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3,56

sur 93 notes
J'étais un peu réticente à l'idée de lire ce livre. J'avais beaucoup aimé [Les Invisibles] et je trouvais que le livre se suffisait à lui-même, je craignais donc que cette lecture gâche mon souvenir de la précédente ; et puis j'avais lu à plusieurs reprises que ce deuxième tome était moins bon que le premier. Je suis donc entrée un peu à reculons dans ce livre.
Et sa lecture m'a déstabilisée. On retrouve le personnage d'Ingrid Barrøy au début de l'hiver 1944, alors qu'elle rentre sur son île, seule, après avoir travaillé à l'usine sur le continent. Ingrid Barrøy ne s'en est peut-être pas rendue compte, mais 1944, c'est la guerre. Et alors qu'elle prend ses marques dans la solitude de son île, d'étranges choses commencent à se passer, et elle se retrouve tout à coup avec un naufragé dans sa maison. Je ne crois pas déflorer beaucoup de l'intrigue en disant qu'avec ce naufragé, c'est à la fois l'amour et la guerre qui s'invitent tout à coup à Barrøy.

Il est étrange ce deuxième tome. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le livre. [les Invisibles] est un livre ou peu est dit, et c'est rarement la littérature que j'aime, mais cela fonctionnait très bien. Ici, j'ai l'impression que Roy Jacobsen en dit encore moins, au point que cela devient incompréhensible. Et on est là, tentant de comprendre à demi-mot ce qui se passe et en général n'y arrivant pas. Et tout cela dans un style que j'ai trouvé rugueux, sans vraiment pouvoir définir pourquoi, alors que j'avais trouvé le style du premier livre tellement doux avec les personnages, poétique même.

Et puis, puisqu'on est en 1944 au début de l'histoire qui couvre une année calendaire entière, il y a un moment où la guerre prend fin. Et là, étrangement, quasi instantanément, j'ai retrouvé le Barrøy du premier tome, celui d'une vie à la ferme simple, dure mais remplie, marquée par les saisons chacune apportant ses soucis et ses joies.
Et ces quelques dernières pages m'ont donné une perspective toute différente sur l'ensemble du livre : tout à coup le style heurté prend son sens et renforce le sentiment d'étrangeté que l'irruption de la guerre apporte dans cet îlot habituellement retiré du monde, les non-dits ne sont pas des manières d'auteur mais une façon terriblement efficace de transmettre au lecteur le sentiment d'incompréhension qui peut envahir les personnages.
En définitive, j'ai trouvé ce deuxième tome très intéressant, pas du tout une suite classique comme on s'y attend souvent dans les trilogies (celle-ci s'étant transformée entre-temps en une quadrilogie…). Je reste sur mon idée que [Les Invisibles] se suffisait à lui-même comme livre, mais puisque suite il y a et que je suis incapable de ne pas la lire, je suis surprise par ce que Roy Jacobsen a fait, et c'est une belle et étrange surprise.
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Je n'ai lu aucun autre livre de cet auteur, et je découvre ici son style si particulier. J'ai eu l'impression de lire à contre-temps : je comprenais tout une demi-phrase plus tard. Étrangement, ce n'était pas si déplaisant.

