bout avec conséquences. Emmenés par un ton volontiers naïf, les lecteurs se trouvent embarqués au gré des effets d'annonce dont l'auteur a émaillé son texte pour les garder avec lui tout le long des 200 pages. Aussi le livre se lit bien et rapidement, mais s'oublie tout aussi avec la même facilité.
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