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Croyez-moi, cet ouvrage est une véritable bombe ! J'emploie ce terme dans le sens de perçant, troublant et dont on ne peut absolument pas sortir indemne, à moins d'avoir un coeur de glace et de n'éprouver aucune pitié pour autrui !

Ici, l'on découvre la grande famine qui frappa l'Ukraine au cours des années 1932-33, ce qu'était obligé de faire les habitants s'ils voulaient nourrir leur famille et tout simplement survivre. Je dis bien survivre car comment vivre dans de telles conditions ? C'est inimaginable, irracontable mais pourtant, ils l'ont fait et c'est probablement que tout un chacun ferait par simple instinct de survie.
L'auteur fait resurgir des voix du passé, aujourd'hui éteintes à jamais ; celles de Serafina Andrejevna, de Nikolaï Vassimillevitch, de Maria Ivanovna ou encore celle de Nokolaï Ivanovitch et qui toutes un point en commun : celle de nous montre l'horreur, la faim et la peur ! Mais toutes ces voix qui se font entendre ici ne sont qu'un fragment de voix parmi tant d'autres et que l'on n'entendra probablement jamais plus ! Cependant, Il faut savoir, ne pas oublier !

Je vous recommande vivement la lecture-découverte de cette ouvrage mais attendez-vous ) prendre une grande claque ! Des dessins extrêmement bien travaillés à vous glacer le sang tout autant que les paroles, les témoignages qui les accompagnent ! A découvrir !
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Je suis tombé par hasard sur cette bande dessinée dans une médiathèque. Je n'en avais jamais entendu parler,, mais en la voyant dans les rayons, elle m'a tout de suite sauté aux yeux, vous vous imaginez bien pourquoi.

C'est une bande dessinée reportage éditée en 2010. Elle raconte l'Ukraine de 1930 à 2010 : “Je me demandais sincèrement comment était la vie pendant et après le communisme là-bas.” Il y a quelques témoignages de vieilles personnes qui ont connu la famine des années 30, famine organisée par le pouvoir de l'époque. Il est question de génocide, de persécutions, certains témoignages sont épouvantables, les gens racontent leur vie en toute simplicité, les récits à la première personne alternent avec de simples textes journalistique. le graphisme est au trait, on alterne le noir et blanc et la couleur, mais les couleurs se cantonnent a une gamme d'ocre pour accentuer l'aspect ancien. Quelques illustrations plus fantastiques viennent ponctuer le récit, souvent pour suggérer les moments trop durs. A noter qu'il y a quelques petites coquilles dans le texte, pas trop gênant mais quand même, j'espère que c'est corrigé dans la réédition de 2015.

Les points de vue de certains interlocuteurs pourrait surprendre, pratiquement aucune référence à Wladimir Poutine, quelques propos nostalgiques du communisme, mais il ne faudrait pas s'immaginer que tout soit ou blanc ou noir, l'histoire est bien plus complexe, ce qui malheureusement donne des arguments aux plus extrémistes. Souvent, le récit ne fait que raconter la vie du témoin, avec ses histoires de familles, de santé, qui viennent en parallèle de l'Histoire de ce pays, mais c'est l'attachement à ce genre de détails qui rend le propos plus réaliste, et plus touchant, plus troublant. On sait très bien qu'il y a une part de subjectivité dans ces propos, mais il n'a pas la prétention d'être un dossier juridique, il nous raconte juste l'Ukraine telle que les ukrainiens l'ont vécu dans cette période et telle qu'il la ressente en 2010. Et le constat est horrible, ces vies ont été de vrais calvaires. Une chose est sûre, le ukrainiens ont été habitués au pire et malheureusement, cela ne semble pas prêt de s'arrêter, le bonheur ne serait-il pas fait pour eux ? C'est tout simplement glaçant.

