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Critique de fbalestas


Dans ce cours opuscule, le grand poète Philippe Jaccottet décrit les paysages de la Drôme qu'il habite et les pensées qu'elle suscite en lui.
Il parle de l'absence, de ce vieillard qui a perdu « on compagnon de toute une vie », frappé par le cancer et ce drame lui fait naître des mots qui touche :
« Toute la misère humaine, quand on la touche du doigt, c'est comme une bête qui inspire une répulsion qu'il faut que le coeur endure et surmonte, s'il le peut. »

On y voit le Mont Ventoux avec sa « couronne de pétales de rose », une buse monter « en lentes spirales dans la lumière dure de l'avant-printemps », la pluie, aussi « froide comme du fer » ou des violettes au ras du sol : « ce n'était que cela », « rien de plus », « une sorte d'aumône, mais sans condescendance, une sorte d'offrande, mais hors rituel et sans pathétique ».
On entend le rossignol « sorti dans la brume d'avant le jour », on voit un engoulevent « dans le gris du matin, plus proche qu'il ne l'a jamais été de la maison, comme si ne pouvait plus l'effrayer quelqu'un d'aussi proche des ombres » ou un martin-pêcheur aperçu parmi les saules,

On entend aussi des mots susurrés pendant un rêve et le poète s'interroge sur ces mots « rien n'est prêt » : mais « quoi préparer » ?
« Jusqu'au bout, dénouer, même avec des mains nouées. »

Le poète cite aussi d'autres poètes et auteurs : Ramuz, l'écrivain suisse romand, Angelus Silesius traduit par Roger Munier, Emily Dickinson, Claudel, Hölderlin, Saint Jean de la Croix, Virgile, Piero Bigongiari, ou encore Max Jacob.

Pourtant, en fin de recueil, dans la partie « Après coup », le poète s'interroge « Aucun progrès, pas le plus petit pas en avant, plutôt quelques reculs, et rien que des redites ».
Le poète doute, doute de ces mots, doute de pouvoir dire ce qu'il a touché du doigt.
Et pourtant son dernier vers, entre parenthèses, est un hommage à la poésie : »Quelqu'un écrit encore pourtant sur les nuages »

Faut-il entendre la formule « avant l'embarquement pour la nuit » au sens métaphorique ? J'ai eu la chance d'interviewer Philippe Jaccottet à Grignan. Jeune femme passionnée de littérature et de poésie, je m'étais présentée toute tremblante chez lui, et il avait su m'accueillir et me rassurer, tout en me parlant des grandes traductions qu'il a faites.
Un grand souvenir pour moi.

Alors, un seul vers pour terminer :
« le rire d'un enfant, comme une grappe de groseilles rouges ».


Lien : http://versionlibreorg.blogs..
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