AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 607 notes
Nous avons toutes et tous des interprétations diverses de ce que nous lisons ou voyons au théâtre ou ailleurs. La critique, en soi, n'est que l'expression de cette diversité de perception qui est nôtre. Lorsque le texte est équivoque ou sujet à interprétation, comme ici, les critiques peuvent être extraordinairement différentes les unes des autres.

Je ne prétends donc nullement m'astreindre à une quelconque illusion d'objectivité. Non, je vais simplement vous livrer mon interprétation de ce texte, et ça vaudra ce que ça vaudra.

Tout d'abord, il me semble que cette pièce d'Eugène Ionesco est très fréquemment proposée en association avec La Cantatrice chauve, dont le titre original aurait dû être, « L'Anglais sans peine ». Dans cette pièce, l'absurde me paraissait provenir des incongruités émanant du fait de s'entraîner à vide à débiter des phrases dans une langue étrangère.

Il y était donc déjà question d'apprentissage et l'auteur s'ingéniait à révéler tout l'absurde qu'il pouvait y avoir à apprendre des phrases stéréotypées sortie de tout contexte de communication.

Ici, nous avons affaire à une jeune étudiante qui vient, elle aussi, prendre des cours particuliers auprès d'un professeur apparemment renommé.

Le comique, l'ironie, la tragédie de notre époque sont peut-être déjà contenus rien que dans cette situation. Si j'observe autour de moi, je vois des tas de jeunes personnes, pleines de vie, pleines d'énergie, pleines d'allant, qui voudraient simplement FAIRE et auxquelles on demande de PROUVER tout un tas de choses avant même d'avoir essayé.

« Vous voulez travailler chez nous ? — Oui. — Avez-vous de l'expérience ? — Bah non, je débute. — Revenez quand vous aurez de l'expérience. »

« Vous voulez vivre comme tout le monde ? — Oui. — Avez-vous un certificat de naissance ? — Non, mais je peux vous assurer que je suis bien né un jour. — C'est possible mais ça ne suffit pas, il faut un certificat. »

« Vous voulez devenir athlète de haut niveau ? — Oui. — Quelle discipline ? — le 100 m. — Avez-vous un diplôme ? — Non. — Désolée ! ça ne va pas être possible. »

« Bravo ! Vous venez de réussir avec brio le concours d'entrée en médecine. — Merci. — Vous savez tous et toutes, vous qui allez être amenés à exercer la médecine, que les principales qualités attendues chez un praticien sont l'écoute, l'humanité, l'empathie… Au fait, comment avez-vous été recrutés ? — Par QCM. »

Alors bien évidemment, je grossis peut-être un peu le trait mais, quand on y regarde de près, peut-être pas tant que ça : la vie moderne est absurde et Ionesco n'a presque pas besoin de la travestir pour la rendre telle.

Voici donc une étudiante, allégorie de la jeunesse, avec des carences culturelles et logiques inimaginables, qui souhaite obtenir en un mois un doctorat total. En face d'elle, nous avons un professeur, qui représente peut-être le système ou les institutions, incompétent et lubrique, avec lequel elle n'a aucune chance d'apprendre quoi que ce soit. Enfin, nous avons une servante, qui symbolise vaguement la société, et dont la morale ne s'insurge que très faiblement devant les agissements déviants du professeur…

L'interprétation de tout ceci ? L'école et les diplômes sont peut-être un gigantesque miroir aux alouettes pour la jeunesse car les échelons se gravissent selon d'autres procédés.

Le rapport de force entre les fringantes illusions de la jeunesse et les respectables institutions n'est jamais ce qu'il paraît être au départ. L'une brisera l'autre invariablement et la société qui est témoin de cela s'en fiche éperdument.

Bien entendu, cela n'est que mon interprétation et il peut y en avoir des millions d'autres, plus à votre convenance, plus à votre sensibilité, plus à votre goût et qu'il vous appartient de vous forger par vous-même.

