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3,56

sur 93 notes
Pour qui a lu "Les invisibles ", magnifique roman de l'auteur norvégien Roy Jacobsen, ce livre en est un peu une suite. La petite Ingrid de la toute petite île de Barrøy au large de la Norvège est devenue une belle jeune femme de trente cinq ans, qui aprés quelque temps passé à travailler à l'usine de poissons sur la Grande Île, retourne à la sienne. Elle y vit seule, sa famille ayant disparu à l'exception de sa tante Barbro et de son cousin Lars, restés sur le continent.
Nous sommes en 1944. La Norvège est sous occupation allemande. Les anglais
ont coulé au large de l'île un navire de guerre allemand, dont
quelques cadavres et un survivant quasi mort vont échouer sur les rives de
Barrøy. Dans cette île perdu au milieu de nul part, la guerre et ce naufrage vont changer le cours des choses.....
Dans un pays occupé, dans un contexte de misère et de chaos totale, de réfugiés affluant du Finnmark , Ingrid Barrøy, l'enfant précoce des Invisibles aide et lutte contre vent et marais, sans peur ni fatigue. Mais le plus dur pour elle reste sa lutte contre ses propres ténèbres intérieures......Un autre monde, d'autres valeurs, d'autres paramètres, où la dignité et la solidarité humaine sont au coeur d'un récit où sourde la violence des hommes.
Histoire insolite, d’une femme seule sur une terre du silence, dans une nature hostile, en pleine guerre, où les relations sociales et familiales changent de registre,
et celle d'une rencontre improbable entre deux êtres qui n'ont en commun que le besoin imminent de chaleur humaine.

C'est particulier, émouvant, passionnant.
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Novembre 1944, au nord de la Norvège, le Rogel, un bâtiment allemand est coulé par l'aviation britannique. Des milliers de soldats allemands et leurs prisonniers russes sont mortellement touchés dont certains échouent sur Barrøy, la petite île d'Ingrid. Parmi les corps sans vie, un survivant russe que la jeune femme soigne, corps et âme.

Ingrid ne s'est jamais sentie aussi belle. Elle a presque le sentiment qu'il ne lui manque rien, même si c'est l'amour sans les mots. Et comme l'idée d'une vie sans Alexander est intolérable, elle doit le dissimuler aux forces d'occupation allemandes. Elle lui apprend à pêcher et trouve une cache où elle pourra le rejoindre, à condition que les choses se passent bien ...

Roy Jacobsen, avec une mystérieuse poésie teintée de fraîcheur, de beauté et de rudesse, nous entraîne dans la clarté à la fois simple et insaisissable d'un lieu où un sourire, le vent du matin, des reflets cuivrés sur la neige aident à surmonter la violence du monde et le silence des hommes, leurs passions et leurs ténèbres intérieurs. C'est étrange et c'est beau.

« Barrøy est une terre du silence, les adultes n'expliquent pas aux jeunes ce qu'ils doivent faire, ils leur montrent et les jeunes imitent ; les gars du Finnmark sont aussi doués que les gens de Barrøy, un peuple de peu de mots avec un grand savoir et une grande sagesse dans les mains et les pieds ... »

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Voilà la Bible des pêcheurs, leur courage, leur abnégation, leur vie d'ermite sur une ile : Ingrid vit seule, il lui faut attacher un rameur,( non un flotteur ) à l'extrémité de sa ligne, s'emparer des avirons, ramer contre les vagues, lutter contre les phoques, et les aigles aussi.
Ceci est de la petite bière (encore non, elle ne boit que du café, c'est même saoulant le nombre de café- venu de Côte d'Ivoire ou du Kenya ?-qu'elle boit chaque jour ), elle doit poser les filets, rapporter les poissons, les vider de leurs entrailles , leur enlever l'épine dorsale, couper la tête , relever les filets, les saler.
Parfois la mer grossit, comme elle, elle a dû avoir une histoire d'amour avec un réfugié : soit un occupant allemand, soit un prisonnier russe. Elle saura à peine qui il est. Leur dialogue consiste en Jane -Tarzan, dans le cas précis Ingrid- Alexander- nous non plus d'ailleurs, peu importe à Roy, qui nous abreuve de détails indispensables sur les poissons nordiques, car revenons à la Bible des pauvres pêcheurs :
Comment pêchent-ils ?
Comment faire avec les prises ?
Durant des pages et des pages, nous apprenons tout : Il faut mettre un doigt dans l'oeil, ouvrir le ventre blanc, il faut saigner, enfoncer la pointe du couteau de la gorge à l'anus….
A ce moment précis, je me dis que sans vouloir que vous ne lisiez pas ce livre, puisque je sais de source sûre que beaucoup d'entre vous seront passionnés par l'éventrement d'une morue, la meilleure manière de prier pour ces pêcheurs est de lire la 4· de couverture : « Roy Jacobsen met en scène , avec une force et une poésie rares, une histoire d'amour et de survie dans ce lieu hors du temps »( euh, la Norvège occupée par les nazis, tout de même) sauf qu'on ne saura rien de rien de cette occupation.
Et, oui, beaucoup de poésie lumineuse et colorée, émouvante par sa niaiserie :
« En février, la mer est turquoise et les îles sont blanches comme des montagnes. »
La terre est bleue comme une orange.

