... l'uniformité est incompatible avec la liberté, de même qu'avec la santé mentale... L'homme n'est pas fait pour être un automate et s'il en devient un, le fondement de son équilibre mental est détruit.
La psychothérapie est en grande partie consacrée au traitent des effets débilitants ou antisociaux de sanctions passées.
« Libre comme un oiseau », disons-nous, et nous envions les créatures ailées qui peuvent se mouvoir sans entrave dans les trois dimensions de l’espace, mais hélas, nous oublions le dodo. Tout oiseau qui a appris à gratter une bonne pitance d’insectes et de vers sans être obligé de se servir de ses ailes renonce bien vite au privilège du vol et reste définitivement à terre. Il se passe quelque chose d’analogue pour les humains. Si le pain leur est fourni régulièrement et en abondance trois fois par jour, beaucoup d’entre eux se contenteront fort bien de vivre de pain seulement – ou de pain et de cirque.
Ils déposeront leur liberté à nos pieds et nous dirons : faites de nous vos esclaves, mais nourrissez-nous. (Dostoïevski)
Dans leur propagande anti-rationnelle, les ennemis de la liberté pervertissent systématiquement les ressources du langage pour amener par la persuasion insidieuse ou l'abrutissement leurs victimes à penser, à penser, à sentir et à agir comme ils le veulent, les manipulateurs.
La beauté du rangement sert de justification au despotisme. (p. 34
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Plus on est nombreux, moins on peut se gouverner soi-même. Plus le corps électoral est vaste, moins chaque vote individuel a de la valeur. Quand il est noyé au milieu des millions d'autres, l'électeur a l'impression d'être impuissant, ou quantité négligeable. (p.75 - Pocket)
Malgré l'Id et le subconscient, malgré les névroses endémiques, et la prédominance de niveaux intellectuels très bas, la plupart des hommes et femmes sont sans doute assez honnêtes et raisonnables pour qu'on leur confie la direction de leur propre destinée. (p.44 - Pocket)
Dans les dictatures plus efficaces de demain, il y aura sans doute beaucoup moins de force déployée. Les sujets des tyrans à venir seront enrégimentés sans douleur par un corps d'ingénieurs sociaux hautement qualifiés. Un défenseur enthousiaste de cette nouvelle science écrit : "Le défi que relève de nos jours le sociologue est le même que celui des techniciens il y a un demi-siècle. Si la première moitié du vingtième siècle a été l'ère des ingénieurs techniques, la seconde pourrait bien être celle des ingénieurs sociaux" - et je suppose que le vingt et unième sera celle des Administrateurs Mondiaux, du système scientifiques des castes et du Meilleur des Mondes. (p.40 - Pocket)
Dans le Meilleur des Mondes de ma fable, le problème du rapport entre le nombre des humains et les ressources naturelles avait été résolu : un chiffre optimum ayant été calculé pour la population mondiale (un peu inférieur à 2 milliards, si mes souvenirs sont exactes), il était maintenu, génération après génération. Dans le monde contemporain réel, rien n'a été fait. Au contraire, ce problème devient plus grave et plus redoutable avec chaque année qui passe et c'est dans ce sinistre décors biologique que se jouent tous les drames politiques, économiques, intellectuels et psychologiques de notre époque. (p.16 - Pocket)