Il se dégageait de son écriture et de son héroïne une impression de silence et de résolution. La première moitié qui évoque une histoire d'amour belle et muette en quasi huis-clos m'a beaucoup plu, mais j'ai failli abandonner ma lecture ensuite : il y avait trop de monde sur cette île norvégienne au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
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Ça aurait pu être grandiose, dans la continuité des Invisibles, mais on en est loin. L'île n'est plus au coeur de l'histoire, ses rares habitants ont disparu et une grande partie de l'intrigue se déroule sur le continent. L'ambiance et le charme si particuliers de la vie sur Barroy ont disparu au profit d'un récit terne aux rebondissements assez convenus. La Norvège occupée et les privations de la population sont bien rendues mais quelques ruptures temporelles dans la narration font perdre le fil. On se demande si l'on est dans le rêve ou la réalité et on peine à remettre les pièces du puzzle dans l'ordre alors que rien ne justifie une construction aussi « alambiquée ».
Non vraiment, cette suite des Invisibles n'a rien de convaincant.
Lien : https://litterature-a-blog.b..
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Certes, il est parfois un peu difficile de suivre les motivations d'Ingrid, le personnage principal, et certains points restent énigmatiques, mais ce roman est un petit chef d'oeuvre, envoûtant et mystérieux. Par petites touches, on devine plus ou moins ce qui est arrivé à Ingrid avant son hospitalisation, mais le voile n'est jamais complètement levé. Ingrid, le personnage principal de ce roman, apparait déjà dans Les invisibles, paru en 2017. Néanmoins, Mer blanche peut se lire sans avoir lu le roman précédent.
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Voilà la Bible des pêcheurs, leur courage, leur abnégation, leur vie d'ermite sur une ile : Ingrid vit seule, il lui faut attacher un rameur,( non un flotteur ) à l'extrémité de sa ligne, s'emparer des avirons, ramer contre les vagues, lutter contre les phoques, et les aigles aussi.
Ceci est de la petite bière (encore non, elle ne boit que du café, c'est même saoulant le nombre de café- venu de Côte d'Ivoire ou du Kenya ?-qu'elle boit chaque jour ), elle doit poser les filets, rapporter les poissons, les vider de leurs entrailles , leur enlever l'épine dorsale, couper la tête , relever les filets, les saler.
Parfois la mer grossit, comme elle, elle a dû avoir une histoire d'amour avec un réfugié : soit un occupant allemand, soit un prisonnier russe. Elle saura à peine qui il est. Leur dialogue consiste en Jane -Tarzan, dans le cas précis Ingrid- Alexander- nous non plus d'ailleurs, peu importe à Roy, qui nous abreuve de détails indispensables sur les poissons nordiques, car revenons à la Bible des pauvres pêcheurs :
Comment pêchent-ils ?
Comment faire avec les prises ?
Durant des pages et des pages, nous apprenons tout : Il faut mettre un doigt dans l'oeil, ouvrir le ventre blanc, il faut saigner, enfoncer la pointe du couteau de la gorge à l'anus….
A ce moment précis, je me dis que sans vouloir que vous ne lisiez pas ce livre, puisque je sais de source sûre que beaucoup d'entre vous seront passionnés par l'éventrement d'une morue, la meilleure manière de prier pour ces pêcheurs est de lire la 4· de couverture : « Roy Jacobsen met en scène , avec une force et une poésie rares, une histoire d'amour et de survie dans ce lieu hors du temps »( euh, la Norvège occupée par les nazis, tout de même) sauf qu'on ne saura rien de rien de cette occupation.
Et, oui, beaucoup de poésie lumineuse et colorée, émouvante par sa niaiserie :
« En février, la mer est turquoise et les îles sont blanches comme des montagnes. »
La terre est bleue comme une orange.

LC thématique août 2022 : Une couleur dans le titre
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Comme j'ai aimé ce livre, lu il y a quelques mois déjà !
J'avais aimé Les Invisibles.
Et comme pour Les Invisibles, je ne garde qu'un faible souvenir de l'histoire elle-même. Mais je garde plein de sensations et d'émotions. Une femme sur une île, la guerre et les abus, la solitude, beaucoup de silence et de violence subie. Des vagues qui claquent, le vent qui souffle, des bateaux et des cadavres. Toujours ce vent et ces paroles retenues.
Au milieu de tout ça, cette femme invaincue, mais vacillante, souvent. Debout malgré tout.
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J'ai beaucoup aimé ce roman, découvert grâce à Babelio et la LC d'octobre "littérature du Nord de l'Europe". Les résumés, éditeur et membre, qui présentent ce récit comme une histoire d'amour au milieu de la guerre, ne font pas honneur à la véritable envergure de ce roman beau et puissant. J'ai pris grand intérêt à découvrir la guerre et l'occupation vu côté norvégien. Les mêmes bateaux de déplacés (comme chez nous, la route de l'exode et les bateaux vers l'Angleterre), les collabos, les tickets de rationnement, mais ici, il y a également les îles qui se vident, la faim, le froid, la neige, et le courage de cette femme, Ingrid, seule au milieu de l'Histoire. Il y a les enfants victimes de la guerre, les ados au regard vide, les blessés, ceux qui ont tout perdu et ceux qui sombrent dans la folie. Ce n'est pas un roman d'amour, c'est une histoire de survie. C'est passionnant et bien écrit. L'écriture de l'auteur est sobre et puissante.
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Qu'il est doux de retourner côtoyer Ingrid et sa drôle de vie dans ces iles d'un autre temps ...
Ce n'est pas forcément le bon terme ... doux, c'est un euphémisme ...
Qu'il est émouvant de poursuivre notre voyage initiatique dans ce coin désolé et abandonné ...
La mer blanche, est la suite des invisibles, la superbe fresque qui nous a plongé dans l'histoire de tous ces êtres qui ont vécu comme ils le pouvaient à l'ombre de la civilisation, du monde civilisé, dans un univers minimaliste.
Nous nous retrouvons dans les années 40, où Ingrid se décide à retourner d'où elle vient, ce territoire toujours si présent dans son corps.
Le MS Rigel traine par là (1), Alexander aussi et cela donne l'occasion à Roy de nous raconter une si belle histoire d'amour.
Il est remarquable d'assister à la renaissance de Barrøy et il ne reste plus qu'à attendre ce qu'il adviendra d'Ingrid et de Kaja ... les yeux du Rigel vient de paraître