Pour le reste, un ressenti moyen en ce qui me concerne, avec des passages vraiment drôles et jubilatoires, mais avec d'autres plus quelconques voire assez tirés par les cheveux et qui ne recueillent pas trop mon adhésion. Mais bien entendu, aujourd'hui comme toujours, ceci n'est que mon avis et la seule leçon à en tirer, c'est qu'il ne signifie pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1322
Pour éviter de trop pleurer à cause d'enseignants nationaux, voire pour déplorer le ridicule de l'attitude de certains d'entre eux, fidèles à leur hiérarchie, je me suis souvenue de ce professeur meurtrier, son élève et la bonne, complice. de l'absurde pour en rire. J'ai l'impression qu'à l'école ou ailleurs, c'est la pièce par laquelle il est le plus facile d'aborder le théâtre de Ionesco, alors que souvent on vous fait lire directement La cantatrice chauve ou le Roi se meurt, pièces bien entendu fort différentes.
Commenter  J’apprécie          370
Une pièce sur le cannibalisme du langage et des concepts abstraits, qui consument la jeunesse, la fraîcheur, l'immaturité (et ce dans toutes les langues, si bien que les langues se prononcent ici toutes pareil). Ainsi, avec ses propos et insinuations « lourds de sens », le professeur alourdit et déforme la légèreté et l'insouciance de l'esprit qui lui est offert en sacrifice. Bien que d'aspect chétif, comme un caniche, il finit par aboyer comme un molosse, voire un Moloch, le dévoreur d'enfants. Déguisés en « moutons arithmétiques », les loups sont entrés dans Pire, qui serait une ville, à en croire leur justification.
L'élève ne veut pas se laisser soustraire à elle-même, mais elle se laisse distraire par la leçon et ne réagit pas assez au changement d'attitude progressif du professeur. Les mots la violent, car ils finissent par la pénétrer, la posséder sans son consentement, car le professeur dédaigne le refus signalé par le mal de dents de l'élève. Jusqu'à une nouvelle forme de viol encore plus explicite qui conclut la leçon, tel un verdict kafkaïen.
Face à cette tragédie, le rire apparaît comme le seul remède possible, même s'il fait grincer des dents.
Commenter  J’apprécie          254
À la recherche d'un(e) auteur(e) dont le nom de famille commence par un i pour valider le challenge ABC, et en cette période de rentrée scolaire, mon choix s'est tout naturellement porté sur La Leçon d'Eugène Ionesco. Ne connaissant pour ainsi dire par grand-chose de cet auteur que je découvre avec cette pièce représentative du théâtre de l'absurde, j'ai particulièrement apprécié les notes qui accompagnent le texte, me permettant d'entrevoir ce qui m'aurait très certainement échappé. Bien qu'il m'ait manqué un bagage pour bien en comprendre les ressorts et le propos, j'ai quand même pris plaisir à la lire et à suivre cette relation monstrueuse professeur-élève, parodie de l'enseignement magistral il me semble, qui sombre bien vite dans la négation et l'anéantissement. Je lirai certainement d'autres de ses pièces.
Commenter  J’apprécie          210
Contrairement à la jeune élève de 18 ans (bien fraîche la jeune élève), je suis bien incapable de calculer "trois milliards sept cent cinquante-cinq millions neuf cent quatre-vingt-dix-huit mille deux cent cinquante et un, multiplié par cinq milliards cent soixante-deux millions trois cent trois mille cinq cent huit" de tête. Par contre, je m'en sors pas trop mal avec les soustractions mais elle, elle se refuse de soustraire les nombres aux autres, parce qu'elle préfère l'intégrité, ce qui a toutes ses parties, ce qui est intact, sain. La leçon du professeur a pour objectif de tout dés-intégrer. le professeur considère qu'elle n'a pas les bases requises en arithmétique aussi détruit-il tout ce qu'elle sait pour faire "table rase", peut-être pour repartir sur de meilleures bases, sauf qu'entretemps, elle s'affaiblit de plus en plus, il la perd de plus en plus. Elle perd de plus en plus ses forces, son énergie ; elle ne peut plus se concentrer, le professeur s'énerve et gagne de plus en plus de force, d'énergie (comme l'indique la longue didascalie de Ionesco pages 109-111). C'est comme si le professeur vampirisait son élève, comme s'il lui prenait toute ses ressources pour satisfaire sa soif de puissance, pour inverser les rapports soumission-domination que son statut de professeur vieillissant et son statut à elle de jeune fille bien élevée instaurent d'entrée de jeu. Il sera de plus en plus autoritaire, tyrannique, elle sera de plus en plus soumise au professeur, jusqu'à l'indécence. Elle s'abandonne tellement à la fin qu'elle s'en caresse le cou, la gorge, les seins, les cuisses ...
La jeune fille bien élevée devient mal élevée, épuisée qu'elle est par la leçon ludique du professeur lubrique.

