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Citations sur Nord perdu - Douze France (33)

Là où d'autres ont un préjugé négatif j'ai pour ma part un préjugé positif à l'égard des individus à accent : déceler des intonations étrangères dans la voix de quelqu'un éveille en moi, de façon instantanée, l'intérêt et la sympathie.
(...)
Au fond, me semble-t-il , l'étrangéité est une métaphore du respect que l'on doit à l'autre.
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Après avoir admiré l'exquise dentelle verbale d'un Pascal Quignard, vous éprouvez la soif de bonnes grosses histoires bien ficelées à la Jim Harrison.
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Non seulement la langue étrangère décourage bavardages et péroraisons, elle empêche de se prendre trop au sérieux. Dans mon cas au moins, le
fait de parler français avec un accent, de jouer " la francophone ", me donne une distance salutaire par rapport à tous mes autres « rôles » dans l’existence, depuis celui d’écrivain jusqu’à celui de mère. Dès que je
me mets en colère contre un de mes enfants, par exemple, mon accent empire et j’ai du mal à trouver mes mots : cela déclenche l’hilarité en face et, au bout d’un moment, je suis obligée de rire moi aussi.
Alors il est où, le vrai soi ? Hein ? Si l’on arrache carrément le masque, à quoi ressemble le visage qu’il révèle ? Le problème, c’est que quand un visage humain passe par plusieurs années sous un masque, il a tendance
à se transformer. Non seulement il vieillit mais, à force de manquer de lumière et d’oxygène, il devient blême, flasque, bouffi.
Vous retournez là-bas et les gens n’en croient pas leurs oreilles. C’est ça ta langue maternelle ? T’as vu l’état dans lequel elle est ? Mais en fin, c’est pas possible ! Tu as un accent ! Tu n’arrêtes pas d’introduire dans ton anglais des mots français. C’est ridicule ! Tu fais semblant ou quoi ?
Tu essaies de nous épater avec ta prestigieuse parisianité ? Allez, ça ne marche pas, on n’est pas dupes, on sait que tu es anglo-saxonne comme tout le monde… Parle normalement ! Arrête de faire des fautes ! Arrête de chercher tes mots ! Tu les as, tes mots, tu les a avalés avec le lait maternel, comment
oses-tu faire mine de les avoir oubliés. Parle tout droit enfin, parle naturel, parle anglais !!!!
Oui, je veux bien … mais … quel anglais. là encore.
J’ai plein d’anglais maintenant, de même que j’ai plein de français. » (pages 38, 39, 40)
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D’accord, aller dans un pays étranger, c’est souvent intéressant. Mais c’est aussi déstabilisant. Angoissant. Déboussolant. Je ne sais pas comment on fait pour l’oublier. Chaque fois que je traverse une frontière, je me rappelle : Ah oui. C’est comme ça encore. La détresse de l’étranger.

(Babel, p.76)
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L'expatrié découvre de façon consciente (et parfois douloureuse) un certain nombre de réalités qui façonnent, le plus souvent à notre insu, la condition humaine. le caractère totalement singulier de l'enfance, par exemple, et le fait qu'elle ne vous quitte jamais: difficile pour un expatrié de ne pas en être conscient, alors que les impatriés peuvent se bercer toute leur vie d'une douce illusion de continuité et d'évidence.
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Quelle est à mes yeux la quintessence de l'ennui à la française ? C'est l'apéritif. Un apéritif servi avec lenteur et ostentation par des hôtes aux attitudes empesées.
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"Ce souvenirs étaient morts d'inanition. Un souvenir, il faut lui rendre visite de temps à autre. Il faut le nourrir, le sortir, l'aérer, le montrer, le raconter aux autres ou à soi-même. Sans quoi il dépérit.
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La littérature nous autorise à repousser ces limites, aussi imaginaires que nécessaires, qui dessinent et définissent notre moi. En lisant, nous laissons d’autres êtres pénétrer en nous, nous leur faisons de la place sans difficulté – car nous les connaissons déjà. Le roman, c’est ce qui célèbre cette reconnaissance des autres en soi, et de soi dans les autres. C’est le genre humain par excellence.
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Même un être connu, un être proche, quelqu'un avec qui je suis en train de discuter et qui, décrochant le téléphone, se met brusquement à parler dans une langue pour moi opaque... me bouleverse. Au fond, me semble-t-il, l'étrangéité est une métaphore du respect que l'on doit à l'autre. Nous sommes deux, chacun de nous, au moins deux, il s'agit de le savoir! Et, même à l'intérieur d'une seule langue, la communication est un miracle.
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Le plus grand vertige, en fait, s'empare de moi au moment où, ayant traduit un de mes propres textes - dans un sens ou dans l'autre - je me rends compte, ébahie: jamais je n'aurais écrit cela dans l'autre langue!

Et si je disposais d'une troisième langue - le chinois par exemple? cela impliquerait-il un troisième imaginaire, un troisième style, une troisième façon de rêver? Rilke en allemand, Rilke en français: deux poètes différents. Ou Tsvetaïeva, en russe et en français Si Beckett avait opté pour le serbo-croate, aurait-il écrit Fin de Partie et Oh! les beaux jours? Quel genre de roman aurait inventé Conrad s'il n'avait pas renoncé au polonais? Et pourquoi Kundera a-t-il perdu son sens de l'humour en abandonnant le tchèque? Ainsi de suite... Qui sommes-nous alors? si nous n'avons pas les mêmes pensées, fantasmes, attitudes existentielles, voire opinions, dans une langue et dans une autre?
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