Dans ce roman, il est question d'un homme : Gilliatt, un habitant sauvage de l'île de Guernesey. Pour certains, il est le fils du diable car il ne va pas à l'église, pour d'autres, il est la bête, le sorcier de la paroisse. Quoi qu'il en soit, il apparaît comme un solitaire et une force de la nature. Puis, un jour, une jeune fille écrit son nom dans la neige. Pour lui, c'est le début de son histoire d'Amour. Désormais, il ne va vivre que pour Déruchette, la nièce de Mess Lethierry, propriétaire du premier bateau à vapeur de l'île, La Durande.
Un jour, La Durande est prisonnière des rochers Douvres à la suite de la mauvaise foi du capitaine, le sieur Clubin. Fou de rage, Mess Lethierry souhaite récupérer le moteur de la Durande. Pour ce faire, il promet à celui qui le lui rapportera de donner la main de sa nièce. D'ailleurs, cette dernière accepte aussi le contrat en promettant d'épouser celui qui réussira l'exploit. Gilliatt accepte intérieurement d'aller récupérer ce moteur, car il pourra ainsi épouser celle qu'il aime depuis longtemps. Il ne le dit à personne et il se lance dans l'aventure.
Durant cette dernière, il doit affronter la faim, la soif, les intempéries, la mer et une pieuvre. C'est qu'il est fort et persévérant Gilliatt. Puis, il regagne Guernesey en ayant avec lui le moteur pour le remettre à son propriétaire. Mais, le coeur de Déruchette, à son grand désespoir, appartient à un autre : le pasteur Ebenezer. Ce dernier est amoureux aussi de Déruchette. Gilliatt aidera les tourtereaux en se sacrifiant.
Madame lit et
Les Travailleurs de la mer
Dans ce livre, il est question de la mer et d'un homme de mer, Gilliatt. Toute la tension dramatique de ce livre a comme but d'en arriver à la bataille entre l'homme et la nature. Quel être de l'extrême ce Gilliatt! À l'image de Don Quichotte, il quitte tout par amour pour affronter la mer, car il est possédé par un abîme, la Déruchette. Cependant, dans cette histoire, la mer est un personnage à part entière. Par exemple, elle rugit comme un lion ou encore elle possède la force de la bête :
«Pas de bête comme la mer pour dépecer une proie. L'eau est pleine de griffes. le vent mord, le flot dévore; la vague est une mâchoire. C'est à la fois de l'arrachement et de l'écrasement. L'océan a le même coup de patte que le lion. » (p. 329)
Je crois qu'en lisant cette histoire, je viens de découvrir les plus belles pages consacrées à la mer, à sa fureur, à sa bonté, à sa frayeur. Gilliatt se nourrit grâce à elle; il demeure son compagnon; il la déchiffre; il la connaît.
« Gilliatt sait à fond la mer. Malgré qu'elle en eût, et quoique souvent maltraité par elle, il était depuis longtemps son compagnon. Cet être mystérieusement qu'on nomme l'Océan ne pouvait rien avoir dans l'idée que Gilliatt ne le devinât. Gilliatt, à force d'observation, de rêverie et de solitude, était devenu un voyant du temps, […].» (p. 418)
La mer nourricière, la mer meurtrière, la mer tendre, la mer avalante, tout est relié à elle.
Les travailleurs de la mer sont accueillants, mais ils peuvent aussi détruire le coeur de l'homme qu'ils ont jugé de sauvage.
J'ai été très touchée par Gilliatt et par son combat. Je recommande vivement ce livre malgré ses nombreuses descriptions. Il faut les lire car elles sont au service du récit. Elles sont là pour guider le lecteur sur les vagues, pour l'amener à bord de la Durande, pour le soulever dans les profondeurs d'un abîme, pour lui permettre de scintiller à l'image des étoiles guidant les marins. Gilliatt est un merveilleux personnage qui apprend malgré lui que l'amour n'est pas de ce monde tout comme ce qui est juste. Il doit se sacrifier car il est prisonnier d'une illusion plus grande que l'océan : celle d'aimer un être qui ne vous aime pas et d'avoir tout affronté, tout enduré par amour. C'est beau comme le bruit du roulement de la vague sur le rivage, c'est triste comme le cri d'une mouette affamée, c'est puissant comme une tempête qui se lève au large. Hugo connaissait la mer car il était le petit-fils d'un capitaine de navire.
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