Cette bande dessinée mérite qu'on s'y attarde, elle donne une nouvelle lumière sur les évènements actuels, et aussi sur les racines profondes de cette guerre. J'ai appris beaucoup de choses avec cette lecture et je vous la conseille sans nuances.
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Un livre fort, tant par ses textes que par les images ! Il nous retrace divers témoignages recueillis par Igort sur l'Holodomor (la grande famine provoquée en Ukraine par la politique de Staline) et sur la période communiste. le prix payé par l'Ukraine fut élevé !
Toutes ces histoires sont terribles, mais elles relatent des faits historiques que nous devons connaître et ne pas oublier.
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Bien que la responsabilité des autorités soviétiques dans la terrible famine qui frappa l'Ukraine dans les années 1932-1933 soit aujourd'hui publiquement reconnue, les avis des historiens divergent encore sur la reconnaissance de l'Holodomor (en ukrainien : голодомо́р, littéralement « extermination par la faim ») comme génocide. Quelque soit l'issue du débat, il ne fait pas de doute que l'Holodomor est un crime contre l'humanité. Résultat d'une "exploration sur le terrain pour comprendre ce qu'a été et comment a été vécu le rêve communiste de la Révolution à nos jours" (extrait tiré de la notice du livre sur Futuropolis), Les Cahiers Ukrainiens exposent quelques Mémoires du temps de l'URSS. C'est lors de ses divers séjours en Ukraine, Russie et Sibérie, qu'Igort, attaché à l'étude de la mémoire et du mythe, entreprend l'illustration de son dyptique dédié à ces quelques voix oubliées d'Ukraine (tome 1) et de Tchétchénie (tome 2). Ainsi qu'il le confie encore à l'éditeur : "Ce qui m'a intéressé, c'est que les histoires venaient à ma rencontre. Il me suffisait d'être à l'écoute. J'ai commencé à rencontrer des gens et à enregistrer ou filmer leurs témoignages, l'histoire de leur vie. Puis, étant donné que certains faits étaient couverts par le secret ou peu connus, je me suis mis à les étudier. Mais ce sont bien les témoignages recueillis que je dessine." Les histoires rapportées par Igort parlent d'elles-mêmes : entre quelques planches thématiques traitant des "Koulaks", de la "Litanie bolchévique assassine" (pratique répandue du cannibalisme pendant la famine) ou du rôle de l'OGPU, les destins tragiques de Serafima Andreïevna, Nikolaï Vassilievitch, Maria Ivanovna et Nikolaï Ivanovitch ébranlent sérieusement la légitimité et le bien-fondé de la politique soviétique de l'époque et accusent les horribles souffrances et traumatismes encore subis aujourd'hui par les tristes "héros" d'Igort...

Lorsque l'on évoque la question des génocides, on pense souvent à la Shoah ou au génocide arménien. Peu de gens se souviennent de l'Holodomor. Parce qu'un génocide n'est pas plus condamnable qu'un autre, le rappel à cet obscur et terrifiant épisode de l'histoire de l'Ukraine mérite d'être racontée mais surtout d'être entendue. Est-il admissible qu'un peuple fier et indépendant comme l'Ukraine soit ainsi fustigé pour avoir résisté à la collectivisation et refusé la "dékoulakisation" ? La réponse est évidente. Encore faut-il être au courant. Les Cahiers ukrainiens ont reçu le Prix 2011 de la Mémoire du Holodomor. Ce prix est décerné par le Comité représentatif de la Communauté ukrainienne de France et on est ravi pour cette reconnaissance du travail d'Igort. On sera par contre étonné d'apprendre que la famine et donc l'Holodomor n'est pas encore reconnue par la France comme étant un crime contre l'humanité. Quant à la reconnaissance de l'Holodomor comme génocide, on s'étonnera encore une fois de l'absence de la France parmi les 24 pays ayant pris parti en sa faveur. Ignorance ou méconnaissance, qu'en penser ?

