« Tu as traversé le clavier de ce siècle, Paddon, en cherchant à regarder où tu mettais les pieds, et tu as échoué. Ecoute les notes. Des touches noires et blanches, frappées presque au hasard. Mais beaucoup de bémols, beaucoup d'altérations. » (p. 15)
Paddon Sterling vient de mourir.
Sa petit-fille, Paula, s'adresse à lui dans un ultime hommage, afin de retracer sa vie.
Une vie bien triste, faite d'échecs et de renoncements, de désamours, de deuils, de violences le tout dans une ambiance lourde (y sont évoqués pêle-mêle la Grande Guerre, la Grande Dépression de 1929, le Dust Bowl des années 30, la montée du nazisme en Europe, …).
Sa relation avec Miranda, une indienne au caractère bien trempé, et celle avec ses petits-enfants sont les seuls moments durant lesquels Paddon semble avoir été heureux.
La confusion des souvenirs de Paula produit un récit parfois difficile à suivre (« l'ordre dans lequel m'arrive ta vie est tout sauf chronologique, oui c'est par fulgurance que je te retrouve, te reconstruis » p. 42).
Je n'ai pas été séduite par le style annoncé majestueux et musical qui m'a paru chaotique, alourdi par l'expression des pensées sinueuses de Paula en de longues phrases tout aussi décousues. Un style direct à l'image de la manière dont Paula s'adresse à son grand-père et qui laisse le lecteur à distance, sans susciter de sentiments pour les personnages.
« Tu marchais le long des cratères de ton cerveau stérile, frappant de ton talon les paquets de terre durcie et te répétant que plus rien n'y pousserait jamais, plus rien que des chardons, pas un brin d'herbe, pas la moindre parcelle de verdure, pas même un cactus, tous les vieux mots et idées étaient desséchées et décédées en toi, ils roulaient comme de l'amarante morte au hasard du vent, une Histoire du Temps, ha-ha-ha-ha ! – et parfois, au lieu d'une douce pluie fécondante guérissante désaltérante, il y avait de la grêle, et tu te tenais la tête et te balançais de gauche à droite en écoutant le vent, sa colère vide et fracassante qui se précipitait à travers les bad-lands en lançant contre le sol des projectiles glacés ronds et durs, sans aucune raison, par pure malice, te faisant mal et mal et mal jusqu'à ce que, épuisé, le vent retombe enfin – auquel moment, jetant un regard satisfait sur les ravages par toi causés, tu t'endormais. » (p. 104-105)
Déçue par la lecture de ce roman qui ne m'a jamais ouvert la porte.
Commenter  J’apprécie         10