Vivre fatigue est un recueil de 7 nouvelles dont l'action se passe à
Marseille, pour la plupart, ou à Nice. Les personnages y ont tous des destins tragiques. Seule Aurore, dans Au lume di luna, échappe à la fatalité, mais Izzo glisse dans son récit une référence aux Métamorphoses d'
Ovide qui apporte une dimension dramatique.
Chacune des nouvelles conduit le héros ou l'héroïne à une fin violente et prématurée. L'univers de
Jean-Claude Izzo est sombre, sans aucun espoir. Les relations amoureuses y sont éphémères et frustrantes.
Vivre fatigue, la nouvelle qui donne son nom au recueil est aussi la première, et la plus belle. L'auteur, amateur de jazz, imagine une héroïne, Marion, chanteuse au Perroquet bleu. La musique brésilienne imprègne le texte, avec des références à
Vinicius de Moraes, Carlos Jobim, Maria Bethânia, Ellis Regina.
Jean-Claude Izzo évoque les voyages des marins, leurs départs sans retour, et l'ambiance des bars
De Marseille.
Les personnages sont souvent issus de l'immigration italienne ou autre, exclus ou victimes de racisme. Ils sont tous sur le fil du rasoir.
L'écriture de
Jean-Claude Izzo est poétique, crue dans les dialogues. Elle exprime une nostalgie du bonheur impossible proche de la saudade, mais en plus violent. Dans l'attente de Gina, que je place au deuxième rang de mes préférées, relate, ainsi, le retour au pays ( Naples ) irréalisable pour le héros, Giovanni.
Voilà un recueil à emporter un jour de pluie dans un bar
De Marseille ou de Saint Malo. "Saint-Malo. C'est ici que j'ai appris à écrire des romans." confie Izzo au festival
Etonnants Voyageurs de 1999, "J'avais cinquante ans, et je me suis attelé à mon premier roman. Ici même, à Saint-Malo. Face à cette mer qui m'était, non pas étrangère, mais différente.
Exilé. Je me suis inventé un exil. Sous les pluies froides d'hiver. "