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Dans cet essai, Nancy Huston s'interroge sur ce qu'être expatrié dans un pays signifie, non seulement du point de vue de la langue, mais aussi de sa place au monde, dans la famille, la société, auprès des amis.
Quand on vit comme étranger dans un pays, on le devient aussi dans l'autre, celui où l'on est né. On perd le nord, on se perd soi-même aussi, un peu, puisque nos souvenirs d'enfance ne trouvent pas d'écho dans son pays d'adoption et que sa vie quotidienne n'en trouve pas quand on la partage à ceux qui sont restés là-bas.
Loin de se plaindre, Nancy Huston porte surtout un regard curieux sur cette double identité qu'on finit par prendre, et que les impatriés n'imaginent même pas.
Comme toujours, les écrits de cette auteure posent beaucoup de questions qui continuent à résonner longtemps après la lecture, car elle apporte toujours un regard neuf aux choses, que ce soit sur la langue, sur son identité, ou son rapport aux autres et au monde.
Suit Douze France, douze instantanés de ce qui la lie à la France de son enfance à aujourd'hui.
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Un essai autobiographique, le vécu et les réflexions d'une expatriée, née dans les plaines de l'ouest du Canada et transplantée en France après un séjour aux États-Unis.

Elle raconte, par exemple, comment la distance se creuse peu à peu avec ceux qui étaient nos proches, mais qui sont séparés par des milliers de kilomètres, donnant raison au dicton « Loin des yeux, loin du coeur ». Comment l'expérience des expatriés dont l'enfance dans un autre pays est différente de celle des « impatriés » qui partagent une enfance et une montagne de souvenirs communs.

Bien sûr, à la lecture, on a parfois des « oui, mais… », mais le texte demeure tout à fait pertinent pour aider à analyser et à comprendre comment ça se passe quand on vient d'ailleurs.

Quant à « Douze France », le texte présente douze réflexions sur la France telle qu'elle l'a vécue.
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Nancy Huston, la plus française des écrivaines canadiennes, s'interroge sur ce qui nous rend étranger, sur le processus d'assimilation de l'autre. Ses réflexions sont savoureuses, nourries par l'expérience et l'intelligence de ses analyses. Elle en profite pour égratigner quelques mythes franco-français (ex : Sartre), ce qui n'exclut pas sa tendresse pour notre pays, qu'elle a finalement choisi. Alors à quel moment comprenez-vous que vous n'êtes plus un étranger dans la ville que vous habitez ? Voici quelques éléments de réponses. Quand des expressions autrefois saugrenues vous sont familières. Quand vous y comprenez quelque chose aux querelles intellectuelles (pour la France). Quand la mémoire se décroche de son pays natal. Quand l'inné se rebiffe. Quand on oublie votre accent. Quand vous commencez à percevoir la connerie chez les autres et qu'ils cessent d'être « différents » (j'adore celle-là, tellement vrai) ? Quand vous rêvez de redevenir un étranger.
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Les contradictions résonnent d'autant plus au mélange des genres, comme les réflexions linguistiques ou allusions à des émissions radiophoniques (« le masque… » « … et la Plume ». le caractère autobiographique, libéré d'un connu par la voix narratrice de Nancy Huston mêle l'une et l'autre, attitudes contradictoires, brouillant les pistes de la division bien trop dominante. I loved it ..
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Ce court essai est à la fois un témoignage et une réflexion sur ce que peut représenter une migration dans toute sa dualité, sa complexité.
D'un coté, richesse d'une deuxième culture, d'une deuxième langue, mais de l'autre, perte de tout ce qui a trait au pays d'origine, et en particulier à l'enfance. « Les exilés, eux, sont riches. Riches de leurs identités accumulées et contradictoires », mais « L'exil veut dire que l'enfance est loin ».
Un exemple : l'auteure évoque la solitude ressentie à ne plus pouvoir partager avec personne les souvenirs et sensations liés à une comptine...
Avec des formulations plus percutantes les unes que les autres, Nancy Huston explore avec concision tous les aspects psychologiques de la vie de l'exilé. Et c'est très émouvant de justesse.
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Des réflexions dans lesquelles je me retrouve tout à fait en tant qu'expatrié. Très bon livre à conseiller à tous ceux qui sont allés s'installer ailleurs. Il ne remet pas en question la conviction que vous avez fait le bon ou le mauvais choix, il ne vous aide pas à vous intégrer dans le nouveau foyer non plus. Il analyse ce qui se passe dans notre personnalité, notre sensibilité, notre imagination, nos relations aux autres, ici et là-bas. C'est simple, sans prétention mais tellement juste.
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Deux textes rapportant des réflexions personnelles suscitées par environ trente ans d'expatriation de son Canada natal pour la France dans les années 1970, entretenues par des références culturelles et littéraires qui font apparaître l'intellectuelle féministe, elle qui a suivi les cours de Jacques Lacan et de Roland Barthes.
Je trouve toujours intéressant de lire ou d'entendre le point de vue d'expatriés sur la France, permettant de remettre les choses en perspective.