Igort n'a pas la prétention de réécrire l'histoire mais son angle de vue est intéressant : "Je suis un auteur curieux, j'aime explorer et j'ai trouvé naturel de m'attaquer à une narration qui part d'une vision documentaire. Pour moi, il était important de trouver une écriture personnelle qui se mesure à la réalité du terrain que j'avais découvert, et de pouvoir mettre au jour ce travail." Son récit est d'ailleurs quelquefois elliptique et manque en conséquence de liant mais sa démarche reste cohérente, son sujet captivant et son travail de graphisme superbe. Pour en venir aux questions esthétiques, Igort ne se cantonne pas à un style ou une technique. Il jongle sur plusieurs registres en alternant les planches en noir et blanc et les planches dans les tons sépias. Ses traits sont tantôt nets, tantôt brouillons. Parfois même, les pages sont "tachées" et cela confère à l'ouvrage une certaine touche qu'on peut ou pas apprécier mais c'est certain, cette bande-dessinée en ravira plus d'un. Personnellement, il s'agit pour moi d'une très belle réussite. A très bientôt donc pour le compte-rendu du tome 2 : Les Cahiers russes.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Roman graphique decouvert par hasard à la médiathèque, Les cahiers d'Ukraine traite d'événements particulièrement dramatiques de l'histoire de l'Ukraine notamment dans la première moitié du XXe siècle, lorsque le pays faisait partie de l'Union soviétique.
Ce sont par quelques témoignages que l'on se rend compte de l'horreur de cette période, avec notamment la grande famine de 32-33, la pauvreté extrême de la population et des drames que ces différentes personnes ont pu vivre. Que reste-t-il de l'humanité lorsqu'il s'agit de survivre dans un environnement aussi hostile?
Ces témoignages sont forts et poignants, j'ignorais ces faits, qui ne doivent pas être oublié et plutôt mis en lumière.
Les graphismes sont précis, l'ecriture juste et accessible, ce qui immerge d'autant plus le lecteur.
Je vais poursuivre ma découverte de cet auteur avec grand intérêt.
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Cette bande dessinée raconte des parcours de vie de quelques Ukrainiens représentatifs, décrivant ainsi les tragédies qu'a connues ce pays depuis le milieu des années quarante : de la collectivisation forcée et l'extermination d'un peuple sous Staline (notamment en l'affamant) à la catastrophe de Tchernobyl, en passant par la seconde guerre mondiale et sans oublier les difficultés créées par l'éclatement de l'Union soviétique.

Des rappels historiques sont particulièrement bienvenus et permettent souvent d'appréhender le contexte dans lequel les témoins entendus par l'auteur ont vécu. Il est dommage que ce travail d'explication ait été un peu oublié à propos de la catastrophe de Tchernobyl, présentée uniquement par quelques anecdotes et par la fin de vie d'une victime. Sur ce dernier sujet, je recommande la bande dessinée Чернобыль Tchernobyl, La zone de Natacha Bustos & Francisco Sanchez, ainsi que le recueil de récits La supplication de Svetlana Alexievitch.

Cette bande dessinée est sans concessions à l'égard du stalinisme, mais elle n'omet pas de présenter des conséquences économiques et sociales des conditions dans lesquelles la chute de l'Union soviétique s'est déroulée en Ukraine.

En fin d'ouvrage, l'auteur dresse la liste de 14 pays reconnaissant en 2010 que la famine déclenchée par la dékoulakisation des années 1932 et 1933 a été un crime contre l'humanité. On y retrouve notamment l'Argentine, la Belgique, le Canada, la Géorgie, l'Italie, des pays baltes, la Pologne, les Etats Unis et le Vatican. La France est absente de cette liste. Pourtant, certains de ses représentants semblent s'intéresser à L Histoire quand il s'agit de faire reconnaître le génocide arménien... Il est vrai que la France a accueilli des Arméniens, que nous somme en période de campagne électorale, et que la Turquie est un pays dont la population est majoritairement musulmane (à lire sur le génocide arménien : le génocide des Arméniens, Anne Dastakian et Claire Mouradian et le crime de silence, le génocide des Arméniens - Tribunal permanent des peuples).

Du même auteur et dans la même collection, je recommande aussi Les cahiers Russes.

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Ecrit en 2010, lu en juillet 2022, pendant la guerre

Cette BD restitue une dizaine d'entretiens qui racontent la vie de personnes nées dans les années 20, et qui ont donc connu la terrible famine orchestrée par Staline, qui a presque anéanti la population ukrainienne : confiscations, famine extrême, maladies, déportations, ..
Les privations et souffrances ont d'ailleurs été continues jusqu'en 2010.