Le symptôme de l'esprit malade, c'est cette rage de dents qui s'intensifie, de plus en plus. Elle se plaint, elle souffre. Mais qu'on l'achève ! On regrette que le professeur ne soit pas dentiste, qu'il ne les arrache pas, les 32 dents dévitalisées.
Pourquoi a-t-elle mal aux dents ? Parce qu'à l'issue du cours d'arithmétique (où le professeur l'embrouille tellement qu'il la perd), ils se lancent tous deux ou plutôt non, il se lance tout seul, dans un cours de linguistique et qu'il entame avec la base de la base : la phonétique. C'est marrant parce que les cours de phonétique me faisaient, de même, grincer des dents. D'ailleurs je me souviens qu'on nous a distribués sur les bancs de l'université des photocopies où on voit nettement la position de la langue à bien placer dans sa bouche, la position des dents avec en légende les sons, sortant de tel ou tel endroit du corps ( il y a les labiales, les nasales et tout le reste). Et puis on nous explique comment bien respirer etc. Je me rappelle qu'à l'époque, je me suis demandée si j'étais en lettres ou en médecine. Je n'y comprenais STRICTEMENT RIEN. En conséquence de quoi, je me sentais vide, comme si j'avais un singe jouant des cymbales dans mon cerveau, non plus vide que ça en fait. Comme si on aspirait mon âme, comme si on me volait mon énergie vitale ... J'étais complètement déconnectée de la leçon, de la réalité, de la vie. Bref, je soupçonne mon professeur de l'époque d'avoir dissimulé un couteau imaginaire dans sa sacoche ... Heureusement je n'étais pas seule avec lui dans la pièce, j'ai pu m'en sortir ... Il n'empêche que je m'amuse bien maintenant en relisant la Leçon ; ça me rappelle de vieux souvenirs.
Commenter  J’apprécie          218
Le 21 juillet dernier, j'ai lu sur Babelio un commentaire qui me semblait celui d'une jeune fille adolescente -mais peut-être me suis je trompé !... et j'ai trouvé très intéressant pour ma propre réflexion ses questionnements et ce qu'ils m'ont inspiré, à propos de la Leçon de Ionesco.

Je retranscris ici nos échanges, façon comme une autre de critiquer à deux voix l'oeuvre. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas de reprendre ses mots, respectueusement, sous commentaire en mode théâtral, et avec un peu d'autodérision à la Ionesco en ce qui me concerne...

S. : "J'ai apprécié le début de l'histoire. le concept d'une scène entre un professeur et un élève me plaisait bien surtout que je souhaitais que ceci me révoque les souvenirs de l'école.
Mais au fur et à mesure que la pièce avançait, je ne comprenais plus "

Le professeur Candle : "Très souvent sur Babelio, les critiques affirment. S., ta critique est originale parce qu'elle questionne. de plus, elle questionne réellement, pas comme souvent nos critiques d'adultes, qui comprennent des questions uniquement pour mieux introduire nos jugements personnels...."

S. : "pourquoi le professeur est représenté si durement. Pourquoi est-il devenu cruel, agressif, insensible face à son élève qui souffre. La jeune fille avait mal aux dents : bienveillante au départ avec une intention d'apprendre et de réussir, elle a tout de même essayé de le suivre même après sa peine.
Pourquoi la servante ne réagira-t-elle pas et n'arrêtera pas le « pire » ? "

Le professeur Candle : "J'essaie de répondre ici, même si La Leçon est un tel monument que chacun doit y trouver ses propres réponses : d'abord, Ionesco est un maître de l'absurde : il met en évidence des non-sens et le grotesque de situations ou réactions (comme celles que tu relèves) pour mieux critiquer et obliger chacun à s'interroger sur ses propres actes, le maître et l'élève peut être chacun de nous à un moment ou à un autre ; parfois on est en position (basse) d'élève, parfois (haute) de maître.

