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sur 607 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour éviter de trop pleurer à cause d'enseignants nationaux, voire pour déplorer le ridicule de l'attitude de certains d'entre eux, fidèles à leur hiérarchie, je me suis souvenue de ce professeur meurtrier, son élève et la bonne, complice. de l'absurde pour en rire. J'ai l'impression qu'à l'école ou ailleurs, c'est la pièce par laquelle il est le plus facile d'aborder le théâtre de Ionesco, alors que souvent on vous fait lire directement La cantatrice chauve ou le Roi se meurt, pièces bien entendu fort différentes.
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Contrairement à la jeune élève de 18 ans (bien fraîche la jeune élève), je suis bien incapable de calculer "trois milliards sept cent cinquante-cinq millions neuf cent quatre-vingt-dix-huit mille deux cent cinquante et un, multiplié par cinq milliards cent soixante-deux millions trois cent trois mille cinq cent huit" de tête. Par contre, je m'en sors pas trop mal avec les soustractions mais elle, elle se refuse de soustraire les nombres aux autres, parce qu'elle préfère l'intégrité, ce qui a toutes ses parties, ce qui est intact, sain. La leçon du professeur a pour objectif de tout dés-intégrer. le professeur considère qu'elle n'a pas les bases requises en arithmétique aussi détruit-il tout ce qu'elle sait pour faire "table rase", peut-être pour repartir sur de meilleures bases, sauf qu'entretemps, elle s'affaiblit de plus en plus, il la perd de plus en plus. Elle perd de plus en plus ses forces, son énergie ; elle ne peut plus se concentrer, le professeur s'énerve et gagne de plus en plus de force, d'énergie (comme l'indique la longue didascalie de Ionesco pages 109-111). C'est comme si le professeur vampirisait son élève, comme s'il lui prenait toute ses ressources pour satisfaire sa soif de puissance, pour inverser les rapports soumission-domination que son statut de professeur vieillissant et son statut à elle de jeune fille bien élevée instaurent d'entrée de jeu. Il sera de plus en plus autoritaire, tyrannique, elle sera de plus en plus soumise au professeur, jusqu'à l'indécence. Elle s'abandonne tellement à la fin qu'elle s'en caresse le cou, la gorge, les seins, les cuisses ...
La jeune fille bien élevée devient mal élevée, épuisée qu'elle est par la leçon ludique du professeur lubrique.

Le symptôme de l'esprit malade, c'est cette rage de dents qui s'intensifie, de plus en plus. Elle se plaint, elle souffre. Mais qu'on l'achève ! On regrette que le professeur ne soit pas dentiste, qu'il ne les arrache pas, les 32 dents dévitalisées.
Pourquoi a-t-elle mal aux dents ? Parce qu'à l'issue du cours d'arithmétique (où le professeur l'embrouille tellement qu'il la perd), ils se lancent tous deux ou plutôt non, il se lance tout seul, dans un cours de linguistique et qu'il entame avec la base de la base : la phonétique. C'est marrant parce que les cours de phonétique me faisaient, de même, grincer des dents. D'ailleurs je me souviens qu'on nous a distribués sur les bancs de l'université des photocopies où on voit nettement la position de la langue à bien placer dans sa bouche, la position des dents avec en légende les sons, sortant de tel ou tel endroit du corps ( il y a les labiales, les nasales et tout le reste). Et puis on nous explique comment bien respirer etc. Je me rappelle qu'à l'époque, je me suis demandée si j'étais en lettres ou en médecine. Je n'y comprenais STRICTEMENT RIEN. En conséquence de quoi, je me sentais vide, comme si j'avais un singe jouant des cymbales dans mon cerveau, non plus vide que ça en fait. Comme si on aspirait mon âme, comme si on me volait mon énergie vitale ... J'étais complètement déconnectée de la leçon, de la réalité, de la vie. Bref, je soupçonne mon professeur de l'époque d'avoir dissimulé un couteau imaginaire dans sa sacoche ... Heureusement je n'étais pas seule avec lui dans la pièce, j'ai pu m'en sortir ... Il n'empêche que je m'amuse bien maintenant en relisant la Leçon ; ça me rappelle de vieux souvenirs.
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Le théâtre me manquait, moi qui en étais un boulimique, et depuis le temps qu'il me fallait découvrir cet autre maître de l'absurde, après Beckett... Je me suis attaqué apparemment à une de ses pièces les plus accessibles, après être tombé sur un extrait sympathique cette année. Quelle joie, en tant que professeur à mon tour, que cette petite fable cinglée!!

Dès le départ, on est désarçonné. Ionesco a un style bien à lui, différent de la noirceur et du minimalisme beckettiens. Une didascalie interminable nous apprend dès le début la tournure que va prendre la pièce! Si l'on peut certes y voir, à raison, une critique et une parodie de l'enseignement docte et pontifiant, tout le rapport de l'apprentissage est ridiculisé : L'Élève elle-même multiplie instantanément des milliards en quintillions en ayant appris par cœur toutes les possibilités (!!!) mais ne sait pas effectuer des soustractions de maternelle basées sur la logique la plus élémentaire, et vise un "doctorat total" ! (apparemment un héritage de Jarry, qu'il faut à tout prix que je lise aussi) L'absurde grossit toujours plus dans les délires linguistiques du Professeur, sur la base du néo-Espagnol, et qui enchaîne les énormités, les non-sens, et l'anti-pédagogie totale en s'enfonçant dans les digressions et détails les plus saugrenus, jusque dans des débilités sans queue ni tête (les délires sur les liaisons, le défaut de prononciation du "F"...).

