L'origine de la violence

Mais un écrivain est un être bifide : lorsqu'on le croit investi dans l'action, il mène une autre vie, repliée,solitaire, réflexive et cette ombre qui le double a autant d'importance que la vie réelle. (p. 203)

p274. c'est difficile de ne pas être beau quand l'autre l'est.

p99. Entrer dans un camp, c'est pénétrer dans un délire placé, dénué de toute autre signification que la destruction, la souffrance et la mort. Et parfois, malgré les témoignages, je doute que la moindre fraternité ait pu s'opposer au Mal absolu.

David, dans sa vie, n'avait rien. Il n'aspirait qu'à l'argent, à la reconnaissance, qui ne sont que les masques d'un manque plus essentiel. Lorsque le sort lui donna l'occasion de tout perdre, il se jeta dessus, parce que la perte est un absolu : elle donne le sentiment de posséder quelque chose à lâcher.

A chacun de trouver la source et le lieu du Mal. Il ne semble pas vain de le découvrir, de l'arracher et de faire place nette. Là est l'espoir des fous, l'illusion des crédules et des démagogues mais c'est aussi la lutte suprême.

- Le monde tourne comme cela maintenant. Bientôt, plus aucun dirigeant n'aura lu Flaubert.
- C'est bien pour cela que le monde va si mal. Et je ne plaisante qu'a moitié.

J'avais trop a dire,trop à prouver. Et je savais que pour faire un bon livre, il valait mieux que je n'aie pas trop à dire, presque rien en fait, et que les images et les mots parlent sans moi, comme par magie.

Le printemps est déjà la mais on dit qu'il ait toujours froid parce qu'un vent permanent glace la colline. En effet, cet agréable foret où l'on aime rappeler les promenades de Goethe et d'Anna Amalia fut également un des lieux les plus sinistre du monde puisqu'elle dissimulait le camps de concentration de Buchenwald. La forêt de hêtres. Un camps crée en 1937, à huit kilomètres de Weimar, pour les prisonniers politiques, les homosexuels, les "asociaux" et les condamnés de droits communs.

Je ne te demande pas d'ignorer mais de savoir et de laisser de côté, ce qui n'est pas la même chose. Il faut toujours savoir, je suis d'accord avec toi, la vérité est essentielle, mais elle doit aussi être oubliée, je le sais, j'en suis sûr.

Le nazisme, dit-on toujours, est justement une violence administrative, non pas le déchaînement d'un individu mais une violence générale, mécanisée, sans haine ni passion.