LC thématique août 2022 : Une couleur dans le titre
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Je poursuis l'histoire de la belle Ingrid, une îlienne norvégienne du côté des îles Lofoten.
Mais autant « les Invisibles » était un récit lumineux, autant « Mer Blanche » est poignant. Il faut dire qu'Ingrid a grandi, que Lars son cousin est parti, et qu'il ne reste plus grand monde sur l'île de Barrøy.
Et puis il y a l'irruption de la guerre. Et la guerre détruit tout : pas seulement les villages et les usines, pas seulement les terres qui sont brûlées, mais aussi les familles, les amis, tout.

Ingrid ne va pas échapper à la règle, même si un évènement imprévu va la précipiter dans une histoire qu'elle n'a pas choisie.
Plus sombre que le précédent, « Mer blanche » n'en est pas moins bouleversante. Il faut dire qu'en Novembre 1944 le bateau appelé « Rigel », qui transportait des troupes allemandes avec des prisonniers ruses, a été coulé au nord de la Norvège, entraînant la perte de milliers de soldats et de prisonniers, à l'exception de quelques rares survivants.
L'un d'entre eux, un prisonnier russe qu'on appellera Alexander, échouera sur Barrøy et sera soigné par Ingrid. Et l'on suivra avec intérêt la rencontre entre deux êtres que tout oppose, à commencer par la langue.

Comme dans « Les invisibles », on n'explique pas tout par des mots : le langage n'est pas ce qui est privilégié pour se comprendre, les gestes parlent beaucoup plus, et le silence a toute sa place dans la communication entre les personnages.

Avec toujours une langue très âpre et en même temps très poétique, Roy Jacobsen raconte la rencontre improbable et la lutte pour la survie dans un contexte si particulier qu'est celui de la guerre.
On aspire avec lui un grand paquet d'eau froide sur la figure qui nous réveille vigoureusement et qui nous fait du bien. Avec une envie dès la dernière page de replonger pour le troisième tome de la trilogie.

Très réussi donc à nouveau.
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♫ Booooooom pam pâlâlâlâm
Pâlâlâm boom
Booooooom pam palalalam
Palalalam ♫

(Suite no 1 pour violoncelle - J.S. Bach. Ne me dites pas que vous n'aviez pas reconnu)

Tandis que les notes rebondissent sur le violoncelle, les flocons de neige volètent dans le ciel laiteux. Ils semblent ivres alors qu'ils ne font que chercher le plus long chemin vers le sol de cette île, là-bas tout au Nord de la Norvège. Une île perdue dans la mer blanche, une île de montagnes escarpées et noires qui ont un pied vert en été.

L'île a été abandonnée de tous en cette année 1944, sauf d'Ingrid. Alors comment ne pas devenir folle dans cette solitude informe, sous ce ciel immense et cette chape de silence ? Comment ne pas voir une présence là où ce ne sont que guenilles qui se balancent au vent ? Comment ne pas s'imaginer des histoires ? Des histoires d'hommes qui sortent de la mer, comme jadis les poissons ? Ou peut-être les a-t-elle vraiment vécues, ces histoires ?

Le personnage principal de ce roman est l'île Barroy, avec ses paysages somptueux, ses hordes d'oiseaux charognards et ses tempêtes ravageuses. Bien sûr il y aura la fin de la guerre, le retour des hommes et des femmes. Mais toujours ce silence, ce dépouillement, jusque dans les mentalités et les échanges entre habitants. Un roman puissant et hypnotique.
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Retour sur l'île Barrøy. L'île est déserte, « il n'y a plus personne, ni homme ni bête ». le fracas de la guerre est venu s'abattre sur les côtes de la Norvège.
Sur l'île, les saisons ont continué leur ronde mais sans utilité.