L'Ukraine a connu un véritable calvaire, et on ne peut que comprendre qu'elle ait développé un sentiment nationaliste.
Déjà en 2010, un des personnages affirme que Poutine va vouloir envahir l'Ukraine
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Si vous n'avez pas le moral, reportez la lecture de cet ouvrage à plus tard, mais lisez le car vous comprendrez un peu plus le conflit avec la Russie. L'Ukraine, c'est un peu depuis depuis plus de 100 ans le souffre douleurs de grandes puissances, ils ont subi Staline et Hitler et des famines si terribles, organisées que la plus grande partie de la population en est morte. l'auteur trouve des témoignages saisissants de vieux ukrainiens qui racontent leur vie, cela donne une dimension humaine incontestable. Un grand travail.
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Comme l'annonce la couverture, cet album n'est pas une fiction mais un récit-témoignage. Nous avons entre les mains le résultat de 2 ans de voyage en Ukraine (en 2008-2009) que l'auteur s'applique à nous faire connaître à travers ses habitants et son histoire.
Après une douzaine de pages posant les bases d'un pays en plein marasme depuis la domination russe, Igort rentre ensuite au coeur de l'histoire Ukrainienne en rapportant et illustrant les propos de quelques habitants qui lui ont confiés leur vie.
On découvre alors avec stupéfaction le drame humain qui s'est joué depuis les années 30 et les conditions difficiles de vie, de survie même pourrait-on dire.

En 1932, Staline lance une opération de "dékoulakisation". Les koulaks sont des propriétaires terriens qui refusent la collectivisation. Il s'agit alors de réquisitionner toutes les réserves de céréales des paysans et par là même d'annihiler toute tentative d'indépendance du pays. Outre la terrible famine qui s'en suit, une vaste déportation dans les goulags est organisée. La population meurt littéralement de faim au point de se pervertir en mangeant chiens, chevaux et... cadavres humains. Les corps sont déterrés, les enfants abandonnés.
La conséquence de cette opération : la population passe de 5 600 000 à 149 000 personnes...
Un crime contre l'humanité dont on discute encore aujourd'hui de sa reconnaissance. Seuls 24 pays l'ont reconnu comme génocide, et la France n'en fait pas partie.

Vous l'aurez compris, c'est un témoignage extrêmement fort que nous livre ici Igort. Alternant les témoignages d'habitants avec des chapitres historiques qui nous détaillent avec beaucoup d'habileté la réalité de l'époque, il nous sert le portrait inhabituel d'un pays dont on ne sait finalement que peu de choses.
Chaque habitant a vu sa vie brisée d'une manière ou d'une autre par la famine, la pauvreté ou la maladie. Et leurs conditions de vie actuelles ne se sont pas vraiment améliorées. Seraphina, 80 ans, évoque l'horreur de la famine. Nicolaï, 78 ans, raconte son enfance cahotique, l'invasion allemande, ses drames sentimentaux et surtout une terrible maladie qui le laisse à moitié paralysé et rampant comme un chien pour essayer de survivre malgré sa solitude. Maria à 83 ans explique son parcours qui la mène aujourd'hui à gagner quelques kopeks en proposant aux passants de se peser sur sa balance.
L'Ukraine, après avoir été le grenier de l'Europe, est aujourd'hui un pays qui peine à se redresser malgré l'indépendance obtenue en 1991. Chômage, hausse des prix, la population peine à s'en sortir et l'ombre communiste continue toujours de peser sur le pays.

Igort traduit excellement son expérience dans un dessin et une mise en page audacieuse. Prenant quelque peu l'apparence d'un carnet de voyage, l'album alterne entre une narration plus classique dans des planches colorées de 5-6 cases et des pages plus libres où texte et illustration se mélangent dans un noir et blanc plus affirmé. Cette opposition reflète bien les différentes narrations. Les témoignages d'ukrainiens s'illustrent de manière plus "académique" dans des tons sépias et éteints tandis que le récit historique apporté par Igort se teinte d'un noir plus agressif qui traduit bien la violence des faits de l'époque.

Les cahiers ukrainiens d'Igort est vraiment une lecture forte qui ne pourra laisser aucun lecteur indifférent. Mélangeant habilement histoire et témoignage, l'auteur réussit à dresser le portrait d'un pays peu médiatisé et dont l'histoire dramatique reste à ce jour encore peu connu du grand public. C'est vraiment un album de grande qualité que l'auteur et l'éditeur ont su mettre en valeur avec une belle présentation, un beau papier qui soulignent toute la richesse graphique de son dessinateur.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Très bel album sur cet épisode pas suffisamment connu de l'histoire ukrainienne: l'Holodomor.
Témoignages poignants, dessins magnifiques, mais un énorme bémol: le nombre hallucinant de fautes de lettrage ou d'orthographe...
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