Premier roman de
Doina Ioanid, secrétaire de rédaction de l'Observator Cultural, publié en 2000 à Bucarest, La Demoiselle de Massepain est également son premier roman (sur les cinq qu'elle écrira) traduit en français publié aux éditions l'Atelier de l'Agneau, en 2013.
Sorte de roman en prose où s'alterne les bribes d'une réalité. A chaque page sa bribe roumaine, en face son jumeau français, un jumeau issu de Jan H.Mysjkin lequel a rédigé au début de cette oeuvre une introduction très intéressante qui remet en contexte le lecteur et le guide dans sa lecture de ce récit oscillant entre opacité et clarté, entre réalité crue et rêve fantasmagorique.
Ce roman où se succèdent des morceaux d'une vie, entraîne l'oeil le plus lucide qui soit dans une réalité aux limites indéfinies. A chaque page, on perd pied avec l'auteure qui tant bien que mal lutte contre cette réalité qui ne tient qu'à un fil.
Tout dans ce roman est sec, ses pages, sa mise en page, son texte, ses mots, son contenu… Sec et brut comme l'immédiateté de la réalité. A chaque page tournée, on sent le talent qui émane de la main de cette femme. On sent qu'elle aime les mots et sait faire appel à leur pouvoir. Elle les utilise pour raconter. Raconter des morceaux de sa vie.
Déroutante, sa verve même traduite reste parfois très opaque. Tenter de comprendre son récit c'est comme tenter de le lire en version originale sans comprendre un mot de roumain. Non. Dans ces bribes, il n'y a rien à comprendre, juste les prendre comme elles viennent. Les ressentir, vivre l'instant. Puis passer à la suivante.
Prose aux allures inachevées, La Demoiselle de Massepain ou Duduca de Martipan, est plus complète qu'elle ne paraît l'être. Elle joue avec le temps intemporel et se laisse emporter par cette folie fantaisiste qui existe en chacun de nous, à des degrés différents mais elle est là. Cette folie qui peut nous faire perdre pied à chaque instant. Elle la photographie à travers son écriture, la décompose et la dévoile aux yeux du public.
Loin de mes lectures habituelles, Duduca de Martipan (titre originale) m'a saisi par sa finesse. le regard de Doina ioanid sur certains éléments de sa vie et sa façon de les mettre en prose dénotent un esprit intelligent et critique. J'ai lu son roman comme s'il s'agissait d'un roman-photos. Ces morceaux de réalité sont des photographies vivantes, des bribes de réalité emprisonnées pour l'éternité.
Je remercie vivement les éditions Atelier de l'agneau ainsi que Babelio pour cette découverte roumaine qui prouve que les personnes réellement talentueuses ne sont pas forcément les plus connues.