Tout le monde a vieilli ou disparu. Ingrid a 35 ans. Après un exil forcé à l'Usine de pêcheurs pour gagner sa vie, Ingrid revient vivre sur son île même si son pays est toujours occupée par l'armée nazie.

L'île n'est plus celle de son enfance. Il règne sur Barrøy une atmosphère étrange et inhabituellement pesante. La mort rôde comme les aigles sur la mer. de ces ombres menaçantes, le sauvetage du soldat russe Alexander sera la petite lueur d'espoir malgré les dangers des représailles.
L'amour naît dan son coeur aussi naturellement que la terre tourne autour de soleil. Il est là. Elle le prend.

Toujours émerveillée par la sublime écriture à la beauté dénudée de Roy Jacobsen fortement imagée et puissante. L'auteur tel un peintre du détail et du geste rend Ingrid incroyablement vivante et proche.
Pourtant, presque rien n'est dévoilé de son intériorité, de ses pensées, de ses sentiments. le portrait est tout autre, c'est celui d'une femme en mouvement tournée vers les autres et qui porte en elle les paysages de son île. Intègre, généreuse, solide et douce à la fois.

Pour Ingrid, vivre c'est aimer, aider, recueillir. Toutes les victimes et les enfants orphelins de la guerre, ses proches, son homme fugitif.
C'est se réchauffer dans le duvet douillet des eiders. Un moment de bonheur volé au chaos.
Le chemin de la liberté est encore si long à parcourir pour Ingrid et Alexander.


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Ce texte narre quelques mois de la vie d'Ingrid, 35 ans, alors qu'elle réside seule sur l’île de Barrøy, dans la Norvège occupée de la seconde guerre mondiale. L'auteur dresse le portrait d'une femme libre dont la rencontre avec un jeune blessé va bouleverser l'existence...Il y a beaucoup de non dits dans ce roman intimiste, âpre dont j'aurais aimé suivre les personnages durant une plus longue période. Un beau récit sur le temps qui passe.
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Je n'ai lu aucun autre livre de cet auteur, et je découvre ici son style si particulier. J'ai eu l'impression de lire à contre-temps : je comprenais tout une demi-phrase plus tard. Étrangement, ce n'était pas si déplaisant.

Il se dégageait de son écriture et de son héroïne une impression de silence et de résolution. La première moitié qui évoque une histoire d'amour belle et muette en quasi huis-clos m'a beaucoup plu, mais j'ai failli abandonner ma lecture ensuite : il y avait trop de monde sur cette île norvégienne au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
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J'ai beaucoup aimé ce roman, découvert grâce à Babelio et la LC d'octobre "littérature du Nord de l'Europe". Les résumés, éditeur et membre, qui présentent ce récit comme une histoire d'amour au milieu de la guerre, ne font pas honneur à la véritable envergure de ce roman beau et puissant. J'ai pris grand intérêt à découvrir la guerre et l'occupation vu côté norvégien. Les mêmes bateaux de déplacés (comme chez nous, la route de l'exode et les bateaux vers l'Angleterre), les collabos, les tickets de rationnement, mais ici, il y a également les îles qui se vident, la faim, le froid, la neige, et le courage de cette femme, Ingrid, seule au milieu de l'Histoire. Il y a les enfants victimes de la guerre, les ados au regard vide, les blessés, ceux qui ont tout perdu et ceux qui sombrent dans la folie. Ce n'est pas un roman d'amour, c'est une histoire de survie. C'est passionnant et bien écrit. L'écriture de l'auteur est sobre et puissante.
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Tout avait pourtant bien commencé : novembre 1944, sur une île perdue du nord de la Norvège Ingrid recueille un naufragé. Il s'avère peu à peu qu'il s'agit d'un prisonnier russe rescapé d'un navire de guerre allemand bombardé par les Anglais. Elle le sauve, ils s'aiment, malgré les difficultés de communication. Et puis le livre s'enlise. Il s'éternise sur les gestes quotidiens d'Ingrid, l'ennui me prend, je m'accroche et je laisse tomber à la page 154. C'est rare, cela arrive parfois, étonnamment le plus souvent avec des récits écrits au présent. Je m'en veux de cet échec avec ce premier contact avec la littérature norvégienne qui fait donc un flop !
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