S. : "Pourquoi le prof explique des choses qui ne veulent rien dire ? Et, pourquoi avoir choisi les dents ? Quiconque ne pourra plus ni se concentrer ni travailler une fois qu'il aura mal aux dents.
Finalement, pourquoi l'élève est-il la victime et le prof le méchant ? Alors que la faute dans notre monde, n'est pas tout à fait celle du prof, mais celle de l'élève qui parfois ne veut plus travailler sous prétexte qu'il a mal à la tête alors qu'en réalité il n'est que fatigué.

Le professeur Candle : "Cette pièce symbolise (enfin je crois) justement l'affrontement entre la jeunesse de l'élève, qui ressent les choses et travaille suivant son humeur, son désir, son coeur... et le professeur, qui prétend savoir, a plein de choses à enseigner mais se rend compte que lui-même a oublié sa sensibilité de jeunesse (parce que, oui, lui aussi a été l'élève, il y a longtemps...) , s'est endurci et a perdu sa capacité à juste sentir les choses... du coup il en devient jaloux au point de vouloir détruire chez autrui ce que lui a perdu...

S. : "Est-ce que le message de cette pièce est que les professeurs sont des personnes cruelles qui ne comprennent pas les besoins de leurs élèves ? "

Le professeur Candle : "Tant mieux si tu n'as pas rencontré ce genre de professeur à ce jour ; mais on en rencontre généralement au cours de sa vie, et parfois on le devient aussi... heureusement des auteurs comme Ionesco sont là pour nous rappeler l'absurdité de ce qui nous parait si raisonnable ou rationnel, et la liberté de nos pensées de jeunesse...
Et heureusement aussi, les enfants et les adolescents (chacun de manière différente) viennent parfois bousculer les certitudes des plus anciens, leur rappeler leur part d'enfance et d'adolescence enfouie, parfois simplement par des question ouvertes, comme dans ta critique.

Merci."
Commenter  J’apprécie          201
Une élève frappe à la porte d'un précepteur : elle est prête pour sa leçon...

Pour la troisième fois, je n'ai pas adhéré à Ionesco, malgré le sujet. Pourtant c'était très bien parti, avec cette ironie du savoir de la jeune fille, assez amusante et très critique. Mais dès qu'on rentre dans l'absurde le vrai, dès qu'elle se met à perdre le fil et répéter "j'ai mal aux dents" au moins 50 fois, la lassitude revient et nous nous retrouvons une nouvelle fois avec un récit aussi lent qu'une charette tirée par des boeufs. La fin criminelle connote la frustration des professeurs face au savoir très limité de leurs élèves, mais encore une fois où va-t-on vraiment ? Les répliques du professeur sur les langues sont drôles au début mais vite répétitives ; l'auteur se moquerait-t-il des savants ? Bof...
En tout cas c'est désormais clair pour moi : je ne retenterai plus l'expérience avec cet auteur.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          190
Le théâtre me manquait, moi qui en étais un boulimique, et depuis le temps qu'il me fallait découvrir cet autre maître de l'absurde, après Beckett... Je me suis attaqué apparemment à une de ses pièces les plus accessibles, après être tombé sur un extrait sympathique cette année. Quelle joie, en tant que professeur à mon tour, que cette petite fable cinglée!!

Dès le départ, on est désarçonné. Ionesco a un style bien à lui, différent de la noirceur et du minimalisme beckettiens. Une didascalie interminable nous apprend dès le début la tournure que va prendre la pièce! Si l'on peut certes y voir, à raison, une critique et une parodie de l'enseignement docte et pontifiant, tout le rapport de l'apprentissage est ridiculisé : L'Élève elle-même multiplie instantanément des milliards en quintillions en ayant appris par cœur toutes les possibilités (!!!) mais ne sait pas effectuer des soustractions de maternelle basées sur la logique la plus élémentaire, et vise un "doctorat total" ! (apparemment un héritage de Jarry, qu'il faut à tout prix que je lise aussi) L'absurde grossit toujours plus dans les délires linguistiques du Professeur, sur la base du néo-Espagnol, et qui enchaîne les énormités, les non-sens, et l'anti-pédagogie totale en s'enfonçant dans les digressions et détails les plus saugrenus, jusque dans des débilités sans queue ni tête (les délires sur les liaisons, le défaut de prononciation du "F"...).