Sans qu'on s'y attende, la fin révèle qu'on est en fait chez Sweeney Todd! L'Élève n'était qu'une parmi tant d'autre et tout va recommencer... Réflexion intéressante que cette outrance absolue du rapport de domination dans la transmission d'un savoir.

Je me serai bien amusé en dévorant cette pièce en une après-midi, et vraiment, le théâtre m'avait manqué. Je vais continuer, et certainement avec un autre Ionesco dans le lot.
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Quintessence de l'absurde. Un faux cours d'arithmétique, qui nie la soustraction, un cours de linguistique, qui distingue la même langue, un couteau, une élève qui a mal aux dents, une bonne complice, un professeur assassin pour la quarantième fois de la journée, tout ça ne veut rien dire. Vraiment ? A-t-on tué les Juifs pour des raisons qui voulaient dire quelque chose ? Ionesco y fait allusion, fait porter au professeur un brassard avec peut-être la svastika nazie et supprime la réplique lors de la première. Il évite la parabole. Il écrit juste un "drame comique", une mécanique hilarante qui aboutit à l'horreur et recommence à l'identique, comme si de rien n'était. L'éternel retour et l'éternel oubli. Faut-il mettre en abîme ce texte en l'abordant en classe ? Tentation.
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C'est la pièce de style absurde que mes élèves préfèrent toujours. Elle commence en farce complètement loufoque (un vieux professeur qui reçoit chez lui une jeune bachelière pour lui donner des cours particuliers et ce qui est montré est ridicule). le ton du professeur va changer au fur et à mesure que sa patience va être mise à rude épreuve. Ce cours particulier finit en tragédie quand le professeur tue son élève.
Dans cette pièce, on retrouve les procédés habituels utilisés par Eugène Ionesco: l'absurde, l'ironie, une critique sociale. Ici l'enseignement, ses méthodes, ses règles et sa logique sont pris pour cible par l'auteur de façon burlesque pour former un univers surprenant et dérangeant, typique de l'auteur.
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Un bijou d'écriture et de fable sociale sur les rapports dominant-dominé, maître-esclave, sachant-apprenant. le plaisir du jeu domine, s'applique à tout et n'épargne rien ni personne : la mathématoque et l'arithmétoque, la philosophie, les langues... les bonnes, les élèves et les enseignants. Ces derniers pourraient toutefois se réjouir tant ce raisonnement par l'absurde mais d'une logique extrême met en avant les vertus de patience et d'empathie, le goût et le savoir de transmettre. Avec ce qui fait nos différences et fonde les individus. Un vrai conte philosophique où on rit de bon coeur, au sens et à la musique des mots. Car "les sons, Mademoiselle, doivent être saisis au vol par les ailes pour qu'ils ne tombent pas dans les oreilles des sourds." À bon entendeur !
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Un professeur particulier reçoit une élève, qui vient pour la première fois. Ainsi commence ce huis clos avec des questions relatifs à la géographie, mathématique... C'est laborieux, l'élève ne se révèle pas très douée. le ton monte et le professeur s'énerve. La fille (agaçante au plus haut point) ne suit pas le raisonnement de sont précepteur. Ce dernier devient incontrôlable. On apprend ensuite que cette scène est un éternel recommencent.
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Le drame mêlé à l'absurde, la satire, tant de moyens avec lesquels Ionesco attire notre attention sur les dangers de la tyrannie.
Un professeur fou, une bonne qui le réprimande comme un enfant qui aurait mangé trop de sucreries, alors qu'il s'agit de meurtres en série…
Je vais guetter les salles car au début la du livre, c'est une pièce de théâtre que je souhaiterais voir jouer maintenant!
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Une pièce remarquable tant le passage d'un registre à l'autre se fait naturellement. Un début on ne peut plus comique qui passe peu à peu à un tragique presque cocasse, mais qui n'a pas pour vocation de faire rire le spectateur. Je me demande ce que cela donne lors d'une représentation...
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J'adore Ionesco. Et celui-ci est mon préféré avec La Cantatrice Chauve car je ne m'attendais pas à cette fin - sauf quand le professeur commence à changer d'attitude - . Car le professeur paraît introverti et c'est l'élève, au début, qui semble mener le professeur puis, petit à petit, l'ambiance change et l'élève se fait de plus en plus petite... le style est facile, la pièce est rapide à lire et l'histoire est farfelue ! Un cours comme celui de ce professeur et vous en ressortez complètement perdu(e) si vous en ressortez ... Je le conseille !
Après, il est vrai que ce genre de théâtre plaît ou non, pour ma part, j'adore.
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