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Citations sur Un chien à ma table (212)

Il arrivait au crépuscule que je survole mentalement notre lieu, m’efforçant de fusionner mon esprit avec celui d’un rapace nocturne.
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Parle du grand désordre du monde ; mesure-toi au présent ; écris ce que tu vis, écris la mort de tout ce qui vit, des forêts transformées en usines à bois ; des prairies en usines à herbe : parle de l’épuisement de leurs sols, parle de leur dévastation. Fais vite. « Il ne reste presque plus rien. » Je ne l’avais pas dit à voix haute. Je l’avais dit en moi, à moi.
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C’est comme ça, qu’un jour, j’avais ressorti le Guide des Lichens, et devant ses illustrations, je me suis vue telle que j’étais, et Grieg aussi, tel qu’il était, deux êtres bizarres, pas vraiment des champignons, mais pas loin d’en être ; pas non plus des algues malgré leur consistance ramollie ; deux êtres entre algues et champignons : des lichens. Les lichens sont des organismes singuliers, tantôt hypersensibles et fragiles, sentinelles de la qualité de l’air, des révélateurs de la pollution, tantôt indestructibles, survivant à tout.
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Mais, souvent réveillée, je me répétais : Toi, tu es une sentinelle de l’autre monde : celui du dehors. C’est ça, ton rôle. Plus que jamais.
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On avait beau se croire posés quelque part en bordure du monde, il arrivait pourtant que l’air aux Bois-Bannis sente la mort comme partout. Ça venait par grosses vagues empoisonnées apportées par le vent du fond de la vallée.
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Je revois Litanie, ce jour-là, aux Bois-Bannis. Seule. Elle était encore loin, juste une petite silhouette. À la longue, elle est devenue vieille, pelée, nous guère mieux. Elle broute encore, elle broute tout le temps, elle n’arrête pas de brouter comme Grieg de lire. Qu’est-ce qu’elle broute savamment, patiente, silencieuse, qu’est-ce qu’elle s’y connaît en herbes, refusant les fleurs brûlées/brûlantes du millepertuis photosensible, les feuilles velues/vulnéraires des digitales, tout comme celles lisses des muguets, en lisière à l’ombre, mêlées à celles des colchiques bourrés de colchicine, tout ça violemment cardiaque comme si la montagne voulait vous faire battre le cœur beaucoup trop vite ou trop lentement, vous enlever au monde d’en bas.
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La fenêtre était ouverte.
On n’avait pas de voisins.
Grand silence.
La nuit immense.
Je me suis demandé, avant de m’endormir pour de bon, à la fin de cette journée de mon retour qui avait coïncidé avec celui de Yes, ce que j’aimais plus que tout.
J’ai compté.
La liberté.
Grieg.
Yes.
Mes Buffalo.
Notre abri dans le chaos.
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Je me sentais fragile comme encore jamais dans ma vie. En bout de course. J’allais rendre les armes, accepter la défaite. Je me disais : cette fois j’y suis. Ça y est, je suis vieille. Mon corps s’est déglingué. Il ne pourra plus me porter à travers les forêts. Je le sais. J’ai alors tenté de récapituler : ses cuisses sont encore dures. Ses pieds restent sûrs et même révoltés, je n’ai jamais vu des pieds aussi révoltés, à déformer toutes les chaussures. Mais il n’a pas gardé un très bon dos. Ni des épaules solides. Ses genoux ne valent plus rien. Et ses hanches, bien que réparées l’une et l’autre, ne sont plus les mêmes. Alors, est-ce qu’avec un corps pareil, on peut encore crapahuter en forêt ? Non. Pourtant c’est là que je voudrais encore aller. Je ne peux parler que de là. Parler encore de la forêt, voilà ce que j’ai en tête, et sur le cœur, et dans la peau. Écrire encore un livre qui parlerait d’elle, la forêt sombre et velue.
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Je suis restée un moment à espérer la voir revenir. A revivre son arrivée. Jamais aucun chien ne m’avait regardée de sa façon à elle, plongeant ses yeux au fond des miens, voici qui je suis et toi qui es-tu ? Un regard cherchant le mien dans sa souveraineté.
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Incipit :
C’était la veille de mon départ, la nuit n’était pas encore là, je l’attendais, assise au seuil de la maison face à la montagne de plus en plus violette ; j’attendais qu’elle arrive, n’attendais personne d’autre qu’elle, la nuit, tout en me disant que les hampes des digitales passées en graines faisaient penser à des Indiens coiffés de leurs plumes sacrées, que les frondes des fougères-aigles avaient jauni, que les milliers de blocs abandonnés sur place, dos, crânes, dents, de la moraine glaciaire surplombant la maison parlaient de chaos, de déroute, presque de la fin d’un monde. Et que ça sentait la pluie. Donc, demain, mettre mes Buffalo, prendre ma parka. Était-ce l’approche de la nuit ? La moraine changeait d’intensité. Ses échines bossues tressaillaient d’éclats de mica et pendant de petites fractions de seconde continuaient d’avancer vers moi en claudiquant – quand une ombre s’est détachée de leurs ombres.
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