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Citations sur Un chien à ma table (212)

Gaétan passait chez nous avant de regagner sa tente, juste avant la nuit. Il ouvrait son carnet. Il me montrait ses dessins. Puis un matin, comme le dernier cheval de la Terre se lève sans bruit dans le petit jour, il est reparti.
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Souvent, la nuit, quand je me réveillais, je pensais à mon travail de sentinelle. Mets-toi une lampe que le front, une frontale pour éclairer ce qui t’entoure, voilà ce que je me répétais. Éclairer ce que nous allons perdre. Éclairer la perte. Voilà le travail. Parce qu’il était incroyable, le défilé de la perte, et comme il était venu vite.
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Ce qui m’a donné envie de noter vite ce qu’il venait de me dire sur un bout d’enveloppe, et lui : Qu’est-ce que tu fais ! Tu es encore en train de voler ce qui sort de ma bouche ? On devait signer ensemble. Elle est incroyable, cette femme. Elle prend des notes pendant qu’on lui parle, notes qu’elle va trier soigneusement, ça m’amuse beaucoup son petit jeu, comment elle fait un choix pas toujours honnête. C’est une truande qui profite de tout ce qu’elle peut pour ensuite le trafiquer. On en sait jamais si elle ment ou si elle dit la vérité. D’ailleurs, maintenant que tout se casse la gueule en bas, qu’il n’y aura plus de maisons d’éditions ni de librairies ni de livres, elle va écrire pour qui, notre écri-vaine qui a de la peine ? Si tout se casse la gueule, pourquoi écrire encore ? Puisqu’on a perdu, pourquoi écrire ? Pour qui ? Tu devrais laisser tomber, pourquoi tu ne laisses pas tomber, Sophie ? Tu y crois encore, Fifi ?
Je me le demandais aussi. Est-ce que je crois encore à l’écriture ?
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Pourtant, malgré la sorte de petite illumination que j’avais eue à Lyon, je ne sortais pas beaucoup. N’allais pas marcher. Au plus loin, j’allais jusqu’à Litanie lui donner du foin. Je n’avais rien remis en route. Quelques notes, pas davantage. Pourquoi, un soir de cet automne, ai-je alors pensé : je veux bien être devenue vieille, d’accord, je prends la vieillesse et son corps déglingué, mais je prends aussi l’inconnu qui va avec elle ! J’avais oublié l’inconnu. N’oublie pas l’inconnu. Et j’ai longuement pensé à l’inconnu devant moi, et la vieillesse m’a semblé devenir une sorte d’expédition en zone inconnue. Je l’ai pris comme ça. Je me suis dit je vais écrire le livre de cette expédition.
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Nous l’étions tous les deux. C’était flagrant. D’étranges vieillards abritant un enfant. Des vioques. J’aime beaucoup ce mot, vioque, il dit l’effarement insoluble de l’enfant qu’on est resté.
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Face au monde animal, je me sens du même bord. Et très rassurée de l’être. C’est à un tel point qu’il m’arrive, vis-à-vis d’un humain, de me réfugier dans le regard du chien qui l’accompagne. Dans certaines situations, je me taillerais vite fait avec le chien. Sortir d’un bond de moi rejoindre le chien. Filer à quatre pattes. Me casser. Combien de fois cela m’est-il arrivé, de croiser le regard du chien et d’y trouver d’emblée loyauté, complicité, profondeur, goût du jeu ? En connexion immédiate et totale ? Alors que dans le meilleur des cas, le regard de l’humain allant avec ce chien me laisse sur le qui-vive, avec au fond de moi un étrange réflexe de fuite, lui préférant l’autre monde. Celui du chien. Comment expliquer ça ? Faute de chien, il m’arrive d’avoir l’irrépressible besoin de fuir, par exemple au cours d’un repas de famille, dans les profondeurs du buffet en noyer, rejoindre les vieilles assiettes et les soupières où passent des charrettes de foin sous des horizons bleus.
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Une salamandre étale sous mes yeux le rébus du monde. Chaque salamandre porte un code jaune et noir inscrit sur sa peau mouillée, luisante, chacune le sien. On dirait le plan d'un labyrinthe. Chaque salamandre, gardienne d'un labyrinthe.
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la profonde odeur de neige, de vase et de loup qui remonte d'un chien mouillé
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Le parfum d’un âne est magnanime. - Non, ce n’est pas ça. - Plein de mansuétude. - Non, pas encore ça. - De responsabilité. - Oui, mais cherche encore. - De pressentiment. - Oui. Mais il manque quelque chose. - D’irrémédiable ? - Oui. C’est un parfum qui a longuement réfléchi, qui s’approche doucement de vous comme d’un désastre, qui vous chuchote laisse-toi emporter, disperse-toi dans les herbes, lâche tout, il est trop tard, ma chérie, trop tard pour tant de choses, n’y pense plus, respire la douceur de celles qui restent.
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Note : Je me suis assise au seuil de la maison. J’ai cru que quelqu’un ronflait dans l’herbe. Je me suis penchée. J’ai tendu l’oreille. C’était un crapaud.
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