(1)
Le MS Rigel était un navire norvégien construit à Copenhague, au Danemark, en 1924. le navire a été utilisé comme prisonnier de guerre allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, et a été coulé par des avions de la British Fleet Air Arm au large de la Norvège le 27 novembre 1944 avec plus de 2 500 morts, ...
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Je poursuis l'histoire de la belle Ingrid, une îlienne norvégienne du côté des îles Lofoten.
Mais autant « les Invisibles » était un récit lumineux, autant « Mer Blanche » est poignant. Il faut dire qu'Ingrid a grandi, que Lars son cousin est parti, et qu'il ne reste plus grand monde sur l'île de Barrøy.
Et puis il y a l'irruption de la guerre. Et la guerre détruit tout : pas seulement les villages et les usines, pas seulement les terres qui sont brûlées, mais aussi les familles, les amis, tout.

Ingrid ne va pas échapper à la règle, même si un évènement imprévu va la précipiter dans une histoire qu'elle n'a pas choisie.
Plus sombre que le précédent, « Mer blanche » n'en est pas moins bouleversante. Il faut dire qu'en Novembre 1944 le bateau appelé « Rigel », qui transportait des troupes allemandes avec des prisonniers ruses, a été coulé au nord de la Norvège, entraînant la perte de milliers de soldats et de prisonniers, à l'exception de quelques rares survivants.
L'un d'entre eux, un prisonnier russe qu'on appellera Alexander, échouera sur Barrøy et sera soigné par Ingrid. Et l'on suivra avec intérêt la rencontre entre deux êtres que tout oppose, à commencer par la langue.

Comme dans « Les invisibles », on n'explique pas tout par des mots : le langage n'est pas ce qui est privilégié pour se comprendre, les gestes parlent beaucoup plus, et le silence a toute sa place dans la communication entre les personnages.

Avec toujours une langue très âpre et en même temps très poétique, Roy Jacobsen raconte la rencontre improbable et la lutte pour la survie dans un contexte si particulier qu'est celui de la guerre.
On aspire avec lui un grand paquet d'eau froide sur la figure qui nous réveille vigoureusement et qui nous fait du bien. Avec une envie dès la dernière page de replonger pour le troisième tome de la trilogie.

Très réussi donc à nouveau.
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♫ Booooooom pam pâlâlâlâm
Pâlâlâm boom
Booooooom pam palalalam
Palalalam ♫

(Suite no 1 pour violoncelle - J.S. Bach. Ne me dites pas que vous n'aviez pas reconnu)

Tandis que les notes rebondissent sur le violoncelle, les flocons de neige volètent dans le ciel laiteux. Ils semblent ivres alors qu'ils ne font que chercher le plus long chemin vers le sol de cette île, là-bas tout au Nord de la Norvège. Une île perdue dans la mer blanche, une île de montagnes escarpées et noires qui ont un pied vert en été.

L'île a été abandonnée de tous en cette année 1944, sauf d'Ingrid. Alors comment ne pas devenir folle dans cette solitude informe, sous ce ciel immense et cette chape de silence ? Comment ne pas voir une présence là où ce ne sont que guenilles qui se balancent au vent ? Comment ne pas s'imaginer des histoires ? Des histoires d'hommes qui sortent de la mer, comme jadis les poissons ? Ou peut-être les a-t-elle vraiment vécues, ces histoires ?

Le personnage principal de ce roman est l'île Barroy, avec ses paysages somptueux, ses hordes d'oiseaux charognards et ses tempêtes ravageuses. Bien sûr il y aura la fin de la guerre, le retour des hommes et des femmes. Mais toujours ce silence, ce dépouillement, jusque dans les mentalités et les échanges entre habitants. Un roman puissant et hypnotique.
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