Un joli voyage dans le temps et dans l'espace autant personnel que culturel et suscitant réflexion et sentiments sur le passé, tout cela aussi bien pour l'autrice et que pour les lecteurs et lectrices.
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Nancy Huston livre un essai tout en finesse et plein de sensibilité sur son expérience d'expatriée. Comment quitter son pays, sa langue, sans perdre le nord ? Devient-on autre en se glissant dans une nouvelle langue ?
Ce questionnement identitaire ne peut accepter que des réponses multiples, fragiles, parfois contradictoires. Impossible de s'enfermer dans une réponse sans perdre sa liberté, son authenticité.
La richesse de sa réflexion porte essentiellement sur la langue qui, sous sa plume, fait figure de territoire à part entière. C'est ce rapport intime à la langue qu'elle nous dévoile de manière savoureuse et, de fil en aiguille, un refuge se dessine : la littérature, universelle.
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Ce livre est sans doute le plus autobiographique qu'il m'ait été donné de lire de Nancy Huston. Avec ses mots toujours justement pesés, elle donne corps à un aspect de sa vie qui l'a profondément marquée. En effet, à peine majeure, elle a décidé de partir faire ses études à Paris. Par la suite elle est restée en France et y réside d'ailleurs toujours actuellement. C'est son expérience d'expatriée, de toute jeune débarquée en territoire français, dont elle nous fait part. Et en la matière, elle en a à raconter car Nancy Huston est une baroudeuse à qui on ne la fait pas : elle a déjà beaucoup bougé notamment en Allemagne, quand elle était enfant, avec son père et sa belle-mère et est donc quelque part investie par ses voyages. Mais c'est la France qui l'attire, la gagne et lui donne envie de s'enraciner. L'intérêt de ce livre réside particulièrement dans son ressenti du français comme langue étrangère, langue à apprivoiser et qui est moins aisée que son anglais maternel. On peut d'ailleurs relever qu'elle prend bien plus de plaisir à jurer en français qu'en anglais (comme si elle ne possédait pas complètement tous les sens de son vocable).
J'ai aimé la manière dont Nancy Huston évoque son expérience car on sent l'appréhension qui a dû l'habiter à son arrivée. tout comme sa volonté de bien faire et d'être comme tout le monde. Mais rien n'est gagné comme en témoigne la première conversation téléphonique, à son arrivée à Paris, qui la décontenance complètement (pour les mots exacts, je vous laisse lire le passage que je n'ai pas relevé). J'ai retenu, par contre, toute sa volonté de s'intégrer (familièrement, on pourrait dire qu'elle a la niak), son besoin de communiquer, sa curiosité vis-à-vis de notre langue (et c'est qu'elle en a emmagasiné du vocabulaire, bien plus que certains)...
Même si, comme le titre l'indique, Nancy Huston dit avoir perdu le Nord en arrivant parmi nous, elle n'en est pas moins très lucide sur son besoin d'apprendre et c'est avec un réel plaisir qu'on la voit confronter deux idiomes : le français et l'anglais. le texte est parsemé de réflexions dont on se nourrit avidement.

Vient ensuite un autre texte intitulé Douze France qui, en quelques pages, dresse un portrait global de la France en douze adjectifs. La France est ainsi résumée à ses grandes caractéristiques, ses forces ainsi que ces charmes par l'oeil neuf d'un étranger intransigeant. Car si Nancy Huston a choisi de rester parmi nous, c'est que la France est une terre d'adoption qui l'a charmée et la surprise, bien loin de sa famille canadienne, restée au pays. Les mots de Nancy Huston ont tôt fait de nous conquérir et on prendrait bien d'autres goulées de sa "perte de repères".
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Une très jolie découverte que ce Nord perdu, recommandé par un ami étudiant en lettres après un séminaire sur le thème de l'exil.
Nancy Huston a déjà ceci de curieux qu'elle écrit en français plutôt qu'en anglais, sa langue maternelle. Ayant quitté le Canada pour venir s'installer en France, elle nous compte ses difficultés à évoluer dans un monde culturel différent, empreint d'une langue dont les subtilités et les familiarités ne se retrouvent pas dans les manuels scolaires.

J'ai été frappée par la justesse de ses remarques autour de l'identité, entre passé et présent, entre pays d'origine et pays dans lequel on a choisi de vivre, mais aussi sur ses nombreuses anecdotes concernant l'apprentissage d'une langue étrangère, et les changements incontrôlés que cela implique, et la nécessité de jongler entre plusieurs univers linguistiques.

Passionnant pour ceux qui s'intéressent aux questions d'identité, de bilinguisme et d'expatriation.
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