Sans qu'on s'y attende, la fin révèle qu'on est en fait chez Sweeney Todd! L'Élève n'était qu'une parmi tant d'autre et tout va recommencer... Réflexion intéressante que cette outrance absolue du rapport de domination dans la transmission d'un savoir.

Je me serai bien amusé en dévorant cette pièce en une après-midi, et vraiment, le théâtre m'avait manqué. Je vais continuer, et certainement avec un autre Ionesco dans le lot.
Commenter  J’apprécie          172
La mécanique absurde des sciences tant arithmétiques que linguistiques, c'est la puissance de Ionesco qui ne se limite pas dans cet exercice à contrecarrer la logique mais qui, avec une perversité montante, additionne les paroxysmes du burlesque en soustrayant le sens commun menant à l'altération de l'esprit, puis multiplie les doses de sadisme jusqu'à la chute dramatique.
de l'abus de pouvoir d'un professeur avilissant, les mots décentrés deviennent les maux du corps pour l'élève cuisinée qui, le malaise s'amplifiant, souffre de mal en pis. Ionesco s'empare alors du licencieux, le corps de la jeune fille devient alors sexué, en démontrent ces passages tels des appels à la séduction qui ne sont que tourments:
"j'ai mal...ma tête...ma gorge...mes seins... mes hanches... mes cuisses... mon ventre".
Connotations érotiques qui mèneront l'excitation meurtrière à son comble.

La leçon, c'est le tableau de l'excentricité et de la perversion dans un décor neutre en absurdie , la vision saugrenue du langage délivrée dans une incohérence comique, le fantasme de la destruction pure qui débute par un échange effarouché puis à couteaux tirés pour finir dangereusement mortifère.
Nul héros dans cette satire noire écrite à la sortie de la guerre si ce n'est la déraison et la lubricité de l'homme, voire du monde, et c'est bien là la grande force des absurdistes qui, en créant une logique allégorique, mettent en avant alors la bêtise de la pensée ultime ainsi que nos travers.

Commenter  J’apprécie          120
Énième lecture de la célèbre pièce de Ionesco, que j'adore toujours autant. Je suis passé par l'audio cette fois, avec une transcription de la BNF au ton vieillot et suranné qui colle parfaitement au propos. L'argument du drame demeure intemporel. La violence du sachant qui refoule ses pulsions sur l'apprenante. L'élève veut réussir son doctorat total. Ses parents sont riches. La joute verbale en mode pingpong est désopilante. L'amour (et l'humour) des mots est remarquable. L'auteur s'amuse avec ce qui est réel (la craie sur le tableau) et ce qui ne l'est pas. Les langues improbables qui ne ressemblent, car elles sont identiques, sauf pour ceux qui ont une très grande expérience (comme lui, fatalement). La bonne est une sorte de Gepetto désabusé de la ritournelle des meurtres. La scène du couteau est hypnotique. Elle tourne en boucle avec le mal de dents (métaphore sexuelle). C'est ahurissant, un tourbillon de rythme, de mots, qui nous mène à l'acte final. du grand art ! Des tas d'exploitations sont possibles sur ce texte. La fascination actuelle pour les serial-killer, l'absurde pouvoir des grands hommes, le besoin de domination, d'élévation, de réussite qui pousse jusqu'à l'extrême. Et après ? On se débarrasse du corps et on recommence ! J'adore ! Et dire qu'on enchaîne les séries meurtrières comme des colliers de perles sur Netflix. Mais ce n'est que de la fiction, que de la fiction, bien entendu... Si seulement ces séries avaient un tel rapport au langage. Pas de drame, chacun son job. C'est pour cela qu'on lit, écoute ou va voir du théâtre. Que dire d'autre ? La même chose, s'il vous plaît !
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (2999) Voir plus



Quiz Voir plus

Eugène Ionesco

Eugen Ionescu, alias Eugène Ionesco, est né à Slatina (Roumanie) en ...

1899
1909
1919

12 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : Eugène IonescoCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..