Chourmo, ce n'est pas une chanson de IAM, comme Total Keops, ça veut dire tout simplement galère. Dans quelle galère il s'est fourré le Montale ?
J'arrivais juste de
Marseille, ce soir- là, quand j'ai ouvert le livre : ça commence par « du haut des escaliers de la Gare Saint-Charles, Guitou contemplait
Marseille.[…] En bas des escaliers, c'est le boulevard d'Athènes. Tu le suis jusqu'à la Canebière. Et tu arrives au vieux port » exactement ce que je venais de faire.
On dit qu'un livre est bon quand sa première phrase est bonne. Alors, quel début ! le livre m'ouvre les bras.
Et puis, Montale traîne dans les quartiers nord, et moi, j'ai été faire un petit séjour en hélicoptère à l'hôpital nord. Ce livre est fait pour moi.
J'avoue (peut-être étais-je fatiguée de mon périple) que j'ai eu plus de mal avec ce livre-là que le précédent. L'intrigue est embrouillée. Vous allez me dire que l'intrigue n'a pas d'importance. Seuls l'ambiance est nécessaire. Alors, là, comme ambiance c'est pas mal.
Izzo, décrit finement la montée de l'islamisme radical chez des jeunes paumés. Rappelons-nous que ce livre a été écrit en 1996, c'était le début (que l'on n'a pas su voir). Depuis, il y a eu Charlie, le Bataclan, Nice…) Aurions-nous du écouter Izzo à ce moment-là ?
Il y a aussi le poids de la Mafia, tout cela mêlé, ça fait pas bon d'être à côté.
A
Marseille, les règlements de compte sont légion (aujourd'hui 3/10/22, deux morts à la Belle de Mai, la veille un tué à la Kalach, le jour d'avant fusillade, etc, etc)
A
Marseille (mais pas que) il y a aussi des flics pourris, alors ça n'arrange pas les choses.
Mais ce soir, j'ai pas envie d'entendre tout ça. J'ai envie de voir Montale.
Montale n'est pas un flic pourri, c'est pas un flic non plus qui dégaine son arme pour un oui, pour un nom. D'ailleurs, il n'a pas d'arme.
Comme tous ces flics de papier, il boit (trop) couche (peut-être pas assez, mais il y pense tout le temps) et fume. Et ratiocine.
Mais quel mec ce Montale. Il aime les poètes et le jazz, c'est pas si fréquent dans les polars (j'avais aimé le Suèdois Äke Edwarson dont le héros commissaire était fan de Coltrane) il peut vous réciter un dictionnaire des vins du cru, il a un petit faible pour le Lagavulin, tiens j'ai envie d'y gouter, il est accro à la nostalgie, faut dire, qu'autour de lui, il y a des manques, des ratés, des échecs et des pourquoi, il porte la poisse, Montale. Mais ce soir, j'ai rendez-vous avec lui.